Interview : Kalt Vindur

Artur “Svart” Szydlo, guitariste du groupe polonais de Progressive Black/Doom Kalt Vindur, a répondu à quelques questions concernant le travail du groupe.

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Crédits de la photo de couverture : Luke Kozlowski

Bonjour et tout d’abord, merci de m’accorder de ton temps ! Pourrais-tu vous présenter, le groupe Kalt Vindur et toi ?
Artur “Svart” Szydlo (guitare) : Bonjour, je suis Artur et je joue de la guitare. Kalt Vindur est un groupe du Sud-Est de la Pologne, une région appelée Podkarpacie, nous catégorisons donc notre musique comme du “Podkarpacki Black Metal” (“Black Metal des Basses-Carpathes”) car elle est inspirée par l’esprit de la région dont nous venons. Nous pensons que tout amateur de musique sombre peut y trouver son compte dans nos mélodies.

D’où vient le nom de Kalt Vindur ?
Svart : Le nom “Kalt Vindur” signifie “vent froid” en islandais, la personne à l’origine du nom est U.Reck, claviériste du groupe Lux Occulta. Sur notre premier album, U.Reck a enregistré les claviers, ce qui a enrichi et approfondi l’atmosphère de cet album.

Quand j’écoute votre musique, j’entends évidemment la violence du Black Metal, mais aussi la mélancolie et tonalités lancinantes du Doom Metal. Comment arrivez-vous à créer un tel équilibre entre ces deux univers ?
Svart : Ca nous vient naturellement, c’est simplement comme ça que nous ressentons la musique. L’équilibre dans le son est ce pourquoi nous luttons, comme le yin et le yang. Il est impossible d’être complet sans l’autre partie, il y a toujours de la lumière et des ténèbres dans chacun, deux contraires. L’un ne peut exister sans l’autre, et nier cette vérité c’est être aveugle.

Quels groupes pourrais-tu citer en tant qu’influences musicales ?
Svart : Les groupes que je vais mentionner ne sont pas des inspirations en tant que telles, ce sont des groupes que je respecte dont j’aime la musique, mais ils ne sont qu’une goutte dans un océan d’inspirations. Ils y a, parmis tant d’autres, Pan.Thy.Monium, Emperor, Satyricon, Morbid Angel, Deicide, Gehenna, Azarath, Portishead, Massive Attack, et beaucoup d’autres à travers l’Electro, le Classique, la musique relaxante et ambiante.

Vous avez déjà sorti deux albums jusqu’ici, Delusions sorti en 2017 et …And Nothing Is Endless sorti en 2020. Comment s’est passé le processus de création pour ces albums ? As-tu ressenti une évolution entre ces deux albums ?
Svart : Le premier album Delusions a été le fruit de rassemblements d’idées successifs, sans aucune pression, car il n’y avait pas encore de groupe totalement formé. …And Nothing Is Endless a apporté quelques perspectives de nous réinventer à un certain point. Nous n’avons pas envie de nous répéter, donc nous avons toujours essayé de créer une musique originale et unique. Quand à l’évolution entre les albums, je la perçois clairement, le nouvel album est différent en comparaison du premier pour moi, plus mature c’est certain.

Où trouvez-vous l’inspiration pour créer vos sons ? Est-ce que ça vient uniquement de la musique que vous écoutez, ou est ce que ça vient d’ailleurs ?
Svart : Ca arrive assez naturellement d’habitude, je prends l’instrument et je recherche les sons qui me “parlent” le plus. Bien que ça soit arrivé que nous soit arrivé de commencer à faire une reprise avec l’intention de l’intégrer à notre propre son, et ça a été directement une source d’inspiration, mais je ne révélerai pas quel titre a été réalisé de cette façon, gardons ça secret.

Le Covid-19 a arrêté le monde juste avant la sortie de …And Nothing Is Endless, votre deuxième album, est-ce que vous avez eu le temps de jouer certains des morceaux de cet album sur scène ?
Svart : Malheureusement il ne nous a pas été possible de jouer de concerts après la sortie de …And Nothing Is Endless. Les gouvernements ont introduit des restrictions de liberté des citoyens qui ont empêché les groupes de jouer des concerts et les fans de participer aux concerts. Dans les prochains jours nous allons jouer deux concerts à Varsovie et Krosno. En août, nous jouerons aussi au festival Siekiera Fest à Wroclaw.

Comment avez-vous fait face à la crise mondiale en tant que groupe ?
Svart : Chacun de nous a son travail, la musique n’est pas une source de revenus. C’est plus un hobby coûteux, du coup ça ne nous a pas affectés en tant que groupe. Le manque de concert était énervant, mais le temps “libre” a été utilisé pour créer de nouveaux sons.

Cela fait presque un an que votre dernier album est sorti, que s’est il passé pendant cette période de promotion de l’album ?
Svart : Nous avons reçu beaucoup de bonnes chroniques, qui déclarent que le contenu musical de l’album est à un haut niveau. C’est très important pour nous en tant que groupe, ce genre de retours, ce qui confirme que ce que tu fais a de la valeur mais pas seulement pour toi, c’est très motivant. 

Est-ce que vous avez déjà des plans pour l’avenir ? Est-ce que vous avez déjà commencé à composer de nouvelles choses pour la prochaine sortie ? Si oui, que peux-tu nous dire à ce sujet ?
Svart : Comme je l’ai mentionné plus tôt, nous avons 3 concerts cet été qui nous attendent, mais comme nous nous attendons à plus de restrictions de liberté, les soi-disant confinements, nous ne planifions rien qui concerne le live après les concerts de cet été. Mais nous verrons ce que sera la situation de confinement. En août, nous allons rentrer en studio pour enregistrer de nouveaux morceaux. Donc bien sûr, de nouvelles choses émergent de nos répétitions. Les nouveaux morceaux seront bruts mais avec beaucoup de mélodies. Il y aura probablement plus de blast beats en comparaison avec nos enregistrements précédents. Après avoir enregistré la batterie, ces morceaux seront développés musicalement, donc jusqu’ici, la guitare lead est définie.

Vous venez de Pologne, un pays connu pour être très strict concernant la religion, mais également pour ses groupes de Metal de qualité. Comment est la scène underground dans ton pays ?
Svart : Je pense que la scène en Pologne est pleine de bons groupes qui continuent de développer leur art malgré l’adversité du destin et qui maintiennent un niveau musical élevé. Je t’encourage à aller découvrir la scène underground polonaise ! 🙂

Artur “Svart” Szydlo sur scène – Crédits photo : Grzegorz Karpinski

J’ai vu quelques vidéos de vos concerts, et ils semblent être très énergiques. Que ressens-tu lorsque tu es sur scène ? Sur certaines photos récentes, le groupe porte du maquillage, penses-tu que ça aide à accroître l’ambiance ?
Svart : Oui, nos concerts sont pleins d’énergie, notre musique fonctionne très bien avec la version live, et jouer en live nous donne beaucoup d’adrénaline. Les corpse paints, même s’ils n’ont rien d’original, ajoutent une certaine théâtralisation, quelque chose d’étrange, ce n’est pas le même personnage que celui que nous sommes tous les jours. De plus, nous introduisons toujours des éléments visuels nouveaux…

Qu’est-ce que vous aimez dans votre musique que vous ne trouvez pas dans la musique d’autres groupes ?
Svart : Je pense que nos sons sont remplis de motifs entrainants et en même temps de solutions réfléchies, ce ne sont pas des choses mises au hasard, mais soyons honnêtes, nous n’allons pas réinventer la roue. Nous créons la musique que nous aimons et si quelqu’un d’autre l’aime aussi, c’est super !

Quelle est ta meilleure et ta pire expérience en tant que musicien ?
Svart : Jouer et créer de la musique est une tâche ardue, mais nous essayons de nous y adonner avec passion. Quand on crée une musique nouvelle, un nouveau titre, quand on répète et que la guitare se lie à la batterie pour ne former qu’un, c’est une super sensation quand ça fonctionne. Le mix des albums est un peu fatigant, écouter la musique des centaines de fois peut être fatigant, mais après avoir pris du repos, l’effet final est une récompense.

Est-ce que tu as déjà entendu parler de la scène Metal française ? Quels groupes connais-tu ?
Svart : Un groupe de France que je connais très bien est Misanthrope. Ou encore, Anorexia Nervosa, je les ai vus il y a quelques années en concert en Pologne. Est-ce que tu en aurais d’autres à recommander qui valent le coup ?

Dernière question : avec quels groupes rêverais-tu de tourner ? Je te laisse créer une tournée avec Kalt Vindur et trois autres groupes !
Svart : Haha, merci de me laisser cette opportunité – et de laisser libre cours à mon imagination maintenant… J’aimerais tourner avec par exemple Emperor, Satyricon et peut-être les allemands de Morgoth.

C’était ma dernière question, merci de m’avoir accordé de ton temps ! Je te laisse les mots de la fin !
Svart : Merci Matthieu d’avoir pris de ton temps, et de promouvoir Kalt Vindur sur Acta Infernalis, c’est très gentil à toi. Je te souhaite tout le meilleur, et je salue tous ceux qui liront cette interview.

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