Review 2112 : Fange – Perdition

Fange nous conte la fin du monde.

Actif depuis 2013, le groupe mené par Matthias Jungbluth (chant), Benjamin Moreau (guitare/chant), Antoine Perron (basse/chant) et Titouan le Gal (guitare/chant, Acedia Mundi, Epectase, ex-Filthcult, ex-Etxegiña) nous dévoile cette année Perdition, son septième album, sur le label Throatruiner.

Ce sont les influences Industrial que l’on découvre en premier sur Césarienne Au Noir, le premier morceau, mais elles sont rapidement combinées à une rythmique pesante et à des hurlements bruts. Le groupe place également des tonalités bien plus aériennes, que ce soit au niveau des guitares ou du chant, créant une sorte de complémentarité envoûtante avec la base abrasive et saccadée qui trouve son point d’orgue sur le final avant de laisser sa place à Mauvais Vivant, composition lancinante plus minimaliste qui laisse la voix au centre du chaos. L’atmosphère oppressante est toujours présente, bien que parfois apaisée par quelques choeurs planants, et elle se renforcera en progressant, laissant la saturation nous étouffer avant de passer à Toute Honte Bue où le chant clair revient en force grâce à Olivier Guinot (Lodges) pour créer des vagues de quiétude et ainsi rythmer la marche. Les éléments plus lourds apportent la dimension majestueuse au morceau, alors que la très courte Foudres Fainéantes se montre beaucoup plus menaçante dès ses premiers instants, notamment grâce aux bruits en arrière-plan. La Haine, reprise de Bernard Lavilliers, s’ancre dans un groove sombre tout en proposant des claviers beaucoup plus joyeux qu’à l’accoutumée, renforçant une fois de plus la dualité tout en créant un paysage froid mais expressif suivi par Lèche-Béton que l’on devine aisément plus brute, notamment grâce à des parties de batterie enflammées. Les touches entêtantes viendront de la guitare dissonante qui éclot parfois, alors que c’est avec la voix de Diane Pellotieri (Pencey Sloe) qui nous offre cette touche réconfortante sur Désunion Sacrée, la dernière composition, créant un duo vocal aussi disparate et intrigant qu’interdépendant pour tisser cette ambiance unique pendant que la rythmique fait rage.

Fange nous ouvre son univers glacial et oppressant avec Perdition, son nouveau bloc de haine et de sonorités assommantes. Chaque élément est minutieusement placé pour servir la noirceur que l’album dégage, créant ainsi un cataclysme auditif addictif.

90/100

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