Laissez moi vous présenter Gaerea. Tout droit sortis des ténèbres du Portugal en 2016, le groupe dont les membres masqués restent anonymes nous offre un premier EP la même année. Il faut attendre 2018 pour un excellent premier album, et deux années après, c’est Limbo, leur second opus, qui paraît chez Season of Mist.
Profondément ancré dans un Black Metal majestueux, glacial et mélodique, la musique de Gaerea n’est pas comme celle des autres groupes. Il y a cette pointe de mysticisme, de fureur et d’oppression naturelle qui entrent en compte, mais aussi une ambiance particulièrement sombre. Les hurlements du chanteur sont parfois doublés de choeurs saturés, et bien que le mélange soit imposant, il est loin d’être sans âme. Et la représentation d’Eliran Kantor (Testament, Iced Earth,Sodom) décrit à merveille ce que l’on ressent en écoutant l’album.
Déjà révélé depuis quelques semaines, To Ain est à la fois le premier de l’extrait qu’il nous a été donné de découvrir, mais aussi le premier titre de cet album. Et c’est un véritable déluge de noirceur qui s’abat sur nous, avec un mix soigné au possible, en offrant autant de place à la partie rythmique qu’aux leads et aux hurlements. Le titre est long, mais il passera en un instant si vous êtes réceptifs, jonglant entre les ambiances. Le groupe nous matraque, nous hypnotise et nous agresse autant qu’il nous fait voyager. Null se montre plus furieux et plus courte, plus oppressant et dissonant, tout comme Glare, un morceau qui joue sur une sensation de malaise permanent, pendant que le chanteur semble possédé, nous offrant des hurlements à glacer le sang, et que la rythmique nous assomme. Conspiranoia est un peu plus long que les deux titres précédents, se permettant une progression dans la musique du groupe, qui s’embrase peu à peu jusqu’à l’explosion de la rythmique. Le brasier ne faiblit que légèrement avant de s’éteindre soudainement et d’enchaîner sur Urge, le titre le plus court et le plus incisif de l’album. Moins de cinq minutes, mais une intensité palpable et un son lourd au possible. Mare, le titre le plus long, clôt cet album avec une touche d’excellence finale. Entre violence, sons aériens, tonalités plaintives et une rage contrôlée, ce dernier morceau a tout pour plaire. Le groupe nous laisse sur une touche ambiante.
La musique de Gaerea est une expérience sombre, et Limbo est le nouveau témoin de cette noirceur totale. A travers six titres, le groupe est capable de captiver notre esprit tout en nous crachant leur misanthropie au visage. Un moment incroyable entre Black Metal, Post-Black et sonorités atmosphériques.
95/100