The Bodycount Continues, le deuxième album de Make Them Die Slowly vient tout juste de sortir. A cette occasion, Duncan Wilkins et le mystérieux The Void ont répondu à quelques questions.
Chronique de The Bodycount Continues
Bonjour et tout d’abord merci de ton temps ! Pourrais tu s’il te plaît vous présenter toi et Make Them Die Slowly pour ceux qui ne vous connaissent pas ?
Duncan Wilkins : Hey, merci pour l’interview. Je suis Duncan, vous me connaissez peut-être via Fukpig, Mistress, Anaal Nathrakh en live au fil des années. Make Them Die Slowly est mon dernier projet, et il est probablement celui auquel je m’identifie le plus intimement, au vu de mon amour de l’horreur et de l’exploitation. The Void est notre chanteur, mais c’est un homme assez peu bavard, donc il me laisse gentiment gérer cette interview, et il y contribuera quand il peut.
Le groupe est en vie depuis moins d’un an, mais vous avez déjà sorti un album, appelé Ferox, et annoncé The Bodycount Continues, qui sort le 31 Octobre. Quel est le secret derrière tant de productivité ?
Duncan : Le fait que le monde ait été mis en pause pour la plupart de l’année a définitivement aidé ! Pour donner un peu de contexte, la genèse du groupe remonte à il y a un an ou deux, en tant que simple conversation textuelle entre moi et Mick (Mick Kenney, ndlr). Nous sommes amis depuis plus de vingt ans et on a toujours parlé de faire un autre groupe ou un projet ensemble et l’idée de le baser autour des films d’horreur m’ont fait me décider en une seconde. Quand j’ai écrit les paroles de ce qui allait devenir Eaten Alive, heureusement j’avais gardé une photo sur mon téléphone de cette ébauche manuscrite de paroles, qui sont revenues quelques années plus tard quand Ferox a pris forme. En Mars je crois, Mick m’a envoyé tout un album complet. Comment il en est arrivé là est une autre histoire. Mais j’ai chopé une petite pile de films et de livres, et j’ai écrit les paroles en une journée. Puis The Void s’est chargé du chant et l’album était terminé en une semaine. Je n’ai jamais vu quelque chose de terminé aussi rapidement. Puis peut-être un mois après, Ferox était sorti, il s’est passé à peu près la même chose pour The Bodycount Continues, peut-être que les paroles ont pris un peu plus d’une journée cette fois. C’est juste que je suis vraiment très familier avec le sujet en réalité. On partage vraiment très fortement cette direction musicale et j’ai déjà les quelques prochains albums de définis.
Tu es basé en Angleterre, et Officer R. Kordhell, ton complice, est aux Etats-Unis. Comment vous organisez-vous pour créer de la musique ensemble ? C’est simple pour vous de collaborer ?
Duncan : C’est en réalité beaucoup moins un souci que tu ne le penses pour être honnête, surtout au point où les gens sont connectés de nos jours. On connaît tous le résultat final que l’on souhaite obtenir, donc il y a presque une sorte de message télépathique subliminal entre nous quand on en vient à la musique.
Tu peux nous raconter l’histoire derrière The Bodycount Continues ?
Duncan : The Bodycount Continues reprend exactement là où Ferox s’était achevé. La police arrive sur la scène de crime de The Void, là où il avait été laissé pour mort. Spoiler alerte : ils n’ont pas duré longtemps. Ensuite l’album suit The Void et ses slashers à travers les bois, de même qu’ils ont chacun un morceau pour raconter leur histoire. Il y a tout de même un titre basé sur certains de mes films préférés, mais l’aspect storytelling est beaucoup plus prononcé cette fois-ci, et même les titres autonomes ont de subtiles liens avec la ligne directrice de l’histoire.
On a déjà eu quelques titres de ce nouvel album, et même des vidéos. Pourrais-tu nous expliquer comment la vidéo de The Terror Begins a été tournée ? Avez-vous souhaité recréer l’oppression de votre musique dans cette vidéo ?
Duncan : C’est très difficile d’avoir tous ces slashers ensemble, donc on a eu de la chance de les avoir tous ensemble dans la même pièce, et le plus important, sans qu’ils ne répandent trop le sang des membres de l’équipe !
The Void : The Terror Begins est l’un de nos titres les plus oppressants et atmosphériques, donc il était important d’évoquer une sensation claustrophobique similaire avec la vidéo. Nous voulions également rendre hommage à l’inspiration de ce morceau.
Quelques titres ont également des vidéos avec des morceaux de films d’horreur, comment les avez-vous choisis ?
Duncan : Pour certaines de nos vidéos c’est presque simple et ennuyeux donc nous avons juste emprunté des bouts du film dont le morceau s’inspire. Pour le futur je préfèrerai définitivement filmer nos propres prises sur ledit matériel à l’avenir, ce qui nous permettrait de raconter nos propres histoires.
The Void : Mes propres goûts esthétiques sont influencés par la multitude de tueurs des films Giallo italiens classiques d’antan, donc utiliser des clips de cette période semblait naturel.
Je sais que c’est difficile à imaginer à cause de la crise mondiale du Covid-19, mais avez-vous déjà penser aux concerts ? Je sais que le groupe est supposé jouer sur scène, mais à quoi pouvons nous nous attendre ?
Duncan : Il n’a jamais été question pour nous de ne pas jouer en live lorsque nous avons créé Make Them Die Slowly. Pour avoir passé dix ans à jouer avec Mick dans Anaal Nathrakh, et les dix années passées à jouer avec lui dans d’autres groupes, il est hors de questions que nous ne portions pas le projet sur la route. Evidemment, le monde a eu d’autres plans, mais nous ne sommes pas particulièrement pressés, alors on va simplement attendre, patienter et laisser cette faim grandir en nous deux et nos fans. Nous voulons que nos concerts soient aussi mémorables et intenses au niveau sonore que les concerts d’Anaal Nathrakh, mais avec une théâtralisation bien plus intense. C’est la théorie en tout cas !
La musique de Make Them Die Slowly créée une ambiance spéciale, basée sur des éléments horrifiques et sombres ainsi que sur de la violence, ce qui me fait quelque part penser à une bande originale de film. Avez-vous déjà pensé à créer un film avec votre musique en tant que bande originale ?
Duncan : Je ne peux pas dire que nous pensons activement à créer un film sur lequel faire la bande originale, mais ce n’est définitivement pas une mauvaise idée. En y repensant, Mick avec Professor Fate et moi avec mon projet FEROX1980 avons touché à quelque chose qui ressemble à des bandes originales par le passé, alors c’est certainement quelque chose envisagerons si l’opportunité se présente…
D’où vous vient cette fascination pour le monde de l’Horreur ?
Duncan : Ca vient principalement de moi. Depuis que je suis enfant, j’ai toujours aimé les créatures bizarres, les monstres et les aliens. Star Wars gouvernait ma vie quand j’étais enfant, et en particulier mes deux scènes préférées, à la cantina de Mos Eisley et dans le palais de Jabba, bondées de créatures bizarres et merveilleuses. Couplées aux visites rituelles chaque semaine au vidéo store, c’est vraiment là où cette obsession a débuté. J’en ressortais toujours avec quelque chose comme The Last Starfighter (film de SF de 1984, ndlr) ou quelque chose d’un peu plus adapté à mon âge, mais il fallait toujours m’arracher du couloir horreur, où je ressentais que rien qu’en osant à peine porter le regard sur les images frappantes, affreuses sur les boîtes de VHS j’allais faire des cauchemars. Puis quand j’avais six ans, j’ai regardé Poltergeist et je n’ai pas pu dormir pendant un moment à cause de ce putain de clown ! Les années suivantes j’ai continué à me construire en regardant ces films, jusqu’à ce que tombe sur Bad Taste sur BBC2, alors qu’ils diffusaient une saison de films interdits. Pour une raison quelconque le synopsis ressemblait plus à un film des Monthy Python, et après avoir regardé ce merveilleux classique intemporel du cinéma gore, j’ai réalisé qu’il avait plus en commun avec Monthy Python qu’annoncé, HP Lovecraft ou autre. Depuis lors je n’ai fait que regarder des films d’horreur non-stop. Je suis particulièrement attiré par toutes ces sales années et les films italiens de zombie ou cannibales en particulier, bien que dans tout ce qui a été fait dans les années 80, je trouverai quelque chose à apprécier.
The Void : Je me souviens de la première fois que j’ai été exposé à l’horreur. J’étais enfant, et on m’avait emmené au cinéma et où j’ai assisté à quelque chose qui me marquerait à vie. J’étais dégoûté, je me sentais mal et on a du me sortir du cinéma alors que je hurlais. Je ne le regarderai plus jamais, mais je me souviendrai à jamais de son nom… Les Bisounours.
Qu’est ce que tu penses des films d’horreur récents ?
Duncan: C’est presque un cliché de pleurer sur les films d’horreur contemporains pour le fait qu’ils soient des remakes vides de sens, des festivals d’images de synthèse ou des jump-scares téléguidés. Mais c’est oublier que certains classiques ont vu le jour récemment. Les images de synthèse ne pourront jamais égaler l’effet visqueux des effets spéciaux classiques, donc je suis plutôt disposé à suivre le pas, bien que les remakes ne soient pas vraiment nécessaires. Les remakes sont pour moi un peu comme des reprises. Je ne suis pas de ceux qui pensent qu’une fois qu’il film est refait, il disparaît dans les limbes. L’original existe toujours, il sera toujours là, et dans la plupart des cas il sera finalement un film plus fort en comparaison de ces tentatives bâclées de reprendre ce qui en ont fait leur force. Je fais un peu de hors sujet, alors on va en revenir au point de base, prenons Martyrs, It Follows, Get Out et Hérédité sont seulement une poignée des films récents qui font partie des meilleurs que le genre ait jamais offert.
Tu te souviens de la première fois que tu as pris un instrument ? Quand et comment est-ce que ça s’est passé ?
Duncan : Ca devait être autour de 1997, juste après avoir fini le lycée et j’ai récupéré une guitare d’occasion de la part de mes parents pour avoir terminé mes examens. C’était une copie de Stratocaster rouge, probablement la même qu’un millier de “premières guitares” à travers le monde. Je n’ai pas appris de façon conventionnelle, pas de cours ou de livres en réalité, et à ce jour je ne pourrais même pas te montrer un accord spécifique si tu me payais. C’était à l’époque des débuts d’Internet, alors j’ai tout simplement imprimé quelques tablatures de Helmet. C’était un parfait point de départ en considérant à quel point leurs riffs sont allégés et dépouillés. Avec le temps j’ai simplement fait en sorte de comprendre comment marchent les riffs plutôt que de chercher à savoir comment on fait un Sol !
Comment as-tu découvert le Metal à l’époque ? Quel est le premier morceau de Metal que tu aies entendu ? Et quel est celui qui t’a fait penser “Je veux créer un groupe et jouer sur scène” ?
Duncan : Facile, j’ai vu la vidéo de Can I Play With Madness d’Iron Maiden quand j’avais sept ans sur Top of the Pops (ça a l’air d’être une relique d’une autre époque maintenant, mais c’était la base des émissions musicales/charts ici en Angleterre). Je sais que j’aimais tout ce que ce truc appelé Heavy Metal était, comme j’avais entendu quelques titres d’AC/DC auparavant, mais cette vidéo avec le démon effrayant dans les nuages avait capté mon attention, et la musique semblait tellement plus excitante et vibrante que tout ce que j’avais entendu auparavant. Concernant ce qui m’a fait vouloir monter sur scène, c’est difficile à pointer du doigt. J’étais le type de petit gamin qui n’avait pas de souci à monter sur une scène et danser pendant les fêtes de Noël et les trucs comme ça, donc je suppose que ça doit être quelque chose en moi que j’ai toujours voulu faire, un besoin ou un désire plutôt qu’une sorte de véritable plan.
Ton aventure musicale a débuté il y a un moment à présent (plus de vingt ans si on considère Mistress comme point de départ), que peux tu nous dire là dessus ? Pensais tu qu’elle durerait autant ? Penses-tu que tu continues de t’améliorer en tant que musicien ?
Duncan : Je viens juste d’avoir 40 ans, c’est tellement fou de se dire que j’ai passé la moitié de ma vie à faire ça. J’ai toujours été fier de la contribution que j’ai apportée aux groupes dans lesquels j’ai joué, même si c’est seulement me donner sur scène. C’est étrange en terme de longévité car j’ai toujours vu mes contributions comme assez minimales dans beaucoup de sens, mais je suppose que je me suis simplement entouré d’amis talentueux qui n’avaient pas de problème avec le fait que le sois là ! Je ne me suis jamais vraiment considéré comme musicien dans le sens traditionnel, puisque ma connaissance de la théorie musicale et tout le reste est de zéro. Malgré le fait que j’aie grandi en tant que fan de Metal, après coup je considère mon approche comme étant 100% Punk Rock. Le ressenti, la passion, l’agressivité, ce genre de trucs. La chose dans laquelle je suis devenu meilleur, plus que d’être “musicien” d’ailleurs, c’est connaître mes limites et me donner à fond en prenant en compte ces paramètres.
The Void : Sur cet album, j’ai particulièrement essayé de travaillé mon pattern vocal et ma prononciation. A quoi ça sert de dire à tes victimes ce que tu es sur le point de leur faire subir s’ils ne peuvent pas le comprendre ?
Je sais que la crise du Covid a foutu en l’air pas mal de choses, mais comment as tu géré la situation en tant que musicien ? Comment est-ce que ça a affecté ta vie personnelle ?
Duncan : On a écrit deux albums dans un laps de temps de quatre mois, je pense que ça veut tout dire ! Pour être honnête j’étais prêt pour un break dans pas mal d’aspects en ce qui concerne les concerts et d’autres trucs, donc d’un point de vue égoïste le fait que tout soit mis en pause ne m’a pas vraiment beaucoup affecté. Ca craint un max pour les gens dont les revenus dépendent de cette industrie, donc si on prend ça en compte je pense que dans un sens j’ai de la chance. Le confinement m’a permis de retarder mon retour au travail comme j’étais entre deux boulots à ce moment là, donc j’ai été impacté financièrement par ça, ce qui craint, mais j’ai eu une nouvelle sortie créative dans Make Them Die Slowly ce qui m’a donné un truc sur lequel être motivé. Il y a tellement, tellement de gens ici dont la situation est pire que la mienne donc je me compte parmis les chanceux de ce point de vue.
A part la musique et l’horreur, quels sont tes passions dans la vie ?
Duncan : Je suis un énorme geek. J’ai toujours eu quelques groupes en même temps, et évidemment j’aime les films d’horreur. Je suis un énorme fan de catch professionnel donc ça viendrait en troisième, bien que s’il vous plaît ne confondez pas nécessairement ça avec un fan journalier de la WWE ! Avec le temps qu’il me reste quand j’en ai, j’aime bien collectionner des vinyles, des films, des trucs Warhammer 40K et mater un tas de podcasts.
The Void : Planter, taillader, découper. De petites strangulations ici et là.
Quelle est ta meilleure et ta pire expérience en tant que musicien ? Peut-être as tu une sorte de “rituel spécial” avant de monter sur scène ?
Duncan : Il n’y a pas de rituel spécial actuellement. Un paquet de rituels idiots par contre ! Une cigarette, un peu de Jack et Coca, un mouillage de cheveux et quelques étirements et on est prêts à y aller ! La meilleure expérience sur scène était probablement le premier concert d’Anaal Nathrakh à un festival à Los Angeles, bien que j’aie été assez chanceux pour faire de nouvelles expériences enrichissantes sur une base régulière autour du monde. Le pire était probablement un concert à Prague où j’étais déjà bien entamé, ayant consommé une dose significative de Jäger avant le concert. Prenant tout cela en compte, ça se passait cependant plutôt bien, jusqu’à deux morceaux avant la fin, je me suis rattrapé sur ma cheville et ça a tout foutu en l’air. Je ne pouvais plus mettre aucun poids dessus, donc j’ai en quelque sorte dû m’appuyer sur le tour manager pour les dix dernières minutes environ, donc pour un oeil non averti, je devais ressembler à une espèce de gros connard bourré. Et ensuite je me suis pissé dessus arrivé à l’hôtel, donc c’est définitivement cette partie là pour moi.
Et si je te demandais de comparer la musique de Make Them Die Slowly avec un plat ? Lequel choisirais tu et pourquoi ?
Duncan : Il y en aurait quelques uns… d’adorables burgers de Crumbs Crunchy Delights, cuisinés par The Greasy Strangler. The Stuff pour le dessert. Et un hot dog, mais cette queue épuisée qui a été coupée dans Cannibal Ferox en guise de saucisse.
Penses tu que certains musiciens ou vocalistes pourraient apporter quelque chose à la musique de Make Them Die Slowly en tant qu’invités ? Si oui, lesquels as tu en tête ?
Duncan : Réponse toute faite – King Diamond. J’ai pas eu à réfléchir pour cette question ! Mais si on commence à réfléchir, j’adorerais avoir Hellmouth de Send More Paramedics sur notre nouvel album vu que je pense que le sujet serait parfait…
The Void: J’ai assassiné plus de partenaires que j’en ai laissé en vie, bien que je laisserai définitivement une chance à John Carpenter, Claudio Simonetti ou Fabio Frizzi s’ils étaient intéressés…
Avec quels groupes rêverais tu de tourner ? Je te laisse créer une tournée avec Make Them Die Slowly et trois autres groupes de ton choix !
Duncan : C’est trop compliqué, je serais trop partagé entre des groupes dont le son est proche de nous et ceux par lesquels je suis influencé ! Mais en poussant un peu, je dirais Make Them Die Slowly évidemment, Zombi – vu qu’ils sont un bon compromis entre une bande originale et un groupe de Rock traditionnel, GWAR pour leur délire visuel gore même si je ne suis pas nécessairement un grand fans de leur musique, et Video Nasties de notre bonne Angleterre vu qu’ils sont vraiment super et je pense qu’on se complèterait tous très bien.
C’était la dernière question pour moi, un énorme merci à vous pour votre temps, je vous laisse les mots de la fin !
Duncan : Merci pour ton temps et tes compliments ! On apprécie vraiment, comme chaque personne qui a pris le temps d’écouter un de nos titres, d’acheter du merch ou qui nous a rejoints en ligne. Je suis personnellement très modeste face à la réponse concernant le groupe, alors un million de merci.
The Void : Murder Night n’est pas encore terminé. The Void reviendra.