Interview : Ao

Ao - Band

Après les avoir découverts au MFest 2015, j’ai commencé à suivre Ao. Cinq français plutôt cools, que j’ai décidé de contacter sur les réseaux sociaux afin d’en savoir un peu plus sur eux et leur musique.
English Version ?

  • Bonjour, peux tu commencer par vous présenter, le groupe et toi ?

Florent : Salut, alors il y’a Bat’ au chant, Quentin à la batterie, Mathieu à a basse, Antho à la guitare et pour ma part, je suis Florent à l’autre guitare.

 

  • Comment qualifierais tu la musique du groupe ?

F : C’est un mélange de tout ce qu’on aime. Cela va du Death, au Thrash, au Groove, en passant par un côté Prog, parfois ambiant sur certains interludes. Tout ça accompagné de débit, tant à la double pédale qu’aux guitares et à la basse, le tout rempli d’énergie, servi avec un chant saturé qui vient des tripes, et quelques fois un growl assez viscéral.

 

  • Quelles sont vos principales influences, qu’elles soient Metal ou non, et comment ont elles joué sur les compositions du groupe ?

F : Nos principales influences viennent du metal moderne on ne s’en cache pas. On peut citer Gojira, Lamb Of God, Devildriver, Chimaira, Nevermore et aussi la nouvelle carrière de Jeff Loomis (ancien guitariste de Nevermore qui exerce maintenant avec des mecs tels que Keith Merrow et Ola Englund). Ça c’est pour la partie qui concerne le groupe en général.
Après, on écoute chacun beaucoup de musique autre que metal comme le blues, la funk,  le rock prog ou ambiant, nous sommes tous très fan de Tool également. Bat’ et Math n’écoutent pas tant de metal que ça au final. Certains écoutent du jazz, notre bassiste joue même du free jazz régulièrement, d’autres des musiques de films ou bien de la pop. Vraiment on écoute de tout et je pense que c’est pour ça qu’on ne se fixe aucune limite, tant que tout le monde y trouve son compte et ressent le truc comme il faut.
Comme je disais avant les morceaux d’Ao sont assez variés et il y en a pour tout le monde.
Et cette diversité nous amène également à utiliser des réglages d’effets que l’on entend dans d’autres styles comme des delay ou des shimmer que pourraient utiliser The Edge de U2, ou le regretté Dan Searle d’Architects.

 

  • Quel est l’élément déterminant qui vous a fait vous dire : « C’est les bons mecs, on va faire de la musique ensemble ! » ?

F : Et bien ça a été assez unanime. On s’est rencontrés à l’école Tous en Scène lors de notre formation musicale en 2012. On jouait dans le même atelier supervisé par Richard Chuat (guitariste de Kronos), et dès le premier morceau bossé ensemble on a senti du sérieux et de l’envie. On a tous pris notre pied pendant ces 2 années-là à faire des reprises et des concerts d’atelier. À la fin de nos études, on a décidé de contacter Bat’ qui officiait déjà dans Dysmorphic, on lui a fait écouter 2 démos que nous avions et il nous a rejoint en répète la semaine suivante. Quentin s’est assis officiellement au poste de batteur peu de temps après, et depuis plus rien n’a changé.

Ao - Mahara
Ao – Mahara

 

  • Ao a aujourd’hui trois ans, un projet pour fêter ça ? Et pour le futur ?

F : C’est vrai déjà 3 ans..! Pour être franc on n’en a même pas parlé entre nous. (Rires). On est actuellement concentrés sur les nouveaux titres que l’on compose, on a des dates qui arrivent pour la fin d’année et l’année prochaine, on ne s’est pas donné de date fixe pour la fin de la compo du 1er album. On prend notre temps, on attend d’avoir les bons riffs, les bonnes notes, les bons thèmes avec les bonnes paroles, qui nous conviennent à tous.
Quand on jugera bon de passer aux enregistrements, c’est qu’on pensera avoir donné le meilleur et le maximum de nous même, à ce moment là, et qu’il sera temps de les faire découvrir à tout le monde en les partageant sur scène.

 

  • Deux de vos membres font également partie d’autres groupes (Beyond The Styx pour Anthony et Dysmorphic pour Baptiste), comment arrivent ils à dissocier leurs deux projets ?

F : Alors Antho est parti de Beyond il y a peu de temps, et pour Bat’ et Quentin qui sont dans Dysmo, et Kronos pour Quentin également, cela se fait naturellement. Ils font une musique différente de la nôtre dans leurs autres groupes respectifs, ce ne sont pas les mêmes influences, les mêmes manières d’amener les choses et de les jouer, donc cette dissociation se fait sans problèmes, et pour les disponibilités on s’y prend longtemps à l’avance et chacun fait des concessions s’il le faut.

 

  • Le nom du groupe et de l’EP sont issus du langage Maori (respectivement « monde » et « se souvenir »), pourquoi ce choix ? Cette culture a t elle un impact sur la musique et l’esprit du groupe ?

F : Et bien c’est par hasard que Bat’ est tombé sur une traduction maori, au moment où l’on cherchait un nom de groupe ; en tapant « monde » dans un dictionnaire de plusieurs langages il est tombé sur cette traduction : Ao.
Il nous en a parlé et on a tout de suite aimé, car cela convenait bien aux thèmes qu’on voulait aborder.
Je ne peux pas trop parler au nom de la culture Maori, seul les vrais Polynésiens issus de ces populations pourraient en juger, mais de ce que l’on sait tous, nous autres Européens, c’est que ce sont des hommes d’honneur qui respectent leurs ancêtres et leur famille, qui « font les choses biens ». On les connaît via le Rugby comme des guerriers, qui ne lâchent rien jusqu’au bout et se donne les moyens pour arriver à ce qu’ils veulent obtenir, collectivement. Ce genre de respect et de prise de conscience par ce respect même et leur ouverture nous influencent indirectement ou non, dans nos relations entre nous, dans notre musique et notre façon de travailler ensemble.

 

  • Vous présentez une lyric vidéo très épurée avec Dress Up For Your Burial, sortie fin juillet. L’ensemble est simple mais les paroles, en particulier « Don’t you feel inconsequent, an useless organism » m’ont marqué, quelle est la signification de cette chanson ? Le monde actuel vous semble t il aussi sombre et sans perspective individuelle ?

F : Sans perspective individuelle oui, très certainement. La prise de conscience passe par tout le monde et non pas uniquement par soi même, mais cela dit, cela commence individuellement.
Je laisse Bat’ t’expliquer ça bien mieux que moi, puisqu’il y a des liens avec les autres paroles de l’EP.

Baptiste : Le fait est que notre espèce évolue dans une direction égocentrique en oubliant qu’un humain, seul dans notre vaste monde n’a que peu de perspectives de survie. Aussi, dans le grand ordre des choses, nous oublions que nous ne sommes qu’un grain de poussière dans l’univers et que nos décisions, petites ou grandes n’auront pas d’incidence sur lui. En version simple, notre existence est un miracle de l’évolution sans aucun but factuel et il serait peut être temps de refréner nos égos dans le but de mieux cohabiter avec nos congénères et respecter notre environnement.

 

  • On sait que vous enregistrez beaucoup par vos propres moyens mais quel est le processus de composition chez Ao ? C’est quelque chose que vous faites en groupe ? Chacun a une tâche précise ?

F : On va d’abord travailler chacun de notre côté sur des riffs, ou bien à 2 ou 3 quand on travaille l’un chez autre. Ensuite on enregistre une démo, et on la joue en répète, beaucoup de fois, puis s’il faut, et généralement c’est le cas, on modifie des passages, on enrichit en riffs ou on épure, on en rallonge certains et on en écourte d’autres. Bref, c’est revu sur beaucoup de points. Et tant que ce n’est pas enregistré définitivement dans une production, on peut modifier jusqu’au dernier moment, voire à l’instant même de  l’enregistrement.
Certaines idées sont issues de jam entre nous, ça arrive aussi.

 

  • Vous avez gagné le tremplin du MFest en 2015 et avez joué en ouverture du festival, cet événement a-t-il changé quelque chose pour le groupe ?

F : Bien sûr, c’était notre première « grosse scène », aux côtés d’autres grands groupes comme Fleshgod Apocalypse, Melechesh ou Crisix. Ça nous a tout de suite motivés et ça nous a donné une énergie hors norme lors de la release party dans un pub ultra blindé.

 

  • On arrive à la fin donc je me permets une question qui me turlupine : Y a t il un virus qui pousse la quasi-totalité des membres à se couper les cheveux ?

F : Hahaha c’est pas forcément voulu pour tous (Rires). J’ai pas vraiment eu le choix pour ma part si je ne voulais pas ressembler à Devin Townsend d’ici quelques temps… Mais sinon je ne sais pas, certainement une simple envie de ne pas passer 2h pour laver et faire sécher des dreads. Mais cela commence à repousser pour certains si ça peut te rassurer.

 

  • Je vous laisse le mot de la fin pour remercier les fans qui vous suivent depuis le début ou pour convaincre de nouveaux

F : À toi premièrement. Merci de prendre du temps pour nous poser des questions, c’est un plaisir et tout le groupe te remercie.
Merci également à tous nos fans, que ce soit en concert, sur Facebook, twitter ou autre, de vous bouger du simple clic au headbang et pogo en concert. On a hâte de recroiser du monde sur la route et dans la fosse.

 

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