Review 756 : Agrypnie – Metamorphosis

Retour d’Agrypnie avec un sixième album.

Créé en 2004 en Allemagne par Torsten, der Unhold (chant/guitare/claviers, Nocte Obducta), l’homme s’entoure de musiciens pour développer son univers. Accompagné par Marc Zobel (guitare, The Cold Room, Jovian Spin, qui joue de la basse sur l’album), Chris (guitare, Asphagor) et Flo Musil (batterie, Demersus Ad Nihilum, Theotoxin, The Negative Bias), il nous dévoile Metamorphosis.

Dire qu’Agrypnie joue du Post-Black serait beaucoup trop simple et réducteur pour décrire un univers aussi riche et complexe que prenant et profond. Une fois encore, il va vous falloir l’écouter du début à la fin pour en saisir toutes les nuances. A noter que l’on retrouve le chant de C.S.R. (Schammasch) sur l’album.

On débute avec Wir Ertrunkenen – Prolog, une introduction mélancolique et triste qui présente des sonorités majestueuses et tribales avant Wir Ertrunkenen, une composition imposante et pourtant captivante. La noirceur et la dissonance se heurtent à une certaine beauté au son brut, doublé de ce chant unique. La rythmique s’embrase par moments, puis propose des choeurs aériens, des moments prenants, alors que Verwüstung fait immédiatement naître une certaine mélancolie grâce à ce son clair entêtant. Mais la mélancolie se change en une douleur viscérale et intense qui nous suit jusqu’à Am Ende der Welt – Teil 1, une composition entêtante et glaciale. Outre cette rage brute et omniprésente, le groupe présente quelques influences Prog qui se mêlent au son, tout comme sur Skulptur aus Eis, le plus long morceau de l’album. Les hurlements se transforment en une douloureuse complainte hurlée, qui prend place sur une instrumentale torturé, puis qui se mue en refrain guerrier, en cris de souffrance, en dissonante déclaration… La longueur du titre lui permet toutes les émotions possibles, tout en laissant aux musiciens un créneau pour s’exprimer.
Metamorphosis, le titre éponyme, revient sur ces sonorités brutes et glaciales qui mettent en avant la rage intestine des musiciens sans jamais faillir tout en dévoilant des riffs lancinants et pénétrants. L’outro nous mène à l’hypnotique 3327, une courte composition sur laquelle Steffen Bettenheimer (The Cold Room, Affective Insanity) mêle sa voix à celle du chanteur après des riffs qui montent en intensité pour une tornade de fureur, puis Melatonin prend la suite. A nouveau, on retrouve ce son brut, ces harmoniques cinglantes et cette rage brûlante qui viennent donner de l’énergie à la froideur du morceau, puis Nachtgarm (King Fear, Daeth Daemon) accompagne le leader sur l’imposante Untergang. Le morceau regroupe les éléments des morceaux précédents, mais il nous dévoile également des tonalités plus lentes, plus majestueuses, mais également plus oppressantes. Le contraste y est accentué et sublimé jusqu’à Am Ende der Welt – Teil 2, un titre qui fait écho à la première partie présente sur cet album. Le groupe accueille Travos (Thormesis, Waheelas Fährte, ex-Negator, ex-Dark Funeral) pour une partie martiale qui nous prend à la gorge avant de développer sa mélancolie à nouveau. Le break est surprenant, mystique et intrigant, mais la noirceur nous envahit à nouveau pour nous mener sur la fin de ce morceau intense, puis sur Wir Ertrunkenen – Epilog, une outro étouffante qui nous laisse progressivement sortir de l’album non sans nous accompagner avec ces sonorités inquiétantes. 

Si j’écrivais “Agrypnie a sorti un excellent album”, je mentirais. Metamorphosis est un bloc de noirceur qui a été travaillé tout en gardant son côté brut, créant un contraste fou avec la mélancolie, l’oppression et les sonorités majestueuses que le groupe a appris à déployer au bon moment. C’est une oeuvre d’art.

95/100

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