Il y avait un moment que je n’étais pas revenu sur mon bateau parisien préféré, mais la croisière proposée par Saor était inratable.
Accompagnés sur cette tournée par In the Woods…, Imperium Dekadenz et Cân Bardd, ils font escale à Petit Bain sous la supervision de Garmonbozia Inc. pour une soirée qui s’annonce déjà comme dantesque.
On débute donc la soirée dans cette purée bleue que nous offre Cân Bardd, formation suisse loin d’être inconnue dans nos contrées à en juger du nombre de t-shirts déjà portés dans cette fosse bien remplie. Malgré un visuel plus que sobre, le groupe mené par Malo Civelli (basse/chant) bénéficie d’un son dantesque en ce début de soirée, et les passages où le vocaliste est soutenu par Nicolas Bise (guitare/choeurs) et Matthieu Favre (guitare/choeurs) sont bluffants sous la batterie dévastatrice de Carlos Vivas. Les moments de douceur sont véritablement salvateurs dans cet océan de violence majestueuse, et bien qu’il reste silencieux entre les morceaux, le meneur lâchera un “Paris !” qui finira de fédérer son public. On notera également l’apparition d’Ella Zlotos à la flûte sur Celestial Horizon, puis le groupe achèvera son set avec les deux parties de Devoured by the Oak issues de leur dernier album – qui remonte déjà à 2021 – avant de finalement partir après un salut acclamé de l’intégralité du bateau.
Setlist: Une Couronne de Branches – A Gift for Nature – Celestial Horizon – Devoured by the Oak Pt.I – Devoured by the Oak Pt.II
Changement d’atmosphère avec le Black Metal plus brut et agressif d’Imperium Dekadenz, groupe “de la Forêt Noire” comme le précisera Horaz (chant) cramponné à son pied de micro, et qui inaugure sa toute première date en France avec des composition assez sauvages et un excellent son. Si niveau lumières, le show commence très mal avec une purée rouge, on finira par obtenir quelques nuances supplémentaires, permettant de distinguer plus clairement Vespasian (basse), Ursus (guitare) et Kaelt (guitare/chant) qui headbanguent en rythme avec les riffs féroces. C. (batterie) restera la plupart du temps invisible, assurant une base parfaite pour ses camarades qui ne se privent pas pour haranguer une fosse assez réceptive mais étrangement calme. Si les deux premiers titres sont très vifs et accrocheurs, on notera une accalmie sur les deux suivants (avec tout de même l’apparition de Martin Rennie à la guitare sur Awakened Beyond Dreams), qui permettent au vocaliste d’user de son magnifique chant clair pendant que les mélodies flottent doucement, permettant une véritable pause avant d’enchaîner avec Memories… A Raging River (où ce dernier réclame un décapsuleur pour sa bière) qui nous offre un parfait pont entre les deux facettes de l’univers des allemands. Les premiers rangs headbanguent toujours et répondent aux ordres du vocaliste qui demande de lever le poing, mais c’est finalement sur Striga que le combo se déchaîne une dernière fois, et même le vocaliste lâchera son pied de micro pour venir hurler au plus près du public, et nous faire profiter de leur énergie fédératrice avant de se laisser féliciter.
Setlist: Bis Ich Bin – Aura Silvae – Awakened Beyond Dreams – Trauma – Aurora – Memories… A Raging River – Striga
L’ambiance change à nouveau avec l’arrivée du Doom sombre et avant-gardiste d’In the Woods…, qui a d’ailleurs sorti son nouvel album Otra il y a peu, et qui ne manquera pas de nous le faire savoir, incluant même trois morceaux dans sa setlist. Malheureusement, le groupe va souffrir sur Heart of the Ages de pas mal de soucis techniques, résultant de nombreux signes à l’ingé-son : la voix de Bernt Fjellestad (chant) est sous-mixée, la batterie d’Anders Kobro mange littéralement les harmoniques de Kåre André Sletteberg et Bernt Sørensen (guitares), ainsi que les tentatives de choeurs de Nils Drivdal (basse/chant). Bien heureusement les problèmes finiront par être réglés, et c’est une fois de plus une fosse très attentive et réceptive qui se laisse envoûter par les harmoniques ténébreuses et inquiétantes des compositions. Entre les morceaux, le vocaliste prendra toujours le temps de nous remercier, osant même un “Je ne parle pas français, pardon” avant de présenter les morceaux, et les riffs s’enchaînent naturellement, en particulier le triplé du dernier opus qui se referme avec l’hypnotique The Things You Shouldn’t Know et sa somptueuse alternance entre chant clair et saturé. Après un petit passage par l’intense A Wonderful Crisis et ses parties vocales saisissantes, le groupe retourne à son premier album pour nous offrir la sublime …in the Woods, bouclant ainsi un set au démarrage difficile mais qui est rapidement devenu l’un des points forts de la soirée, à en juger par les applaudissements.
Setlist: Heart of the Ages – The Crimson Crown – A Misrepresentation of I – The Things You Shouldn’t Know – A Wonderful Crisis – …in the Woods
Dernier groupe de la soirée, c’est avec la performance spéciale d’Amidst the Ruins, dernier album de Saor sorti deux mois auparavant, que le bateau va vibrer une dernière fois, et si l’installation est légèrement plus longue, la foule devient une masse plus que compacte. Les lumières s’éteignent, les musiciens entrent un à un, mais ce n’est que lorsque le maître de cérémonie Andy Marshall (basse/chant) ne prend possession de son micro que l’aventure ne débute vraiment. Si visuellement, on retrouve par moments l’épais bleu violacé du début de soirée, les musiciens connaissent parfaitement leur rôle : le frontman reste au centre, entouré de Martin Rennie et Nicolas Bise (guitares) qui distillent leurs harmoniques pendant que Carlos Vivas (batterie) tient la rythmique pour permettre à Ella Zlotos de chanter ou d’utiliser ses flûtes (parfois légèrement surmixées). La jeune femme prend parfois la place du meneur pour les parties plus aériennes, le laissant se reculer entre la batterie et son micro, mais le show est très naturel, et les paysages s’enchaînent naturellement sous nos yeux ébahis, personne n’osant bouger plus qu’en remuant le crâne les yeux fermés. On notera tout de même quelques touches de vert et orange pour agrémenter notre cheminement entre les cinq morceaux qui composent ce dernier né, et on constate que chaque titre est parfaitement accueilli par le public, dont une bonne partie qui le connaît déjà presque par coeur. A l’issue de la performance, les musiciens quittent la scène pendant les dernières notes, mais le show ne s’arrête pas pour autant : les lumières changent, les membres du groupe reviennent, et nous offrent en guise de point final Aura, titre issu de l’album éponyme, et qui permet aux fans de longue date de savourer à nouveau ce monument de leur discographie avant de saluer à nouveau longuement la prestation.
Setlist: Amidst the Ruins – Echoes of the Ancient Land – Glen of Sorrow – The Sylvan Embrace – Rebirth
Rappel : Aura
La nuit prend fin, et Petit Bain se vide lentement de ses occupants de la soirée. L’ouverture de Cân Bardd, la première d’Imperium Dekadenz, la remontée d’In The Woods… et la performance grandiose de Saor ont tous les quatre séduit leur audience, et on ne peut que remercier chaleureusement Garmonbozia Inc. pour l’organisation !
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