Review 2142 : Darkestrah – Nomad

Darkestrah reprend sa route.

Créé en 1999 au Kirghizistan, puis relocalisé en Allemagne, le groupe mené par Asbath (batterie/percussions/temir komuz, Nashmeh), Resurgemus (guitare/claviers), Cerritus (bassepercussions/temir komuz, Burnt Offering), Magus (tanbur/divan/cuatro/azeri tar, Mogh, Nashmeh, Tears of Fire, Beaten Victoriouses) et Charuk (chant/percussions, Mogh, Nashmeh, Tears of Fire, Beaten Victoriouses) signe en 2024 chez Osmose Productions pour dévoiler Nomad, septième album.

C’est avec l’instrumentale Journey Through Blue Nothingness que les cinq musiciens nous présentent leur univers composé de sonorités orientales et de chant diphonique, rappelant leurs contrées lointaines avant d’y ajouter une saturation majestueuse sur Kök-Oy. Les influences Pagan/Black Metal lancinantes donnent une saveur toute particulière à ce rituel avant d’y ajouter des hurlements torturés, puis des chants beaucoup plus entraînants qui vont littéralement nous dépayser tout en restant ancré dans les racines brutes du style avant de partir dans une approche à la fois plus Old School et plus joyeuse sur Nomad. Les instruments folk envoûtants et les patterns motivants créent un véritable contraste avec les riffs agressifs, mais le mélange reste cependant très cohérent, nous faisant passer d’une ambiance à une autre en un rien de temps avec l’aide de la vocaliste, puis Destroyer of Obstacles viendra assombrir le tableau en ajoutant sa touche atmosphérique. Quelques orchestrations viennent donner à ce titre une dimension plus théâtrale sans toutefois l’adoucir de manière permanente, laissant la mélancolie s’infiltrer dans la charge avant de la quitter lorsque Quest for the Soul prend le relai en nous guidant dans la traversée des ces plaines désolées, hantées par des cris de désespoir. La complainte est longue, mais elle nous fait retenir notre souffle en permanence, si bien que l’on confond la perception du temps, et qu’on la croirait terminée en seulement quelques instants lorsqu’elle s’enfonce dans le silence, permettant à The Dream of Kojojash et ses quelques percussions mystiques de redonner vie aux sonorités imposantes. Le titre est beaucoup plus lent et beaucoup plus pesant, tirant presque dans le Doom Metal tout en permettant l’apparition de quelques éléments inédits et de cris viscéraux avant que A Dream That Omens Death ne vienne clore le rituel de la même manière qu’il a commencé.

Habitué aux sonorités occidentales du Black Metal, l’approche shamanique de Darkestrah m’a autant fasciné que dérouté. Nomad est une véritable expérience musicale et spirituelle qui mélange deux mondes que tout oppose, mais qui se réunissent merveilleusement bien.

90/100

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