Interview : Sunbeam Overdrive

Karim, vocaliste du groupe français de Progressive/Alternative Metal Sunbeam Overdrive a répondu à quelques questions à l’occasion de la sortie de Diama, son premier album.

Bonjour et tout d’abord, merci de m’accorder de votre temps ! Comment pourriez-vous présenter le groupe Sunbeam Overdrive sans utiliser les habituelles étiquettes des styles musicaux ?
Karim (chant): Merci à toi de t’intéresser à notre groupe surtout ! Alors si on s’abstient d’utiliser des étiquettes de styles musicaux, pour décrire notre musique il faut s’imaginer la progéniture issue d’une partouze entre Soundgarden, Tool, Pantera, Car Bomb et Karnivool

Diama, votre premier album, vient juste de sortir, comment vous sentez-vous ? Est-ce que vous avez déjà eu des retours sur l’album ?
Karim : On est ravis d’avoir sorti enfin cet album, qui marque une période très difficile pour Tom (guitares) et Karim (chant), et qui avec l’aide de Tentacles Industries pose les bases d’un projet ambitieux. On a eu énormément de retours assez dithyrambiques, ce qui nous touche énormément, avec un paquet de chroniques qui soulignent le côté un peu “ovni” de ce qu’on fait, ce qu’on adore. Honnêtement, c’est très émouvant de sentir les gens percevoir puis s’approprier notre expression artistique, et parfois cela donne aussi des impressions inattendues, ou des références qui nous surprennent, et c’est d’autant plus intéressant culturellement. Voire ça peut donner des idées pour les morceaux à venir…

Comment résumeriez-vous Diama en trois mots ?
Karim : Elévation, horizons, aventure.

Quelles ont été vos influences pour ce premier album ? Que ce soit au niveau des riffs, du chant, de l’artwork…
Karim : Nous avons tous grandi en écoutant des groupes comme Tool, Soundgarden, Rage Against the Machine, Kyuss, Queens of the Stone Age, David Bowie, Meshuggah, Fu Manchu, The Beatles, Devin Townsend, Deftones, Porcupine Tree, Down, Corrosion Of Conformity, Dillinger Escape Plan, Chevelle, Filter… Il nous a donc semblé assez naturel de nous exprimer à travers une musique qui mélange la richesse et la sophistication du Prog avec les sonorités sauvages du Rock Alternatif des années 90. Nous voulions retravailler avec Christophe Dessaigne de Midnight Digital ; après l’artwork qu’il a fait pour Tom Abrigan et les Shrunken Heads en 2018. Il nous a donné l’image parfaite évoquant l’aventure, les grands espaces et les horizons, les faisceaux de lumière sans fin….

Ce disque parle d’élévation, de voyage, d’aventure, d’énergie. Il est destiné à vous élever tout en vous faisant endurer la tempête à l’intérieur et à l’extérieur de vous-même. Bien que n’ayant pas été conçu comme un album concept, Diama s’avère néanmoins traversé implicitement par une ligne cohérente, qui nous est apparue une fois l’album terminé. Cette ligne est celle des crêtes des sommets montagneux, plus précisément une notion d’ascension, d’élévation, d’extérieur comme d’intérieur. C’est comme un voyage initiatique presque cinématographique tout au long des 10 chansons. Et c’est ce qu’on a retrouvé sur cette image proposée par Midnight Digital

Quel est le concept de l’album, et comment s’est passée sa composition ?
Karim : Tom a passé beaucoup de temps à essayer différentes configurations de matériel pour parvenir à la bonne production, notamment en termes de guitares et de mixage général. Ce processus a en fait pris plus de temps que la composition elle-même, car Tom est très spontané lorsqu’il s’agit de lancer des riffs et des mélodies. L’idée de départ était de faire la transition entre son ancien groupe axé sur la guitare et un projet dont les chansons contiennent la plus grande variété d’armes musicales dont dispose le groupe : riffs lourds, moments atmosphériques, voix et harmonies accrocheuses, section rythmique féroce, influences enracinées dans le Rock Alternatif et le Metal des années 90, mais avec un son Djent-ish/NeoProg très moderne. Certains textes ont été écrits par Tom avant l’arrivée de Karim, qui a désormais pris le relais de l’écriture (sans exclusivité ceci dit !). Les paroles sont parfois autobiographiques, parfois du point de vue d’un spectateur d’événements sociaux, humains, historiques, parfois plus spirituelles et philosophiques. Parfois c’est une énergie à un moment donné, qui se traduit musicalement par des riffs, parfois un sujet précis inspire la musique, parfois la musique appelle certains sujets…

Je sais que c’est une question difficile, mais quel est votre morceau préféré ? Ou celui que vous prenez le plus de plaisir à jouer.
Karim : Pour moi, il y a Diama, car c’est un texte autobiographique inspiré d’une aventure extrêmement intense, brûlante, soudaine, éphémère, et finalement volcanique. Le volcanisme est la métaphore filée tout au long du texte, car il évoque la fusion, les coulées de lave, l’éruption, et donc, en arrière-plan, l’union charnelle, érotique ; la chaleur qui brûle, mais qui féconde ensuite (rien de tel que la roche volcanique pour un sol fertile). Mais au final, j’adore aussi Out Of Plato’s Cave, qui est vraiment intense musicalement et pourtant très poétique à bien des égards, il se passe tellement de choses dans ce morceau de musique, les instruments et les paroles vous emmènent dans un véritable voyage cinématographique pour l’élévation ! C’est un peu notre interprétation de l’allégorie de la caverne de Platon, qui décrit à quel point il est difficile de détourner le regard des illusions qui nourrissent facilement nos esprits, de tenir bon quand tout le monde autour de vous pense que vous êtes fou, de chercher la lumière, l’élévation, la vérité, et d’avoir la force de garder les yeux et l’âme ouverts quand elles vous frappent.

Avec du recul, est-ce que vous voyez des points à revoir ou à améliorer pour les prochaines sorties ?
Karim : Musicalement, les prochains morceaux devront s’inscrire dans une suite cohérente mais encore plus ambitieuse, avec peut-être plus de morceaux rentre-dedans, mais aussi d’autres résolument plus éthérés… Affaire à suivre. Quant à tout ce qui relève de l’organisation, de la logistique et de la communication, on est en train de structurer tout ça pour que les prochaines sorties soient de plus en plus suivies, mais c’est tout un métier, qui demande beaucoup de temps, d’efforts et d’investissement…

Le groupe a joué sa release party le 28 mai avec ten56., eOn et TH3ORY, comment vous préparez-vous pour cette date ?
Karim : Ce fut une belle soirée avec ten56, eOn et Th3ory, avec un public au rendez-vous et un plateau musclé. En plus, nous avons dû faire face au forfait de notre batteur Laurent, qui a été remplacé au pied levé par Damien Salis (Ze Gran Zeft)… Eh bien avec une seule répétition avant le show, on peut vous assurer qu’il a mis tout le monde d’accord ! Donc on a préparé cette date de façon assez Rock’n’Roll, mais c’est globalement quelque chose qu’on cherche à cultiver, sur scène, en studio ou dans la gestion du groupe : un équilibre entre le sérieux millimétré du prog et la fougue énergique du Grunge…

Quels sont vos objectifs à court et à long terme avec Sunbeam Overdrive ?
Karim : Nous étudions les possibilités de travailler avec une agence de booking pour partir en tournée dans d’autres régions de France et au-delà des frontières, car le rayon de soleil a besoin de voyager à travers l’Europe bientôt ! Le plan : faire écouter notre album Diama, faire des concerts partout où nous le pouvons, partager la scène avec des groupes sympas, et commencer à préparer de nouveaux morceaux pour de futures sorties…

Comment avez-vous découvert l’univers du Rock et Metal ? Quel est votre album préféré de cet univers ?
Karim : Pour Tom et Karim, le point de départ a été l’écoute de Smells Like Teen Spirit de Nirvana : Tom, le guitariste, avait 11 ans, il était chez ses grands-parents avec son frère, devant la petite télévision sur laquelle ils regardaient des dessins animés, et c’est là qu’ils ont vu ce clip vidéo. Quand le refrain est arrivé, ils se sont dit « il crie, c’est génial ! ». Quant à Karim, le chanteur du groupe, à l’âge de 13 ans, il a entendu cette même chanson de Nirvana à la radio sur le chemin de l’école, et il a tout de suite su que c’était ce qu’il voulait faire, d’une manière ou d’une autre.

Est-ce qu’il y a des musiciens ou artistes avec lesquels vous souhaiteriez collaborer dans le futur ?
Karim : Franchement, des collabs avec des Klone, Kadinja, Renato Di Folco ou Vola ce serait hyper cool ! Après si on part dans le turfu go Devin Townsend, Eddie Vedder, Trent Reznor, Dave Grohl… ZE supergroupe haha.

Tant que l’on parle de collaboration musicale, comment aborderiez-vous la construction d’un titre avec un artiste totalement étranger à votre univers, comme par exemple une collaboration imposée avec Jul ?
Karim : Il y a beaucoup d’artistes étrangers à notre univers qui nous inspirent beaucoup, on peut en citer en pagaille dans des styles qui vont du Jazz à la musique traditionnelle levantine. Et puisque vous en parlez, il y a pas mal d’artistes Rap/Hip Hop qui sont vraiment intéressants, le souci c’est que Jul ça ne nous parle pas. Prendre le contre-pied pour une collaboration sera toujours intéressant, mais il faut que ce soit avec un artiste qui nous inspire…

Quand et comment avez-vous débuté la pratique de votre instrument ? Pensez-vous que la création de Diama vous a fait progresser en tant que musiciens ?
Tom (guitares) : La découverte de la musique en règle générale m’a tout de suite incité à devenir musicien et guitariste plus précisément. C’était en 92, en plein durant l’effervescence créative du Rock Alternatif de cette décennie incroyable. Forcément, beaucoup de couleurs, beaucoup de styles, un vrai questionnement sur la société, la génération X qui apprend, grandit… Je ne dirais pas que la création de Diama m’a fait progresser parce que c’est un disque qui a été composé très naturellement. C’est un condensé de ce que nous étions au moment où nous l’avons écrit, composé, produit. Le sentiment, après ça, c’est plutôt d’avoir révélé quelque chose de nous-mêmes que nous n’avions pas encore montré… Alors en fait, on a progressé… dans nos vies.

Avec quels groupes rêveriez-vous de jouer ? Je vous laisse par exemple organiser une tournée avec Sunbeam Overdrive en ouverture, et trois autres groupes.
Karim : Ah ben des groupes qui nous font rêver y en a un paquet ! Mais si on part sur quelque chose de cohérent musicalement, on pourrait dire Alter Bridge, Sleep Token et Karnivool par exemple.

C’était ma dernière question, je vous remercie pour votre disponibilité, et je vous laisse les mots de la fin !
Karim : Merci à vous pour votre intérêt pour notre musique, merci à Virgil de Tentacles Industries pour sa confiance et son aide, merci à tous ceux qui nous suivent et nous encouragent depuis le début, et aux nouveaux venus avec qui on espère partager de nombreux moments de spectacle vivant/vibrant !

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