Interview : Clegane

Les membres du groupe parisien de Doom/Sludge Metal Clegane ont pris le temps de répondre à mes questions au sujet de la sortie de White Of The Eye, leur deuxième album.

Chronique de White Of The Eye – bientôt disponible

Bonjour et tout d’abord merci de m’accorder de votre temps ! Comment présenterais-tu le groupe Clegane sans utiliser les habituelles étiquettes “Metal” ?
Guillaume “KooTôh” (guitare/choeurs) : Merci Acta Infernalis de votre intérêt ! Clegane c’est de la musique lourde avec des accents des années 90. À la fois éthérée et pesante. Ça grésille, ça suinte, ça martèle  mais à l’intérieur ça bruisse et ça caresse.
Laurent (basse/chant) : C’est aussi un trio qui a vu le jour sur Paris en 2015 et qui fait son petit bonhomme de chemin depuis.

D’où vient le nom du groupe, et en quoi est-il lié à votre musique ?
KooTôh : Il vient du Limier dans Game Of Thrones et se veut à l’image de ce personnage : anti héros abîmé par la vie. Sale dehors mais noble dedans !

Votre deuxième album White Of The Eye est sur le point de sortir, comment vous sentez-vous à ce sujet ?
Laurent : Déjà on est très content du résultat et très enthousiaste de le présenter sur scène. On a été très bien entouré pour la réalisation du projet (Andrew au Hybreed Studio, Sam et Olivier de Point Mort pour les prises chant). On a aussi eu un changement de line-up : l’arrivée d’Olivier à la batterie qui a remplacé Rudy.

Comment pourriez-vous décrire White Of The Eye en trois mots ?
Olivier (batterie) : Brut, doux, sincère
KooTôh : Viscéral / Entêtant / oui, Sincère
Laurent : Lourd, aérien et oui sincère

Comment s’est passée la composition de l’album ? Est-ce que vous avez développé un concept autour de cet album ?
Olivier : A mon arrivée il y a près de 2 ans, là plupart des morceaux étaient déjà construits, j’y ai apporté mon jeu qui d’après mes compères a enrichi les titres, donc j’en suis très heureux.
Laurent : Le concept est venu au fur et à mesure des nouvelles compos. L’alternance des riffs lourds et pesants avec des mélodies plus douces est un schéma prédominant dans notre façon de composer.

J’ai immédiatement remarqué dans votre musique un contraste assez intense entre influences Old School, saturation oppressante et des influences à la limite du Blues/Rock ou du Post-Punk beaucoup plus calmes. Comment gérez-vous cette abondance de racines dans votre musique ?
Olivier : On a tous les 3 des influences diverses et variées mais c’est vrai qu’on se rejoint pas mal sur les 90’ et le Grunge qui adoucit le côté lourd du Doom.
KooTôh : Je pense qu’on gère bien parce qu’on y réfléchit pas. C’est après coup qu’on se dit “Ah oui c’est marrant y’a de ceci et de cela”. Je pense qu’on est tous les trois assez mélomanes et éclectiques et que de fait on compose naturellement avec tout ça imprimé dans notre ADN.

Sur White of the Eye, le titre éponyme, vous laissez les parties vocales à Sam Pillay de Point Mort. Comment s’est passée cette collaboration ?
KooTôh : Sam a déjà fait quelques featuring live avec nous et on a  toujours aimé collaborer avec d’autres artistes d’autres univers. White of the Eye était instrumental et on a pensé que ce serait super intéressant d’intégrer une voix telle que celle de Sam. D’autant plus qu’elle a aussi composé toutes les nappes clavier dans ce morceau. Comme dans Point Mort elle a apporté son engagement total et ses tripes ! Elle a gentiment accepté alors qu’elle ne  savait pas trop où ça allait au départ et pourtant le résultat est là : ça nous a scotché !

Comment s’est passée la conception de l’artwork de White Of The Eye ?
KooTôh : On travaille depuis longtemps avec Tib Gordon qui a fait tous nos visuels. La conception a donc été facile. On travaille sur une identité axé sur un élément central à chaque album. Le flocon s’est imposé assez naturellement, comme une suite conceptuelle. Et Tib Gordon sait traduire parfaitement notre musique en images.

Depuis 2020, le monde souffre du Covid-19. Comment avez-vous vécu les différentes périodes de restrictions en tant que groupe ? Est-ce que la pandémie a eu un impact sur l’album ?
Olivier : Comme beaucoup d’artistes, cette période était forcément propice à la composition. Je suis arrivé à ce moment-là, courant 2020, donc on a pu faire connaissance avec ces compos qui allaient évoluer et qui n’attendaient que d’être mises en boîte !
KooTôh : Voilà, on a pu rencontrer Olivier et se bouger le fion pour enregistrer ! On ne va pas se plaindre.
Laurent : Et aujourd’hui les concerts reprennent à grande vitesse donc on est ravi.

Le futur commence à devenir plus clair concernant les mesures gouvernementales, est-ce que vous avez déjà des plans pour le futur du groupe ?
KooTôh : Tourner un maximum ! On adore jouer sur scène donc on va saisir toutes les occasions possibles. On a déjà six dates à la sortie de l’album, plus d’autres réparties sur le second semestre et on continue le booking !

Quel est votre regard sur la scène française actuelle ? Et concernant la scène internationale ?
Olivier : La réalité malheureusement c’est que peu de groupes “percent”en France, mais il y a plein de chouettes groupes et c’est dommage de ne pas plus les exposer au monde. Côté international, je ne sais pas trop !
KooTôh : La scène Metal française a toujours été un peu boudeuse. Le noyau dur d’adeptes existe mais n’évolue pas en nombre et chacun a tendance à se cloisonner dans un style. Difficile de surnager au milieu de cela. En revanche je nous décerne la palme de la passion ! Les petits orgas se bougent beaucoup en France malgré les difficultés. Et on encourage tout le monde à soutenir la scène locale d’ailleurs ! Il ne faut pas laisser la post pandémie tuer ces scènes là, ce sont celles qui servent de réservoir au futur ! J’ai pas trop de sentiment sur l’international. J’ai l’impression que depuis 2020 chacun vit un peu en vase clos. Jouant sur son propre territoire.
Laurent : La scène locale bouillonne de petits groupes et on peut trouver pratiquement tous les soirs des concerts (notamment à Paris). C’est grâce au boulot des associations qui se démènent sans relâche pour faire vivre cette scène.

Est-ce qu’il y a des groupes ou des musiciens avec lesquels vous aimeriez collaborer, que ce soit pour un titre ou plus ?
KooTôh : Oh oui ! Mais j’ai tendance à vouloir le faire avec des groupes proches dont j’apprécie à la fois la musique et les membres comme Point Mort ou Fatimà plutôt que des grosses stars que j’admire mais qui me semblent trop inaccessibles.

Quels sont les groupes de la scène française qu’il faut absolument écouter en 2022 selon vous ?
Olivier : Clegane ! Haha ! Ben on va citer les copains de Point Mort qui viennent de sortir leur album et qui valent vraiment le coup d’écouter et de voir en live, grosse claque garantie !
KooTôh : Carrément, Point Mort mais aussi Fatimà, et Red Sun Atacama pour ne citer qu’eux.
Laurent : Je pense aussi aux potos de Cerbère, Negative Concept mais aussi Rance dans un registre plus Black.

Quels sont vos hobbies en dehors de la musique ?
Olivier : La musique est ma plus grande passion mais comme je bosse dans l’audiovisuel et que j’ai une formation artistique je dirais tout ce qui touche à l’image ( peinture, dessin, effets spéciaux, animation..).
KooTôh : Je fais du sabre japonais (Katori), pas mal de voyages et de jeux de sociétés !
Laurent : La bière !

Qu’est-ce qui vous a poussé à créer un groupe ?
KooTôh : C’est viscéral, quand t’as la musique en toi tu as envie de la jouer, de la créer, de la partager. C’est une façon de communiquer, comme la parole, une seconde nature.

Si je vous demandais à quel plat français pourriez-vous comparer la musique de Clegane, lequel choisiriez-vous ? Pourquoi ?
KooTôh  : Un civet de sanglier. C’est fort en goût mais ça fond dans la bouche. Ça t’évoque à la fois la forêt et la violence !
Laurent : La raclette parce que c’est lourd mais on en redemande toujours.
Olivier : Je pensais que Lolo allait répondre la choucroute parce qu’il y a de la bière dedans !

Dernière question: avec quels groupes rêveriez-vous de tourner ? Je vous laisse créer une tournée avec trois groupes, plus Clegane en ouverture.
Olivier : Pour ma part, j’ai pas vraiment de rêve de ce côté là, la scène est tellement vaste!

Mais je crois savoir qu’une tournée du gros 3 est en train de se mettre en place, à suivre 🙂
KooTôh : J’aime pas rêver de choses improbables. Je pourrais te citer des poids lourds du genre YOB ou Monolord mais je suis plus ravi de savoir qu’on va tourner avec Convulsif et Point Mort en 2023 !
Laurent : Allez une tournée avec Deftones et Tool ça pourrait être sympa.

Merci à nouveau de votre disponibilité, je vous laisse les mots de la fin !
Olivier : Le plaisir est pour nous ! Merci beaucoup de nous donner l’opportunité de parler un peu du groupe.
KooTôh : Merci à tous ceux qui nous soutiennent et s’intéressent à notre univers. Surtout, soutenez la scène locale et les groupes émergents !
Laurent : Sortez couvert.

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