Lorsque l’on parle de musiciens iconiques, on les connaît surtout pour leurs groupes principaux, et assez peu pour leurs side-projects. C’est d’ailleurs le cas d’un groupe que je trouve sous-estimé : Divine Heresy.
Fondé par l’américain Dino Cazares (guitare/basse, Asesino, Fear Factory, ex-Brujeria) en 2005, il recrute très rapidement Tim Yeung à la batterie (I Am Morbid ex-Morbid Angel, ex-Hate Eternal, ex-Vital Remains) et Tommy Vext au chant (Vext, Bad Wolves, ex-Westfield Massacre, ex-Snot) pour enregistrer et sortir leur premier album, Bleed The Fifth en 2007 (avec la participation de Tony Campos, Marc Rizzo, Lucas Banker, Logan Mader et Nicholas Barker). Dès 2008, Dino remplacera Tommy par Travis Neal afin de sortir un deuxième album, mais après celui-ci le guitariste rejoindra à nouveau Fear Factory, et laissera son side-project à l’abandon. Actuellement, le groupe n’est plus en activité, mais sait-on jamais. Revenons donc dix ans en arrière…
Les américains débutent avec Bleed The Fifth, le titre éponyme. Une rythmique supersonique, des blasts furieux et un phrasé ultra rapide. Voilà ce qui a été ma première impression avec le groupe. Que ce soit pendant le break, le refrain ou le solo, aucun répit n’est admis. Les hurlements de Tommy accompagnent la fin de ce morceau, dont le riff final flirte avec le Djent. Sur Failed Creation, en plus d’une rythmique digne d’une rafale d’arme automatique, un chant clair vient créer un contraste absolument sublime. La technicité se fait ressentir de par leur vitesse quasi permanente, mais également sur les silences et les harmoniques qui ponctuent This Threat Is Real. Le break qui s’appuie sur un sample symphonique et la double voix est d’une intensité absolument monstrueuse.
Retour de la violence gratuite sur Impossible Is Nothing, avec quelques harmoniques sanglantes dans les riffs ultra-rapides de Dino, soutenus par une double pédale qui suit parfaitement la moindre note. Une fois encore, le refrain en chant clair crée un contraste qui renforcera la suite. C’est une véritable tornade qui s’abat sur l’auditeur lorsque Savior Self débute, et même si le refrain est presque intégralement composé de son clair, on sent une férocité sous-jacente qui ne demande qu’à exploser. Rise Of The Scorned débutera elle aussi avec un son clair inquiétant pour revenir sur une puissance brute, avec un refrain aux sonorités énigmatiques qui repart sur un blast immédiatement après. Les riffs imposants de False Gospel nous heurtent de plein fouet, et ce ne sont pas les samples atmosphériques du refrain qui adouciront quoi que ce soit, bien au contraire.
Retour d’un son pachydermique sur Soul Decoded (Now And Forever), qui donne instantanément envie de headbanguer. Cette envie ne sera que plus forte en entendant les cris de Tommy qui se décarcasse littéralement sur ce titre. Vous avez besoin d’un peu plus d’orchestrations ? Royal Blood Heresy est le titre parfait pour vous. Cette introduction vous mettra dans les meilleures dispositions pour profiter des riffs saccadés qui suivront, soutenus par les frappes chirurgicales de Tim. L’atmosphère de ce morceau changera après l’accélération, avant de revenir à la normale avec une vitesse toujours aussi impressionnante. Le dernier morceau, Closure, est radicalement différent des autres. Utilisant un son clair puis des riffs saturés beaucoup plus calmes qu’à leur habitude, les musiciens ont réussi à créer une composition mélancolique qui s’inscrit cependant parfaitement dans le style du groupe. La voix claire de Tommy fait des merveilles, autant de par sa justesse que l’émotion qu’elle véhicule.
Avec Bleed The Fifth, Divine Heresy a réussi à se créer une identité unique. Leurs riffs rapides et percutants pouvaient briser des vertèbres en moins d’un seul titre. Malheureusement trop peu connu, cet album possède un potentiel énorme. La collaboration entre les membres a pris fin de manière inopinée à cause de leurs différents projets, mais elle leur a permis de se forger un nom, puisque les trois hommes sont encore très actifs de nos jours. A recommander à tous les amateurs de Death Technique autant qu’aux aficionados de vitesse.
85/100