Review 485 : Les Chants de Nihil – Le tyran et l’esthète

Les Chants de Nihil reviennent et enrichissent le catalogue du Black Metal français.

Créé en 2007 par Jerry (chant/guitare, ex-Legion Mortifere) et Mist (guitare/chant, Answer from Cygnus, ex-Legion Mortifere), le groupe sort son premier album en 2010. Aujourd’hui, le line-up du groupe s’est solidifié avec le retour de Mist, mais également l’arrivée de Thomas (batterie, Bestial Nihilism, Gotholocaust) et ÖberKommander (basse/chant, Archipelagos, Bestial Nihilism, Gotholocaust, Natremia) pour la sortie de Le tyran et l’esthète chez Les Acteurs De l’Ombre

L’album débute avec Ouverture, une introduction entre sonorités épiques, mystiques et sombres, qui présente bien le groupe sans trop en dévoiler, avant Entropie des conquêtes éphémères, un morceau imposant aux riffs rapides et dissonants. Les hurlements en français sont soutenus par des chœurs renforçant cet aspect cérémonial, tout en répandant cette noirceur et cette rage. Le texte est aussi riche que cette rythmique, tout comme sur Ma doctrine, ta vanité, un morceau martial et oppressant. Cette introduction est aussi fascinante qu’effrayante, et elle laissera place à des riffs dissonants. Les chœurs reviennent renforcer ces hurlements puissants et cette rythmique ravageuse, que rien ne semble pouvoir arrêter. L’adoration de la Terre, une composition créée autour de deux thèmes du ballet Le Sacre du printemps d’Igor Stravinski, vient à nouveau diversifier la musique du groupe, tout en apportant sa touche de noirceur et de mystère, autant que de complexité musicale.
Le groupe revient à sa rage viscérale avec Danse des mort-nés, un morceau fascinant qui oscille entre violence et parties dérangeantes, qui prennent tout leur sens lorsque l’on comprend le sens de ces paroles morbides. Le tyran et l’esthète prend la suite avec une marche épique et militaire, qui sera recouverte de la putride noirceur caractéristique au groupe, qui nous offre un spectacle grandiose ne demandant qu’à être mis en scène, alors qu’Ode aux résignés se nourrit de mélancolie. Les hurlements se joignent à ces riffs lancinants pour créer une ambiance à la fois douce et plaintive, qui subsiste jusqu’à Lubie hystérie, un morceau beaucoup plus vif et complexe. Si le texte est déjà cauchemardesque à la base, les riffs participent énormément à cette ambiance apocalyptique, qui ne prendra fin qu’avec Sabordage du songeur. Ce titre final alterne entre des tonalités lancinantes, entrainantes et sombres, comme pour parfaire la sortie de scène du groupe.

Les Chants de Nihil fait honneur au Black Metal à la française avec un son et une identité uniques, s’inspirant d’un univers médiéval, voir même Pagan. Le tyran et l’esthète est un album à la fois riche et diversifié, qui combine noirceur, oppression, rage et création artistique hors du commun. Difficile à appréhender, mais délicieux à écouter.

95/100

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