Review 2010 : RüYYn – Chapter II – The Flames, The Fallen, The Fury

L’histoire de RüYYn s’écrit au présent.

Après un excellent premier EP paru en 2021 indépendamment, puis édité en physique par Les Acteurs De L’Ombre, Romain “Rx XN” Paulet (chant/tous instruments, Natremia, BlackBeast, live pour Lunar Tombfields) fait à nouveau appel à l’illustratrice Joanna Maeyens pour annoncer comme il se doit la sortie de son premier album, Chapter II: The Flames, the Fallen, the Fury.

Divisé en six parties distinctes, The Flames, The Fallen, The Fury débute avec part I par une véritable déferlante de noirceur brute mais relativement lancinante d’où les hurlements brumeux sortent de temps à autre. Quelques parties sont plus douces, voire même accessibles, et le contraste avec les explosions plus agressives est parfaitement géré, notamment les éléments les plus Old School et entraînants, mais on retrouve également cette complémentarité sur part II, qui place ses harmoniques dissonantes sur une base accrocheuse et naturellement énergique. Le passage plus calme et hypnotique à la basse vers le centre permet de respirer avant que la guitare ne revienne l’accompagner, créant une polyphonie fascinante qui s’apaisera avant de s’enflammer pour un final intense qui laissera place à une approche relativement lancinante sur part III, où les hurlements sont rapidement plus massifs. Le titre devient lui-même assez oppressant après quelques temps, mais il est également de loin le plus court de l’album, laissant ses ténèbres s’éclaircir pour donner vie à part IV et à son introduction relativement calme, qui finira par se transformer en charge motivée mais glaciale où parties vocales furieuses et leads dissonants se relaient pour nous lacérer tour à tour, avant que la rythmique ne marque une pause, suivie par le retour de la rage brute et des cris rocailleux. Pour part V, la basse et la batterie sont d’abord assez lointaines, mais elles avancent progressivement vers nous et vers la guitare pour développer ensemble une sorte de brume entêtante d’où des chants mystiques émergent avant une voix beaucoup plus puissante. La rythmique restera relativement lente, surtout lors des derniers instants où elle s’éteint progressivement, puis c’est avec part VI qu’elle s’animera à nouveau, d’abord grâce à une base solide qui permet aux leads de se développer, puis avec ce sursaut d’énergie sombre doublé d’une mélancolie latente qui s’exprimera pleinement sur le dernier mouvement du titre, qui le conduit au silence.

Ancré dans une noirceur imposante, Chapter II – The Flames, The Fallen, The Fury permet à RüYYn de nous offrir six parties diversifiées et intenses, chacune proposant sa propre approche du Black Metal au sein d’une atmosphère captivante.

95/100

English version?

Quelques questions à Romain Paulet, créateur one-man band RüYYn.

Bonjour et tout d’abord, merci de m’accorder de ton temps ! Comment pourrais-tu présenter le groupe RüYYn sans utiliser les habituelles étiquettes des styles musicaux ?
Romain Paulet (tous instruments) : Un cri dans le désert nimbé de nihilisme et une thérapie psychiatrique.

Comment as-tu décidé de l’orthographe et de la casse sur le nom RüYYn ?
Romain : Je voulais absolument garder le nom Ruine pour ce projet mais comme j’ai pu le dire auparavant c’est un nom très utilisé dans la scène. L’idée de transformer l’orthographe pour en faire quelque chose de visuel et intrigant finalement, m’est venue comme ça. J’ai fait différents tests jusqu’à tomber sur le truc qui pour moi attire l’œil et interpelle.

Chapter II – The Flames, The Fallen, The Fury, ton premier album, est sur le point de sortir, comment te sens-tu ? Est-ce que tu as déjà eu des retours à son sujet ?
Romain : Au moment où je réponds il est déjà sorti. Les retours sont excellents ce qui est toujours plaisant. J’étais confiant, je ne sors pas quelque chose en lequel je ne crois pas.

Comment résumerais-tu Chapter II – The Flames, The Fallen, The Fury en trois mots ?
Romain : Féroce, contemplatif, nihiliste.

Chapter II – The Flames, The Fallen, The Fury sort deux ans après ton premier EP, RüYYn, comment s’est passé sa composition ? Est-ce que tu as remarqué des changements, ou des évolutions dans ton processus de création ?
Romain : Bien sûr, il est naturel de vouloir évoluer. Je ne me vois pas faire 6 fois le même album, ça ne m’intéresse pas. J’ai besoin de faire des choses différentes, ne pas me répéter, mais il faut savoir rester cohérent. Je ne vais pas faire un album de Death sous l’appellation RüYYn juste pour dire “je fais différent en fonction des albums”. C’est un exercice difficile. Ajouter de nouveaux éléments, se renouveler et garder une certaine identité.

Comment relies-tu le nom RüYYn à ta musique ?
Romain : C’est un état intérieur. Quelque chose contre lequel je lutte afin de ne pas sombrer définitivement. Il est aussi l’expression de mon aversion pour le monde moderne. Une ruine sur lesquels nous pouvons nous élever ou nous éteindre

J’ai remarqué sur cet album un mix beaucoup plus accessible, presque “moderne” par moments, que sur l’EP, laissant par exemple un peu plus de place à la basse. Est-ce que c’est une volonté de ta part ? Comment est-ce que tu réussis à gérer l’équilibre entre chaque élément ?
Romain : Oui. Mon but est que chaque instrument soit audible car chacun apporte à la musique. La basse a beaucoup d’importance sur cet album. Elle est au centre de certains passages, amène une couleur etc… Il était donc logique qu’elle ressort plus contrairement à l’EP. Il n’y a pas de hasard. Je ne vais pas faire un son crade juste parce que “Black Metal”. Le mix doit servir ta musique et non le formater. Sur le plan de la gestion entre chaque élément, je travaille beaucoup sur leurs relations. J’ai toujours une idée en amont du son que je souhaite et de comment je vais devoir faire pour que tout cohabite mais il y a aussi une part d’expérimentation technique. Des fois cela donne d’excellents résultats des fois c’est juste de la merde et tu reviens à ce qui fonctionne le mieux pour toi.

On retrouve également quelques parties beaucoup plus brutes et Old School, que ce soit au niveau du chant ou de la rythmique elle-même, d’où puises-tu ton inspiration ? Que ce soit pour les textes ou l’instrumentale.
Romain : J’ai grandi et fait mes premières armes avec le Black des 90’s donc la majeure partie de mon inspiration musicale vient de là, auxquels viennent se greffer des groupes un peu plus moderne comme MGLA pour les plus “récents”, Deathspell Omega période Si Monvmentvm et des styles différents comme le Blues, le Jazz, le Rock des 70’s et beaucoup de musique dite d’ambiance. Tout cela est relativement digéré. La création vient principalement d’un état sentimental, d’escapades dans la nature. Pour les textes je n’ai pas d’inspiration particulière. Je ne suis pas un grand lecteur, je n’arrive pas à me concentrer longtemps sur ce que je lis mon cerveau part vite ailleurs. Ça me vient comme ça.

Je sais que c’est une question difficile, mais est-ce que tu as un morceau préféré sur cet album ? Ou celui qui t’a semblé le plus naturel à composer ?
Romain : Il y a quelques semaines je t’aurais répondu le premier titre. C’est difficile, je les aime tous. La Part III a été composée en une journée, les autres m’ont pris beaucoup plus de temps. Aujourd’hui je dirais la Part II et si cela se trouve demain je te dirais la Part V.

Tu as à nouveau fait appel à Joanna Maeyens pour l’artwork, que peux-tu nous dire sur cette collaboration ?
Romain : Elle est harmonieuse. Je soumets des idées visuelles à Joanna, ce que je souhaite. On prend un temps pour en discuter ensemble. Elle saisit tout de suite l’intention et le résultat est incroyable encore. Lorsqu’elle me propose son travail il n’y a quasi aucune retouche à faire. Elle a cette sensibilité particulière dans ses œuvres et c’est pour cela que je l’ai choisie.

Chapter II – The Flames, The Fallen, The Fury sort sur le label Les Acteurs De L’Ombre, qui avait édité ton premier EP en version physique, comment se passe la collaboration avec le label ? Est-ce que le fait de sortie l’album directement avec eux a changé quelque chose à ton approche de la musique ?
Romain : Elle est très bonne, c’est un label de passionnés qui s’investit à 200 % dans les groupes. Cela n’affecte en rien mon approche musicale. Je reste seul maître de ma direction artistique. Pour l’instant ce que je propose leur plaît énormément, si cela devait changer je devrais prendre la bonne décision.

Comment as-tu découvert le Metal Extrême, et plus particulièrement la scène Black Metal ? Quels sont selon toi les groupes immanquables de la scène ?
Romain : A l’époque il n’y avait pas Youtube, Spotify ou Deezer et internet était encore à son balbutiement et tellement lent qu’il fallait une journée pour télécharger une simple image en jpeg. Quand j’étais gamin AC/DC était pour moi le groupe le plus violent qui existait jusqu’au jour où le grand frère d’un pote m’a filé un CD de compile avec du Morbid Angel, Slayer, Sepultura, Slipknot, Korn, etc… A partir de là j’ai toujours recherché plus extrêmes, plus sombres. À l’époque les groupes de “Black Metal” les plus accessibles étaient Dimmu Borgir et Cradle of Filth. De là, la porte s’est ouverte sur la scène Norvégienne. Le premier vrai album de Black que j’ai écouté était Panzerfaust de Darkthrone puis In the Nightside Eclipse d’Emperor. Voilà c’est ça que je cherchais. Emperor est le groupe qui m’a donné envie de faire de la musique. Il y aurait tellement de groupes à citer aujourd’hui dans la scène Black que la liste serait bien longue. Les immanquables sont les groupes légendaires des 90’s que tout le monde connaît. Emperor, Gorgoroth, Darkthrone, Burzum, Mayhem, Dissection, Marduk, etc… Sur du plus actuel je dirais MGLA évidemment, Darvaza, Misþyrming, Minenwerfer, Akhlys.   

Le groupe est à la base ton projet solo, mais tu as recruté des musiciens pour assurer les concerts, comment les as-tu choisis ?
Romain : Quand j’ai sorti l’EP de RüYYn j’ai rencontré Azh batteur de Natremia et Lunar Tombfields. On a de suite sympathisé et il m’a proposé d’intégrer Natremia comme guitariste, ce que j’ai accepté. Lors de notre première répétition on a joué un titre, on s’est regardé il venait de se passer quelque chose. On se connaissait pas et c’est comme si on jouait ensemble depuis 10 ans. Quand j’ai eu envie de monter RüYYn sur scène je savais à qui m’adresser.

As-tu des plans pour la suite de RüYYn ?
Romain : Jouer le plus possible, être sur des fests, tourner en France et en Europe, propager RüYYn partout où cela sera possible, faire mon trou dans cette vaste scène.

Comment se passe un concert de RüYYn de ton point de vue ? Penses-tu augmenter le nombre de dates à l’avenir ?
Romain : Très difficile de répondre à celà. Je suis toujours dans un état second sur scène, en transe. J’extériorise beaucoup tout en devant rester concentré sur notre prestation. Mon but est de distiller un climat de rage, que le public ait envie de hurler, d’oublier son existence pendant 50 minutes. Comme dit plus haut je souhaite que l’on puisse jouer le plus possible dans les meilleures conditions.

Est-ce qu’il y a des musiciens ou artistes avec lesquels tu souhaiterais collaborer dans le futur ?
Romain : Je ne me suis jamais posé cette question. Je ne sais pas nous verrons ce que l’avenir réserve.

Penses-tu t’être amélioré en tant que musicien avec cet album ?
Romain : De part ma volonté de varier et d’enrichir mes influences, je suppose que oui.

Avec quels groupes rêves-tu de jouer ? Je te laisse imaginer une date pour la sortie de Chapter II – The Flames, The Fallen, The Fury avec RüYYn en ouverture, et trois autres groupes.
Romain : Michael Jackson / Pink Floyd / Aretha Franklin.

C’était ma dernière question, je te remercie pour ta disponibilité, et je te laisse les mots de la fin !
Romain : Merci à tous ceux qui soutiennent mon travail et à vous qui prenez le temps de me lire. Ne manquez pas RüYYn. Le feu s’embrase.

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