Le groupe Hell Militia, fer de lance du Black Metal à la française, a répondu à quelques questions concernant la sortie d’Hollow Void, son quatrième album.
Bonjour et tout d’abord merci de m’accorder de votre temps ! Comment présenteriez-vous le groupe Hell Militia sans utiliser les habituelles étiquettes “Metal” ?
Hell Militia : Hell Militia est avant tout un groupe de Black Metal, je n’ai pas réellement d’étiquettes à y ajouter. Nous jouons une musique dans laquelle énergie et pulsions de mort se rejoignent, cimentées par une foi inébranlable depuis l’origine du groupe.
En quoi le nom du groupe est-il lié à votre musique brute et abrasive ?
Hell Militia : Le groupe s’est créé fin des années 90, début 2000, le nom du groupe est un reflet de cette époque, je ne pense pas que l’intellectualiser et repenser ses significations puisse amener quelque chose de nouveau aujourd’hui. Il s’agit maintenant d’une seconde peau dont l’efficacité me convient parfaitement.
Dix ans après votre Jacob’s Ladder, vous sortez Hollow Void, votre quatrième album. Qu’est-ce qui a motivé ce retour ?
Hell Militia : Il ne s’agit pas d’un retour. Le groupe n’a jamais réellement cessé d’exister, mais des événements, parfois tragiques, ont provoqué de profonds changements de line-up qui ont à leur tour modifié l’équilibre qui existait dans la création de nouveaux morceaux. Après avoir passé pas mal de temps sur la route après la sortie de Jacob’s Ladder, nous avons finalement senti à nouveau ce besoin de composer quelque chose. Cet album devait refléter qui nous étions dans cette entité qui avait malgré tout pris une nouvelle forme. Nous avons donc préféré prendre le temps qu’il fallait avant de proposer une suite que nous voulions à la hauteur de nos propres exigences.
Comment s’est passé le processus de composition ? Était-il différent des débuts du groupe ?
Hell Militia : Le processus de création, à mon sens, doit rester une alchimie de groupe qui ne concerne que lui, et même si je trouve parfois de l’intérêt à lire certains post mortem et autres studio reports, je regrette cette volonté de toujours plus exposer les recoins les plus privés de chacun. Ceci dit, nous avons vraiment tenté de maintenir l’esprit du groupe en faisant passer aux morceaux les épreuves des répétitions autant que cela a été possible avec des membres vivant dans des pays différents et les restrictions de déplacement pour cause de pandémie. Cet album nous a également donné la possibilité de revenir sur certains fondamentaux du groupe et de la vision que l’on partage de notre musique, en évitant les artifices et les écueils d’une production trop aseptisée.
Quelles ont été vos sources d’inspiration ? Qu’elles soient musicales ou non.
Hell Militia : À moins d’être un pantin ou un imposteur, il est impossible de répondre à cette question simplement. Nos sources d’inspiration sont l’intégralité de nos expériences et de nos connaissances. Nous sommes tous animés par un appétit pour les œuvres hors normes, sombres et dérangeantes, qu’elles soient musicales, littéraires ou autres. Je ne saurais en mettre une, ou même une poignée en avant sans trouver ça un peu ridicule.
Pouvez-vous me parler de la pochette, et de son lien avec les morceaux ?
Hell Militia : La pochette a été dessinée par Manuel Tinnemans de Comaworx, un ami proche de notre chanteur et qui a déjà à son actif de nombreux travaux que la plupart connaissent sans doute déjà. Il s’agit d’encre sur papier. C’est un travail phénoménal sur lequel il a passé plusieurs mois, sur la base d’idées que nous lui soumettions et qu’il a intégrées à sa vision de notre album. Le résultat est une parfaite illustration de l’ambiance et des thèmes du disque.
J’ai remarqué l’utilisation de quelques samples, en particulier sur Corruption Rejoice, le dernier titre. D’où viennent-ils ? Pourquoi avoir choisi ceux-ci précisément ?
Hell Militia : Le sample de Corruption Rejoice est une lecture d’un témoignage du XVII siècle d’une possession démoniaque. Les thèmes y sont assez explicites, parmi ceux-là, le rapport entre l’art et la réaction physique irrépressible de la possédée, avec l’idée que les diables l’élevaient au-dessus de sa condition de soumission attendue au divin, me semblait accompagner parfaitement le morceau.
Depuis 2020, le monde souffre du Covid-19. Comment avez-vous vécu les différentes périodes de restrictions en tant que groupe ? Est-ce que la pandémie a eu un impact sur l’album ?
Hell Militia : Comme pratiquement tous les groupes actifs en 2020, les restrictions de rassemblement et de déplacements nous ont posé de vraies difficultés. Le plus embarrassant pour nous fut que l’annonce des premières restrictions européennes coïncidaient avec les ultimes répétitions préparatoires à l’enregistrement. La principale conséquence n’aura été, pour nous, qu’une grande perte de temps, pas grand chose de plus.
Bien que le futur soit toujours incertain, est-ce que vous avez déjà des plans pour le futur du groupe ?
Hell Militia : Nous espérons bien pouvoir jouer sur scène autant que possible, les contours se dessinent déjà mais les annonces doivent malheureusement encore un peu attendre.
Qu’est-ce qui vous a poussé dans l’univers du Black Metal ? Quel a été votre premier album de Metal ?
Hell Militia : La plupart d’entre nous écoutions déjà différents styles de Metal lorsque ce que les gens considèrent comme les premiers classiques purement identifiés Black Metal sont apparus, c’est donc un peu dur de répondre très simplement, mais je me souviens en particulier d’avoir beaucoup fait tourner une cassette sur laquelle Tol Cormpt Norz Norz Norz d’Impaled Nazarene cohabitait avec Pure Holocaust d’Immortal. Je collaborais modestement à un Fanzine absolument génial à l’époque (Impaired zine), et même si Internet n’existait pas encore réellement (en tout cas pas pour le grand public en France), nous avions tout de même accès à une quantité énorme de musique.
Comment vous sentez-vous avant de monter sur scène ? Qu’est-ce qui fait qu’un show est réussi pour vous ?
Hell Militia : Plutôt bien, généralement j’ai hâte que le concert commence, les préparatifs peuvent parfois sembler longs. D’autant que nous avons également un show vidéo à projeter dans les meilleures conditions possibles, et cela demande parfois un peu de persévérance. Concernant la réussite d’un concert, c’est difficile d’en donner une définition, mais, clairement, la réaction du public reste le cœur de l’affaire. C’est quelque chose que l’on ressent facilement mais qui n’est pas simple à mesurer ni à expliquer, mais ça reste une évidence quand on est sur scène, et c’est évidemment l’objectif de chacun de nos lives.
Si je vous demandais à quel plat français vous pourriez comparer la musique d’Hell Militia, lequel choisiriez-vous ? Pourquoi ?
Hell Militia : Je n’en choisirais aucun. Nous ne sommes ni un plat, ni un animal, ni je ne sais quelle métaphore qui nous ferait passer pour autre chose que ce que nous sommes. Le monde culinaire à son langage, sa grammaire et son intérêt, tout comme la musique. Il est tellement naïf de vouloir les faire coïncider, comme si une dissonance n’était qu’une acidité ou une amertume.
Merci à nouveau de votre disponibilité, je vous laisse les mots de la fin !
Hell Militia : Merci pour l’interview. Rendez-vous sur la route, pour une dernière étape sur le chemin vers la mort.