Review 1010 : Silhouette – Les Retranchements

Silhouette sort de l’ombre.

Créé en tant que projet solo par Achlys (guitare) en 2019, le projet évolue lorsque le musicien décide de recruter Ondine (chant, ex-Bovary), Yharnam (chant, Glumurphonel), Grise (basse), Xes (guitare, Horror Within) et Zhand (batterie, Eternal Hunt). Les Retranchements, leur premier album, sort en 2022 sur le label Antiq.

L’album débute avec Ascension, une douce et courte introduction qui met en avant la voix féminine, soutenue par quelques riffs aériens tout en faisant croître lentement l’intensité pour que La Première Neige ne la fasse exploser avec un Black Metal mélodique et dissonant. L’impressionnant contraste entre les deux voix est alimenté par une rythmique pesante, qui permet à la mélancolie profonde de faire ressortir toute sa rage et ses différentes nuances, alors que le son devient plus brut sur Au Seuil de l’Oubli. Les hurlements malsains et les saccades donnent la réplique à une voix enchanteresse, et le duo parcourt ce paysage dévasté et lancinant. La beauté des riffs se mêle à cette énergie impure avant que le groupe ne ralentisse encore le tempo pour laisser la place à Interlude, une courte composition qui laisse la vocaliste jouer avec une douce rythmique. Clément Château (Hortus Deliciarum) se joint au groupe pour Les Retranchements, le titre éponyme, afin d’ajouter une voix claire masculine au mélange obsédant, qui sait se montrer aussi agressif avec ses influences DSBM qu’apaisant avec les riffs hypnotiques. La noirceur s’embrase soudainement avec L’Etreinte de la Chute, un titre au tempo rapide qui s’apaisera à peine lorsque le chant clair vient poser son voile de douceur sur le son. Les leads perçants chevauchent sauvagement cette rythmique effrénée, qui sera brisée avant de reprendre avec des tonalités explosives et majestueuses qui viendront mourir à nos pieds juste avant Outro, la dernière pièce qui referme l’album avec ce chant féminin si doux et apaisant.

L’univers de Silhouette est fait d’un contraste saisissant. Entre le DSBM incisif et les parties plus douces, Les Retranchements propose une douceur hypnotique et une noirceur abrasive. Le groupe sait exactement où il va, et c’est dans les ruines de ce paysage dévasté que nous suivons les musiciens.

90/100

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