A l’occasion de la sortie d’Apocatastase, le quatrième album de Corpus Diavolis, j’ai pu poser quelques questions à Daemonicreator, vocaliste et bassiste du groupe.
Chronique de l’album Apocatastase
Bonjour à vous, et tout d’abord merci de m’accorder de votre temps ! Comment présenteriez-vous le groupe Corpus Diavolis sans utiliser l’étiquette “Black Metal” ?
Daemonicreator (chant/basse) : Corpus Diavolis est un vaisseau qui propose un voyage initiatique à travers une approche rituelle et cérémoniale de la musique et du syncrétisme satanique, dévoilant des chemins cachés vers l’illumination et la conscience spirituelle.
D’où vient le nom du groupe, et en quoi est-il lié à votre musique ?
Daemonicreator : Ce nom signifie « Le Corps du Diable ». Il illustre notre goût pour les plaisirs de la chair. Notre faim de distorsion perverse et orgiaque du temps et de l’espace par le biais d’un Metal extrême imprégné d’une ambiance mystique. Pour atteindre ces vibrations de l’âme qui nous font connaître un état d’existence supérieur.
Apocatastase, votre quatrième album, sort bientôt. Comment vous sentez-vous ?
Daemonicreator : Glorieux et triomphants !
Comment s’est passé le processus de création de l’album ?
Daemonicreator : Apocatastase est le plus ambitieux et le plus grandiose projet du groupe à ce jour. L’album représente la nudité du Black Metal, reflétée dans le miroir du Diable. Tout a été créé lors d’un rituel intense. La sophistication s’est vue déshabillée afin de servir comme portal qui mène à un voyage hors de la réalité des apparences.
Nous avons tout composé et enregistré à Marseille, puis la production a été assurée par George Emmanuel (Lucifer’s Child, Rotting Christ, Acherontas…) au Pentagram Studio en Grèce.
Dans vos morceaux, on y sent un son pesant, mystérieux et dissonant. Quelles sont vos influences, qu’elles soient musicales ou non ?
Daemonicreator : Le sexe, l’alcool, la drogue et Satan nous inspirent beaucoup. Mais aussi des auteurs comme Aleister Crowley, Alejandro Jodorowsky, Nikola Furnadziev, Robert Anton Wilson, Stanislaw Przybyszewsk, Anton LaVey, William S. Burroughs, Aldous Huxley, Terrance McKenna… Musicalement j’apprécie beaucoup les scènes islandaise, polonaise et grecque, des groupes comme Sinmara, Svartidaudi, Acherontas, Massemord, Kriegspaschines. Mais tous ces groupes restent des inspirations, pas vraiment des influences.
L’album a t il un concept ?
Daemonicreator : Apocatastase n’est pas un concept-album, mais comme le titre le suggère il y a ce thème de retour à l’état d’origine, la symbolique de la restauration du chaos primordial qu’on retrouve tout le long de l’album à travers le thème du Sabbat. Ce rassemblement nocturne, cette débauche qui nous rapproche de notre identité spirituelle intime.
L’artwork a été réalisé par Khaos Diktator Design, comment avez-vous collaboré avec lui ?
Daemonicreator : Nous avons été séduits par le travail de Stefan / Khaos Diktator et les visuels qu’il a fait pour Temple of Evil, Prison of Mirrors ou encore Cultus Profano, pour en citer peu. Son style, qui nous renvoie vers la peinture de la renaissance, inspirée par une approche ésotérique, nous plait beaucoup et le choix s’est rapidement porté sur lui car il nous fallait absolument un artiste versé dans les arts obscurs pour retranscrire l’essence de l’album. Nous lui avons transmis la musique et quelques références graphiques, puis on a échangé par mail. Le résultat était au-delà de nos espérances, il nous a régalé avec une vision exaltée du Sabbat.
L’ordre des morceaux a toujours eu une importance dans le Metal, et d’autant plus dans le Black Metal, pourquoi avoir agencé les morceaux ainsi ?
Daemonicreator : D’après moi c’est le Chaos qui a le plus d’importance dans le Black Metal.
En 2020, le Covid-19 a frappé le monde et annulé nombre d’évenements, comment avez-vous vécu les différentes périodes de confinement et de restrictions en tant que groupe ?
Daemonicreator : Le seul confinement qu’on vit est celui de la société de consommation qui se dévore elle-même. On n’avancera pas tant que le système économique et social dans lequel on vit, repose sur la stimulation systématique d’un désir de profiter de biens futiles et éphémères. Frapper le monde est toujours une bonne chose, mais je doute qu’il va se réveiller. En tant que groupe nous avons profité pour avancer sur de nouvelles choses.
Est-ce que vous avez déjà des plans pour le futur du groupe, après la sortie de l’album?
Daemonicreator : L’envie de réaliser un clip ne manque pas et si le temps nous le permet ça sera le prochain acte. On espère promouvoir l’album en concert et nous travaillons déjà sur son successeur.
Vous avez récemment signé avec Les Acteurs De L’Ombre, comment s’est passé votre collaboration ?
Daemonicreator : Pour l’instant tout se passe très bien. L’esprit de famille qui règne dans le label me plait beaucoup, ils sont très investis dans ce qu’ils font. Puis cette collaboration nous a amené à sortir un coffret très luxueux qui en plus de l’album au format cd et vinyle contient de nombreux objets uniques. Une offrande assez unique dans le monde du Black Metal.
Pouvez-vous me parler du coffret limité que vous sortez ? Quelle est la signification de son contenu pour vous ?
Daemonicreator : Ce coffret est un accomplissement personnel en soi. Il contient tous les objets nécessaires pour effectuer un rituel afin que le praticien s’imprègne d’une ambiance mystique qui lui permettra d’apprécier le mieux l’album. Le coffret contient plusieurs objets élaborés dans les règles des anciens mystères qui assurent une expérience multisensorielle unique.
Qu’est-ce qui vous a poussé dans l’univers du Metal, et principalement du Metal Extrême ? Quel a été votre premier album de Metal ?
Daemonicreator : J’ai été fascine par le Satanisme depuis mes 12-13 ans et c’est à cette période que j’ai découvert qu’il y a également une musique qui aborde le sujet, ce qui fait que je m’y suis intéressé et j’ai approfondi le sujet par la suite tant au niveau métal que satanique. Je pense que le premier morceau de Metal Satanique que j’ai écouté c’était The Demons Whip de Manowar, puis The Number of The Beast de Maiden. Le premier album que j’ai acheté c’était le live A Real Dead One de Maiden en 1993.
Le groupe est actif depuis 2008, comment avez-vous vécu l’évolution de la scène Black Metal ?
Daemonicreator : On a vécu le déclin des sorties physiques à cette période, notamment les CDs. La digitalisation a également entraîné une baisse des concerts. Ceci a forcément eu un impact négatif sur la visibilité du groupe, mais globalement nous sommes assez détachés de la scène. Il y a toujours eu de bonnes sorties et on continuera à faire notre musique tant que nous sommes motivés.
Quels sont pour vous les groupes de la scène française qu’il faut absolument écouter en 2021 ?
Daemonicreator : Allez voir les sorties des Acteurs de l’Ombre.
Est-ce qu’il y a des groupes ou des musiciens avec lesquels vous souhaiteriez collaborer, que ce soit pour un titre ou plus ?
Daemonicreator : J’ai envie de travailler avec Victor Bullok de Dark Fortress sur la production, avec Lord Sabbathan, ancien chanteur d’Enthroned pour une collaboration au chant, avec Naas Alcameth et T.T. d’Abigor sur un futur split… Il y a tellement de gens intéressants dans le milieu.
Dernière question : avec quels groupes rêveriez-vous de tourner ? Je vous laisse créer une tournée avec trois groupes, plus Corpus Diavolis en ouverture.
Daemonicreator : Nightbringer, Satyricon, 1349
Merci à nouveau de votre disponibilité, je vous laisse les mots de la fin !
Daemonicreator : Gloire à Satan !