Review 713 : Hanternoz – Au Fleuve de Loire

Hanternoz revient traîner sa crasse avec un nouvel album.

Créé en 2006 en Bretagne, Arzh Hyvermor (chant/guitare/claviers/instruments folkloriques, Braquemaard, Régiment, Véhémence) et Sparda (basse/claviers/instruments folkloriques/choeurs, Créatures, Dawn of a Dark Age) sortent Au fleuve de Loire chez Antiq Records, leur propre label.

Il n’est pas rare d’entendre que chaque groupe de Black Metal français joue son propre style, et Hanternoz en est un parfait exemple. Le groupe s’inspire du folklore français et des légendes bretonnes pour donner une touche païenne à un son brut et à un chant en français.
Aidés par Isarnos (Anus Mundi, Öxxö Xööx, Régiment, ex-Embryonic Cells…) à la batterie et Stefan Traunmüller (Golden Dawn, Rauhnåcht, ex-Schattenfall…) à la guitare, le groupe nous propose une heure de son qui nous fait voyager le long de ce fleuve français bien connu, mais pas d’une façon touristique. Loin de cette vision magique et enchantée, le groupe nous montre les bas-fonds, la noirceur et la crasse à travers des mélodies malsaines mais tout de même enjouées, sur lesquelles des cris rauques marchent à nos côtés. Sobrement présenté par Déjà la nuit, une courte introduction, l’album continue avec À cul de grève, un titre très accrocheur et violent sur lequel on retrouve Spellbound (Aorlhac, Jours Pâles), Cervantes (Darkenhöld) et Géraud (Régiment, ex-Borgia) pour nous conter cette déchéance. On remarque une poésie morbide sur ce morceau, tout comme sur Ce que le fleuve a pris, un morceau qui joue à nouveau sur le contraste entre l’agressivité de la rythmique et les mélodies. L’Hanterdro de Languidic propose un tempo plus doux et des passages très ancrés dans la musique folklorique bretonne, puis la violence brute refait surface avec Vieille Nasse Crevée, le plus long morceau. La rage laisse place à des sonorités entêtantes que l’on doit à Geoffroy Dell’Aria (Les Bâtards du Nord, ex-Ithilien) et ses instruments à vent, sublimant les parties brutes du groupe. Bateliers de Loire prend la suite avec une mélancolie lancinante et un refrain fait de chants marins qui une fois de plus contraste avec ce son brut et crasseux, puis Le roi René a fait mander renoue avec des sonorités plus majestueuses et aériennes qui se transforment en une rythmique épique aux accents médiévaux. Hérons dans ma Mémoire nous propose d’emblée un jeu de mot poétique pour des mélodies pesantes et dissonantes, avant que les hurlements ne viennent nous proposer ce chant intense et transperçant. Le titre est à la fois le plus calme et le plus sombre, mais il s’achève avec Bientôt la nuit, une outro contée avec un calme dérangeant, tout comme l’introduction.

Hanternoz n’a pas écrit un album. Au Fleuve de Loire est une véritable épopée, un poème lugubre, une histoire à travers une Bretagne sombre et morbide, qui se cache de la lumière, qui rampe la nuit et qui nous saute à la gorge sans prévenir avant de reprendre sa route comme si de rien n’était.

90/100

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