Review 2908 : Igorrr – Amen

Le cerveau d’Igorrr a encore frappé.

Le projet de Gautier Serre (machines, Corpo-Mente), complété par Jb Le Bail (chant, ex-Svart Crown), Marthe Alexandre (chant), Remi Serafino (batterie, Diablation, ex-Svart Crown, ex-Ecr.Linf, ex-Hyrgal) et Martyn Clément (guitare, Joe La Mouk) récidive avec le soutien de Metal Blade Records pour créer Amen, son huitième album.

On notera plusieurs invités, dont Mike Leon (basse, CKY, ex-Soulfly, ex-Havok…), Lili Refrain (chant), Trey Spruance (guitare/sitar, Mr. Bungle), Timba Harris (violon) ou encore Scott Ian (guitare, Anthrax, Mr. Bungle).

On attaque avec le beat sombre de Daemoni, première composition qui se transformera en bloc de lourdeur ultra-saturée et parfois même épilleptique que même l’arrivée des vocalistes ne pourra pas apaiser, passant d’un registre lyrique au Metal Extrême avec une cohérence flagrante. Le groupe continue avec Headbutt (dont je vous recommande le clip) où un piano sera (littéralement) maltraité pendant que les musiciens délivrent des riffs simples mais puissants qui finiront par s’adapter à la folie ambiante avant que Limbo ne propose une approche plus éthérée et écclésiastique. L’ambiance est angoissante, et les quelques parties de calme ne font que renforcer ce climat oppressant et annoncer la violence, suivie de l’étrange Blastbeat Falafel et ses influences orientales dansantes qui fonctionnent un peu trop bien avec le groove de la basse, donnant à la démence une forme palpable et dévastatrice. On enchaîne avec l’étrange et incontrôlable mais si bien nommée ADHD qui passe d’un cauchemar Industrial à des passages Neo-Classiques en un rien de temps, puis 2020 rend rapidement hommage au Grindcore, résumant parfaitement cette année maudite avant de laisser place à Mustard Mucous. Là encore, il ne faut pas être surpris de retrouver tous les éléments enchevêtrés dans de grandes éruptions virulentes parfois rapides, parfois pachydermiques, mais nous serons finalement délivrés par Infestis qui débute avec une corne de brume pour finalement s’ancrer dans le Sludge et de la dissonance. Hurlements, murmures et choeurs se répondent sous cette rythmique lourde et saccadée avant de laisser place à l’inquiétante Ancient Sun qui débute assez lentement mais qui reste assez constante, proposant quelques choeurs et de légers changements dans le beat et les claviers. On conserve cette approche sur l’introduction de Pure Disproportionate Black and White Nihilism avant d’adopter une marche forcée aux nuances Industrial violentes, rejointes par les vociférations infernales et divers éléments qui tentent en vain de temporiser la déferlante avant qu’elle ne s’arrête d’elle-même pour nous autoriser un moment de répit sur E?tude n°120. Composé seulement d’une mélodie aérienne de d’une voix, l’interlude nous laisse respirer un instant avant que Silence ne prenne sa place d’ultime titre, restant dans des teintes similaires à son prédécesseur, mais les machines de Gautier veillent dans l’ombre, et elles attaqueront lorsque leur temps sera venu, troublant une dernière fois l’ordre naturel avant que tout ne disparaisse dans le silence.

Bien qu’habitué aux frasques de Gautier Serre, je ne sais toujours pas si Igorrr est un projet de génie ou le résultat d’expériences scientifiques au résultat douteux. Tout ce que je peux affirmer, c’est qu’Amen possède une force de frappe commensurable !

80/100

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