Hellfest 2022 – Part 2 : Samedi 25 juin

Vous étiez fatigués en ce samedi matin ? Moi aussi, mais l’appel de la musique est plus fort, alors je me remets gaiement (non) en chemin (oui) pour le festival, non sans un café aussi noir que le son des groupes qui passent sous les tentes. On notera d’ailleurs avec déception l’annulation de Katatonia.

On commence avec Untitled With Drums, une petite découverte que je dois à l’Agence Singularités, qui m’avait laissé de marbre à l’époque, mais qui m’a bien surpris en live ! Si malheureusement le groupe jouera devant peu de monde, leur son planant et lancinant mettra les musiciens en transe pendant leurs harmoniques, mais également sur les passages plus lourds. Car oui, le groupe sait parfaitement combiner les deux sous l’égide d’un Post-Hardcore aux influences variées qui leur permettront de nous agresser autant que de nous émerveiller.

Retour sous la Temple pour l’arrivée d’un groupe de Black Metal nantais nommé Les Chants de Nihil. Leur dernier album avait fait forte impression, et leur live reste sur ces mêmes tonalités, les problèmes de son en plus : le mélange entre le Black Metal abrasif et les éléments plus guerriers en chant clair est parfois un peu hasardeux, mais les musiciens ne se laissent pas démonter. La foule se fait de plus en plus nombreuse, et les musiciens sont toujours autant motivés de nous conter leurs histoires, et le retour est globalement positif.

Premier passage sur la Warzone du week-end (et depuis 2016 pour être précis), il est temps de poses ses neurones dans son sac car c’est Martyrdöd qui s’apprête à saccager le terrain. Le groupe s’installe avec un naturel presque nonchalant, mais lorsque le coup d’envoi est donné, c’est l’énergie pure et brute qui prime ! Le son est crasseux, extrêmement saturé, et mené par un Mikael Kjellman (guitare/chant) survolté qui n’hésite pas à aller jouer avec ses camarades qui sont à peine plus calmes. Daniel Ekeroth (basse) lève son instrument toutes les vingt secondes, Tim Rosenqvist (guitare) headbangue en permanence, et même Jens Bäckelin (batterie) ne cesse ce blast motivant. Un joyeux bordel aux accents Crust.

Retour à l’abri du temps sous l’Altar pour se faire écraser par Humanity’s Last Breath, dont le dernier album est d’ailleurs une petite pépite. Buster Odeholm et Calle Thomer (guitares) se placent chacun de leur côté pendant que Marcus Rosell (batterie) s’installe sur son siège, puis l’instrumentale commence. Sombre et pesante, elle entoure immédiatement l’intégralité de la fosse, qui réagira lorsque Filip Danielsson (chant) entrera en scène, nous offrant ses hurlements caverneux. Le show est glacial et très dissonant, mais la foule est captivée par ce son de l’apocalypse qui ne rendra pas vraiment hommage à la noirceur du combo, qui enchaîne les titres dans un silence de mort, nous écrasant très régulièrement sous leur Deathcore massif.

Changement total d’ambiance avec l’arrivée du Folk joyeux de Fejd, que j’avoue ne pas vraiment connaître. Et même si leur style n’est pas vraiment mon préféré, je dois reconnaître que la bonne humeur des membres fait plaisir à voir ! Pas une seule seconde ne passe sans que Per-Owe Solvelius (guitare) ne nous gratifie d’un énorme sourire expressif ou d’une grimace en jouant, ou que la rythmique ne fasse danser la fosse, et c’est entre deux titres que le vocaliste prendra la parole. “It’s our first time here!” lâche Niklas Rimmerfors (moraharpa/chant) avant que les riffs enjoués ne reprennent, et qu’ils nous accompagnent jusqu’à la fin du set.

Les prochains à ravager l’Altar sont les français de Betraying the Martyrs, qui nous présentent à la fois Rui Martins (chant), leur nouveau frontman, mais aussi leur nouvel EP, sorti la veille ! Dès l’entrée du combo, l’énergie pure est de mise sous des lumières parfois complexes à gérer, mais qui s’allient parfaitement à la puissance de leur rythmique, servie par des claviers majestueux et deux voix complémentaires. “J’veux vous entendre gueuler comme si on vous avait fermé vos gueules pendant deux ans !” lâche Victor Guillet (claviers/chant) en se plaçant sur le devant de la scène pour haranguer la fosse, venue en nombre. Les titres s’enchaînent, entrecoupés de remerciements, et on assistera même à un saut spectaculaire du claviériste, récupéré par la foule, pendant que ses camarades alignent leurs riffs terriblement efficaces.

Retour sur la Warzone pour l’entrée en scène des américains de Xibalba, qui semblent bien décidés à nous déverser leur rage. “Hellfest, make some fucking noise!” lâche Nate Rebolledo (chant) avant que le mélange de Hardcore, Metalcore et Death Metal ne nous frappe, faisant évidemment exploser la fosse en un rien de temps. Les riffs sont simples, mais ils seront d’une efficacité ravageuse, et le chaos ne tarde pas à pointer le bout de son nez, tout en encaissant les breaks poisseux et gras. L’énergie des musiciens a totalement convaincu !

Retour sous l’Altar pour un peu de quiétude avec le Doom Metal épique de Sorcerer. Le show vient de commencer lorsque j’arrive, et je constate que le son lent et lancinant captive la fosse avec facilité, laissant les harmoniques des guitaristes Kristian Niemann et Peter Hallgren (qui jouera assis pour raisons de santé) résonner sous la voix de l’énergique Anders Engberg (chant). Si le vocaliste harangue la foule, les musiciens restent plutôt calmes pour accompagner cette douce mais sombre rythmique qui gagnera sans mal le coeur des présents.

Setlist: Persecution – The Hammer of Witches – Sirens – Abandoned by the Gods – The Dark Tower of the Sorcerer – Lamenting of the Innocent – The Sorcerer

Passage sous la tente voisine pour l’un des shows que j’attendais le plus, la folie la plus pure sauce norvégienne, j’ai nommé Arcturus. Quel bonheur de retrouver ICS Vortex (chant) en pleine forme qui nous offre des envolées de sa voix si particulière sous les riffs de Knut Magne Valle (guitare) et Skoll (basse), les claviers étranges de Sverd et les frappes ravageuses d’Hellhammer (batterie). Si les curieux qui s’attendaient à du pure Black Metal partent, les amateurs de cette troupe déjantée sont aux anges, d’autant plus que le son est plutôt bon, mettant chaque élément en valeur lorsqu’il le faut. 

Setlist: Evacuation Code Deciphered – Master of Disguise – Collapse Generation – Game Over – Painting My Horror – Crashland – Alone – Nocturnal Vision Revisited – The Chaos Path – To Thou Who Dwellest in the Night

Retour de la violence avec Fleshgod Apocalypse qui s’élance sous des nappes de lumière rouge pour un son aussi agressif que majestueux. Car sous les riffs puissants de Francesco Paoli (guitare/chant), Paolo Rossi (basse/chant) et Fabio Bartoletti (guitare), on retrouve les orchestrations malheureusement assez peu audibles de Francesco Ferrini (piano), les frappes d’Eugene Ryabchenko (batterie) ainsi que la somptueuse voix de Veronica « ValchiRea » Bordacchini (chant soprano). Et si le son de l’Altar laisse parfois à désirer pour des arrangements aussi intenses, on savourera tout de même ce concert explosif et millimétré des italiens, qui nous offriront d’anciennes compositions dévastatrices comme The Violation, mon morceau préféré (cette voix claire, mais cette voix claire…), des plus récentes imposantes telles que Cold As Perfection, mais également un duo avec Julien Truchan sur The Fool pour ce vibrant hommage à Trevor Strnad.

Setlist: The Violation – Healing Through War – No – Cold as Perfection – Sugar – Minotaur (The Wrath of Poseidon) – Monnalisa – The Fool – The Forsaking

La folie vous a manqué ? Igorrr est là pour vous satisfaire, mais non sans quelques difficultés techniques qui les retarderont d’un bon quart d’heure. Mais la foule les réclame, et les musiciens entreront enfin en scène, Gautier Serre (platines) à leur tête, qui monte à son poste. Et la pièce de théâtre commence, entre les hurlements viscéraux de JB Le Bail (chant), la voix torturée et terrifiante mais si belle d’Aphrodite Patoulidou (chant) et son crâne de compagnie, ainsi que les riffs de Sylvain Bouvier (batterie) et Martyn Clément (guitare). L’orchestre déjanté est très organisé, le jeu de scène entre la “belle et la bête” fait son effet, mais à nouveau le son ne sera pas tout le temps au rendez-vous pour apprécier comme il se doit la pièce.

Moment historique sur l’Altar pour ce show exceptionnel de Draconian. Il y a peu, le groupe avait annoncé le retour de sa chanteuse emblématique (que je n’aurai malheureusement pas la possibilité de photographier) Lisa Johansson, et le show d’aujourd’hui sonne comme la “passation de pouvoir”, puisque c’est également le dernier d’Heike Langhans qui l’aura remplacée pendant dix ans. Heike, vêtue de noir, sera la première à rentrer en scène avec le groupe, donnant la réplique à Anders Jacobsson (chant), puis elle partira pour laisser Lisa, toute de blanc vêtue, renaître au sein des suédois. Les deux femmes se rejoindront pour un final à trois voix sur ces riffs empreints de mélancolie, de tristesse, de rage et de puissance, mais les mots ne suffiront pas pour décrire l’intensité de ce moment hors du temps.

Retour sur la Warzone pour une dernière dose de violence pure et déchaînée avec les anglais de Discharge, qui retournent déjà la fosse au son de leurs riffs qui sentent la haine et la rebellion à plein nez. La foule est très réceptive aux incitations de JJ Janiak (chant) à remuer encore plus sous ces rythmiques simples mais incroyablement efficaces, qui laissent au vocaliste le temps de parcourir l’intégralité de la scène. Nul besoin de technicité pour leur mélange de Hardcore Punk/D-Beat/Thrash, que de la saturation, de la frénésie et de l’énergie incontrôlée, voilà la recette de leur succès qui dure depuis 45 ans.

Setlist: The Blood Runs Red – Fight Back – Hear Nothing, See Nothing, Say Nothing – The Nightmare Continues – A Look at Tomorrow – The End – A Hell on Earth – Cries of Help – Ain’t No Feeble Bastard – Protest and Survive – Hype Overload – New World Order – Corpse of Decadence – Hatebomb – Never Again – State Violence State Control – Realities of War – Decontrol – Accessories by Molotov – War Is Hell – War’s No Fairytale – The Possibility of Life’s Destruction

Remplaçants de My Dying Bride, c’est Conviction que je m’apprête à (re)voir pour une petite dose de quiétude sombre au nom du Doom. Les quatre musiciens menés par la voix d’Olivier Verron (guitare/chant) sont possédés par leurs riffs lents qui créent une chape de plomb sous la tente, secouée par les frappes de Rachid « Teepee » Trabelsi (batterie) et les vibrations de Vincent Buisson (basse), une corde de pendu au cou. On notera également ces harmoniques déchirantes de Frédéric Patte-Brasseur (guitare) pendant que les hurlements du frontman résonnent comme une menace pour la vie elle-même, et le mélange captivera les présents.

On reste dans la noirceur avec le Pagan/Folk de Moonsorrow, qui se démène pour nous conter sa froideur finnoise avec le visage ensanglanté. Mais comme à chaque fois que je vois le combo en live et malgré la maîtrise des musiciens, j’ai du mal à rentrer dans l’ambiance sauvage et agressive du groupe, qui pourtant se démène et convainc à la perfection son auditoire. La fosse est explosive, et les incitations du groupe à remuer sont nombreuses, mais je choisis un peu de repos avant les dernières prestations en me promettant de revoir les finlandais jusqu’à ce que leur son soit parfait.

Les changements d’horaires du jour me libèrent la voie jusqu’au show spécial de Converge, qui sont ce soir accompagnés par Chelsea Wolfe pour une interprétation de leur dernier album enregistré en collaboration. Moi qui ai connu un concert des quatre américains remuant et énergique il y a quelques années, je suis surpris de les voir aussi “calmes” sur scène en compagnie de la chanteuse gothique. Pourtant, le son est un parfait mélange de leur deux styles, entre complémentarité majestueuse et dualité abrasive, laissant les cris de Jacob Bannon (chant) rencontrer la douceur et la profondeur de celle de Chelsea sous une instrumentale aussi intense que travaillé.

Setlist: Viscera of Men – Coil – Tongues Playing Dead – Lord of Liars – Flower Moon – Scorpion’s Sting – Crimson Stone – Wretched World – Blood Moon

Dernier concert de cette troisième journée, c’est sur la Mainstage que j’ai rendez-vous avec Blind Guardian ! Car oui, malgré mon attirance pour les scènes extrêmes, je suis également un grand amateur de Power Metal, et celui des allemands me plaît tout particulièrement. Leur show de 2016 qui s’était déroulé en pleine lumière avait été grandiose, et celui-ci, sous des lumières parfois flamboyantes, parfois apaisantes, n’en est que magnifié. On remarquera également la maîtrise des musiciens qui affichent un visage confiant en permanence, mais aussi la motivation d’Hansi Kürsch (chant) qui arpente la scène tout en proposant un chant impeccable. Du fait de la hauteur de la scène, je ne pourrai que distinguer Frederik Ehmke (batterie) derrière son kit, Mi Schüren derrière son clavier et Johan van Stratum (basse) souvent posté en retrait, mais Marcus Siepen (guitare) et André Olbrich (guitare) sont bien visibles, haranguant la foule qui répond présent aux riffs du groupe, qui s’arrêtera quelques fois pour nous remercier et s’essayer à l’humour. La puissance du vocaliste combinée aux mélodies du combo fait mouche, en particulier lorsque le groupe annoncera jouer dans son intégralité l’album Somewhere Far Beyond, sous les acclamations. Le point d’orgue sera donné par le doublé final, Mirror Mirror et Valhalla, qui transcenderont littéralement la fosse malgré l’heure tardive.

Setlist: War of Wrath (sur bande) – Into the Storm – Welcome to Dying – Nightfall – Time Stands Still (At the Iron Hill)
Somewhere Far Beyond: Time What Is Time – Journey Through the Dark – Black Chamber – Theatre of Pain – The Quest for Tanelorn – Ashes to Ashes – The Bard’s Song – In the Forest – The Bard’s Song – The Hobbit – The Piper’s Calling – Somewhere Far Beyond
Rappel: Mirror Mirror – Valhalla

 

La météo n’a pas été très clémente en cette troisième journée, et c’est éreinté que je m’écroule après avoir rejoint mon hébergement. Heureux d’avoir pu faire (presque, désolé Earth !) tout ce que je voulais aujourd’hui. Mais il reste encore une journée à tenir !

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