Interview : Nature Morte

Chris Richard (basse/chant) et Stevan Vasiljevic (guitare) du groupe Nature Morte ont pris le temps de répondre à mes questions concernant Messe Basse, le deuxième album du groupe.

Chronique de Messe Basse

Bonjour et tout d’abord, merci de prendre de votre temps pour répondre à mes questions ! Comment pourriez-vous décrire le style de Nature Morte en vous affranchissant des étiquettes musicales ?
Stevan Vasiljevic (guitare) : Bonjour et merci pour cette interview. Je dirai assez simplement que nous faisons du Metal au sens très très large du terme. 

D’où vient le nom du groupe ?
Chris Richard (basse/chant) : Étant un groupe français, nous voulions, Stevan et moi, avoir un nom qui le symbolise pour une fois car tous nos précédents groupes ne l’exprimaient pas forcément. Ensuite la définition d’une nature morte représentait très bien ce que nous cherchions à transmettre avec ce projet, cette dualité de vie et de mort, de lumière et d’ombre… Et enfin, la sonorité du nom était importante, et celle-ci était parfaite pour nous. 

Nature Morte est sur le point de sortir Messe Basse, son deuxième album, comment vous sentez-vous ? Comment et pourquoi avez-vous choisi ce nom ?
Chris : On est toujours un peu stressé avant la sortie d’un nouvel album, surtout que nous avons essayé de repousser encore un peu les limites avec certains genres de musique qui nous sont chers donc nous espérons que les gens vont se prêter au jeu et apprécier. Ensuite, pour le titre, c’est aussi le titre du morceau qui conclut notre album et qui est un morceau instrumental et comme je n’écris que des paroles en anglais… De plus, une messe basse est une messe non chantée ce qui est parfait car je ne fais que brayer sur les morceaux.

Comment s’est passé le processus de composition de cet album ? Est-il différent du processus de composition du premier album ?
Stevan : Nous avons travaillé sur cet album exactement de la même façon que sur le précédent. J’ai proposé tout l’instrumental au groupe, nous avons ensuite travaillé tous ensemble les détails et arrangements en répétition et pour finir, Chris a écrit les textes et établi les placements rythmiques juste avant l’enregistrement. 

Quelle est l’histoire de cet album, ainsi que de la pochette ? Est-ce que les titres sont reliés entre eux ?
Chris : Les titres sont reliés entre eux par un petit effet sonore quasi constant, qui permet d’avoir comme une trame narrative mais nous les avons séparés par pistes pour avoir aussi la possibilité de les écouter individuellement et ainsi avoir 2 expériences d’écoute. La pochette est aussi à double lecture (voir plus). Elle répond au titre de l’album car il s’agit d’une sortie de baptême mais peut aussi être vue comme une histoire où des messes basses peuvent s’y glisser… nous laissons libre les gens d’y voir, ressentir ce qu’ils veulent, tout comme notre musique. 

Qu’est ce qui vous a inspiré pour écrire, autant pour les paroles que l’instrumentale ? Est-ce que vous puisez votre inspiration ailleurs que dans la musique ?
Chris : pour les paroles, je m’inspire des gens, du monde et surtout des sentiments qu’ils me transmettent. Et au vu du monde actuel, c’est une source intarissable, ce qui en est malheureusement triste quand je vois ce que j’écris. Pour ce qui est de la musique , les années 90 sont une grosse influence, que ce soit dans le Metal (Deftones, Slayer, Darkthrone, Mayhem…) ou dans le Rock Inde (My Bloody Valentine, Radiohead, Sigur Ros, Slowdive…). Nous sommes des ados des années 90 donc nous nous sommes formés avec ça. Après il y a plein de très bons groupes actuels qui nous influencent, tout comme les musiques de films. 

Dans tous vos morceaux, j’y ressens une dualité entre la beauté et l’oppression, les sons aériens et pourtant oppressants, comment arrivez-vous à réunir ces deux mondes ?
Stevan : On aborde la plupart des morceaux comme une progression, un chemin que l’on emprunte.. D’une certaine façon, on se considère comme narrateur et la musique que l’on propose comme personnage à qui, au fil de l’avancement de l’histoire, il peut être confronté à des moments de beauté, d’épanouissement et l’instant d’après à des formes d’obscurité…

A la fin du titre Only Shallowness, on peut y entendre une voix qui nous récite une citation très connue issue de 1984 de George Orwell. Pourquoi cette citation précisément ?
Chris : Le morceau parle de superficialité et d’étiquetage Nous sommes tous amenés à écouter, voir et lire des choses qu’on nous impose et généré par des gros lobbies. L’indépendant meurt à petit feu et si cela continue “l’image de l’avenir…” sera “une botte piétinant un visage humain… éternellement”. Mais je n’irai pas plus loin, nous sommes un groupe de musique et nous ne voulons pas politiser le projet ou donner une autre image que ce que notre musique peut générer

Si tous vos morceaux me donnent l’impression d’un raz-de marée musical, qui s’installe avant de repartir, puis de revenir plus fort, T.S.O.C. est assez différente. Comment l’avez-vous composée ? Que signifie le titre ?
Stevan : Effectivement, ce morceau a une histoire particulière. Chris et moi avions un groupe de 2009 à 2013 qui s’appelait The Same Old Club. Nous avions sorti un album et peu de temps après nous étions sur le point d’enregistrer un 2 titres, mais le groupe a splitté à ce moment là. Pendant le premier confinement, je suis retombé sur les démos de ce 2 titres et me suis rappelé avec nostalgie d’un des riffs de cette démo. J’ai donc décidé de faire une « reprise » de ce riff pour faire un nouveau morceau que Chris a donc appelé T.S.O.C. Ce qui résonne parfaitement bien avec le concept général de Messe Basse.

Je sais que le Covid-19 a foutu en l’air pas mal de choses l’an passé et même cette année, mais est-ce que vous avez déjà des plans pour l’avenir ?
Chris : Nous avons déjà la chance de participer au New Blood Fest le 13/11/21 dans l’Ain et espérons que d’autres dates vont se caler avant et après cela. Nous sommes des passionnés du live car nous essayons de donner une autre dimension aux morceaux et vu ces derniers mois, cela nous manque énormément. Nous avons aussi l’édition vinyle de NM1 qui sort pour la toute première fois. Ce sera en septembre avec encore Source Atone Records

Comment avez-vous vécu les différentes périodes de confinement en tant que groupe ?
Stevan : Franchement, sur le moment, pas très bien!! Pour la petite histoire, le dernier concert que nous avons fait était le samedi 14 mars 2020 à Tours, le soir de la fermeture des bars, restos, salle de concerts etc… On a d’ailleurs dû écourter notre set de moitié.. On devait enregistrer Messe Basse 1 mois après.. C’était assez dur.. Mais avec un peu de recul, cette période particulière nous a peut être permis de faire un album plus abouti, plus réfléchi sûrement… 

Même si le groupe est encore assez jeune, quel regard avez-vous sur la scène Black Metal française ? Et sur la scène internationale ?
Chris: Nous n’avons pas vraiment d’avis. Nous avons partagé de très bons moments avec des groupes de la scène française, et autres, lors de nos différentes tournées et certains en sont même devenus des amis. Nous sommes effectivement jeunes dans cette scène mais nous pratiquons le Metal depuis plus de 20 ans et je dirai qu’il s’agit d’une grande et même famille. Je ne dis pas que tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, mais si ça ne va pas avec quelqu’un, nous nous en éloignons. Après, notre style est un peu particulier donc pas sûr que nous faisons partie de LA scène Black Metal… 

Comment avez-vous commencé la musique ? Quel a été votre premier instrument et comment est-ce que ça s’est passé ?
Stevan : Perso, j’ai commencé la guitare assez tard, à 17/18 ans. Par contre, à partir de ce moment-là mon objectif était clair, c’était de monter un groupe et composer de la musique. Moins d’un an après je faisais mon premier concert (dont la qualité était très discutable!!) mais que de bons souvenirs…
Chris : j’ai commencé à 16 ans en faisant de la basse avec mon ami d’enfance. Nous avons monté un groupe et nous nous sommes vite aperçus que j’étais meilleur chanteur que bassiste. J’ai donc arrêté au bout de 3 ans et repris (ou du moins appris) la basse pour Nature Morte.

Comment s’est passée la signature avec Source Atone Records ?
Chris : Assez simplement et naturellement. Nous avons été contacté par différents labels sans trop savoir avec qui travailler et Krys, chanteur de Demande À La Poussière, avec qui nous avions déjà partagé concerts et tournées, nous a parlé de la création de son label avec Arnaud. La motivation ainsi que l’ambition des ces 2 personnes ont tout de suite résonné pour nous et aussi la fierté d’être la première signature d’un label. 

Y a t’il des artistes ou des groupes avec lesquels vous souhaiteriez collaborer à l’avenir ? Que ce soit sur un titre, ou plus.
Stevan : Sur le prochain album de Nature Morte, j’adorerai qu’il y ait un morceau avec une voix féminine chantée.. Nous n’avons pas encore d’idée ou de préférence à l’heure actuelle mais ça se fera..
Chris : Katy ?

Quels sont vos hobbies en dehors de la musique ? Je pense connaître la réponse, mais est-ce que vous réussissez à vivre de votre musique ?
Stevan : Nous avons tous des activités professionnelles à côté de Nature Morte. Perso, je suis ingénieur du son de formation et j’enseigne la guitare depuis quelques années. C’est d’ailleurs une activité très enrichissante d’un point de vue personnel et dans ma démarche créative..
Chris : je suis passionné de cinéma, ce qui rejoint également Nature Morte dans son influence sur les musiques de film. Pour ce qui est du reste de la question, tu connais effectivement la réponse. 

A quel plat typiquement français identifieriez-vous la musique de Nature Morte ? Pourquoi ce choix ?
Stevan : La gastronomie est l’ambassadrice de l’excellence française ! Elle inspire le monde entier.. Difficile de ne citer qu’un plat.. Je dirai donc qu’on pourrait s’identifier à la diversité que propose la cuisine française et surtout s’en inspirer… 

Dernière question : je vous laisse créer la tournée de vos rêves avec Nature Morte en ouverture et trois autres groupes français ! Même question avec trois groupes internationaux.
Stevan : Impossible comme question ;))) Allez jouons le jeu! En groupes français je dirais Air, Hegemon et Carpenter Brut. En groupes Internationaux : Radiohead, Deafheaven et Deftones.
Chris : Juste reprendre les concerts et tournée avec n’importe qui, ça nous manque tellement… et ouvrir pour Radiohead bien évidemment.

Merci encore pour le temps que vous avez accordé à mes questions, je vous laisse les mots de la fin !
Chris : Merci à toi pour tes questions et à vous d’avoir pris le temps de lire nos réponses, parfois idiotes mais toujours sincères mais je préfère laisser le mot de la fin à Vincent, notre batteur…

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