Comme toute expérience est bonne à prendre, Dhidalah a choisi d’expérimenter avec un EP d’un nouveau genre : un seul titre issu d’une Jam Session.
Créé en 2007 au Japon comme un projet instrumental mêlant Heavy Rock et sons Psychédéliques, Ikuma Kawabe (guitare, ex-Church Of Misery), Wahei Gotoh (basse, Sithter) et Konstantin Miyazaki (batterie) commencent à jouer ensemble, puis enregistrent Astro, un premier titre en 2014, et finalement un premier EP de deux titres, Lucy In Space With Dhidalah en 2015. Le succès vient essentiellement de la scène underground, mais les musiciens ne se découragent pas et mettent tout leur coeur dans un deuxième effort, No Water, qui sort via le label Guruguru Brain en 2017. Les quelques concerts que le groupe joue dans leur pays les encourage à enregistrer un autre EP, Moon People. Un mélange réellement dépaysant.
Les amateurs de sons atmosphériques vont être ravis dès le départ, puisque la jam session commence avec une basse calme, et quelques notes de guitare bourrées d’effets et d’écho. La batterie arrive alors progressivement pendant qu’Ikuma et Wahei poursuivent leur rythmique. Les sons de guitare se diversifient un peu, un effet psychédélique s’ajoute au mélange hypnotique, et les influences Blues et Stoner du groupe ressortent. Soudain, la basse devient un peu plus sombre, plus insistante, alors que la guitare semble repartie au point de départ. Konstantin relance le tout, et les autres instruments prennent plus de liberté. Le tempo s’accélère et la guitare prend à nouveau de l’ampleur, n’hésitant plus à ajouter des effets criards tandis que la basse garde une rythmique Stoner. Ikuma part alors dans une partie lead très inspirée pendant que les cymbales hurlent. Les puristes reconnaîtront l’influence directe de Black Sabbath lors de ce passage saccadé.
La composition prend un ton plus calme, mais la basse reprend alors le dessus. Soudain, des tonalités ambiantes, qui profitent de la multitude d’effets de la guitare, reviennent avant que la rythmique ne s’intensifie à nouveau. La batterie impose un rythme plus ferme, et l’étau se resserre progressivement. La guitare ajoute quelques harmoniques dissonantes avant de revenir sur le riff principal. Filrtant avec le Post-Rock, les musiciens ne se privent pas pour inclure des sons nouveaux grâce à leur maîtrise des instruments, et c’est un son plus métallique qui s’introduit alors dans ce mélange détonant. Konstantin fait ralentir ses camarades dans ce que l’on croît être le final, mais la machine se relance. A nouveau, des harmoniques atmosphériques nous font voyager avant d’exploser dans un énorme fracas. Un larsen nous indique alors cette nouvelle césure, mais le groupe est toujours présent. Les quelques frappes peinent à relancer quelque chose, et le son se perd dans le vide. Mais progressivement, Ikuma ajoute quelques notes, de plus en plus intenses jusqu’à arriver à une rythmique puissante. A nouveau, c’est un son dissonant et intriguant que nous entendons, mais qui ne perd pas de sa vitalité. La dernière partie mélange avec ingéniosité Stoner, Doom et Blues, pour un résultat assez surprenant, mais extrêmement entraînant. Le groupe clôture alors Moon People avec des riffs hypnotiques qui se perdent à nouveau au loin après une outro presque tribale.
La première fois que j’ai écouté Moon People, je pensais que Dhidalah avait simplement enregistré une répétition, et que rien ne serait correctement arrangé. J’avais tout faux, car chaque instrument, chaque note, chaque frappe arrive exactement là où elle doit être. Le mélange des styles des japonais fait des miracles, et j’attends avec impatience de pouvoir observer le trio à l’œuvre sur scène, après leur annulation de dernière minute due aux visas en décembre 2017.
80/100