Aujourd’hui, ce n’est pas un groupe que je vais vous présenter, mais un label, Morbid Chapel Records.
Créé en Pologne, le label commencera à éditer leur première démo en 2014, en commençant une démo de Pestem. Depuis, le label reste dans l’underground, avec par exemple Necrosadist, Ectoplasma, Angelgoat, Cultist, Impenetrable Darkness, Wintaar, Goatsmegma, Morbid Winds ou Witchbones.
Vous l’aurez compris, le label est axé Black et Death Metal, mais concentrons nous sur des sorties récentes.
En août 2020, le groupe estonien Koffin nous propose sa première démo, Nailed into the Coffin. Après une intro macabre, ce sont quatre titres de Death Metal Old School gras qui enchaînent les riffs poisseux avec des patterns plus énergiques. Pour ma part, je noterai la très accrocheuse Legal Genocide qui nous donne une envie insatiable de remuer frénétiquement le crâne, et la tranchante Terminator, une composition aux harmoniques sanglantes. Malheureusement, le groupe a mis fin à son activité en 2021 après un album live.
On reste dans le Death Metal avec Congenital Deformity qui sort Progenies of the Cemetery, un EP de quatre titres, le même mois depuis l’Italie. Si la base semble plus axée sur ces sonorités étouffantes empruntées parfois au Death/Doom, l’objectif de violence est toujours présent, accompagné par ces hurlements caverneux. J’ai particulièrement apprécié les patterns bruts de Crypt of the Deformed ainsi qu’Horrendous Creation, un titre à la rythmique très régulière et entêtante.
En octobre, les américains de Seraphic Entombment ressortent leur première démo, Quelled. Deux titres d’un Doom/Death volontairement oppressant, quelques tonalités mystiques et ce mix épais qui crée un son impénétrable nous écrasent lentement. Si Vault of Vision offre des sonorités très lancinantes, Carried by Claws, le deuxième titre, propose des harmoniques très malsaines qui collent parfaitement à l’ambiance générale.
Le Black Metal est revenu sur le devant de la scène avec la sortie de Ashes of the Titans, le premier album du groupe américain Luctum. Créé par des membres actifs de la scène Black et Death américaine, le groupe développe une noirceur saisissante qui reprend parfois des tonalités empruntées à la scène scandinave, comme sur Neglect. Froideur et mélancolie se retrouvent dans tous les riffs, à l’image de Dithyrambic Awakening ou de la lourde Fortress of Avarice, mais le groupe sait également jouer avec les tonalités majestueuses comme Kronos Devouring His Son, un interlude au piano, ou la longue et étouffante Theriomorphic Divinations of Heiress Nocturna. The Rotting House permet au groupe de revenir sur à son effrayant aux influences morbides, puis Feeding on the Flesh of a Memory mélange les différentes ambiances pour terminer l’album.
Wharflurch prend la suite avec une compilation de leur premier EP de cinq titres suivi de leur première démo de quatre morceaux. On y découvre un Black/Death au mix brut, des harmoniques malsaines et des hurlements bestiaux, mais aussi des tonalités ambiantes en son clair hypnotique. Le groupe sait jouer sur ce contraste entre puissance grasse et cette atmosphère oppressante, qu’ils développent sur les deux parties de la compilation. La seule chose qui démarque les deux périodes est le son, qui devient un peu plus sombre sur les morceaux les plus anciens, mais qui conserve toutes les caractéristiques d’un Black/Death impie. Les morceaux à ne pas rater sont la courte et brutale Interstellar Sarcophagus et la pesante Kosmosa Kopums.
Le début de l’année 2021 a été marquée par la sortie d’une autre compilation placée sous le signe du Death Metal avec l’oeuvre des canadiens de Fumes. Leurs sorties de 2020 sont regroupées dans un recueil de Death Metal aussi sale et malsain qu’imposant et effrayant, tout en servant de base à des cris morbides. Les cinq morceaux sont construits sur cette base dissonante, agressive et lourde, peuplée de quelques leads perçants et entêtants. Ne retenir qu’un titre serait trop difficile, alors je choisirai Drain the Ichor et Mind Wound.
En mars, c’est le tour de Noroth de passer sur le devant de la scène avec It Dwells Amongst Us, un court album de Death Metal Old School. Le mix ne peut que plaire aux amateurs de la scène des années 80 tout en proposant des tonalités plus modernes et grasses. La lourdeur est une composante essentielle de la musique du groupe, surtout sur Shadow, My Patriarch, le premier morceau, ou Cerberus, mais le groupe sait également nous dévoiler des tonalités plus agressives comme avec Ironclad, Primitive Intent, Mount ov Misery ou Blistering Eyes. Le groupe reste sur cette dynamique d’efficacité pure avec It Dwells Amongst Us, puis Vengeful Tribulation referme l’album avec des tonalités écrasantes.
Je ne connaissais pas le groupe, mais OS a immédiatement attiré mon regard avec cette sublime pochette de Stationes Viae Mortis. Le groupe pratique un Death Metal qui mélange ces sonorités putrides Old School et une sorte de modernité effrayante, qu’ils conjuguent avec leur noirceur et leur oppression évidente. Des tonalités religieuses font leur apparition sur Confraternitas Mortis Et Hominis, mais le groupe renoue rapidement avec la rage brute et les tonalités caverneuses. Mortem Firmissimum Vinculum reste mon morceau préféré grâce à cette intégration viscérale de la violence et des parties plus techniques, mais ce long titre nous montre également toute la force du groupe, couplée à des parties plus complexes.
Deux compilations du Doom/Death oppressant de Witchbones ont également été rééditées par le label. Avec Akasha 2: The Lost Demos et Akasha 3: Salt, Sea, Blood and Fire, le one-man band américain mené par Vardlokker nous développe une vague de noirceur lourde et puissante. Les deux compilations étaient à peine séparées par quelques mois lors de leur première sortie, ce qui leur permet de rester très cohérentes en terme d’idées et de son, bien que l’on retrouve des éléments plus mystiques sur Akasha 3, notamment avec le morceau 10.31.19 Genocide on Mankind. On notera également la courte et extrêmement accrocheuse Secrets of the Immortal issue d’Akasha 2 qui permet de prendre facilement connaissance de cet univers qui a fermé ses portes fin 2020.
Après avoir sorti une deuxième démo d’un Black Metal inquiétant et très Old School nommée The Ruin of Forgotten Desolation, Morbid Winds a dévoilé The Black Corridors of the Abyssal Depths of Existence Opened Their Gates, son premier album. Si le son de la démo reste crasseux et propose même quelques ambiances donjonesque épiques comme avec Into Eternity ou la mélancolique Tomb of my Sanity, l’album donne une dimension supplémentaire à ce style sombre. Un seul long morceau pour plus d’une demie-heure de mélodies morbides, de hurlements d’outre tombe et d’une rythmique entêtante qui explore cet univers macabre.
L’engagement de Morbid Chapel Records pour la scène underground internationale en fait un label intéressant pour ceux qui aiment découvrir des groupes sur lesquels le grand public ne se penche que trop peu. Le Black Metal et le Death Metal ont encore de beaux jours devant eux, et c’est en partie grâce à eux.