Alors que l’on avait déjà eu un album plutôt controversé en 2016, Urfaust crée la surprise en ne nous révélant la sortie de son nouvel album… la veille. C’est ainsi que The Constellatory Practice nous tombe dessus, tel une météorite
Débuté en 2003 aux Pays-Bas en tant que projet ambiant par IX (guitare/chant) qui réalise seul la première démo, il engage VRDRBR (batterie) et Dolen (orchestrations) en 2004 mais ce dernier partira rapidement. Les deux hommes restent donc seuls maîtres à bord, et sont aujourd’hui à la tête d’un empire de cinq albums. Je vous laisse découvrir cet enchantement.
Le premier titre, Doctrine Of Spirit Obsession, mélange un Black Metal Atmosphérique avec du Doom/Drone, ce qui en fait une mélopée lente et oppressante avec ce chant si particulier, qui ressemble plus à des incantations qu’à un véritable chant au sens propre du terme. Les riffs inquiétants avancent lentement, jusqu’à ce que l’auditeur soit complètement pris dans ce mélange, puis le groupe renforce le chant, le rendant encore plus oppressant, voir même terrifiant dans une certaine mesure. La rythmique finit par s’éteindre d’elle-même pour laisser la place à Behind The Veil Of The Trance Sleep. Beaucoup plus courte que la précédente, cette composition utilise des samples planants mais sombres pour tisser son univers particulier. Urfaust nous guide lentement à travers cette traversée de l’esprit, mais A Course In Cosmic Meditation semble être une sorte de dénouement. Le son, très cristallin et aérien, me fait penser à une rivière paisible au bord de laquelle vient d’avoir lieu un massacre. Quelques tambours de guerre résonnent encore au loin, et le son revient progressivement, une fois la brume tombée.
False Sensorial Impressions réintègre ce sample chaotique qui fait la renommée du groupe, et l’agrémente de sons tranchants ainsi que d’un hurlement torturé. La rythmique est plus imposante, mais ce n’est rien à côté de Trail Of The Conscience Of The Dead. Egalement très longue, cette chanson est l’essence même du son du groupe, avec des riffs qui piochent autant dans le Black/Doom que dans un style plus expérimental. A nouveau, le chant est psalmodié, donnant cet aspect mystique, presque cosmique à la musique du groupe. Le son devient plus épique sur la fin de la composition, avant de partir en larsen contrôlé. L’introduction d’Eradication Through Hypnotic Suggestions est digne d’un film d’horreur des années 80, avec un sample effrayant, mais qui arrive lentement. Au fur et à mesure du temps, les samples partent, reviennent, s’enrichissent de nouveaux bruits pour finalement s’éteindre un par un avant de laisser le silence agir.
La bête Urfaust est de retour, et son seul objectif est de nous tirer dans sa caverne grâce à un son unique et hypnotique. Très complexe, The Constellatory Practice nécessite plusieurs écoutes pour être pleinement apprécié. Le groupe joue principalement en festival, mais je ne perds pas espoir de pouvoir les voir à l’œuvre un jour sur scène. Cet opus les aura peut-être remotivés, qui sait ?
85/100