Review 659 : Borgne – Temps Morts

La machine Borgne est à nouveau en marche.

Créé en 1998 en Suisse par Bornyhake (chant/batterie/guitare), le projet est aujourd’hui à la tête de dix albums. Le dixième, Temps Morts, sort en 2021 avec la participation de Lady Kaos (claviers, ex-Ipsum, live pour Asagraum), Basstard (basse, ex-Dynamite Abortion, ex-Kakothanasy) et Onbra (paroles, Serpens Luminis).

Si vous n’êtes pas familiers avec le Black Metal Industriel de Borgne, To Cut the Flesh and Feel Nothing but Stillness vous projettera en plein dans cet univers glacial et malsain, peuplé de ces sonorités martiales et pénétrantes. Les influences Indus ajoutent une dimension majestueuse au son, puis c’est une ambiance obscure qui se répand sur The Swords of the Headless Angels, un morceau sur lequel les claviers jouent une part très importante. Le titre sait se montrer oppressant ou tranchant, alors que l’inquiétante outro nous mène sur des sonorités glaciales mais entrainantes avant L’Echo de mon Mal, un morceau assez mélancolique. Les riffs lancinants et entêtants se collent à cette voix en française et cette rythmique machinale, créant une ambiance étrange, qui s’apaisera avant un passage viscéral, puis c’est Near the Bottomless Precipice I Stand, un titre qui pioche dans les influences Old School qui frappe par la suite. La composition propose tout de même un break lourd et accrocheur avant le final.
I Drown my Eyes into the Broken Mirror propose une sorte d’interlude faite de quiétude et d’angoisse, de son doux mais sombre, laissant quelques paroles en chant clair apparaître avant Vers des Horizons aux Teintes Ardentes, le titre suivant. A nouveau, la boîte à rythme offre un son glacial qui contraste avec ces riffs dérangeants et dissonants, puis cette ambiance se transformera en sonorités planantes, alors que Where the Crown is Hidden nous offre des riffs majestueux et lourds. Le tempo ralentit, proposant des harmoniques tranchantes et un chant étouffant, puis l’entraînante Even if the Devil Sings into my Ears Again prend la suite avec ce mélange entre Electro dansant et Black Metal tranchant. Le son s’embrasera peu à peu, donnant naissance à un contraste à la fois impie et accessible, puis c’est la longue Everything is Blurry Now, une composition de près d’un quart d’heure, qui vient clore l’album. Le son arrive progressivement mais reste assez lancinant, arrivant à une sorte de climax avant la moitié du titre. La seconde moitié du morceau est très ambiante, proposant une sorte de sas de décompression dans les ténèbres avant de revenir à notre monde.

L’univers de Borgne est particulier, c’est certain. Pourtant, Temps Morts est un album qui se veut aussi accessible que violent, proposant ces influences glaciales et automatiques, grâce aux claviers et à la boîte à rythme assumée, mais aussi pesant. Pour moi, c’est l’apogée du projet.

90/100

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