Au cours de l’une de mes découvertes hasardeuses de nouveaux talents, la musique grasse et sombre de Pissboiler s’est imposée à moi comme une évidence.
Alors que le groupe suédois m’était totalement inconnu, leur Doom/Death, qui frôle même le Drone par certains moments, est plus lent et angoissant que la plupart des choses que j’ai entendu depuis un moment. Formé seulement en 2014, Pontus Ottosson (guitare), Karl Jonas Wijk (batterie) et LG (basse/chant) sortent une démo en 2015, puis un split avec les français de Deveikuth avant d’aboutir à The Lair Of Lucid Nightmares, leur premier album. Laissez le son ramper jusqu’à vous.
Ruins Of The Past est le premier titre de cet album, et le moins que l’on puisse dire, c’est que les suédois ont décidé de frapper fort. Un monument de lenteur long de plus de dix-sept minutes qui laisse notre esprit s’abandonner à la mélancolie pure et simple. Un son saturé et un hurlement lancinant débouchent soudain sur un son clair mais tout aussi sombre et triste. Ils enchainent avec Stealth, une petite pause calme au son clair, alors que l’on sent facilement que les instrument vont rapidement reprendre le dessus.
C’est également un son clair lent et atmosphérique qui occupera l’introduction de Pretend It Will End, jusqu’à ce que LG se réveille avec un cri inhumain. La saturation revient alors et le son caverneux du groupe emplit à nouveau le casque, avec un univers qui s’étend et se répand comme la peste. Après un larsen, la rythmique qui se repose sur la basse se renforcera, accompagnée de cris effrayants et distants, rappelant la complainte d’âmes damnées. Le son s’éteint progressivement jusqu’à Cutters, le dernier morceau. Un petit sampler étouffant prend le temps de nous expliquer à quelle facette des ténèbres nous allons avoir affaire, et les riffs étouffants prennent le relais pour nous faire suffoquer à nouveau. Les larsens se mêlent aux cris de souffrance, et la douleur elle même s’exprime à travers eux. Même l’impression de ralenti final n’apaisera rien.
Les membres de Pissboiler a oublié de refermer la porte des Enfers derrière eux et on le ressent dans leur musique. Aussi lents que lourds, leurs riffs sont empreints d’une tristesse funéraire et d’une langueur mortuaire, mais aussi d’une implication totale. Le voile qui nous enveloppe du début à la fin est impressionnant de noirceur, et si leur style reste plutôt inaccessible au grand public, les musiciens sont totalement dévoués à leur art.
80/100