Review 507 : Mork – Katedralen

Chaque voyage a sa part d’ombre, et c’est au tour de Mork de nous révéler la sienne.

Créé en Norvège en 2004 par Thomas Eriksen (tous instruments/chant, The Deathrip), Mork est un one-man band qui nous propose aujourd’hui Katedralen, son cinquième album. La discographie du groupe contient également trois EPs et deux splits, et le créateur est accompagné de Rob (basse), Alex Brun (guitare) et Daniel Minge (batterie, Dauden, ex-Ragnarok) ou Asgeir Mickelson (batterie, Spiral Architect, Veil of Secrets, ex-Abyssic, ex-Borknagar, ex-Ihsahn) sur scène.

Le son de Mork a été forgé dans les racines les plus noires du Black Metal, et il est impossible de ne pas le sentir dans les riffs tranchants de ce nouvel album. Mais en plus de cette impureté notable, Nocturno Culto (Darkthrone, Sarke), Dolk (Kampfar) et ?Eero Pöyry? (Skepticism) viennent prêter main forte au créateur du groupe sur quelques titres.
Composé de huit morceaux de pure ténèbres, les influences de l’album sont multiples, et on peut le comprendre à chaque instant dans ce son brut. Dodsmarsjen, le premier titre, est une composition qui joue sur l’agressivité à chaque seconde après une introduction majestueuse. Les harmoniques glaciales laissent place à un chant en norvégien, parfois rejoint par quelques chœurs oppressants, alors que la rythmique ralentit pour Svartmalt. Le titre est très entraînant, et utilise des leads perçants et entêtants pour étoffer ces riffs putrides, contrastant avec la noirceur pure. Du chant clair envoûtant fait son apparition sur Arv, un titre dont la douceur rencontre une rythmique solide et acérée, en faisant selon moi l’un des titres les plus intenses de l’album. Evig Intens Smerte prend la suite, et le groupe reste dans la plus pure agressivité grâce à des riffs éraillés, deux voix proposant des hurlements rageurs et même lorsque le morceau ralentit, on sent cette férocité sous-jacente qui demeure.
Au Black Metal morbide du groupe s’ajoutent des tonalités au groove entraînant pour Det Siste Gode I Meg, un morceau dissonant sur lequel on ne peut s’empêcher d’adhérer immédiatement. Les deux voix se mêlent dans un ouragan de fureur, révélant une puissance impie avant Født Til Å Herske, un titre écrasant qui fait croître l’intensité avant de la libérer progressivement. Un hurlement terrifiant, puis une rythmique lourde à laquelle se joignent blast, lead tranchant… Lysbæreren et ses tonalités entêtantes amène une dimension presque mystique à la musique du groupe, auxquelles s’ajoutent un chant de gorge qui se lie parfaitement à cette noirceur ambiante avant le dernier titre. De Fortapte Sjelers Katedral, est le morceau le plus long de la discographie de Mork, mais également le plus ambitieux. La rythmique acérée se pare d’une ambiance glaciale à la fois majestueuse, mais également pesante, permettant au musicien de déployer toute sa créativité et sa puissance. Parfois dissonante, parfois folle, mais toujours sombre, la rythmique nous transporte jusqu’aux confins de la mort elle-même, puis l’imposante partie au clavier signe la fin du requiem.

Si Mork était réputé pour sa qualité et ses influences Old School jusqu’ici, alors préparez vous à être surpris. Katedralen n’est pas qu’une pierre supplémentaire à l’édifice morbide du musicien, il est à lui seul un monument du Black Metal glacial, et un chef d’œuvre pour quiconque apprécie la scène Norvégienne.

95/100

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