Review 2715 : Korsakov – Anosognosia

Retour du duo Korsakov.

Pour ce deuxième album, intitulé Anosognosia, les musiciens A. et E. renouvellent leur confiance au label Source Atone Records.

Dès VII, le premier morceau de ce deuxième opus, on retrouve le son lancinant et les hurlements torturés en arrière-plan qui nous plongent à nouveau dans cette torpeur musicale apaisante qui progresse lentement et nous enveloppe peu à peu. L’avancée est assez naturelle entre les harmoniques planantes, mais le son finira par se couper pour faire place à VIII où on sent une virulence accrue dans la noirceur, mais également un contraste encore plus intense que sur le morceau précédent, notamment grâce à ce break vaporeux. On retrouve cette douceur dans les premiers instants de IX, complété par un beat artificiel qui cessera pour nous laisser contempler l’embrasement sonore et l’arrivée de la fureur à un rythme nettement plus soutenu couplé à des claviers majestueux avant de finalement s’essouffler seul, rejoignant X qui fera office d’interlude. En effet, le morceau ne dure qu’un peu plus de deux minutes, et reste très doux avant de faire à nouveau place à la saturation sur XI qui emprunte à des racines plus brutes pour ses passages virulents, mais qui sait également revenir à un rythme plus lent pour nous autoriser à respirer un peu, autant dans la rythmique qu’avec un break au son clair rassurant. Le son explose à nouveau pour finalement atteindre XII qui reste dans cette approche imposante et hypnotique, avec toutefois une intensité vocale inédite, mais aussi des passages beaucoup plus lourds et terrifiants dans l’instrumentale qui nous permet de lâcher prise avant le moment apaisant. On enchaîne sans transition au dernier morceau intitulé XIII, qui va directement afficher une touche plus mélancolique en revenant à cette apathie enivrante qui se développe à son propre rythme, et qui laisse le duo tisser ses riffs ténébreux jusqu’au dernier moment, où les quelques notes qui subsistent nous laissent rejoindre à nouveau notre monde.

Korsakov avait déjà frappé un grand coup avec son premier album, mais Anosognosia est différent. Plus sombre, plus sinueux et beaucoup moins accessible, mais surtout plus profond et personnel.

95/100

English version?

Quelques questions au duo Korsakov à l’occasion de la sortie de leur deuxième album, Anosognosia.

Bonjour et tout d’abord, merci de m’accorder de ton temps ! Korsakov est de retour pour un deuxième album, intitulé Anosognosia, comment avez-vous vécu le temps passé depuis la sortie du premier opus ?
Korsakov : Merci à toi pour ton intérêt pour le groupe ! Depuis la sortie du premier, on a essentiellement pris un peu de recul pour travailler sereinement sur Anosognosia. L’idée était de se consacrer au travail de production et d’arrangement pour que ça colle parfaitement à ce qu’on avait en tête. En parallèle nous avons commencé à constituer une équipe afin de pouvoir défendre notre musique en live. Ce fût assez long et fastidieux mais nous sommes maintenant accompagnés de Paul à la basse (qui joue dans Traquenard) et de Guillaume à la batterie (qui joue dans Parlor).

Anosognosia sort à la fin de la semaine, comment vous sentez-vous ? Est-ce que vous avez déjà eu des retours à son sujet ?
Korsakov : Nous nous sentons globalement soulagés car nous avons travaillé dessus depuis des mois tant au niveau du concept que sur la musique, les visuels, le clip… Ce fut un sacré voyage semé de doute et d’interrogations. Est-ce que telle partie sonne comme il faut ? Est-ce que l’on doit choisir ce type de mix ou ce type d’arrangement ? Bref beaucoup de questionnement. Dans tous les cas, l’idée était de proposer un disque qui reflète le plus fidèlement possible ce que nous sommes actuellement. Les premiers retours que nous avons eu confirment que cela valait le coup de poser toutes ces questions ? 

Comment résumerais-tu Anosognosia en trois mots ?
Korsakov : Je dirais Lumineux, aéré et abouti. 

Comment s’est passé le processus créatif d’Anosognosia ? Avez-vous conservé la même approche, ou avez-vous noté des différences avec la création du premier album ?
Korsakov : Comme dit auparavant, nous avons pris un peu plus de temps pour créer cet album. Déjà en termes de composition, l’idée était d’ouvrir un peu plus le spectre musical. Nous n’écoutons pas que du métal ou des musiques saturées. J’écoute beaucoup de musique électronique, d’ambiant, de néo-classique qui au final ont une influence non-négligeable sur la musique de Korsakov. Nous continuons quand même à suivre les sorties BM parce qu’il reste la fondation de musique. Pour le reste, nous avons tout fait nous-même, jusqu’au mastering. C’était comme une sorte de défi de pouvoir sortir une musique entièrement par nous-même et nous sommes assez heureux du résultat final. 

Les morceaux sont toujours aussi sobrement nommés, qu’est-ce qui vous pousse à utiliser des numéros au lieu de noms pour vos créations ?
Korsakov : Ces numéros servent de guides pour l’auditeur. Cela représente comme des étapes qui permet de lier les titres en eux. Comme tu le sais, il n’y a pas de parole dans morceaux donc cela permet de “baliser” un peu les albums. Ainsi chacun peut s’approprier les titres et y associer un souvenir personnel.

Côté son, le groupe reste ancré dans ce Post-Black mélancolique et aérien, comment arrivez-vous à créer votre propre touche musicale ?
Korsakov : C’est un mix entre nos influences et ce que nous avons envie de raconter. C’est assez compliqué à expliquer dans la mesure où c’est souvent une question de feeling. Ce que je peux te dire dans tous les cas, c’est que la mélancolie joue un rôle moteur dans la composition des titres. Aussi, nous essayons toujours de ne pas tomber dans le larmoyant ou le pathos. La frontière est assez fine et nous sommes assez (voir trop !) exigeant sur ce point. 

Je sais que c’est une question difficile, mais est-ce que tu as un morceau préféré sur cet album ? Ou celui qui t’a semblé le plus naturel à composer ?
Korsakov : Je n’ai pas vraiment de titre favori mais pour répondre à ta deuxième question, IX a été le titre le plus naturel à composer. J’avais déjà la mélodie de l’orgue en tête depuis un moment et un soir ou j’avais un peu temps je me suis posé avec ma guitare et tout est venu d’un coup. C’est là où je me suis rendu compte que le processus de composition dépendait vraiment de variables aléatoires car d’autres titres ont mis des semaines à sortir sans raison particulière. Ce que j’ai retenu de tout cela c’est que la créativité est tout sauf une science exacte… 

Comme l’album précédent, Anosognosia sort sur le label Source Atone, comment se passe la collaboration avec eux ?
Korsakov : C’est une collaboration qui est top ! Krys et Arnaud sont des passionnés et c’est devenu assez rare à notre époque d’avoir des personnes qui investissent autant de temps et d’argent dans ce genre de projet qu’est un label. 

Le groupe a annoncé deux dates à ce jour, votre première date à La Malterie de Lille le 9 avril, ainsi que le l’Atone Mass quelques jours plus tard, comment appréhendez-vous ces concerts ?
Korsakov : Ces 2 dates ont été assez incroyables de notre point de vue. Déjà parce que l’accueil que nous avons reçu a été assez bon et aussi parce que c’était le résultat de semaines de travail en amont qui nous ont pas mal épuisé physiquement et mentalement. Nous avions pas mal d’inquiétudes (fondées ou non) sur la crédibilité du groupe en live, d’autant plus que c’était les premiers pas de E. en tant que chanteur. C’est devenu possible grâce à Paul et Guillaume, sans oublier Valentin, notre ingé son. Je ne pourrais jamais assez les remercier de leur implication dans Korsakov.

Quels sont les prochains projets pour Korsakov ?
Korsakov : Déjà nous avons l’honneur de jouer sur l’édition 2025 du Rock In Bourlon ! C’est un festival qui nous tient particulièrement à cœur et voir notre nom sur l’affiche nous rend assez fier ? Sinon l’idée est de promouvoir l’album et le groupe via d’autres dates (surement vers la rentrée 2025) est en chantier. Rien de concret mais en tout cas nous sommes ouverts aux propositions ! 

Est-ce qu’il y a des musiciens ou artistes avec lesquels vous souhaiteriez collaborer dans le futur ?
Korsakov : Nous avons déjà eu la chance d’avoir Olga (qui jouait dans le groupe La Petite Fosse) sur le titre XII ainsi que Laurie Joly pour les lithographies du premier album et Jeanne Smith pour l’artwork du second. Pour la suite, l’avenir nous le dira ! Toutes les collaborations précédentes se sont faites sur des coups de cœur artistiques mais surtout humains. 

Pensez-vous vous être améliorés en tant que musiciens et compositeurs avec cet album ?
Korsakov : Oui définitivement nous avons passé un cap. Déjà parce qu’avec le temps, nous avons pu tester et essayé beaucoup de choses en termes de production et puis, mine de rien, à force de pratiquer, logiquement on progresse. Le fait d’avoir passé par mal de temps en répét’ pour préparer les lives nous a pas mal aidés aussi.

Quel est votre regard sur la scène Black Metal actuelle, tant française qu’internationale ? Quels sont selon vous les groupes à suivre absolument ?
Korsakov : Le Black Metal reste pour nous un style de prédilection. Et puis il y a tellement de sous-genre que tu peux y trouver ton compte assez facilement. De notre côté, nous avons toujours une préférence pour les projets qui proposent une personnalité forte et atypique. Je pourrais te citer Limbes, Mourir, Nature Morte, Ultha, Ohlava, Rye (groupe russe écrit à la base en cyrillique, ndlr),… la liste ne cesse jamais de s’allonger ? 

Avec quels groupes rêves-tu de jouer ? Je vous laisse imaginer ta date de rêve avec Korsakov en ouverture, et trois autres groupes pour la sortie d’Anosognosia.
Korsakov : Question difficile ! Je dirais Paramnesia (qui malheureusement n’existe plus), Wiegedood et Fòrn. Je laisse les grosses têtes d’affiches aux autres ? 

Dernière question : à quel plat pourriez-vous comparer la musique de Korsakov ?
Korsakov : Aucune idée, je ne me suis jamais réellement posé la question. 

C’était ma dernière question, je vous remercie pour votre disponibilité, et je vous laisse les mots de la fin !
Korsakov : Merci à toi pour tes questions et de l’intérêt que tu portes au projet !

One thought on “Review 2715 : Korsakov – Anosognosia

Laisser un commentaire