
Dernière ligne droite du Motocultor Festival avec ce quatrième jour qui va visiblement être placé sous le signe des températures presque clémentes, mais également de l’intensité avec comme à son habitude, un départ une heure plus tôt !
Vous êtes prêts ? Parce que moi non…
On démarre en douceur Solitaris, groupe parisien aux tenues pour le moins inadaptées à une scène open air à midi, mais qui semble visiblement prêt à en découdre et qui va nous le prouver dès ses premiers riffs. Quelques bougies (électriques) sont déposées sur les amplis, et lorsque le groupe démarre… il n’y a pas de chant. Pas physiquement, car je vois le vocaliste s’égosiller sous son bonnet, mais il restera inaudible une bonne partie du show, alors que ses camarades remuants eux, sont bien présents dans le mix grâce à leurs parties groovy et extrêmement modernes. Le public semble apprécier la performance, qui finira tout de même par devenir appréciable après sa première moitié, et je remarque que les infatigables excités du pit sont déjà à l’œuvre.
On continue avec un deuxième groupe français, mais qui évolue cette fois dans les limbes du Black Metal, c’est devant Lunar Tombfields que le public se masse à la Supositor Stage, pendant que le son de Black Sabbath retentit. Au moment où Ozzy hurle “Oh no”, leur set débute, présentant des riffs bruts doublé des cris tout aussi sauvages et primitifs de M. (guitare/chant) qui n’hésite pas à haranguer un public de connaisseurs et qui lève volontiers le poing pour accompagner les musiciens. Le show reste assez carré, le groupe restant principalement silencieux entre les titres, mais le son sale et torturé est au rendez-vous, et bien que le soleil ne soit au beau fixe, Carhaix revêtit son voile de noirceur pendant les quarante minutes qui leur sont imparties, et qui prendront fin sous les acclamations.
Retour aux sonorités modernes avec Angelmaker, formation aux deux vocalistes dont j’attendais beaucoup, et qui ne va absolument pas me décevoir aujourd’hui. Entre les vociférations sanglantes de Casey Tyson-Pearce, le growl massif de Ian Bearer (ex-Rings of Saturn pour les plus assidus) et la rythmique écrasante de leurs camarades, je comprends pourquoi le pit est déjà sans dessus-dessous dès le premier titre ! Les vocalistes se partagent parfaitement le chant, allant même parfois jusqu’à hurler à l’unisson pendant certaines moshparts les plus explosives, mais ils entretiennent également la ferveur avec des interventions telles que “Salut Motocultor, ça va bien ? We all need you to bounce” auxquelles l’assemblée répond présent. Le groupe n’en est qu’à son quatrième show en France (le premier datant de 2023), mais au vu du nombre de slammeurs et autres mouvements de foule, je suis certain qu’ils se souviendront de nous et reviendront très vite !
Il est de nouveau l’heure de poser ce qui nous reste de cerveau et de bienséance, car c’est avec Party Cannon que la journée continue, le groupe signant leur premier concert dans notre pays avec une entrée… originale. En plus des cinq membres du groupe qui vont assurer une performance Brutal/Slam Death de haut niveau, un performer vêtu d’un crâne rouge et d’ailes d’ange noires qui tient des pancartes telles que “let’s party” ou un énorme pénis rouge pour mimer les solos est venu participer au spectacle. Les jouets de plage sont également de sortie pour amuser le public, mais ne vous y trompez pas : le son est digne des plus gros noms de la scène, et les néophytes vont vite le comprendre, tant le groupe est bon ! Les calembours sont de sortie entre deux titres, comme le fameux “This one’s for our OnlyFans, this is Weird But Not Illegal”, mais dès que le morceau démarre c’est à nouveau une méchante claque que nous assènent les écossais ! Daryl Boyce (chant) n’hésitera pas non plus à venir hurler sur les barrières, puis il remontera sur scène finir le show aux côtés des musiciens qui headbanguent en quasi-permanence. Revenez vite !
On reste dans les riffs assommants avec Thrown, le projet rejoint par le producteur et multi instrumentiste Buster Odeholm (Vildhjarta, Humanity’s Last Breath) qui prend place derrière un kit de batterie assez minimaliste, et qui va pourtant “envoyer du lourd”, comme on dit dans les hautes sphères de la société. Les riffs sont simples, mais l’accordage extrêmement bas des deux guitaristes permet au public de vibrer entre influences Djent, Metalcore et Nu Metal avec une touche de dissonance pendant que Marcus Lundqvist (chant) court partout, ne s’arrêtant entre deux morceaux que pour proposer “If you know the lyrics please sing with me” à un public très en forme. Je les comprends : la musique proposée par les sudois est propice à toutes sortes de mouvements plus ou moins contrôlés et les slammeurs finissent par se compter par dizaines à l’issue de leur concert.
Retour sous la tente de la Massey Ferguscène pour le show assez intimiste de Cobra the Impaler, formation belge assez récente aux multiples influences qui propose – en plus de son épais rideau de fumée et des lumières aveuglantes de la scène – une touche groovy parfois agressive et parfois planante. Au centre Manuel Remmerie (chant) semble être ailleurs, gérant les les multiples facettes de son chant pendant que ses camarades assurent une rythmique pesante qui mettra les premiers rangs en transe, et malgré les quelques soucis de basse, le groupe nous hypnotise aisément. Au fil du show, tous les musiciens, vocaliste compris, vont progressivement se lâcher, transformant certains passages en séance de headbang collectif, et les courts remerciements nous permettent de nous raccrocher à la réalité. Une formation dont le son est à réécouter sur album !
Petit détour par l’espace presse où mon amie Mary (ChairYourSound) et moi-même allons discuter une dizaine de minutes avec M.S. (guitare/composition) et J.J. (chant) du groupe Harakiri For The Sky, et je ne peux que vous inviter à guetter la sortie de l’interview sur son site pour en apprendre plus sur eux !
Retour au soleil pour Exhorder qui propose son Thrash groovy et brut à une assemblée qui sait à quoi s’attendre, et qui réagira au quart de tour lorsque Kyle Thomas (chant/guitare) harangue gentiment, n’hésitant pas à lâcher son pied de micro. A ses côtés, on peut notamment apercevoir Pat O’Brien (guitare, ex-Cannibal Corpse) qui les a rejoints depuis quelques années maintenant, et qui semble lui aussi heureux d’être de retour sur scène, restant sur une posture assez statique tout en headbanguant. Pour ma part je ne connais principalement le groupe que de nom et de réputation, mais à en voir la réception du public, c’était visiblement un excellent concert de plus à leur palmarès.
Retour sur la scène principale pour affronter Fear Factory, groupe emblématique de la scène Industrial que je ne cesse de rater, et qui vient fêter le trentième anniversaire de l’un de ses albums phare, Demanufacture. Dino Cazares (guitare) est tout sourire, preuve de sa joie d’être présent, mais surtout de laisser le nouveau vocaliste Milo Silvestro (chant/machines) nous offrir une performance vocale aussi bonne voire même meilleure que l’original, tout en motivant les troupes ! Le son est excellent à tous points de vue, les riffs s’enchaînent, les titres fusent, la fosse explose très régulièrement, recrachant quelques slammeurs au passage (toujours les mêmes !), et j’emprunte à mon camarade de route Venceslas sa conclusion : “Quand tu fais la tournée des trente ans d’un album et qu’il sonne aussi actuel, ça prouve à quel point tu étais en avance sur ton temps”. Quel show !
On continue avec un groupe qui ne m’a absolument jamais déçu en live, Primordial, qui s’annonce sur la Supositor Stage, et qui va encore une fois nous inviter dans son antre, et qui commence à être habitué du festival, puisque c’est leur troisième fois. Les musiciens sont toujours aussi sobrement vêtus, surtout comparé à A.A. Nemtheanga (chant) qui revêt ses haillons et son maquillage morbide, incarnant la mélancolie poignante de leurs morceaux. L’homme fait le show à lui tout seul pendant que ses camarades tiennent la rythmique, clamant de temps à autre “Are you with us?” pour motiver ou “The party is over” pour faire redescendre d’un cran notre joie de vivre, mais décupler notre immersion dans la musique lancinante et surtout très sombre du groupe. On notera un hommage à Thin Lizzy sur le titre Victory Has 1000 Fathers, Defeat Is an Orphan, mais les cinq morceaux joués aujourd’hui sont passés en un éclair… Vivement la prochaine sortie !
La journée continue avec ce que l’on peut considérer comme une leçon à la française dirigée par nos étoiles montantes de la scène Metalcore, Landmvrks. Je me souviens avoir vu le groupe il y a quelques années sur de petites scènes, où ils avaient déjà une totale maîtrise de leur musique, mais aujourd’hui et comme à leur habitude désormais ils ont sorti les grands moyens. Parfaitement à l’aise, Flo (chant) mène le show d’une main de maître, et ses camarades ne sont pas en reste, déambulant et haranguant un public entièrement conquis qui commence déjà à slammer avant même que l’on aperçoive les premières flammes, qui viennent renforcer les refrains les plus violents. Le vocaliste n’hésitera pas non plus à nous dire qu’ils sont “très heureux de revenir jouer” au Motocultor, visiblement très touché d’avoir une place aussi haute sur la scène principale (ils avaient joué sous tente beaucoup plus tôt il y a pile deux ans), mais il appellera à toujours plus de crowdsurf, notamment sur le titre Blistering, qui a donné des sueurs froides à la sécurité pendant qu’il nous fait profiter de ses capacités vocales, parfois aidé par ses camarades aux choeurs. Les seuls moments de calme seront l’avant wall of death de Sulfur, le moment de graff sur Sombre 16 ainsi que la performance acoustique de Suffocate, tout le reste n’est que pure rage, en particulier Lost In A Wave.
Le show suivant n’est autre que ma septième d’Harakiri For The Sky, groupe qui m’a toujours transcendé, et dont la performance du jour ne dérogera pas à la règle. Bien habitué à un show lumière chaotique, renforcé par la Massey Ferguscène qui n’a jamais été clémente, je suis déjà impatient alors que les musiciens ne sont même pas encore sur scène, mais personne ne pouvait prédire ce qui allait se passer ce soir. La nuit tombe doucement, la musique commence, et là, c’est l’avalanche : la rythmique emporte l’intégralité de l’assemblée avant même que J.J. (chant) ne commence à hurler, mais lorsqu’il joint sa voix déchirante aux riffs de ses camarades, le concert prend une toute autre tournure. Si les débuts du groupe montraient une touche d’imperfection, ils ont appris à la maîtriser, et à la canaliser pour rendre leur musique encore plus humaine, plus saisissante, et je le remarquerai encore plus sur Fire, Walk With Me, un de mes titres préférés. Sur scène, M.S. (guitare), Marrok (guitare) et Radek (basse) maltraitent leurs cordes, n’hésitant pas à se mettre en avant pendant que Paul (batterie) frappe inlassablement, mais celui qui attire toute l’attention, c’est encore et toujours le vocaliste, qui vit pleinement ses textes, titubant parfois ou levant le poing. Il n’hésitera pas non plus à descendre vociférer sur les barrières pour le dernier titre, comme pour se livrer pleinement à nous. Il va sans dire que c’est l’un des meilleurs shows que le groupe ait pu donner.
Changement de registre avec le Doom de Candlemass, qui s’apprête à nous envoûter à son tour, et le moins que l’on puisse dire, c’est que je n’étais pas prêt… Ce concert n’est évidemment pas ma première avec le groupe, mais je ne pensais pas que Johan Langquist (chant) prendrait autant de plaisir à se cacher dans l’ombre, juste devant les retours, alors que ses camarades restent parfaitement dans la lumière. On lui pardonne, car sa voix est toujours aussi unique et incroyable, donnant vie aux plus anciens titres des quatre premiers albums (ainsi que de l’éponyme Sweet Evil Sun du dernier), laissant Leif Edling (basse), Mappe Björkman (guitare), Lars Johansson (guitare) et Jan Lindh (batterie) jouer ensemble, avec un son de qualité supérieure. Le ton occulte du show planera tout le concert, et les quelques interventions entre les morceaux nous permettent de respirer ou de témoigner notre soutien au groupe, comme ces rapides “Thank you France” suivis d’acclamations. Nous en sortirons tous ravis.
La fin du festival se profile, mais Kanonenfieber a plus d’un tour dans son sac, et toute l’artillerie est déjà de sortie. Entre les barbelés et autres sacs de sable, Hans (batterie), Gunnar (basse), Kreuzer (guitare) et Sickfried (guitare) s’installent, attendant le coup d’envoi du général Noise (chant) pour transformer la Supositor en tranchées, n’hésitant par à agrémenter leurs riffs de quelques coups de feu, explosions ou même flammes. Chaque mouvement est millimétré pour les cinq hommes cagoulés, que ce soit les riffs saccadés, les choeurs galvanisants ou les différents accessoires, comme le canon à fumée sur Der Füsilier ou le tabouret qui servira d’échafaud au vocaliste à la fin de Der Maulwurf, mais aussi les costumes qui changent presque à chaque morceau. Grimés en soldats, mineurs ou marins, les cinq membres du groupe nous font vivre une expérience unique qui renforce encore plus l’immersion dans leur univers agressif où le Black/Death imposant prend tout son sens, pendant que la tête pensante du projet nous hurle dessus, ce qui ne calmera pas les habitués du pit. Nous aurons même droit au dernier titre sorti, ??Z-Vor!, qui passe haut la main la barrière du live, et qui se joint naturellement à la setlist de l’un des meilleurs shows du jour !
Mon dernier show en tant que photographe sur cette édition sera celui de Green Lung, quintet anglais de Stoner/Doom que je découvre littéralement sur place grâce à l’imposante… tête, ou mascotte, qui orne le centre de la scène. Mené par Tom Templar (chant), le groupe nous offre des harmoniques très orientées Psyché à la guitare, un duo basse/batterie groovy et accrocheur, mais également des claviers lumineux qui contrastent avec le ton du vocaliste. Le style du groupe se prête aux tonalités mystérieuses tout comme à l’angoisse façon films d’épouvante des années 70, mais la performance reste énergique, et le public, visiblement des connaisseurs, réagit très positivement à leurs morceaux, en particulier Maxine, que le vocaliste dédie “to all the witches here”. Une bonne découverte !
Je finirai la soirée à l’espace VIP pendant que Machine Head termine son show, débordant même sur l’horaire officiel du festival, avec une setlist assez variée. Un titre pour chaque album (sauf Catharsis), mais également Is There Anybody Out There? (que je ne connaissais même pas) que le groupe mené par Rob Flynn (guitare/chant) effectue avec la même intensité, mais surtout un budget pyro très élevé pour cette superproduction à l’américaine, écran géant du fond compris. La scène semble presque trop grande pour les quatre gaillards qui attendent à chaque fois le signal du leader, très bavard, qui a visiblement appris un mot en breton, et nous le ressortira à chaque fois : “Irmat”. Il se montrera également très généreux, offrant une dizaine de “free beer”, comprendre par là un gobelet balancé dans la fosse (avec une certaine précision, je dois l’avouer), et le show prendra fin avec deux des titres les plus connus : Davidian et Halo, après le rappel. Les présents en ont visiblement eu pour leur argent.
Le site de Kerampuilh se vide lentement, témoignant de la fin du festival. Chacun évoque son show préféré, et si le headliner du soir revient souvent, pour ma part ce sont Harakiri for the Sky et Kanonenfieber qui ont remporté haut la main mes faveurs, mais tous les artistes que j’ai pu voir aujourd’hui ont offert une très bonne performance ! L’affiche de l’année prochaine a déjà commencé à être dévoilée, avec son lot de questions, de cris de joie, de débats… pour ma part, le festival est loin d’être terminé, car il me reste les quarante-neuf galeries à traiter.
Merci à l’organisation, au bénévoles, à la sécurité, aux groupes, à l’espace presse, ainsi qu’aux copains pour avoir fait de cette édition un véritable succès !









































