Hangover in Minsk est né d’une discorde.
Après le Dark Easter Metal Meeting 2024, les membres de Dymna Lotva (Nokt Aeon au chant, Jauhien Charkasau à la guitare/basse, Mikita Stankevich à la guitare et Wojciech « Bocian » Muchowicz à la batterie) n’arrivaient pas à se mettre d’accord sur la playlist, et blaguaient sur une soirée alcoolisée entre Munich et Varsovie. Leur idée était née, et un an plus tard, ils nous dévoilent Party is Over, leur premier album.
Jane Kru et Andrii « Decider » Sogvar (FireHead, Requiem) sont également crédités aux choeurs.
L’album débute dans la douceur avec Farewell, première composition à l’introduction mélancolique qui se transforme peu à peu en ôde mystérieux qui accueille finalement le chant clair de Nokt, avant qu’il ne se transforme à son tour en hurlement de désespoir accompagné par une saturation enivrante. Le silence se fait avant de passer à Drunk and Beautiful où l’on se fait immédiatement happer par la torpeur assommante suivie des vagues de noirceur mélodieuses qui frappent régulièrement notre esprit renforcées par les interventions de la vocaliste, tantôt rassurante, tantôt menaçante, mais elle laisse volontiers sa place à un solo épuré avant de revenir nous hanter jusqu’à Fuck You, My Love, le morceau suivant. Le groupe est accompagné par Déhà (Acathexis, Drache, Imber Luminis, Maladie, Slow, Wolvennest, Yhdarl…) qui renforce la section vocale, joignant sa propre complainte à une rythmique torturée pour former un duo déchirant avec la jeune femme qui nous plonge dans une profonde morosité contagieuse et qui progresse lentement dans notre esprit entre tonalités pesantes et blast jusqu’à Devil in Me Wants to Dance. La rythmique est d’abord assez apaisante, puis elle s’embrase d’un coup pour nous emporter de force dans sa valse saisissante, alternant entre quiétude et parties plus virulentes qui témoignent de la dualité des musiciens, en proie à ce conflit quasi-permanent qui sévit tout au long du morceau. The Cow Was Stolen From The Bar (again) prend sa place avec des tonalités plus accrocheuses, presque enjouées au niveau de la batterie et de certaines harmoniques qui volent entre les rugissements et ses différents choeurs ou annonces avant de redevenir plus plaintifs, puis de laisser la place à Morning Mourning où l’introduction nous autorise un moment de répit. Bien qu’il résiste un long moment, accueillant même du chant clair, il finira par disparaître au profit de cette douloureuse saturation et des cris perçants, mais il reviendra soutenir le solo avant de se dissoudre pour laisser les musiciens se déchaîner une dernière fois avant de passer le flambeau à Till Soberness Do Us Part. Un court instant nous est accordé pour reprendre notre souffle, mais la violence nous saisit à nouveau, parfois relayée par des parties plus brumeuses tout aussi étouffantes qui rythment notre progression, prenant fin avec Party is Over, la dernière composition où les musiciens sont accompagnés par Kim Carlsson (Hypothermia, Ritualmord, ex-Lifelover) pour un dernier verre sur une touche de dissonance aux accents plus Rock qui donnent corps à la dépression qui accompagne le duo de vocalistes dans cette quête existentielle et éthylique de l’abandon de l’esprit.
Bien qu’on pourrait croire que la genèse du groupe ne soit qu’une blague de tournée, Hangover in Minsk tisse un univers singulier et déchirant où l’on reconnaît la patte sombre des musiciens. Je ne sais pas si Party is Over aura un successeur, mais une chose est sûre : il va tourner en boucle comme un fond de bouteille rance.
95/100
One thought on “Review 2798 : Hangover in Minsk – Party is Over”