
Hei’An évolue.
Après un premier album qui lui a ouvert bien des portes en 2022, le groupe composé de Matic Blagonic (chant clair), Aljaz Novak (chant saturé), Matevz Pocic (guitare), Peter Smrdel (basse) et Gaj Bostic (batterie), le groupe dévoile trois ans après Kiss Our Ghosts Goodbye, son deuxième opus.

L’album débute par les samples d’Aberration, une première composition d’abord aérienne puis assez rapidement plus sombre, reprenant un beat Trap avant que des parties vocales cybernétiques n’apparaissent. L’intensité croît lentement puis se coupe avant que My Harness ne nous propose les premiers riffs énergiques accompagnés de la voix de Matic qui vient les teinter de sa douceur, créant un contraste entêtant avant qu’Aljaz ne prenne le relai avec ses hurlements. Le morceau s’embrase littéralement pour rejoindre What a Shame qui prend la suite avec la même approche moderne, mais les vocalistes s’unissent pour en faire un titre assez vindicatif par moments, réhaussant la puissance d’une rythmique saccadée avant de passer à To Let You Down et ses sonorités mystérieuses. Le duo vocal fait à nouveau des miracles lors des périodes les plus violentes où les harmoniques se multiplient, mais on notera également la fureur du break même en instrumental, puis c’est dans la technicité que Dearest nous surprendra avec des influences Prog marquées. Le reste du morceau reste relativement calme, offrant tout de même des passages imposants tout comme Beneath the Sinking Moon qui gère parfaitement son rythme pour captiver notre attention à chaque instant. On notera la puissance de ce final futuriste avant le retour des samples sur Undertow dont l’atmosphère adopte d’abord le calme, mais la puissance revient bien vite pour encrer le contraste avant de se déchaîner puis de faire de Make Me Want to Leave You l’un des morceaux les plus oppressants de l’album. Le chant clair domine cette composition, laissant tout de même quelques choeurs et autres hurlements, puis Liberated nous propose une approche beaucoup plus dansante, presque même enivrante puisqu’elle ne sera à nouveau menée par le chant clair avec quelques apparitions plus violentes. La fin de l’album se dessine avec What Do You Have to Save? qui démarre calmement, puis qui se montre beaucoup plus énergique et nous emporte avant de se couper brutalement.
Adoptant de nouvelles influences, Hei’An a su se renouveler tout en continuant dans une approche moderne et accrocheuse. Si le Metalcore actuel vous plaît, vous serez happés par Kiss Our Ghosts Goodbye en un rien de temps !
75/100

Quelques questions à Matic Blagonic, guitariste et chanteur du groupe Hei’An, à l’occasion de la sortie du deuxième album du groupe, Kiss Our Ghosts Goodbye.
Bonjour et tout d’abord, merci beaucoup de m’accorder un peu de ton temps ! Comment présenterais-tu le groupe Hei’An sans utiliser les étiquettes musicales telles que “Metalcore” ou “Post-Metal” ?
Matic Blagonic (chant/guitare) : Bonjour ! Merci beaucoup de m’accueillir ! C’est une question intéressante ! Eh bien, notre musique est généralement assez sombre, mais elle recèle toujours une lueur d’espoir. Peut-être que l’expression “un nuage sombre avec une lueur d’espoir” serait une étiquette non musicale sympa pour nous présenter ? 🙂
Le nom Hei’An me rappelle le japonais, qui signifie “paix”. Est-ce là votre source d’inspiration pour votre nom, ou y a-t-il autre chose ? Comment relies-tu le nom Hei’An à la musique que vous jouez ?
Matic : Pas tout à fait, mais c’est une hypothèse très plausible et qui n’est pas très loin de la vérité ! Pour résumer : j’ai eu beaucoup de mal à trouver un nom pour mon projet lorsque j’ai commencé à travailler sur ce qui allait devenir Hei’An, et je me souviens qu’à un moment donné, Aljaz (le deuxième chanteur du groupe, ndlr) et moi-même – bien avant qu’il ne s’implique dans le projet – avons réfléchi ensemble et échangé des idées. Je voulais que le nom soit unique, court, accrocheur, qu’il ait une signification pour moi et qu’il « décrive » en quelque sorte la musique que j’écrivais. J’avais beaucoup d’idées différentes, mais je ne veux même pas les partager ici, car elles étaient toutes plus horribles les unes que les autres. Quoi qu’il en soit, à un moment donné, Aljaz a suggéré le nom Hei’An et m’a expliqué ce qu’il signifiait pour moi. Je suis immédiatement tombé amoureux de ce nom, il me semblait parfait et j’ai suivi mon instinct. Tu vois, en chinois, “Hei An” signifie “obscurité”, mais il peut être traduit de plusieurs façons subtilement différentes, comme “obscurité paisible”, “obscurité inquiétante”, etc. Cela me semblait être une façon parfaite de décrire la musique que j’écrivais à l’époque. J’ai opté pour l’orthographe alternative, Hei’An, car je trouvais qu’elle avait un meilleur style, qu’elle se démarquait davantage et qu’elle répondait ainsi mieux à mon critère “très unique” mentionné plus haut. Heureusement qu’Aljaz a étudié la sinologie à l’université. Pour expliquer plus concrètement le lien entre le nom Hei’An et notre musique, je dirais que la traduction “obscurité paisible” décrit parfaitement la musique que j’écris en tant que compositeur et que nous écrivons en tant que groupe, car j’ai l’impression que les morceaux de Hei’An sont toujours un peu sombres, que ce soit au niveau sonore, lyrique ou les deux, et mes idées lyriques et conceptuelles proviennent toujours des “parties les plus sombres de mon esprit”, si cela a un sens. Mais malgré tout cela, on peut toujours entendre et ressentir un sentiment de paix, de réconfort et même d’espoir dans la musique de Hei’An, donc la signification du nom correspond vraiment bien à la musique elle-même, à mon avis.
En septembre, Hei’An sortira son deuxième album, intitulé Kiss Our Ghosts Goodbye. Qu’en pensez-vous ? Avez-vous déjà reçu des commentaires ?
Matic : Nous sommes surtout incroyablement fiers ! Nous avons coproduit cet album nous-mêmes, nous nous sommes permis d’être beaucoup plus audacieux qu’auparavant, nous avons vraiment l’impression d’avoir fait tout notre possible pour améliorer notre composition, nos performances, la qualité de la production, etc. et nous avons le sentiment d’avoir beaucoup progressé dans tous ces domaines depuis notre premier album. Nous sommes donc vraiment très fiers de ce nouvel album et nous pensons que beaucoup de gens pourraient vraiment l’apprécier s’ils l’écoutaient ! Nous avons déjà fait écouter l’album en entier à certaines personnes, bien sûr toute notre équipe l’a écouté plus d’une fois, et nous en avons montré des extraits à nos proches, et presque toutes les réactions ont été extrêmement positives. Les réactions aux singles ont également été incroyables jusqu’à présent, nous sommes donc très impatients de voir où cet album pourrait nous mener à long terme.
Comment résumerais-tu l’identité de Kiss Our Ghosts Goodbye en seulement trois mots ?
Matic : Frustré, désespéré, mais plein d’espoir (“hopeful” en anglais, ndlr).
Comment s’est déroulé le processus de création au sein du groupe ? Y a-t-il eu des différences ou des évolutions par rapport aux précédents albums ?
Matic : Le processus de création de cet album a été très différent de tout ce que nous avons fait auparavant. J’ai écrit toutes les chansons du premier album uniquement avec ma guitare acoustique et ma voix, puis nous les avons arrangées ensemble pour en faire des “chansons Metal”. Pour cet album, j’ai commencé le processus d’écriture de toutes les chansons en mettant ma “casquette de producteur”. J’ai ouvert mon DAW, j’ai joué avec différents sons de synthé, de basse, de batterie électronique, d’échantillons, etc. et j’ai passé des heures et des heures à créer de petites idées de démos. Quand j’en ai trouvé une qui me faisait ressentir quelque chose de “spécial”, j’ai commencé à y ajouter des guitares, une basse et une batterie, je l’ai un peu arrangée, et ce n’est qu’ensuite que j’ai commencé à écrire les paroles et à ajouter les voix. Le reste du groupe s’est également beaucoup plus impliqué dans le processus d’écriture (juste après que j’ai moi-même terminé ces “premières étapes”), ce qui a donné un album beaucoup plus agréable à jouer sur le plan instrumental et a apporté à cet album une couche supplémentaire de complexité et de nuances subtiles qui ont vraiment élevé les chansons à un tout autre niveau. Nous avons également enregistré Kiss Our Ghosts Goodbye dans un studio différent, avec une équipe complètement différente (à l’exception de Randy, qui a coproduit l’album avec nous, nous avions déjà travaillé avec lui sur imago), donc l’ensemble du processus d’enregistrement et de production a été complètement différent de ce que nous avions connu auparavant.Cette fois-ci, nous n’avions pas un seul producteur qui s’occupait de tout (même du montage, du mixage et du mastering), mais différentes personnes se chargeaient de différentes tâches dans lesquelles elles étaient spécialisées, “comme il se doit” ou “comme le font les grands”, si vous voulez, ce qui a rendu le processus de production de cet album beaucoup plus passionnant et intéressant pour nous. Et j’ai l’impression que ce sentiment de nouveauté a permis à l’album d’être assez unique et distinct, tout en restant familier au final, ce que j’apprécie beaucoup personnellement. Donc oui, notre processus a beaucoup évolué par rapport au passé, mais cela semblait approprié pour cet album et nous sommes plus que satisfaits du résultat.
Le son du groupe est composé du calme du Post Metal, de la complexité du Metal Progressif et de l’énergie brute du Metalcore, mais j’entends désormais des éléments plus modernes, comme dans les premiers morceaux Aberration ou Dearest. Quels groupes citerais-tu comme vos principales influences ? Vos influences ont-elles évolué avec le temps ?
Matic : Oui, nous avons tendance à mélanger beaucoup d’éléments issus de nombreux styles musicaux différents dans notre musique, mais pour ce que nous faisons actuellement, nous sommes tous d’accord pour dire que le Post-Metalcore, voire simplement le Metalcore, serait la meilleure façon de la décrire. Mais bien sûr, comme tu l’as souligné, nous puisons encore beaucoup d’inspiration dans le Post-Metal et le Metal Progressif, mais ces derniers temps, nous sommes de plus en plus inspirés par des artistes qui ne font pas partie du genre Metal et par des artistes qui intègrent ces éléments dans un contexte Metal(core). Avec le premier album, je me souviens que je voulais déjà “aller vers la Pop” à certains endroits ou ajouter beaucoup plus d’éléments électroniques à certaines parties, etc., mais je me suis toujours arrêté et je me suis dit quelque chose comme “non, Matic, tu ne peux pas faire ça, c’est du METAL, si tu fais des trucs comme ça, tu ne feras qu’attirer des haters et tu n’auras aucun fan”, et comme tu peux le voir, c’était une mentalité assez toxique que j’avais et dont j’ai eu besoin d’un peu de temps pour me débarrasser. Mais avec Kiss Our Ghosts Goodbye (et au-delà), j’ai vraiment décidé que je voulais me sentir libre à 100 % lorsque j’écris ma musique et ne plus avoir l’impression de “ne pas pouvoir écrire quelque chose par peur d’être jugé”. En conséquence, ce nouvel album me semble encore plus authentique, et sans doute beaucoup plus “frais”, si vous voyez ce que je veux dire. En termes d’influences spécifiques, les plus évidentes pour le moment sont d’autres groupes de metalcore modernes comme Bring Me The Horizon, Architects, Dayseeker, Sleep Token, I Prevail, etc., mais comme nous écoutons tous des styles très différents, les influences ne s’arrêtent certainement pas là. Pour les aspects plus progressifs de l’album, je citerais sans hésiter des groupes comme TesseracT, Leprous, Intervals, Their Dogs Were Astronauts, etc. Mais il n’y a pas vraiment beaucoup d’éléments progressifs sur l’album et ils sont pour la plupart très subtils, à l’exception de quelques-uns très marqués et “super progressifs” dans deux ou trois morceaux. Puisque vous mentionnez le post-metal, cet album est évidemment beaucoup moins “directement” influencé par ce genre que notre premier album, mais une grande partie des structures harmoniques, des guitares ambiantes, des synthés ambiants, etc. ont encore été très fortement inspirées par des groupes comme Alcest, Deafheaven, Together to the Stars, etc. Elles ont simplement été arrangées “dans” les chansons d’une manière plus subtile que ce que nous faisions auparavant. Nous avons également beaucoup de segments très lourds sur cet album, presque chaque chanson comporte au moins un breakdown, ce qui n’est certainement pas quelque chose que nous aurions fait sur imago. Nous avons tous commencé à écouter beaucoup de Metalcore et/ou de Deathcore très lourd ces derniers temps, donc des groupes comme Architects (certaines chansons), Spiritbox (certaines chansons), Whitechapel, Lorna Shore, Humanity’s Last Breath, etc. ont certainement inspiré beaucoup de ces morceaux. Mais si nous sommes allés plus loin que jamais dans le heavy avec cet album, nous sommes également allés plus loin que jamais dans le pop et le catchy, d’une manière générale. Ces derniers temps, nous écoutons de plus en plus de musique pop et électronique, moi le premier. J’apprécie beaucoup des artistes comme Jennie (son dernier album solo Ruby est l’un de mes albums préférés), Post Malone, Skrillex, Diplo, Blackpink, Gesaffelstein, Charli XCX, A. G. Cook, Aloboi, etc. Leur influence s’est donc forcément retrouvée dans notre nouvel album, de différentes manières subtiles. Toutes nos influences sont inévitablement liées au temps. Personnellement, je suis souvent obsédé par une chanson ou un album que je viens de découvrir pendant plusieurs jours, semaines, voire mois d’affilée, puis je trouve un nouveau sujet d’obsession, tout en revenant régulièrement à ceux qui m’ont le plus marqué. Mes goûts musicaux, et donc mon style d’écriture, sont en constante évolution. C’est pourquoi on ne peut jamais vraiment savoir à quoi ressemblera le prochain album de Hei’An. Mais j’ai l’impression que nous avons toujours une façon très unique de mélanger tout cela, de sorte que tout ce que nous écrivons sonne toujours “très Hei’An”, même lorsque nous prenons une “nouvelle” direction, si cela a du sens.
As-tu une chanson préférée sur Kiss Our Ghosts Goodbye ? Ou peut-être celle qui a été la plus difficile à réaliser pour l’album.
Matic : C’est une question difficile… Je crois que les autres membres du groupe ont cité To Let You Down, What a Shame et Make Me Want to Leave You comme leurs chansons préférées, mais ma préférée serait probablement What Do You Have to Save? J’adore toutes les chansons de l’album, sinon je ne les aurais pas incluses et publiées, mais What Do You Have to Save? me touche un peu plus que les autres, je suppose. Je trouve que le rythme, la continuité et le tempo de cette chanson sont meilleurs que tout ce que j’ai écrit auparavant. Elle est entraînante dans tous ses segments, elle est extrêmement émouvante, elle semble extrêmement vulnérable à certains moments et plus grande que nature à d’autres. Je suis incroyablement fier des paroles et de toutes nos performances dans cette chanson. C’est une chanson très importante pour nous, qui lie tout l’album d’une manière très stimulante, je pense. Et pour cet album, aucune des chansons n’a été “difficile” à composer. Ce fut un long parcours avec d’innombrables étapes pour chacune d’entre elles, mais au final, elles se sont toutes assemblées naturellement et ont évolué pour devenir ce qu’elles sont aujourd’hui, presque comme si elles avaient leur propre volonté, dans le bon sens du terme, j’espère.
Où trouves-tu ton inspiration pour créer de la musique ?
Matic : Ça dépend, vraiment. En termes d’instrumentation, d’arrangements et de production, nous nous inspirons d’autres artistes que nous aimons (issus de tous les genres et styles différents que j’ai mentionnés plus tôt). Pour cet album en particulier, une grande source d’inspiration a été simplement de jouer avec les sons de synthé, les samples, les boucles, etc. Je trouvais un son de synthé cool que j’aimais vraiment beaucoup, j’essayais d’écrire une mélodie accrocheuse ou quelque chose comme ça avec, je faisais une petite boucle avec et j’ajoutais un rythme et d’autres éléments, et les chansons ont en quelque sorte commencé à partir de là. Donc, ça ressemblait beaucoup à “jouer et voir ce qui fonctionne”, mais d’une manière méthodique et délibérée. En ce qui concerne les thèmes et les concepts des paroles, c’est un peu différent. J’écris toujours des paroles basées sur mes propres expériences et réflexions, comme la plupart des autres auteurs-compositeurs, je suppose. Avec le premier album, nous avions en quelque sorte un concept et une histoire globaux, et même si ce n’est pas le cas avec celui-ci, les thèmes des paroles de toutes les chansons du nouvel album suivent quand même un fil conducteur similaire. J’ai essayé de m’ouvrir un peu plus vers l’extérieur avec celui-ci, au lieu d’être purement introspectif tout au long, et j’aime beaucoup le fait d’avoir pu explorer des thèmes lyriques que je n’avais pas encore abordés auparavant. J’ai également été beaucoup plus précis et littéral dans mon écriture, afin que les messages des chansons soient, je l’espère, un peu plus “clairs” que jamais. Les principales “inspirations” ici étaient ma sexualité (je suis bisexuel et je suis en couple avec notre chanteur Aljaz, qui a une voix très puissante, depuis plusieurs années maintenant) et mes difficultés face à la haine, au rejet et au sectarisme que cela engendre. Un autre thème important était mon combat permanent contre la sclérose en plaques, dont j’ai été diagnostiqué il y a quelques années, après la sortie de notre premier album. Un autre thème majeur et source d’inspiration pour cet album était ma “crise existentielle”, pour ainsi dire, et ma déception envers l’humanité et la direction que semble prendre le monde en général. J’aime toujours rester optimiste dans mes compositions, c’est pourquoi j’essaie de “dire adieu à mes démons” avec cet album plutôt que de “les laisser me hanter pour toujours”. Je pense que cette quête de catharsis personnelle est toujours ma principale source de motivation pour écrire davantage.
Pensez-vous avoir progressé en tant que musicien/compositeur avec ce nouvel album ?
Matic : Absolument ! Nous avons tous travaillé très dur pour améliorer notre art depuis le premier album, et j’ai le sentiment que nous avons tous évolué en tant que musiciens, tant sur le plan technique que sur celui de la performance. Je sais que j’ai vraiment beaucoup travaillé ma voix afin de m’améliorer autant que possible, et je pense sincèrement que nous avons tous beaucoup progressé. Je suis très fier de nous pour cela. Bien sûr, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir et nous voulons tous nous améliorer encore et encore, mais cela fait partie de ce parcours que nous aimons tant, donc nous continuerons certainement à faire de notre mieux pour nous améliorer au fil du temps sur nos instruments respectifs. Je ne dis pas que nous sommes les meilleurs musiciens au monde, loin de là, mais nous travaillons dur pour essayer de nous améliorer autant que possible au fil du temps. Nous avons également beaucoup évolué en tant que groupe. Nous avons tout de suite accroché lorsque nous avons formé ce groupe, mais nous en sommes maintenant à un stade où nous comprenons beaucoup mieux les identités musicales et créatives de chacun, et notre flux de travail est plus fluide que jamais ces derniers temps. En tant que compositeurs, nous avons commencé à comprendre de plus en plus le génie subtil de la simplicité, même si nous avons encore beaucoup de chemin à parcourir. Nous avons réalisé que, bien souvent, une partie simple mais étonnante d’une chanson aura souvent un impact émotionnel beaucoup plus important qu’une partie très complexe (pas toujours, mais très souvent, c’est certain), et nous avons compris que c’est vraiment un art de garder quelque chose de simple en apparence tout en lui conservant des nuances, du raffinement et une « complexité accessible », si cela a un sens. Et j’ai l’impression que nous avons beaucoup progressé dans ce domaine de notre écriture. Encore une fois, nous avons toujours l’impression d’avoir un long chemin à parcourir, et nous faisons de notre mieux pour nous améliorer à chaque chanson que nous écrivons, mais je pense sincèrement que nous avons progressé au moins un peu depuis le premier album. Et moi, en tant qu’auteur des paroles et des mélodies principales, j’ai également travaillé dur pour rendre mes paroles plus mémorables et percutantes, tout en les rendant encore plus directes et authentiques, et pour rendre mes mélodies vocales encore plus mémorables, accrocheuses et percutantes, et j’ai l’impression d’avoir progressé dans ce domaine également. Écouter de plus en plus de pop m’a beaucoup aidé dans ce domaine, car de nombreux artistes pop comprennent vraiment mieux que quiconque la mélodie, le rythme et la narration. Analyser ce qu’ils font et essayer de le reproduire à ma manière, mais avec une touche Hei’An, a vraiment amélioré mon écriture, je pense. Mais encore une fois, on apprend de nos expériences, donc j’espère que chaque album qu’on sortira sera meilleur que le précédent. Je pense que le temps nous dira si on a réussi à faire ça en tant que groupe, mais on va continuer à bosser dur.
Je n’ai encore jamais eu l’occasion d’assister à un concert de Hei’An, comment vivez-vous un concert live de votre point de vue ? Avez-vous une routine avant ou après le concert ?
Matic : Les concerts sont l’un de nos aspects préférés de cette industrie. Depuis notre plus jeune âge, nous rêvions tous de monter sur scène et de jouer notre musique devant le plus grand nombre de personnes possible, et cela reste – et restera probablement toujours – l’un de nos plus grands “objectifs”, voire notre plus grand “objectif” en tant que groupe. Nous aimons tous vraiment jouer en live et nous nous sentons incroyablement “chez nous” sur scène, si cela a un sens. Nous n’avons pas encore fait de “véritable tournée de plus d’un mois” avec Hei’An, mais nous gardons un excellent souvenir de presque tous les concerts et festivals auxquels nous avons participé jusqu’à présent (et il y en a eu beaucoup, compte tenu de la “jeunesse” du groupe, ce dont nous serons éternellement reconnaissants). Mon moment préféré en concert, c’est quand je chante et que je peux voir et entendre au moins les premiers rangs (voire plus) du public chanter à tue-tête avec moi. C’est le moment le plus gratifiant pour moi, car j’ai l’impression que nous avons vraiment réussi à toucher certaines personnes émotionnellement, et à ce moment-là, je me sens le plus connecté à nos fans. C’est pour eux que nous voulons jouer en live, pas seulement pour nous, donc j’ai l’impression que ce genre de moments est en quelque sorte l’essentiel. Et ces moments sont les mêmes, que ce soit devant 20 personnes dans un tout petit club ou devant une foule immense lors d’un grand festival, cela n’a aucune importance. Quand je vois quelqu’un dans le public chanter à tue-tête, pleurer et partager un moment avec nous, je me dis toujours “OK, c’est pour ça que nous faisons ça”, c’est tout simplement la chose la plus magique qui soit pour moi. Je me souviens d’une fois où nous avons joué en République Tchèque, et il y avait ce type dans le public en fauteuil roulant, et malgré cela, il faisait la fête, il pogotait, il dansait, il chantait, il bougeait partout, il est même venu jusqu’à la scène et nous a tous tapé dans la main… C’est un moment que je n’oublierai jamais, j’ai encore les larmes aux yeux chaque fois que j’y repense. Donc oui, je dirais que les concerts de Hei’An sont une montagne russe émotionnelle, ou du moins nous faisons de notre mieux pour qu’ils le soient, tant pour nous que, surtout, pour le public. En ce qui concerne les routines avant et après les concerts… Nous n’avons pas vraiment de routine spécifique avant les concerts. Nous nous échauffons tous du mieux que nous pouvons. Personnellement, je fais beaucoup d’échauffements vocaux et aussi beaucoup d’étirements, nous buvons tous beaucoup d’eau, peut-être une bière ou un shot (à part ça, nous n’aimons vraiment pas boire d’alcool avant les spectacles afin de pouvoir donner le meilleur de nous-mêmes, ce qui serait certainement compromis si nous étions ivres), et nous faisons toujours un petit câlin de groupe et nous nous souhaitons mutuellement un spectacle réussi avant de monter sur scène. En ce qui concerne les rituels d’après-concert… Nous sommes tous de grands fêtards, alors nous adorons faire la fête après un concert, et c’est là que nous buvons plus qu’une seule bière ou un seul shot, haha.
Qu’est-ce qui attend Hei’An prochainement ? Peut-être quelques concerts, une tournée ?
Matic : Nous avons beaucoup de projets pour l’avenir, oui. Nous sommes déjà en train d’écrire de nouveaux morceaux et d’élaborer des projets pour le prochain album, mais il s’agit plutôt d’un projet à long terme. Nous envisageons de réaliser et de sortir des remixes électroniques de certaines chansons de Kiss Our Ghosts Goodbye, mais nous ne pouvons encore rien annoncer pour l’instant. Nous avons vraiment envie de le faire, cependant. En ce qui concerne les concerts, nous organisons en octobre un festival de deux jours à Ljubljana, en Slovénie, pour la sortie de Kiss Our Ghosts Goodbye. Nous avons vraiment hâte d’y être, car cela fait longtemps que nous ne sommes pas montés sur scène. Nous avons deux groupes incroyables en première partie chaque soir, soit quatre groupes absolument fantastiques au total. Nous serons en tête d’affiche les deux soirs et proposerons deux sets différents (le premier soir, nous jouerons l’album Kiss Our Ghosts Goodbye dans son intégralité, et le deuxième soir, nous avons prévu un set très spécial avec quelques surprises sympas). Nous aurons un food truck, une bière Hei’An spéciale… Ça va être GÉNIAL, on est tellement excités à cette idée ! En ce qui concerne les autres activités live, on travaille sur quelques réservations pour des festivals en 2026 et on est en train d’organiser une tournée avec d’autres groupes, mais on ne peut pas en dire plus pour l’instant. Ce que nous pouvons dire, c’est que nous avons beaucoup de projets live en préparation pour 2026 et au-delà, et si tout se passe bien (souhaitez-nous bonne chance !), nous ferons beaucoup de concerts. Nous espérons que vous pourrez venir nous voir en live très bientôt ! 🙂
Sur l’album précédent, imago, vous aviez trois invités, mais aucun sur Kiss Our Ghosts Goodbye. Êtes-vous toujours ouverts à des collaborations ? Si oui, avec qui aimeriez-vous collaborer à l’avenir ?
Matic : Bien vu ! Oui, bien sûr, nous sommes toujours très ouverts aux collaborations et nous étudions plusieurs options pour nos prochains albums, mais pour Kiss Our Ghosts Goodbye, nous avons décidé de ne pas en faire. Au départ, nous voulions avoir un ou deux invités, et nous avons contacté quelques personnes au début du processus, mais cela n’a pas fonctionné, principalement en raison de contraintes d’emploi du temps. Nous avons très vite décidé que nous ne voulions PAS avoir d’invités sur cet album, et la raison est très simple. Cet album nous semble “encore plus nous” que le précédent : nous en avons produit une grande partie nous-mêmes, nous nous sommes vraiment rapprochés en tant que groupe et nous avons été beaucoup plus impliqués dans l’écriture que pour imago. Nous avons vraiment pris toutes les décisions et, d’une certaine manière, nous avons mis encore plus de “nous-mêmes” dans ces chansons qu’auparavant, etc. Pour toutes ces raisons, nous avons pensé que “forcer” la présence d’un ou deux invités sur cet album juste pour le plaisir (et non parce que les chansons le “demandaient”) le rendrait “moins nôtre”, si vous voyez ce que je veux dire. Mais bien sûr, pour l’avenir, nous sommes TRÈS ouverts à des collaborations, à condition qu’elles semblent naturelles et ne soient en aucun cas “forcées” ! Je suis donc sûr à 100 % que nous collaborerons avec d’autres artistes à l’avenir, nous adorons tous cette idée ! Quant à savoir avec qui exactement nous aimerions collaborer… La réponse à cette question dépend de l’ampleur de nos rêves, car beaucoup de nos “collaborations de rêve” concernent des artistes bien plus importants que nous ne le sommes actuellement. Une idée que j’aime beaucoup serait de collaborer avec un artiste qui n’appartient PAS du tout au monde du Metal, ce qui pourrait sembler être “une combinaison très étrange qui ne correspondrait pas du tout à notre style”, mais qui en réalité fonctionnerait très bien et donnerait un résultat incroyable ! Un exemple sympa serait AmEN! de Bring Me The Horizon, où ils ont collaboré avec Daryl de Glassjaw et Lil Uzi Vert. Quand j’ai vu ça pour la première fois, je me suis dit “quel combo bizarre, comment cette chanson va-t-elle bien pouvoir sonner ?”, et finalement, c’est devenu un véritable tube. J’aimerais beaucoup faire quelque chose comme ça avec Hei’An un jour, avoir une collaboration “bizarre” sur une chanson, mais qui fonctionne SUPER bien et qui soit super unique et intéressante. Qui sera cette collaboration ? Je suppose qu’on verra bien le moment venu.
Comment se porte la scène Metal en Slovénie, ton pays ? Et la scène metal française, y a-t-il des groupes que tu connais et que tu apprécies ?
Matic : La scène Metal en Slovénie est étonnamment riche et dynamique, compte tenu de la petite taille du pays. Nous avons une tonne de concerts metal donnés par des groupes locaux et étrangers (grands et petits) tout au long de l’année, nous avons énormément de groupes metal originaires d’ici (certains sont d’ailleurs très bien établis et respectés dans la communauté Metal internationale, notamment Within Destruction, Noctiferia, etc.), donc je dirais que la scène est très « saine ». Nous avons également beaucoup de grands festivals ici. Le plus célèbre en Slovénie est probablement le Tolminator, qui se déroule au même endroit que le MetalDays, près de la magnifique rivière Soca à Tolmin. Il est organisé par nos bons amis Dirty Skunks, qui font un travail formidable pour faire connaître la Slovénie à la communauté metal internationale ! Le seul “inconvénient” de la scène Metal slovène, à mon avis, serait que les genres metal plus “modernes” comme le Metalcore, le Deathcore, etc. semblent être un peu moins écoutés que les sous-genres metal plus traditionnels et extrêmes, et nous n’avons pas non plus beaucoup de groupes de Metalcore ici (du moins par rapport au nombre de groupes de Black Metal, de Death Metal, etc. que nous avons – qui sont également FORMIDABLES, soit dit en passant !), mais même cela change lentement, et nous en sommes très heureux. Donc oui, la scène Metal slovène est géniale ! 🙂
Oh oui, il y a plein de groupes de metal français que nous adorons, et ce dans différents sous-genres du Metal ! Alcest occupe une place très spéciale dans nos cœurs, et ils ont beaucoup influencé notre premier album. Je pleure à chaque fois que je les vois en concert, dans le bon sens du terme. Igorrr est un autre groupe que nous aimons tous : tout ce qu’ils sortent est tellement “frais” et unique, et ça nous titille l’esprit juste comme il faut. Gautier est un génie musical absolu. Landmvrks est également incroyable. Nous ne les avons pas encore vus en concert, mais ils font sans aucun doute partie des meilleurs groupes de metalcore européens du moment, à notre avis. Novelists est également incroyablement bon. Nous écoutons tous leur dernier album, Coda, en boucle depuis sa sortie. Et je suis sûr qu’il y en a beaucoup d’autres, ce ne sont que les premiers qui me viennent à l’esprit ! La scène Metal française nous semble donc INCROYABLE, du moins vue de l’extérieur !
Si je te demandais de créer une affiche avec Hei’An en tête d’affiche et trois autres groupes pour la sortie de Kiss Our Ghosts Goodbye, avec quels groupes aimerais-tu jouer ? Même les réponses irréalistes sont acceptées.
Matic : Eh bien, si on peut vraiment se permettre d’être “complètement irréaliste” à ce stade de notre carrière, je dirais Bring Me The Horizon et Bad Omens, puis Skrillex pour l’afterparty. Bien sûr, tous ces artistes sont énormes, donc on ne peut que rêver d’atteindre un jour un tel niveau. On sait que c’est “irréaliste”, mais on peut toujours rêver, et on travaille très dur pour devenir aussi grands que possible un jour. Est-ce qu’on deviendra un jour aussi grands ? Seul le temps nous le dira, mais même si ce n’est pas le cas, ce n’est pas grave. Le plus important pour nous est de continuer à faire la musique que nous aimons et d’essayer de répandre un peu d’espoir dans le monde, à tous ceux qui veulent bien l’entendre, et cela nous suffit amplement. Mais nous avons déjà quelques premières parties pour nos concerts de lancement de Kiss Our Ghosts Goodbye, et nous sommes extrêmement heureux des artistes que nous avons réussi à obtenir (même si ce n’est pas Bring Me The Horizon haha) 🙂
Dernière question amusante : à quel plat compareriez-vous la musique de Hei’An ?
Matic : C’est une question amusante, haha… Je dirais peut-être “goveja juha s parmezanom” – une soupe de bœuf au parmesan. La “goveja juha” (une soupe claire à base de bœuf et de légumes) est un plat slovène très traditionnel que nous connaissons et apprécions tous ici, et la version avec du parmesan ne se trouve que dans la région d’Istrie / côtière de Slovénie (à ma connaissance), d’où la plupart des membres du groupe sont originaires. Au premier abord, cela peut sembler être une “combinaison étrange” (je sais que c’est le cas pour beaucoup de gens ici qui n’y ont jamais goûté), mais quand on y goûte, ça fonctionne, c’est tellement bon et tellement réconfortant… Et comme nous mélangeons beaucoup de styles et de genres différents avec Hei’An, ce qui peut sembler “bizarre” à première vue, mais nous faisons de notre mieux pour que cela fonctionne et que cela sonne aussi bien que possible, j’ai l’impression que la “goveja juha s parmezanom” pourrait être un plat INCROYABLE pour représenter ce qu’est Hei’An. 😉
C’était ma dernière question, alors merci beaucoup pour votre temps et votre musique, le mot de la fin vous appartient !
Matic : Merci beaucoup de m’avoir invité et pour tout l’amour et le soutien que vous avez témoignés à notre musique ! La dernière chose que j’aimerais ajouter pour l’instant est la suivante : Chers lecteurs d’Acta Infernalis ! Merci beaucoup d’avoir lu cette interview jusqu’au bout. Si vous êtes arrivés jusqu’ici, c’est que vous êtes vraiment fans ! J’espère que vous apprécierez notre nouvel album Kiss Our Ghosts Goodbye au moins autant que nous avons pris plaisir à le créer ! Lovelovelove ! <3