Quatre ans après son arrêt, Negura Bunget nous offre un dernier album posthume.
Et pour lui rendre hommage, Petrica Ionutescu (instruments traditionnels, Sur Austru), Adi « OQ » Neagoe (guitare/chant/clavier, Tragacanth, Anarhia) et Tibor Kati (chant, Sur Austru, Grimegod, ex-Feralia) ont suivi les plans de Gabriel « Negru » Mafa (batterie/chant/instruments traditionnels, ex-Wiccan Rede, décédé en 2017). Voici Zau.
Avec ces cinq titres, le groupe va nous renvoyer dans l’univers que l’on croyait éteint, et qui se montre toujours aussi aérien. Rien qu’avec l’introduction de Brad, le groupe nous invite à participer à leur rituel païen, accompagné par ces murmures inquiétants et ces instruments à vent entêtants. L’ambiance nous mène lentement à une saturation prenante sur laquelle les hurlements prennent vie, accompagnés par ces éléments dissonants et le chant clair de Manuela Marchis. Le son s’apaise avant de devenir aérien mais chaotique pour un final qui donne naissance à Iarba Fiarelor et son introduction étrange mais prenante. Nous sommes littéralement projetés dans les forêts roumaines emplies d’un brouillard mystique, puis le son est soudainement écrasé par des tonalités abrasives et majestueuses. Le contraste est fascinant, et il nous mènera à une partie beaucoup plus brute avant que la rythmique ne ralentisse pour laisser place à Obrazar et ses accents mystiques. La rythmique lancinante ne tarde pas à refaire surface, tout en mêlant un Black Metal Atmosphérique martial et des mélodies étrangement douces, ce qui alimente une fois de plus ce contraste prenant, tout comme sur Tinerete Fara Batrânete, une composition mystérieuse. L’oppression se montre beaucoup plus présente dans cette saturation pesante, utilisant différents patterns vocaux et une rythmique changeante, jusqu’au dernier moment, mais l’album touche déjà à sa fin. Toaca Din Cer, le dernier titre, développera tout le potentiel Folk de la formation avant de nous noyer sous ce torrent de sonorités orchestrales qui autorisera la même intensité à un chant sombre qu’à une voix claire. Si certains peuvent avoir peur de la longueur du morceau, soyez rassurés, car les ambiances se succèdent de manière très fluide jusqu’à ce final, qui sonne comme un éloge funèbre, même si la culture roumaine m’est totalement inconnue.
Negura Bunget renaît de ses cendres pour un dernier éloge funèbre. Bien que le groupe ait toujours été partagé entre la culture roumaine et le Black Metal, Zau semble réellement différent. Un hommage ? Une continuité ? Une épitaphe ? Peut-être. Tout ce que je sais, c’est que cet album est intense et merveilleux.
95/100