Au début de l’an 2000, la vague de Metal indien a été menée par Demonic Resurrection. The Demonstealer (AKA Sahil Makhija, chant/guitare) s’entoure de quelques musiciens pour enregistrer un premier album.
Il fera face à de nombreux changements de line-up, mais récidivera régulièrement, jusqu’à stabiliser le line-up autour de Mephisto (claviers), Ashwin Shiryan (basse), Nishith Hegde (guitare) et Virendra Kaith (batterie). Ensemble, ils lancent une campagne de crowdfunding pour financer leur cinquième album, Dashavatar. La campagne rencontre un franc succès, mais Mephisto décide de quitter le groupe avant la fin de cette campagne, obligeant Sahil à enregistrer les claviers pour cet album, puis ce sera au tour d’Ashwin en 2017. L’album retrace à travers 10 chansons l’histoire des dix avatars de Vishnu, un dieu hindou, et je vous invite à vous pencher avec moi sur cet univers dépaysant. Quelques musiciens indiens font également partie du voyage…
On débute sur l’introduction de Matsya – The Fish avec une voix samplée suivie d’un sitar jouée par Rishab Seen. La rythmique violente mais mélodique des indiens arrivera par dessus avant que The Demonstealer ne se mette à hurler. Le blast contraste à merveille avec les passages au sitar pour nous faire voyager encore un peu plus jusqu’à découvrir Kuma – The Tortoise. C’est une rythmique plus imposante que le groupe nous dévoile, tout en conservant la partie mélodique avec, entre autres, une voix claire absolument sublime qui crie au loin. Les harmoniques développées sur certains passages ainsi que l’utilisation d’instruments traditionnels indiens remplissent leur rôle à merveille, et le retour à la rythmique n’en devient que plus puissant. Un début plus lent pour Varaha – The Boar permet au groupe de nous surprendre en revenant à sa rythmique saccadée et violente. Une fois encore, le chant clair s’intègre à merveille dans cette composition puissante.
Vamana – The Dwarf se concentrera sur les harmoniques et le clavier pour réhausser des riffs plutôt simples mais très efficaces et rapides. En avançant dans le titre, quelques sonorités Folk apparaîtront, mais ce n’est plus qu’un lointain souvenir avec les riffs Symphoniques de Narasimha – The Man-Lion. Les orchestrations permettent de rendre cette rythmique effrayante, et l’impression qui s’en dégage est grisante. Demonic Resurrection conserve ce ton grave pour Parashurama – The Axe Wielder, lors du récit du sanguinaire avatar. Ce titre, le plus violent de l’album, est à l’image de l’avatar : sans concession et méthodique.
Renouant avec une mélodie furieuse, Rama – The Prince mettra à l’épreuve la technicité des musiciens. Lorgnant parfois sur le Metal Progressif, cette composition reste également très tournée vers la violence à l’inverse de Krishna – The Cowherd. Soutenu par une flûte, ce titre revient doucement vers un Metal Folk avec un chant clair très entraînant et dont la ligne mélodique vous hantera pendant quelques heures. Les cris reviendront, et avec eux l’aspect plus massif de la musique des indiens, mais c’est une toute autre atmosphère qui suivra. La voix et les riffs planants de Buddha – The Teacher vous transporteront loin de chez vous. Une lente rythmique hypnotique vous clouera au sol jusqu’au dernier instant. Les incantations reprendront avant de laisser la place au dernier titre, Kalki – The Destroyer Of Filth. Un son doux mais malsain introduira ce titre qui laisse une place plus importante à la basse, avec seulement quelques phrases hurlées sur la fin. A l’inverse de l’avatar qu’il représente, ce titre est réellement le plus sombre de l’album.
L’histoire contée par Demonic Resurrection a pris fin. Que vous ayez accroché ou non à leur univers mystique et particulier, les riffs qui le composent n’ont pas pu vous laisser indifférent. Chaque avatar a sa propre facette, et les indiens ont réussi à tous les rassembler sous la même bannière. Fer de lance du Metal indien, le groupe ne sort que très peu du territoire et mérite à mon avis amplement plus de reconnaissance au niveau de la scène mondiale.
90/100