Interview : Benediction

Darren “Daz” Brookes, guitariste fondateur du légendaire groupe de Death Metal Benediction a pris le temps de répondre à mes questions avant la sortie de Scriptures, leur nouvel album.

Chronique de Scriptures

English version?

Bonjour et tout d’abord, merci de nous consacrer de ton temps ! Pourrais-tu vous présenter, le groupe et toi ?
Darren “Daz” Brookes (guitare) : Oui, je suis Daz, guitariste de Benediction depuis le premier jour.

Le huitième album de Benediction, Scriptures, va bientôt sortir, comment te sens-tu à ce sujet ? Comment s’est passé le processus de composition ?
Daz : Je me sens bien, j’en suis vraiment heureux. Les sons, l’artwork, le line-up, la production, tout. Nous avons amassé une grande quantité de matériel en douze ans, alors quand Rewy (Peter Rew, guitariste, ndlr) et moi avons décidé de faire un nouvel album, on avait largement de quoi faire. Il y a des choses nouvelles, d’autres qui ont dix ans mais c’est typiquement du Benediction, il n’y a aucun souci là dessus. 

Douze ans séparent Scriptures et Killing Music, l’album précédent. A part quelques changements de line-up, penses tu que le groupe a évolué entre ces deux albums ?
Daz : Je ne pense pas que nous évoluons nécessairement mais nous devenons meilleurs dans ce que nous faisons. Benediction est un groupe spécial. Nous ne sommes pas influencés par d’autres artistes à présent. Nous sommes influencés par notre propre histoire. Nous ne voulons pas être le prochain truc à la mode, nous voulons écrire des titres de Benediction, qui sont évident pour les gens. On ne veut pas être les plus rapides, mais on veut être les meilleurs dans ce que nous faisons.

L’an dernier c’était le trentième anniversaire de Benediction, et il a été marqué par le retour de Dave Ingram. Comment s’est décidé cet événement ?
Daz : Quand Dave Hunt nous a dit qu’il ne pourrait pas engager le temps nécessaire pour faire cet album et les inévitables tournées sans fin pour le promouvoir (on croise les doigts la dessus), j’ai à la base appelé Dave Ingram avec l’intention de lui faire faire quelques concerts que Dave Hunt ne pouvait pas assurer, mais il est rapidement devenu évident que Dave (Ingram) voulait plus. 

Malgré les années et les changements dans l’industrie musicale, vous êtes toujours dans l’écurie de Nuclear Blast. Tu te souviens comment cette collaboration entre le label et Benediction a commencé ? Est-ce que cette collaboration est différente maintenant ?
Daz : Quand nous avons signé chez Nuclear Blast, Markus et son partenaire Michael opéraient toujours depuis chez eux. Ils étaient plus intéressés par la vente par correspondance mais le label a grandi avec nous, Dismember et d’autres. C’était très personnel avant. Il y a tellement de têtes à Nuclear Blast Records que nous n’avons en fait jamais rencontré et c’est une honte car c’est comme ça qu’on aime travailler, en face à face. Mais les temps changent. Heureusement on va pouvoir mettre des visages sur les noms rapidement. C’est le meilleur label pour nous. Ils ont toujours cru en nous et vice versa. C’est un lien spécial, et j’espère que nous pourrons le conserver maintenant que Markus est parti.

Le groupe a toujours gardé cette approche Old School du Death Metal, quelles sont vos principales inspirations ? Ca peut être au niveau musical ou non.
Daz : Comme je l’ai dit avant c’est nous, on s’inspire nous-mêmes, mutuellement. Je pense que le Death Metal au fil des années est devenu une course à la vitesse ou à la technicité, mais ça n’a jamais été notre truc. On veut du ressenti, des accroches, du groove. Ca ne nous dérange pas de faire danser nos doigts sur les frettes et de montrer à quel point on peut jouer vite. On écrit des titres qui te font te lever le cul de ta chaise, brandir le poing en l’air, headbanger, mosher. C’est le plus important pour nous.

Comment as tu découvert le Death Metal par le passé ? Comment ton inspiration a évolué avec le temps ?
Daz : Tout était question d’échange de démo en cassettes auparavant. On aurait tous échangé nos démos à travers le monde. Puis quelques groupes ont été choisis, et c’est devenu fou. Malheureusement parce que les labels ne voulaient pas risquer de rater le prochain gros groupe de Death Metal, ils commençaient à signer tout le monde et vers le milieu des années 90 il y avait un tas de groupes moyens et des groupes de merde commençaient à sortir des trucs, et l’industrie en a souffert. Les gens pensaient que c’était ça le Death Metal, et c’était surtout pas mal de trucs mauvais. Ces groupes (du moins la plupart) n’ont pas duré et la crème a heureusement réussi à se hisser jusqu’au haut du panier maintenant. Mais pendant ces heures sombres, Benediction a continué de marcher. On a pas sauté dans la merde. Heureusement nous allons récolter les honneurs pour être restés intègres envers ce que nous croyons avec cette sortie. On a de bons retours.

Tu pensais que Benediction pourrait durer si longtemps au début ?
Daz : Bien sûr que non. On pensait que ce que nous faisions était bon, et important mais parce que c’était tellement différent de ce qui se faisait, on ne savait pas si ce serait accepté. Heureusement nous n’avons jamais été des rock stars, on fait fortune grâce à ça. C’était, et c’est toujours parce que c’est ce qu’on aime, ce que nous sommes.

Je sais que le Covid-19 a tout foutu en l’air, mais est-ce que tu as des plans pour l’avenir dont tu peux nous parler ? Le groupe était supposé jouer dans de gros festivals, comme le Netherlands Deathfest, est-ce que vous avez réussi à tout reprogrammer ?
Daz : Presque. La plupart des concerts de cette année ont été copiés-collés sur l’an prochain. J’ai hâte mec !

A propos des concerts, comment tu te sens avant de monter sur scène ? Est-ce que tu as un rituel d’échauffement spécial ?
Daz : C’est ce que nous faisons, c’est ce qu’est Benediction, le live. On aime jouer sur scène. Personnellement j’aime ce petit moment avant de jouer. L’adrénaline, l’attente, j’aime ça. On a pas de rituel mais on essaye toujours de parler avec autant de fans qu’on le peut. On aime s’impliquer là dedans, parler, boire une bière. Faire partie de ça.

On a beaucoup parlé de musique, mais quels sont tes autres hobbies dans la vie ? Que ce soit à propos de la musique ou non.
Daz : J’aime le football, je suis un fana de Liverpool depuis que j’ai six ans. Je joue au golf et j’aime faire de la plongée sous-marine avec ma copine.

Est-ce que tu te souviens de la première fois que tu as pris un instrument ? Quand et comment est-ce que ça s’est passé ?
Daz : Je me souviens quand j’étais ado d’être allé à des concerts de Judas Priest, Motörhead, Saxon, etc… et vouloir être sur scène, faire la même chose. J’ai demandé à ma mère une guitare quand je devais avoir 13 ou 14 ans. Elle n’était pas vraiment d’accord, mais bénie soit-elle, elle a dit que si c’était vraiment ce que je voulais, alors allons y. J’ai du faire des bruits affreux dans ma chambre avec ma guitare et mon ampli mais elle ne s’est jamais plainte. J’aime ça. J’ai appris par moi-même, j’ai pris des livres de partition de mes groupes préférés, et le reste appartient à l’histoire je suppose. Et d’ailleurs, ma mère m’encourage toujours.

Quel était le tout premier morceau de Metal que tu aies entendu ? Quel morceau t’a fait te dire “je veux créer un groupe et jouer sur scène” ?
Daz : Je pense que ça devait être un album de Black Sabbath. Le premier album que j’ai acheté était Heaven and Hell. Le groupe auquel je voulais ressembler était Judas Priest. J’aime ce truc à deux guitares.

Si je te demandais de comparer la musique de Benediction avec un plat ? Lequel choisirais tu et pourquoi ?
Daz : Ooh, bonne question ! Quelque chose de simple, facile à accompagner, quelque chose dont tu vas redemander, et récompense suprême, dont tu seras satisfait. Peut-être un curry indien. Savoureux, des fois explosif, fun du début jusqu’à la toute fin. Et bon avec une bière.

Quelle est ta meilleure et ta pire expérience en tant que musicien ?
Daz : Les meilleures, il y en a des tas, mais je pense que partager la scène avec mes héros sont les meilleures expériences. Jouer et être amené à connaître Judas Priest, Saxon. Se bourrer la gueule avec Lemmy après un concert à Milan. Faire partie de la scène Death Metal originelle et avoir tellement d’amis dans d’autres groupes de Death Metal. Tourner avec Bolt Thrower, Death et d’innombrables autres. Rencontrer des fans, si loyaux et rester humble. Des concerts dans tant de pays cools. Je suis très chanceux. Il n’y a rien de pire que quand ton équipement a des ratés. C’est tellement embarrassant mais le pire dans tout ça c’est que tu te sens comme si tu avais laissé tomber les gens, les fans, le promoteur et les quatre autres membres. Il y en a eu quelques uns, mais pas tant que ça.

Avec quels groupes aimerais tu tourner ? Je te laisse créer une tournée avec Benediction et trois autres groupes !
Daz : Je rêverai de faire une tournée avec :
Judas Priest, époque Painkiller avec toute la production
Slayer, leur scénique récente (mais avec Jeff Hanneman)
Terrorizer avec David Vincent et Jesse Pintado

C’était ma dernière question, un énorme merci pour avoir pris de ton temps, je te laisse les mots de la fin !
Daz : J’aimerais tout d’abord te remercier. Et également tous les loyaux fans français de Benediction. Sans votre soutien nous et les autres n’aurions pas survécu. On apprécie vraiment que vous soyez toujours attachés à nous. J’ai hâte de monter sur scène et de jouer pour vous les gars. Merci de nous tous dans Benediction.

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