Interview : Ingested

Quelques semaines avant la sortie de Where Only Gods May Tread, le cinquième album d’Ingested, j’ai eu l’opportunité de poser quelques questions à Jason Evans (chant).

Chronique Where Only Gods May Tread

English version?

Tout d’abord, merci de prendre un peu de ton temps ! Pourrais-tu vous présenter, Ingested et toi, pour quelqu’un qui ne vous connaît pas encore ?
Jason Evans (chant) : Bonjour ! Je suis Jason et je suis chanteur d’Ingested, le groupe de Death Metal le plus dévastateur d’outre-Manche ! Où peu importe d’où haha. On joue un Metal Extrême, sauvage avec des mélodies sombres, des accroches brutales et denses, une atmosphère lourde. C’est frais, tu vas adorer.

Votre cinquième album, Where Only Gods May Tread, va sortir via Unique Leader Records, comment est-ce que vous vous sentez ? Comment s’est passé le processus de composition ?
Jason : Je suis tellement excité de la sortie de cet album, il y a énormément de nouveaux éléments que nous avons apportés pour nos sons dans le processus d’écriture, donc on veut juste que les gens puissent les entendre, vivement le 14 août ! Le processus de composition a été similaire à notre précédent album, on a vraiment le sentiment d’avoir trouvé notre rythme quand on en arrive à l’écriture, et je sais que Lyn (Jeffs, batteur, ndlr) et Sean (Hynes, guitariste, ndlr) travaillent sur encore plus de nouveautés, donc il semblerait que rien ne peut nous arrêter en ce moment. C’est une bonne sensation.

Cet album est le deuxième (troisième si on compte également Call of the Void) avec Unique Leader Records, comment se passe la collaboration avec eux ?
Jason : Travailler avec Unique Leader a été fantastique, c’est un label dont nous avons toujours voulu faire partie en tant que grands fans du label quand nous avons débuté le groupe. Nous avons une super relation avec le label, chacun s’entraide, c’est un peu comme une sorte de grosse famille de Death Metal.

Il y a trois invités sur l’album, Vincent Bennett de The Acacia Strain, Kirk Windstein de Crowbar/Down et Matt Honeycutt de Kublai Khan. Ces trois chanteurs viennent d’univers différents, comment les avez-vous choisis ? Quelle était votre volonté quand vous avez décidé d’ajouter ces invités à votre univers et à vos morceaux ?
Jason : Ouais, les invités sur cet album sont un peu en dehors de ce à quoi les gens pourraient s’attendre, mais c’est le but ! Nous ne voulons pas nous enfermer ou se mettre dans une boîte, nous sommes un groupe de Death Metal et nous le serons toujours, nous n’oublierons jamais nos racines. Jamais. Ce serait de la merde. Donc on a fait quelque chose d’un peu différent, et chaque invité est fracassant dessus !

Au début d’Ingested, vous étiez cinq gars qui voulaient faire un truc violent, c’est ça ? A part le départ de Brad Fuller l’an dernier, est-ce que votre but a changé ? Si oui, quel est-il maintenant ? Est-ce qu’il y a un message spécial que vous souhaitez que le monde comprenne ?
Jason : Ouais, depuis le début en 2006 et jusqu’à ce que Brad ne parte l’an dernier, on était toujours ce conseil local de cinq gamins qui voulaient juste créer des titres de Death Metal qui tuent et jouer des putains de concerts. C’est toujours le but à présent. Rien n’a changé à part que dorénavant nous sommes ce conseil de QUATRE metal heads. Notre message est simple, nous nous surnommons The Slam Kings (“les Rois du Slam”, ndlr), pas par arrogance ou orgueil, mais parce qu’on est partis de rien et qu’on a réussi à faire des choses qu’on pensait totalement impossibles. On ne nous a rien donné, nous avons dû gagner tout ce que nous avons. On se fait appeler The Slam Kings parce qu’on veut montrer au monde que TU es aux commandes de ta vie et de ta destinée, et que tu as le pouvoir d’être un Roi (ou une Reine) dans ta propre vie. Ce n’est pas du narcissisme, c’est de l’indépendance.

Si ça te va de parler de ce sujet, pourquoi est-ce que Brad a quitté le groupe ? Tu peux ignorer la question si tu ne souhaites pas répondre.
Jason : Brad est parti car il ne voulait plus partir en tournée. Nous tournions de plus en plus chaque année et ce n’était plus la vie qu’il voulait. Evidemment, je suis triste qu’il ne soit plus dans le groupe, Brad est mon plus vieil ami (nous nous connaissons depuis que nous avons 11 ans), mais Ingested est plus puissant que jamais à présent. Il n’y a pas de ressentiment entre aucun d’entre nous, nous sommes toujours tous potes.

Il est évident que la violence musicale est l’un des mots clés du groupe, mais quels groupes citerais-tu comme vos influences ?
Jason : Je dirais que les influences varient d’un album à l’autre. Au début je dirais des groupes comme Dying Fetus, Suffocation, Cannibal Corpse. Puis des trucs comme Despised Icon, Whitechapel, Carnifex, The Acacia Strain. Et plus récemment Crowbar, Fit For An Autopsy, Behemoth. Nous avons toujours un groupe “sur le moment” au niveau de nos influences.

Dans cet album il y a plus de parties calmes, comme le chant clair de Kirk, des parties dissonantes dans Leap of The Faithless, est-ce que tu penses que le groupe a encore évolué ? J’avais également remarqué ces changements dans le précédent EP.
Jason : Ouais, définitivement. Musicalement parlant, on évolue constamment. Nous n’avons jamais souhaité rester bloqués quelque part, si tu n’évolues pas tu cours le risque de devenir complaisant, fainéant ou de manquer d’inspiration. Et aussi, une fois que tu as fait un album, c’est fait, n’est ce pas ? Il n’y a pas d’intérêt à essayer de faire la même chose, n’est-ce pas ? Tu l’as déjà fait. N’entâche pas ce que tu as déjà fait. Fais quelque chose d’autre.

Qu’est ce qui vous inspire pour créer musique et/ou paroles en général ?
Jason : La vie. Sam et moi sommes les principaux paroliers d’Ingested, mais Sean a sorti sa plume pour un titre du nouvel album. Nous écrivons tous à propos de choses qui nous sont propres. Nos pensées, expériences, nos peurs, nos secrets. Sur nos premiers morceaux, les paroles étaient simplement des trucs typiquement choquants, brutaux et gore. Mais nous avons grandi en tant que groupe et écrivains, donc le concept des paroles a simplement changé naturellement. En commençant à “ressentir” la musique, nous voulions pouvoir ressentir leurs paroles également.

Chaque musicien d’Ingested est très talentueux, comment a débuté ton voyage musical ? Penses tu que tu fais toujours des progrès en tant qu’individu ? Et en tant que groupe ?
Jason : En fait je n’avais jamais chanté pour un groupe avant Ingested, donc techniquement j’apprends toujours le métier ! Je pense avoir grandi en tant que chanteur et performeur au fil des années, mais il y a tout un monde de connaissances et techniques vocales à ce sujet, tous les jours est une journée d’apprentissage et je veux toujours m’améliorer. Mais jouer sur scène c’est clairement l’endroit où Ingested est à son plus haut niveau. Nous sommes une putain de force à ne pas sous estimer sur scène.

J’ai eu la chance de voir Ingested sur scène quatre fois depuis 2017. Quel est ton état d’esprit avant de monter sur scène ? Est-ce que tu as une sorte de rituel d’échauffement spécial ?
Jason : Merci, eh bien j’espère que tu as apprécié les concerts ! J’ai en effet un rituel d’avant concert, il faut pouvoir être dans un état d’esprit complètement différent. Quelque chose de sauvage, de primitif. Mais je ne te dirais pas ce que c’est. Ça te tiendra éveillé la nuit.

En tant qu’auditeur, qu’est ce qui t’attires dans le Death Metal ? Quand est-ce que tu as commencé à en écouter ?
Jason : Une bonne accroche. Ce n’est pas parce que c’est du Death Metal que ça ne doit pas être entraînant. J’aime qu’un morceau soit ravageur. Quelque chose que tu vas fredonner pendant des jours. Ou quelque chose qui a de très bonnes paroles qui restent en tête. C’est une chose dont nous avons été vraiment conscients en écrivant cet album. 

Et est-ce que tu te souviens de la première fois où tu as écouté un morceau de Metal ? Lequel t’a donné envie de créer ou rejoindre un groupe et jouer sur scène ?
Jason : Le tout premier groupe de Metal que j’ai entendu était Fear Factory. J’avais environ 10 ans, voir même moins, et je dînais chez un de mes amis après l’école, son grand frère écoutait l’album Demanufacture dans sa chambre, je me suis dis “Qu’est ce que c’est que ça??!”, et le frère de mon ami semblait tellement content qu’un petit gamin apprécie Fear Factory, du coup il m’a laissé emprunter le CD, et c’est là que tout a commencé ! Regarder les Home Videos de Pantera quand je devais avoir environ 14 ans est ce qui m’a fait vouloir être dans un groupe qui tourne. 

Le groupe va fêter ses quinze années de brutale existence l’an prochain, est-ce que vous prévoyez de faire quelque chose de spécial pour cet évènement ? Comment avez vous eu l’idée de faire une tournée anniversaire pour les dix ans de Surpassing the Boundaries of Human Suffering ?
Jason : Nous avons toujours quelque chose sur le feu pour nos fans. Honnêtement, nous avons les meilleurs fans au monde, ils nous soutiennent tellement alors quand on a la chance de faire quelque chose de spécial pour eux, nous faisons toujours en sorte de le faire. Alors restez à l’affût. Oh le Surpassing Anniversary Tour était génial. On a toujours su qu’on ferait cette tournée quand ce serait les dix ans. Beaucoup de nos fans aiment notre premier album, alors encore une fois, quand on a la chance de faire quelque chose de gros, on doit faire en sorte que ça arrive.

Je sais que le Covid-19 a foutu en l’air pas mal de choses, comme une tournée avec Decapitated et Beyond Creation plus tôt cette année, mais comment est-ce que ça t’a affecté personnellement ? Et en tant que musicien ? Je sais que vous avez une tournée prévue pour la fin de l’année avec Vulvodynia, Vale of Pnath et Bound in Fear, mais peux-tu nous en dire plus concernant le futur du groupe ?
Jason : Ouais, la situation du Covid est à chier, mais je ne vais pas m’asseoir et pleurnicher. Ça affecte tout le monde, et on est tous dans le même bateau, alors on doit faire en sorte de rester à flot financièrement jusqu’à ce qu’on puisse repartir sur la route en décembre. J’ai démarré une chaîne Twitch (twitch.tv/the_slam_king) et je sais que les autres gars ont des trucs en cours aussi, alors on fait comme tout le monde, on attend jusqu’à ce que le moment soit venu.

Après le Motocultor en 2018, vous étiez supposés jouer sur l’Altar au Hellfest en 2020, êtes vous prêts à venir au Hellfest l’an prochain ? Est-ce que tu as un souvenir spécial à propos du Motocultor ?
Jason : On est super excités de jouer au Hellfest l’an prochain, on était tellement dégoûtés que cette année ce soit reprogrammé mais nous savions que c’était dû à ce qui était en train d’arriver dans le monde. Et on y joue toujours, c’est simplement l’an prochain. Donc je suis toujours heureux. Le Motocultor était fantastique, je me souviens qu’on était programmés très tôt dans la journée et quand on faisait notre soundcheck, le champ était littéralement vide, donc on pensait que personne ne viendrait nous voir. Donc on est allés se préparer en backstage, l’intro a débuté, on est rentrés en s’attendant à voir un champ vide et BOOM. Des putains de centaines de personnes. Le concert était tellement énorme. Un excellent moment, j’adorerais y jouer à nouveau.

Galerie Motocultor 2018

Une question fun maintenant, si je te demandais de comparer la musique d’Ingested à un plat anglais, lequel choisirais tu ?
Jason : Un rôti du dimanche (“Sunday Dinner”). Parce que c’est composé de tout ce que tu aimes, et c’est vraiment délicieux.

Maintenant je te laisse créer la tournée de tes rêves avec Ingested qui ouvre et trois autres groupes. Qui choisirais tu ?
Jason : Slipknot, car ils ont totalement changé la donne dans l’univers Metal. C’est probablement le groupe de Metal le plus important pour moi. Lamb Of God, parce que Randy Blythe est l’un de mes héros niveau chant, et enfin Crowbar parce qu’on a tourné avec eux seulement une semaine et ce n’est pas assez !

C’était ma dernière question, merci encore de ton temps ! Longue vie à Ingested, on se voit sur scène et je te laisse les mots de la fin !
Jason : Merci beaucoup pour cette interview et tes questions ! Je voudrais MASSIVEMENT remercier chaque personne qui a pré-commandé notre nouvel album, ou qui nous a soutenu peu importe la façon, votre amour est très apprécié et on se voit tous en décembre ! Plein d’amour, et prenez soin de vous !

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