Interview : Order

Après la sortie de The Gospel, le deuxième album d’Order, j’ai pu discuter avec Manheim, le batteur du groupe.

Chronique de The Gospel

English version?

Bonjour et tout d’abord, merci de m’accorder de ton temps ! Pourrais-tu s’il te plaît vous présenter, le groupe Order et toi, sans utiliser l’étiquette “Black Metal” habituelle ?
Manheim (batterie) : Eh bien, nous sommes un groupe de quatre personnes qui ont une passion commune pour l’expression musicale au sein des genres extrêmes. Je suis aux percussions, Anders Odden à la guitare, Stu Manx à la basse et Billy Messiah au chant. Nous avons commencé le groupe en 2013 et on vient juste de sortir notre deuxième album, The Gospel

D’où vient le nom du groupe ?
Manheim : Le nom provient d’une suggestion que nous avons eue lorsque nous discutions du nom que nous allions adopter. Il fait référence au fait d’apporter un ordre à quelque chose, comme le fait que nous venions de traditions et que nous apportions au contemporain.

The Gospel, votre deuxième album, vient de sortir, comment vous vous sentez à son sujet ? Comment sont les retours ?
Manheim : C’est un soulagement que d’avoir enfin notre deuxième album de sorti. Depuis Lex Amentiae nous avons été affectés par tous types de circonstances, triviales et sérieuses qui ont rendu difficile le fait d’avoir une progression régulière. La dernière et plus sérieuse a été quand Anders a été diagnostiqué d’un cancer grave. Quand il a été déclaré libéré de son cancer à l’été 2020, nous avons finalement pu nous concentrer sur le prochain album. Ça a été un processus très intense et satisfaisant, et nous sommes très heureux du résultat. Alors que Lex Amentiae était un bon album qui a donné la direction à ce que nous pouvions faire avec Order, je pense que The Gospel est un album qui représente ce à quoi nous aspirions accomplir. C’est un album très fort et très personnel pour nous, et jusqu’ici nous avons eu des retours incroyablement positifs de la part de la presse musicale et des fans. Nous faisons avant tout de la musique pour nous-mêmes. Mais avoir une réponse aussi enthousiaste de la part de gens autour du monde est bon.

Comment s’est passé le processus de composition ? Est-ce qu’il y a un concept derrière l’album ? Est-ce qu’il y a eu des changements par rapport à l’album précédent ?
Manheim : La création de The Gospel a été très intense. Depuis Lex Amentiaz, nous avons accumulé un grand nombre d’idées. Cependant, aucune ne semblait correspondre. Nous aurions pu facilement faire “un deuxième Lex”, avec ce que nous avions, mais nous voulions emmener les choses plus loin. Accomplir plus. Au final, nous avons décidé de tout supprimer et de repartir à zéro. Et ça a été une sage décision. Nous sommes immédiatement entrés dans un intense flot créatif où tout en découlait. Alors que Lex Amentiae dans beaucoup de visions est une collection de titres qui ont été écrits alors que le groupe progressait, The Gospel est un concept album dont les morceaux ont été créés sur une période de six ou sept semaines. Et alors que Lex Amentiae a été enregistré pendant quelques semaines en studio, The Gospel a pris des mois, ça a débuté fin janvier 2021 et ça a pris fin la première semaine de mai.

J’ai personnellement adoré l’album, qui est un condensé de sons Old School et bruts, avec même quelques patterns énergiques, d’où vient l’inspiration pour créer de la musique ?
Manheim : Merci ! C’est une question à laquelle il est difficile de répondre, mais je pense que la musique que nous faisons doit vivre en nous et quand nous faisons de la musique nous nous connectons à cette source de sentiments que beaucoup de gens définiraient comme une muse. La partie complexe, c’est que tu dois réellement être en phase avec cette part de toi-même. Quand tu le fais, c’est merveilleux et simple, car tout coule simplement. Je pense qu’on a fait ça avec The Gospel.

Comment avez-vous fait en sorte de créer une telle atmosphère malsaine et étouffante, avec un point culminant sur Pneuma II, le dernier titre ?
Manheim : C’est en suivant le sentiment que tu as en toi et en essayant de faire que les sons les reflètent. Nous voulions que le thème d’ouverture reflète une sorte de discours d’histoire vécue, où l’ajustement n’était plus cette prudente et superbe harmonie comme elle est dans le premier titre. J’avais un accordéon sur lequel j’ai agressivement travaillé pour avoir quelques unes de fondations de l’atmosphère. Puis nous avons ajouté le thème de piano que je joue brutalement, et enfin nous avons ajouté ma voix de la version démo que nous avons faite du titre My Pain. Je pense que ça s’avère être une expression du ressenti que nous souhaitions.

Il y a également du piano sur quelques morceaux, comme Pneuma, comment avez-vous décidé d’ajouter des parties instrumentales différentes à vos morceaux ?
Manheim : Nous voulions connecter les morceaux ensemble sur cet album. J’avais un air qui me suivait depuis aussi loin que je me souvienne, mais je ne lui avais jamais trouvé de place jusque là. C’est l’air de Pneuma et Pneuma II. Nous avons décidé de le tester au piano en tant qu’intro puis c’était simplement naturel de continuer à utiliser le piano au cours de l’album pour conserver son atmosphère. On a branché un piano et on a utilisé un microphone de salle pour enregistrer l’air. Anders a fait l’outro de Rise, et j’ai fait le reste. Je pense que ça marche très bien et que ça donne une structure significative à l’album.

Concernant l’artwork, quelle a été la ligne directrice pour le créer ?
Manheim : Nous voulions faire un design simple, et nous avions beaucoup d’idées qui tournaient autour de l’intensité et de l’extrême. Cependant nous avions compris que cet album était un album axé sur l’ésotérisme plutôt que sur exotérique, et que nous devions refléter ça avec un visage sur la pochette. Nous avons collaboré avec un excellent photographe qui voulait réaliser un shooting avec des lumières naturelles uniquement, et nous avons tout installé avec un feu en extérieur, et moi en tant que modèle. La photo qu’il a pris capture l’esprit de l’album selon moi. L’album traite de la douleur et de la souffrance qui vient avec le fait d’être un humain, et c’est un voyage solitaire que d’être humain.

Comme nous le savons tous, la crise du Covid-19 a foutu en l’air pas mal de choses depuis l’an dernier, comment avez-vous fait face à la situation en tant que groupe ? Est-ce que la crise a eu un impact sur l’album en lui-même ?
Manheim : Ca ne nous a pas tant affectés que ça, pour être honnête. Bien sûr nous étions isolés mais ça nous a seulement donné l’opportunité de passer plus de temps sur l’album. Dans ce sens, ça a pu contribuer de manière positive, je pense.

Même s’il y a toujours beaucoup de doutes concernant la situation mondiale, est-ce que vous avez déjà des plans pour le futur du groupe ?
Manheim : Avec de la chance, nous pourrons plus tourner cette fois. Nous venons de terminer notre tournée norvégienne, et nous jouerons à l’Inferno Festival en avril, et nous avons une tournée de trois villes en Pologne de bookée. Et en plus de ça, nous cherchons une tournée dans les pays baltes et une tournée sud-américaine. C’est trop tôt pour le dire, mais j’espère que nous pourrons rencontrer plus de fans en 2022 que nous avons pu le faire auparavant. 

Au moment où j’écris cette question, vous venez de commencer la tournée norvégienne, et vous avez déjà joué quelques concerts. Qu’est ce que ça fait d’être de retour sur scène ? Comment te sens-tu d’habitude avant de monter sur scène ?
Manheim : J’aime être sur scène. C’est génial, peu importe combien de personnes il y a dans l’assemblée. J’aime jouer et créer, et être sur scène est une partie importante de tout ça. Je me sens toujours un peu tendu avant une performance mais dès que nous montons sur scène, je me perds tout simplement dans la musique. C’est génial.

Quel a été ton premier album de Metal ? Que tu l’aies acheté toi-même ou qu’on te l’ait offert.
Manheim : Ca devait être une cassette de Highway to Hell d’AC/DC. Ou peut-être que c’était Sabbath Bloody Sabbath.

Te souviens-tu de la première fois que tu as essayé de jouer d’un instrument ? Quand et comment est-ce que ça s’est passé ?
Manheim : Je ne me souviens pas de la première fois, mais je sais que j’avais des instruments-jouets dans ma petite enfance. La première fois dont je me souvienne, ça doit être jouer de la flûte et de l’orgue électronique chez mes grands-parents. C’était toujours très satisfaisant. Je suppose que la musique fait quelque part partie de sa personnalité.

Quand as-tu pris conscience que tu voulais devenir musicien professionnel ?
Manheim : Ca devait être quand Necro (Necrobutcher, fondateur de Mayhem, ndlr) et moi avons débuté notre premier groupe ?

Qu’est-ce que tu aimes à propos de ta musique que tu ne retrouves pas dans la musique d’autres groupes ?
Manheim : C’est une question très difficile à répondre. J’aime la musique et j’apprécie les talents dans tous les genres. Mais si je comprends ta question, c’est quelque chose lié à ce qu’il y a d’unique dans ce que moi je fais. Et il y en a. J’aime créer la musique que j’ai en moi, et c’est très difficile de trouver ça autre part qu’à l’intérieur de toi.

Est-ce que tu as des hobbies en dehors de la musique ? Est-ce que tu as également un travail, ou est-ce que les revenus de ta musique te permettent de vivre ?
Manheim : J’ai un travail, oui. C’est difficile de gagner sa vie avec le type de musique dans lequel je m’engage. Je ne considère cependant pas la musique comme un hobby. C’est beaucoup plus sérieux et important que ça.

Est-ce que tu as déjà entendu parler de la scène Metal française ? Quels groupes français connais-tu ?
Manheim : Je dois avouer que je ne connais pas si bien que ça la scène française, bien que nous soyons sur un label français. Je connais Gojira, bien sûr, et Svart Crown. Autrement, je ne suis pas certain de connaître le Metal français. Pour ma défense, je ne suis pas tant que ça intéressé par l’origine géographique des musiciens et des groupes. J’ai tendance à apprécier la musique et être très mauvais aux quizzs musicaux parce que je connais si peu de détails en dehors de la musique en elle-même ?

Et si je te demandais de comparer la musique d’Order avec un plat ? Lequel choisirais-tu et pourquoi ?
Manheim : Oh mec, je ne sais pas vraiment. Peut-être un plat fusion qui mélange les traditions culinaires d’Europe avec quelques saveurs modernes et épicées ?

Vous avez déjà eu un invité sur le précédent album, mais y-a-t-il des musiciens ou des groupes avec lesquels vous voudriez collaborer sur un titre, ou plus ?
Manheim : Il n’y a pas d’invités sur Lex Amentiae, mais nous avons fait une reprise d’un titre de Celtic Frost, si c’est à ça que tu fais référence (c’est le cas, mes excuses !, ndlr). Concernant le fait qu’Order collaborera avec quiconque dans le futur, je ne sais pas, mais en tant que musiciens nous collaborons sur d’autres projets, bien sûr. Je suis en train de discuter de quelques collaborations en ce moment, mais nous devrons attendre. Dans tous les cas, je suis toujours ouvert aux nouvelles idées et j’aime travailler avec des personnes créatives. J’espère faire plus de collaborations dans le futur. 

Dernière question : avec quels groupes aimerais tu tourner ? Je te laisse créer une tournée avec Order et trois autres groupes !
Manheim : Hehe c’est une question démoniaque car en choisissant trois groupes je dois abandonner un tas de super groupes. Mais j’aimerais tourner avec Tom G Warrior, ce serait à la fois un honneur et une bonne part de fun je pense. J’aimerais également tourner avec Reincarnation et d’autre groupes ultra-Metal d’Amérique du Sud, et pour en choisir un troisième ce serait incroyable de tourner avec Napalm Death. Je les ai toujours adorés.

C’était ma dernière question ! Merci beaucoup de m’avoir accordé de ton temps, je te laisse les mots de la fin !
Manheim : Ce serait plutôt à moi de remercier tous les fans qui nous prêtent attention et qui écoutent notre musique. Je ne prends pas ça pour acquis et j’apprécie vraiment.

Laisser un commentaire