Dagdrøm avance.
Suite à leur premier EP paru en 2022, Sebastian (guitare), Max (chant), Oli (batterie), Stefan (basse) et Julian (guitare) composent et enregistrent Schauder, leur premier album, qu’ils sortent indépendamment, et qui est mixé par Nikita Kamprad (Der Weg einer Freiheit).
Après une piste introductive assez planante mais qui voit progressivement naître l’angoisse, Ascheregen nous saute à la gorge et dévoile à la fois toute sa noirceur viscérale, mais aussi des mélodies entêtantes qui alimentent le contraste du morceau. Le break nous permet de reprendre notre souffle avant que la course effrénée ne reprenne, apportant des éléments bruts mais aussi des hurlements empruntés au DSBM avant de laisser place à Purpurne Stadt où l’inquiétude refait surface au sein de la courte quiétude qui précède l’embrasement attendu et qui fait la part belle à la violence. Double pédale et patterns saccadés répondent aux cris du chanteur et à ce break imposant qui mène au final torturé avant Tagtraum où mélancolie et dissonance dansent main dans la main à un rythme parfois assez soutenu avant de s’enlacer dans une douceur presque rassurante pendant que Max clame son désespoir. Le final massif nous abandonne sur Alle Worte, dont les premiers instants vaporeux s’embrasent soudainement et diffusent leurs ténèbres par vagues aux différentes teintes plus ou moins violentes, enivrantes et rythmées. Le morceau finira par exploser et faire place nette pour la déferlante qu’est Atme, oscillant entre pure fureur et le potentiel hautement mélodieux des refrains plus aériens et éthérés, mais Flüsse va à nouveau assombrir le tableau en proposant un son hautement plus puissant et agressif à vive allure. Bien qu’il soit très changeant, le morceau propose de nombreux mouvements, allant de l’ouragan à un break parlé avant de laisser Freund imposer ses patterns imprévisibles qui collent parfaitement à l’approche folle que le groupe veut lui donner, incluant même un solo intrigant ou un passage plus lourd avant de nous autoriser à souffler un moment avec Ära. Le calme ne dure évidemment pas et se métamorphose en un nouveau raz-de-marée d’ombre et de dissonance, mais le groupe va changer d’approche sur Kalte Fliesen, le dernier titre, pour nous envelopper lentement dans son oppression, nous habituant à son angoisse avant de l’intensifier d’un seul coup, la rendant tout simplement démentielle de réalisme.
Dagdrøm instaure une atmosphère cauchemardesque avec Schauder, et même si cette oppression diminue légèrement de temps à autre, elle est comme une véritable séance de paralysie du sommeil : quelque part, tapie dans l’ombre et attendant son moment pour surgir à nouveau.
95/100