Hellfest 2022 – Part 2 : Dimanche 26 juin

Je suis partagé en me levant… “déjà” et “enfin” le dernier jour de ce Hellfest ! La fatigue sera temporairement effacée par un café, mais je ne savais pas que je m’apprêtais à vivre ma journée la plus intense du festival.

On commence en douceur avec les nantais de 20 Seconds Falling Man, qui ouvrent la Valley avec un son froid et aérien qui mélange Post-Hardcore viscéral et Sludge oppressant pour ce début de matinée. Les membres sont tous très remuants pendant qu’ils maltraitent leurs instruments, et malgré tout leur son dissonant est très propre, ce qui sera grandement apprécié par les spectateurs.

Setlist: Passing On – Hex – Consider – Silver – Alpha – Heirs – Strangers

On retourne sous la Temple pour le passage de Sordide, un groupe qui m’a toujours intrigué et dont les sorties sont appréciables. Et étrangement, le son de la tente va accroître cette tornade dissonante que le trio cultive, créant un Black Metal glacial et incisif qui finira par attirer un peu de monde dans cette vague malsaine à une, parfois deux, parfois trois voix, qui ne semble jamais vraiment s’arrêter.

Passage sur l’Altar pour Carnation, qui m’avait énormément plu sur album, et qui va confirmer cette impression avec un Death Old School massif et énergique. Les riffs sont aussi gras qu’efficaces, mais celui qui domine la scène, c’est Simon Duson (chant), dégoulinant de sang, qui hurle en déambulant entre ses camarades. L’homme n’hésite pas à se placer sur les retours pour haranguer la foule qui remue déjà sous la rythmique épaisse des belges qui headbanguent en quasi-permanence ou posent pour aligner leurs riffs. Un véritable tour de force.

L’ambiance s’apaise lorsque Nytt Land prend possession de la scène, nous plongeant immédiatement dans cette ambiance ritualistique. Anatoly (instruments/chant) s’assied à côté d’une tenture aux motifs païens tandis que Natasha (chant/instruments) se place plus au centre, et l’union de leurs deux voix combinée aux sonorités nordiques nous plonge immédiatement dans cette torpeur chamanique et froide. Les percussions rythment la communion, qui s’apaise lentement lorsque le groupe quitte la scène, sous les acclamations.

Même scène, même créneau horaire, mais quatre années après, Demilich reviennent sous l’Altar pour s’installer dans le plus grand des calmes avant de nous inonder de leurs riffs complexes et dévastateurs. Peu de mouvement du côté de la scène, mais la technicité des musiciens est remarquable, et la fosse hésite entre remuer et admirer la violence. “Thank you Hellfest, we are Demilich from Finland, and the next one comes from the Nespithe album, like many others…” ironise Antti Boman (chant/guitare) avant que la déferlante ne reparte, toujours plus travaillée et plus écrasante. Une leçon de Death Metal.

L’émotion est présente sur la Temple, puisque Svart Crown, qui la ravage actuellement, est en train de jouer son tout dernier concert. Et pour l’occasion, JB Le Bail (guitare/chant) et ses compères sont en grande forme, alignant leurs riffs malsains sous les hurlements emplis de rage, de passion et de haine qui déchaîne la fosse après une entrée mystique. Le son est surpuissant, et il va permettre aux français de nous écraser sous leur dissonance et de nous piétiner pendant l’intégralité de leur temps de jeu, qui sera suivi d’acclamations et de fierté dans les yeux des membres. On ne pouvait penser à un plus bel au revoir.

On reste dans la violence lorsque Blood Incantation débute son set avec un son impénétrable dont seuls les hurlements de Paul Riedl (guitare/chant) ne ressortent. La dissonance rivalise avec la double pédale dans ces riffs ravageurs qui restent tout de même assez aériens joués par des musiciens concentrés et assez statiques, et les seules accalmies seront ponctuées par des “Thank you” très sobres de la part du vocaliste. Le groupe invitera Antti Boman à jouer avec eux, et on ne peut que constater que le son reste aussi écrasant que sur album, malgré quelques guitares étouffées si l’on se trouve loin du centre. 

Setlist: Starspawn – The Giza Power Plant – Inner Paths (to Outer Space) (with Antti Boman) – Awakening From the Dream of Existence to the Multidimensional Nature of Our Reality (Mirror of the Soul) – Hovering Lifeless

Rapide passage à la Valley pour non pas un mais deux groupes, car Regarde Les Hommes Tomber et Hangman’s Chair ont décidé de collaborer à nouveau. Je n’étais pas présent lors de la première à Paris, en 2019, et j’ai été surpris par cette alternance vocale qui s’intègre cependant très bien au mélange musical des deux univers. Les riffs rapides complètent parfaitement les parties plus lancinantes, et je suis persuadé que ce genre d’alliances a de l’avenir au sein de la scène.

On revient dans la noirceur et la décadence, car c’est Midnight qui s’apprête à faire de la Temple son terrain de jeu lubrique et agressif avec ses racines Thrash ! Ils sont trois, ils sont cagoulés, ils sont motivés, et ils ont littéralement retourné la fosse avec leur énergie impie, leurs riffs accrocheurs, et un guitariste possédé qui ne tient pas en place. Leur concert en plein jour au Motocultor m’avait fait forte impression, et les lumières glaciales de la tente a donné à cette prestation une touche supplémentaire, qui ne fait qu’accroître mon intérêt pour le groupe !

Setlist: Black Rock’n’Roll – Poison Trash – Evil Like a Knife – Fucking Speed and Darkness – Rebirth by Blasphemy – Lust Filth and Sleaze – Szex Witchery – Unholy and Rotten

Comme il y a trois ans, c’est très sobrement que Vltimas rentre en scène. Mais cette fois, les musiciens ont quelques traces noires sur le visage pour proposer leur Death Metal massif et vocalement incarné par David Vincent (chant). L’homme semble sur le point d’abattre froidement quiconque ne rentrerait pas dans la violence orchestrée par Rune « Blasphemer » Eriksen (guitare), Flo Mounier (batterie), João Duarte (guitare) et Ype Terwisscha van Scheltinga (basse), donnant un aspect menaçant à leur show, qui sera sensiblement le même que le précédent. C’est toujours validé pour ma part.

Un autre rituel se prépare sous la Temple, et c’est au tour de Cult of Fire de l’effectuer. Un long rideau noir nous cache la scène pour l’installation des membres, et ce n’est qu’une fois celui-ci replié que l’on peut admirer l’autel au centre, derrière lequel se tient le vocaliste, entouré par deux guitaristes assis sur des sièges surmontés de serpents dorés. Et lorsque l’introduction se termine, le batteur, quasiment invisible derrière toute cette magnificence, lance le coup d’envoi d’un moment qui semble figé dans le temps. Les seuls mouvements que l’on observe seront les mouvements de bras du vocaliste masqué, ainsi que les bras et mains des guitaristes, qui ne décolleront pas de leur emplacement, rendant le show encore plus pesant et oppressant. Le public est en transe, le groupe aussi, et la communion est totale sur ce fond de Black Metal mystique et transcendant.

Retour à la simplicité avec Memoriam et son Death Metal Old School. A l’heure prévue, les musiciens rentrent tout simplement sur scène, saluant la foule, prennent leurs instruments, et le show commence. Pas besoin d’artifice pour l’efficacité de ces riffs agressifs et martiaux, sous les hurlements si reconnaissables de Karl Willetts (chant) qui affiche un large sourire pendant que Frank Healy (basse), Scott Fairfax (guitare) et Spikey T. Smith (batterie) lui assurent une rythmique sans faille. Les mélodies abrasives pleuvent, les remerciements sont légions des deux côtés, et la setlist est habilement choisie, c’est encore une fois validé pour les anglais !

Setlist: Undefeated – Onwards Into Battle – War Rages On – Resistance – This War Is Won – To the End – As Bridges Burn – Flatline

Petit passage par la Valley pour découvrir Thou, un groupe qui fait également dans la simplicité et la dissonance. Les américains, menés par les hurlements possédés de Bryan Funck (chant) assurent un show gras, lent et pesant, qui ravit les amateurs et fait fuir les néophytes, c’est assurément bon signe.

Setlist: The Changeling Prince – By Every Hand Betrayed – Fucking Chained to the Bottom of the Ocean – The Devils of Trust Steal the Souls of the Free – Lonely Vigil – Rats and Mice and Swarms of Lice – Into the Marshlands – By Endurance We Conquer

Au tour d’Archgoat de nous prouver leur efficacité, et c’est bien ce que le trio compte faire avec son mélange de Black et Death Metal. Assez immobiles, Lord Angelslayer (basse/chant) et Ritual Butcherer (guitare) placent leurs riffs gras et malsains sous les blasts massifs de Goat Aggressor (batterie) qui semblent ne s’arrêter que pour nous laisser reprendre notre souffle pendant que le vocaliste nous remercie. Puis d’un coup, les trois musiciens maquillés se remettent à jouer, recommençant leur manège jusqu’à la fin de leur set efficace et impie.

Place au Thrash avec Destruction qui entend bien fêter ses quarante ans avec nous en cette fin de journée. Sans surprise, la tente s’éclaire de rouge pendant que Schmier (basse/chant) nous hurle dessus avant d’aller jouer avec Damir Eskic ou Martin Furia (guitares) sous les frappes accrocheuses de Randy Black (batterie), malheureusement un peu caché. Le public est très réceptif aux riffs des légendes du Thrash teuton qui ont encore une forme incroyable, et qui enchaînent leurs titres en nous remerciant.

Setlist: Curse the Gods – Nailed to the Cross – Mad Butcher – Life Without Sense – Beyond Eternity – Release From Agony – Diabolical – Thrash Till Death – Bestial Invasion

Le retour des cagoules pour l’arrivée très sobre des polonais d’MGLA qui nous offrent un show froid sous des lumières bleues et presque apaisantes. Leur son est digne de ce qu’ils nous offrent sur album (sauf quand on s’éloigne un peu), laissant les amateurs rentrer dans leurs univers sombre et mystérieux peuplé de mélodies entêtantes, et la setlist est plutôt bien choisie, ce qui en fait un excellent moment.

Setlist: Age of Excuse II – Exercises in Futility I – Mdlosci II – Age of Excuse V – With Hearts Toward None I – Exercises in Futility V – Age of Excuse VI

Je ne résiste pas à courir difficilement jusqu’à la Mainstage saluer Black Label Society, trouvant le père Zakk Wylde (guitare/chant) en train de maltraiter sa guitare avant de retourner nous offrir sa voix nasillarde pendant que ses camarades tiennent honorablement leur rythmique. Mais une fois encore, les musiciens sont assez loin sur la scène, d’autant plus que la tête d’affiche a demandé un aménagement assez spécial, et c’est en regardant les slammeurs s’amuser que je remonte vers mon endroit de prédilection, chercher la violence.

Setlist: Bleed for Me – Demise of Sanity – Destroy & Conquer – Heart of Darkness – A Love Unreal – In This River – Set You Free – Fire It Up – Suicide Messiah – Stillborn

Et cette violence, c’est Napalm Death qui va nous l’apporter, en proposant un show à la hauteur de leur folie et de leur énergie débordante, menés par un Barney (chant) tout aussi survolté et gesticulant que d’habitude. Shane Embury (basse) et John Cooke (guitare) ne sont pas en reste, puisque les deux gaillards headbanguent en alignant leurs riffs sous les frappes rapides et lourdes de Danny Herrera (batterie), qui blaste sans broncher. Le show est entrecoupé des discours positifs et engagés du vocaliste, et je valide les anglais pour la huitième fois.

Dernier crochet sous la Valley, car je ne pouvais pas louper le show de Pentagram, qui a été annoncé très peu de temps avant le festival. On constate que même après cinquante ans Bobby Liebling (chant) est toujours debout, il tire les même grimaces, et pourtant sa voix éraillée est toujours en place sous les riffs lents et lancinants de ses acolytes. “Here is an old song, recorded when I was young… » lâche le frontman avec une once de mélancolie avant que le son psychédélique et entêtant ne reprenne laissant Greg Turley (basse) et Matt Goldsborough (guitare) se mettre un peu en avant sur les côtés de la scène.

A mon arrivée, je constate que Mercyful Fate est très attendu. Vraiment très attendu, que ce soit par la foule ou par les photographes. Et malheureusement, vu que le principe de file d’attente semble inconnu pour certains, je ne serai pas autorisé à rentrer dans le pit photo pour ce groupe légendaire. Mais peu importe, je traverse littéralement la foule sous les riffs occultes des danois pour ne pas manquer une miette du show dantesque que nous offre King Diamond (chant), coiffé d’un masque cornu qui va à merveille avec l’intégralité de la scène qui arbore croix inversées et pentacles. Si le frontman manque parfois un peu de justesse sur les notes les plus hautes et impressionnantes, on lui pardonnera aisément car il saura rapidement se ressaisir, et aussi car le spectacle proposé par Hank Shermann (guitare), Bjarne T. Holm (batterie), Mike Wead (guitare) et Joey Vera (basse) était de taille. Une expérience à vivre au moins une fois.

Setlist: The Oath – The Jackal of Salzburg – A Corpse Without Soul – Black Funeral – A Dangerous Meeting – Evil – Come to the Sabbath – Satan’s Fall

Dernier passage sur l’Altar pour le passage de Carcass, qui ne surprendra personne par sa rage et son efficacité. Au centre, Jeff Walker (basse/chant) nous offre une performance vocale toujours aussi impressionnante pendant qu’il laisse ses cheveux voler tout en jouant, offrant une base agressive aux harmoniques tranchantes de Bill Steer (guitare/chant) et ‘Nip’ Blackford (guitare). “Oh thanks Hellfest let’s go!” lâche le chanteur entre deux titres, rapidement suivi par les frappes de Daniel Wilding (batterie) qui relance la machine tout en laissant la foule se rentrer dedans joyeusement. C’est toujours un plaisir que de voir le groupe à l’oeuvre.

La Temple est malheureusement assez vide lorsque sonne l’heure de Triptykon, dernier concert du festival pour ma part. Pourtant, et même s’ils étaient la plupart du temps réduits à l’état de silhouettes, Thomas Gabriel Fischer (chant/guitare) et sa bande ont très clairement assuré ce soir, nous offrant la noirceur du Black Metal, l’oppression du Doom, et surtout cette petite touche que seul le frontman possède dans son attitude effrayante et dans ses hurlements malsains. Ce n’était pas ma première de la formation, et ce ne sera assurément pas la dernière.

C’est fini. Le Hellfest 2022 est terminé. Le site se vide, les festivaliers ont des étoiles dans les yeux (à moins que ce ne soit de la fatigue ?). Un dernier passage à l’espace presse, profiter de dire au revoir à tous les amis qui viennent des quatre coins de la France (parfois même de plus loin !), et je regagne mon logement.

Quatre jours, c’était long. Mais c’était comme à chaque fois incroyable, avec son lot de surprises, de découvertes, de confirmations, et surtout ses milliers de photos à trier ! Mais qu’importe, on aime ça, et c’est tout ce qui compte. A très vite, Clisson.

Merci à toutes les personnes croisées, à l’organisation, aux bénévoles, aux musiciens, et à tous les autres.

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