Live Report : Psychonaut 4 + Frostmoon Eclipse + Nubivagant + Dymna Lotva + A Thousand Suffering – Le Grillen

“Les parisiens ne quittent jamais la capitale”, qu’ils disaient. Par chance, je ne suis pas parisien, et quand j’ai vu que la seule date française de la tournée Immortal Frost Promotion ne passait qu’à Colmar, j’ai immédiatement songé à visiter le Grillen.

Pourquoi ? Psychonaut 4, Frostmoon Eclipse, Nubivagant, Dymna Lotva et A Thousand Suffering vont y jouer ce soir sous l’égide de Headbang. 5 heures de route ? Pas de souci, j’arrive.

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La soirée débute avec l’excellente découverte d’A Thousand Suffering, formation belge de Doom sombre qui sait nous plonger immédiatement dans leur lourdeur et qui n’hésite pas à user d’harmoniques mélancoliques pour tisser leur son. Au centre, le vocaliste passe aisément des lamentations aux hurlements puissants et n’hésite pas à rejoindre ses camarades en remuant le crâne pendant que leurs riffs prennent peu à peu possession d’un public assez timide, qui réagit tout de même positivement. De nombreux effets permettent un son très aérien, comme l’e-bow du chanteur qui confère à son instrument un son vaporeux, mais le dernier morceau nous surprendra lorsque l’autre guitariste prendra le chant, offrant une atmosphère plus brute pour clore le set.

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On change d’univers avec les Biélorusses de Dymna Lotva qui installent immédiatement une atmosphère plus solennelle avec leurs longues tuniques rouges. Au centre, Nokt (chant) pleure déjà des larmes de sang, et ses hurlements perçants transcendant l’assemblée pendant que ses camarades jouent leurs riffs de manière très simple. L’absence du second guitariste se fait un peu ressentir, notamment lors de quelques leads simplifiés, mais celle qui attire tous les regards, c’est bel et bien la vocaliste : elle crie, pleure, se rue au sol, se pare d’un voile noir ou n’hésite pas à passer sa tête au-delà des retours… Chaque morceau est empreint d’une tristesse saisissante, et le show ne sera interrompu que par de très légers “thank you” entre les morceaux qui ne nous laissent pas sortir de leurs ténèbres, qui prendront malheureusement fin après ce final saisissant de Buried Alive où les musiciens finissent au sol, habités par le lancinant désespoir suivi d’applaudissements.

Setlist: Into the Swamp – Death Kisses Your Eyes – The Land Under The Black Wings – Hell – Cruelty – Buried Alive

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Découverte à présent de Nubivagant, projet solo du multi-instrumentiste Omega (guitare/chant), accompagné ici d’un batteur seulement. Le son est bien différent, beaucoup plus dissonant et criard, contrebalancé par un chant clair assez mystérieux – presque même solennel par moments – qui rend le mélange… étrange. L’approche froide et distante sert également la performance, assez immobile due aux obligations du musicien, qui se place tout de même parfois à côté de son pied de micro, mais la quiétude pesante est troublée par un spécimen local que j’appellerai le Jean-René-Bourré, qui décide de secouer la tête comme si sa vie en dépendait, alors que la performance reste assez calme. En dépit de cet incident, le show reste assez constant, et le musicien repart avec un très court remerciement.

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L’atmosphère change une fois de plus avec l’arrivée de Frostmoon Eclipse, mené par Claudio Alcara (guitare) et Lorenzo Sassi (chant), qui affichent une attitude bien différente : si le guitariste est très calme, le vocaliste n’hésite pas à haranguer une fosse réactive pendant que Gionata Potenti (batterie) et Davide Gorrini (basse) s’occupent de leurs instruments respectifs. Le spécimen du concert précédent réapparaît, et si le Black Metal puissant mais mélodique du combo s’y prête un peu plus… force est de constater que personne ne sait ce qu’il fait là, ni même pourquoi il n’essaye même pas de suivre la rythmique des musiciens. La musique du groupe est toujours aussi communicative, et il en sera de même pour Truth of the World, présenté comme un nouveau titre par le vocaliste, faisant de ce moment une exclusivité qui ne présage que du bon pour la suite. Pour les trois derniers morceaux, les quatre musiciens sont rejoints par le batteur de Nubivagant à la guitare, présenté comme “an old friend for some old school shit”, qui iront piocher dans la rage des albums réédités par leur label Immortal Frost Productions quelques mois auparavant, pour refermer leur prestation avec une intensité palpable.

Setlist: Relentless, Circling – I See the Void – Rustworn – Truth of the World – Resignation – Worms on Mankind – The Darkest Season of Humanity – Let Me Die Alone

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Dernier acte de la soirée, les Géorgiens de Psychonaut 4 qui s’avancent, menés par Irakli Kirkitadze (chant), remplaçant officiel du vocaliste Graf, absent depuis l’an dernier. Le set débute avec de nouvelles compositions, où S.D. Ramirez (guitare/chant) n’hésitera pas à nous montrer tout son talent avec des leads impressionnants pendant qu’Alex Menabde (basse) et Giorgi Kordzakhia (guitare) tiennent la rythmique avec leur batteur remplaçant, mais… j’ai l’impression de ne pas connaître les morceaux. Le passage au live avec un autre chanteur les rend vraiment différents, même s’il se démène comme un beau diable, posant sans cesse sur les retours en hurlant et imposant sa personnalité vocale comme il peut. Les riffs restent incroyablement intenses et certains me hérissent le poil, même si S.D. Ramirez se permettra de préciser “we’re gonna play some new songs, maybe we’re gonna fuck up”, mais c’était sans compter sur le retour du très (peu) attendu Jean-René-Bourré qui va visiblement donner des idées à la fosse, puisque le public commence doucement à remuer. Je migre donc vers l’arrière de la salle, où Personal Forest va susciter des réactions très vives au sein de l’assemblée, laissant les deux guitaristes, le batteur et le vocaliste se relayer au chant. Le morceau est une fois de plus réadapté pour trouver sa propre profondeur en live, et bien que le terme que j’emploierai probablement le plus ce soir restera “c’est pas Graf”, je ne peux retirer à Irakli son engagement et sa volonté de se donner à 100%, jouant avec le public et osant même lui passer son micro quelques instants avant l’habituelle et décadente I Wanna Be Your Dog qui referme la soirée.

Setlist: Mzeo Amodi – Fiqrebi Mtsukhrisa – Vai Me – Personal Forest – Sana-sana-sana – Cura-cura-cura – Sweet Decadance – I Wanna Be Your Dog (The Stooges cover)

Pour une première dans le pays alsacien, elle est réussie ! Les univers respectifs des cinq groupes ont tous apporté leur lot de noirceur et d’intensité, mais celui qui s’est largement distingué à mes yeux est Dymna Lotva. Psychonaut 4, Frostmoon Eclipse, Nubivagant et A Thousand Suffering n’ont cependant absolument pas démérité, en nous proposant des shows largement applaudis. Merci à l’équipe de Headbang pour leur confiance, au Grillen pour l’accueil, et très probablement à une prochaine fois.

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