Interview : 20 Seconds Falling Man

Arno, vocaliste du groupe de Post-Hardcore/Post-Metal nantais 20 Seconds Falling Man m’a livré quelques secrets au sujet de Void, le premier album du groupe.

Chronique de Void

Crédits photo : Clément Thiéry – Insane Motion

Bonjour et tout d’abord merci de m’accorder de votre temps ! Comment présenteriez-vous le groupe 20 Seconds Falling Man sans utiliser les habituelles étiquettes “Metal” ?
Arno (chant) : Bonjour, merci à toi de t’arrêter sur le groupe. 20SFM c’est avant tout de la musique lourde, sombre et assez pessimiste. C’est toujours compliqué de se ranger dans une case mais on peut dire que l’on fait du Post Hardcore / Post Metal, c’est ce qui s’en rapprocherait le mieux.

Pourquoi avoir choisi le nom 20 Seconds Falling Man ? Quel est son lien avec votre musique ?
Arno : A l’origine cela vient d’une blague suite à une chute qui s’est éternisée de Greg (notre guitariste), puis il s’est avéré que ça collait assez bien avec notre univers, qui porte un regard critique sur le déclin de l’humanité.

Après une pause de six ans, le groupe a repris de l’activité et propose aujourd’hui Void, un premier album. Qu’est-ce qui vous a décidés à revenir sur le devant de la scène ?
Arno : On n’a jamais compris pourquoi on avait arrêté en fait (ahahah). On était plus jeunes et on avait besoin de connaître d’autres expériences de groupe… Mais nous nous sommes aperçu assez rapidement que 20SFM nous manquait à tous en fait. Je n’ai pas eu besoin de beaucoup insister pour que l’on reprenne les répets. Depuis tout est fluide et on se rend compte de la chance que l’on a de jouer ensemble. On prend vraiment beaucoup de plaisir autour de ce projet commun.

Comment s’est passé le processus de composition de Void ? Est-ce qu’il a évolué depuis les premières sorties ?
Arno : Void est notre premier album, il a été composé pendant toute la période du premier confinement. Nous ne pouvions pas nous retrouver pour jouer ensemble, ce qui nous frustrait énormément. On s’est donc dit qu’il fallait mettre ce temps à profit pour composer. Nous nous sommes alors tous équipés pour pouvoir s’enregistrer de chez nous, ce qui nous a structurés et contraints à de nouvelles méthodes de composition. C’était vraiment étrange parce que nous étions à la fois tous influencés par l’effet anxiogène de cette période tout en étant très excités par les nouvelles perspectives de compositions. Nous avons écrit une dizaine de titres, puis nous nous sommes retrouvés pour jouer en live les 6 meilleurs. Auparavant, nous composions quasi l’intégralité en répétition, c’était chouette car très spontané, mais moins efficace et réfléchi.

Quel est le concept de l’album ? En quoi est-il lié à la pochette ?
Arno : Il n’y a pas de concept abouti sur l’album à part refléter ce qu’est 20SFM. Un regard très pessimiste de ce qu’est l’homme dans ses travers les plus profonds.

Quelles sont vos influences, autant pour la musique que pour les paroles ? Que ce soit au niveau musical, artistique, personnel…
Arno : Nous venons tous de l’univers des musiques extrêmes, mais avec des influences très variées. Nous nous réunissons autour de groupes comme : Cult of Luna, Amenra, Impure Wilhelmina, The Ocean, Isis, Pelican, Callisto… On trouvait intéressant d’intégrer un regard féminin dans notre univers. C’est pourquoi nous avons choisi pour cet album de collaborer avec une femme pour l’écriture des textes. En l’occurrence, Vanessa Covos qui est aussi une amie de longue date.

Le titre qui m’a le plus marqué est Sleeping Beauty, avec ces chœurs doux et entêtants qui créent un contraste avec cette violence brute et pesante, comment avez-vous développé cet aspect de votre musique ?
Arno : On a découvert la voix de Jyl par le biais de Max (notre bassiste). On a tous été tout de suite emballés par l’idée de faire un featuring avec elle. Elle a une voix incroyable, qui souligne ce contraste de douceur et de violence que l’on affectionne tant dans 20SFM et que l’on cherchait tout particulièrement sur cette chanson. Et de façon plus terre à terre, les compositeurs sont principalement nos 2 guitaristes. Pierre D vient plutôt d’univers musicaux rocks et planants, alors que Greg préfère des ambiances brutes et violentes. Quant à moi j’aime beaucoup le contraste d’une instru calme avec un chant ultra violent.

En 2020, le Covid-19 a frappé le monde et annulé nombre d’événements, comment as-tu vécu les différentes périodes de confinement et de restrictions ? Est-ce que la pandémie a eu un impact sur l’album ?
Arno : Comme je te disais tout à l’heure, oui forcément cette période a fortement influencé et nourri l’écriture de cet album. Nous étions dans une atmosphère très propice à écrire du 20SFM. Mais ce projet à été aussi salvateur pour nous, car nous étions focalisé dessus pendant toute cette période, ce qui nous a sans doute aidé à traverser ce moment avec moins d’amertume.

Bien que le futur soit toujours incertain, est-ce que vous avez déjà des plans pour le futur du groupe ?
Arno : Oui, nous y travaillons plus que jamais. Nous organisons actuellement des dates pour le printemps pour défendre notre album. Et nous travaillons également d’arrache pied sur d’autres projets surprises à venir.

Qu’est-ce qui vous a poussé dans l’univers du Metal/Hardcore, et principalement du Post-Metal/Post-Hardcore ? Quel a été votre premier album de Metal ?
Arno : Je suis tombé dans ce milieu de la musique extrême à l’âge de 12 ans, le premier album que je me suis acheté c’était Divine Intervention de Slayer, le second devait être Far Beyond Driven de Pantera. Puis je me suis très vite mis à écouter du Hardcore par le biais du skate. J’ai tout de suite adoré la sensation de faire partie d’une grande famille. Ce qui m’a poussé à jouer du 20SFM… Incontestablement la découverte des titres Nayeli de Time To Burn et The River de Impure Wilhelmina. Ils m’ont littéralement retourné les tripes et je me suis tout de suite dit que je voulais faire ce genre de musique qui me provoque une tempête d’émotions indescriptible.

Quel est votre regard sur la scène française ? Et la scène internationale ?
Arno : On a une scène incroyablement riche, surtout dans notre région (qui est sans doute porté par l’institution qu’est le Hellfest mais aussi par toutes les infrastructures que nous avons autour de Nantes comme le Ferrailleur, les accompagnements artistiques de Trempo et les acteurs hyper actifs…). La scène qui nous caractérise le plus est plus restreinte mais abrite des groupes incroyables, je pense à Junon, Amenra, Vesperine… De manière globale, en France, avec un fer de lance comme Gojira qui rayonne également internationalement, il y a une envie des groupes français à essayer d’aller plus loin.

Est-ce qu’il y a des groupes ou des musiciens avec lesquels tu aimerais collaborer, que ce soit pour un titre ou plus ?
Arno : Compliqué comme question… Alors soyons fou, je suis un fan inconditionnel de Mike Patton, alors… Mais une collab avec Trent Reznor serait également plutôt plaisante.

Quels sont les groupes de la scène française qu’il faut absolument écouter en 2021 selon vous ?
Arno : On a découvert il y a peu Junon, on est tous très fan. Je pense aussi aux groupes de copains ou que l’on a croisé sur des dates comme : Vesperine, Sick Sad Word, dans notre style Mad Foxes plus Garage Punk à la Idles ou encore les Dust Lovers… On pense aussi forcément à nos locaux de Regarde Les Hommes Tomber qui ont repris la route avec un show qui les place clairement au dessus du lot. Et puis il y a HORSKH (Indus/Electro avec une pointe de Metal) qui tue tout et qui est actuellement en tournée en 1ère partie de Igorrr.

Vous souvenez-vous de votre première expérience avec un instrument ? Quand et comment est-ce que ça s’est passé ?
Arno : Je devais avoir 12 ans, mon père voulait m’offrir un instrument. Il me laissait le choix entre une guitare électrique ou un saxophone (ahahah). J’ai choisi la guitare. Mais c’est définitivement derrière un micro que je m’éclate le plus.

Quels sont vos hobbies en dehors de la musique ? Est-ce que vous réussissez à vivre de votre musique, ou est-ce que vous avez un métier qui n’a pas de rapport avec la musique pour vivre ?
Arno : Malheureusement non, nous ne vivons pas de notre musique (comme bon nombre de musiciens). Nous avons tous un métier à côté, certain dans le milieu de la musique, d’autre qui n’ont rien à voir. Moi je suis le seul à travailler dans le Metal… Je suis métallier (ahahah).

Et si je vous demandais à quel plat français vous pourriez comparer la musique de 20 Seconds Falling Man, lequel choisiriez-vous ? Pourquoi ?
Arno : Une fondue savoyarde au cèpes pour le côté mélange de sensations et le fromage qui coule sans fin (ahahah)…

Dernière question : avec quels groupes rêveriez-vous de tourner ? Je vous laisse créer une tournée avec trois groupes, plus 20 Seconds Falling Man en ouverture.
Arno : Ouah c’est dur… Il y en a tellement… Allez je dirais Cult Of Luna, Junon, 20 Seconds Falling Man.

Merci à nouveau de votre disponibilité, je vous laisse les mots de la fin !
Arno : A très vite en concert !

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