Interview : Atlantis Chronicles

Sydney Taïeb, batteur du groupe parisien Atlantis Chronicles qui n’hésite pas à mélanger les influences, a répondu à mes questions pour la sortie de Nera, leur troisième album.

Chronique de Nera

Bonjour et tout d’abord merci de m’accorder de votre temps ! Comment présenterais-tu le groupe Atlantis Chronicles sans utiliser les habituelles étiquettes “Metal” ?
Sydney Taïeb (batterie) : Atlantis Chronicles est un groupe de Bachata créé en 2010 dont la discographie se compose des albums Ten Miles Underwater (2013), Barton’s Odyssey (2016) et le petit nouveau, le meilleur, le plus sensuel, chaloupé et dansant, Nera (2022).

Que signifie le nom du groupe et en quoi est-il lié à votre son complexe ?
Sydney : Eh bien aussi simple qu’une traduction littérale : « Les chroniques de l’Atlantide ». Je ne crois pas qu’il y ait un lien entre la complexité de notre musique et le nom du groupe. Après tu peux tracer des perpendiculaires où tu l’entends ; on pourra se dire que le mythe de l’Atlantide est un amas de divers récits décousus et que c’est complexe de faire le tri entre la vérité et le mythe. Je viens d’inventer ce lien.

Nera, votre troisième album, sort bientôt, comment pourriez-vous le décrire en trois mots?
Sydney : Renouveau, ouverture, maturité.

Comment s’est passé le processus de composition ? Qu’est-ce qui a changé depuis les premiers morceaux que vous avez écrits ?
Sydney : C’est le premier album que nous faisons avec le line-up actuel. Les Julien nous ont rejoint successivement (Julien à la guitare, Julien au chant. Trop de Julien…) sur la tournée du précédent album Barton’s Odyssey. Ils ont bien évidemment apporté de la fraîcheur à l’écriture des nouveaux morceaux : une touche de gospel/soul, une touche de chant presque clair. Une refonte totale de notre univers jusqu’au logo du groupe s’imposait alors comme une évidence.

Comment arrivez-vous à mêler toutes vos influences, qui sont tout de même très larges, tout en restant très cohérents ?
Sydney : Je pense comme n’importe quels gars qui font de la musique depuis 10 ans ensemble. C’est beaucoup de compromis sur les goûts des uns et des autres mais on arrive toujours à orienter les choses de manière à ce que tout le monde y trouve son compte.

Qu’est ce qui vous fait décider du type de chant à utiliser ?
Sydney : Ca fait très longtemps qu’on cherchait à élargir notre palette sonore sur les voix, de rajouter plus de mélodies au chant. Julien Lebon (le nouveau chanteur) nous a rejoint après avoir fait quelques dates en session pour remplacer Antoine, notre ancien chanteur. Julien était la personne qu’il nous fallait, les quelques dates que nous avons fait ensemble ont suffit pour nous mettre tous d’accord.

Quelles ont été vos exigences concernant l’artwork de l’album ?
Sydney : Il était exclu de repartir sur une peinture numérique qui fourmille de détails comme sur nos deux premiers albums. Nous avons cherché un peu dans tout ce qui se fait graphiquement pour trouver ce que nous voulions. Notre dévolu s’est jeté sur une aquarelle car c’était à l’opposé de ce que nous avions fait jusqu’à maintenant. Et plus particulièrement un portrait en aquarelle, allégé en détails. L’idée était d’aller droit au but, en se concentrer sur la qualité du regard dans ce portrait.

Depuis 2020, le monde souffre du Covid-19. Comment avez-vous vécu les différentes périodes de restrictions en tant que groupe ? Est-ce que la pandémie a eu un impact sur l’album ?
Sydney : Sur un point de vue individuel il y a eu des hauts et des bas comme tout le monde, je suppose. Concernant le groupe, la pandémie nous fait perdre environ 1 an sur l’enregistrement des voix. Mais paradoxalement nous a laissé aussi plus de temps pour peaufiner quelques détails, revoir quelques arrangements…

Le futur commence à devenir plus clair concernant les mesures gouvernementales, est-ce que vous avez déjà des plans pour le futur du groupe ?
Sydney : A très court terme nous avons une vidéo live qui va sortir. A court terme la sortie de l’EP acoustique Hyrbris, réservé dans un premier temps aux contributeurs du crowdfunding, qui sortira à la fin de l’année 2022 pour le reste du monde. A moyen terme tourner un maximum en 2023 car l’année 2022 est un peu dure au vu des nombreux reports de dates depuis 2020. Beaucoup de salles et festivals sont bookés jusqu’à la fin 2022 depuis plus d’un an.

Qu’est-ce qui vous a poussé dans l’univers du Metal au sens large ? Quel a été votre premier album ?
Sydney : Je ne pourrais pas répondre à la place de tout le monde. De mon côté ça a été Metallica, Master of Puppets, album que je ne peux plus du tout écouter aujourd’hui (trop daté, trop écouté, changement de goûts…). Alex, le guitariste avec qui nous avons créé le groupe il me semble que c’est Offspring son premier pont vers le Metal. Mais il était très fan de Nana Mouskouri également.

Comment s’est rencontré le groupe ?
Sydney : Alex et moi on s’est connus sur les bancs de l’école. A cette époque il n’y avait pas le Metal, tout ça. En devenant adolescents, ce sont des choses qui sont arrivées dans nos vies, qui nous ont passionnés. On a, après, très vite voulu jouer de la musique, donc je me suis mis à la batterie, il s’est mis à la guitare. Et très rapidement, il y a une idée qui a germé dans nos têtes qui était de créer un groupe, forcément et ce groupe ça a été Atlantis Chronicles.

Quel est votre regard sur la scène française ? Et la scène internationale ?
Sydney : Je pense qu’il y a de plus en plus de bons groupes en France. Néanmoins il est difficile de tenir la barque. Avec les années tout le monde fini par avoir des impératifs autres que la musique. C’est très difficile en France de pouvoir vivre du Metal. Aujourd’hui je comprends que beaucoup aient mieux à faire et finisse par prioriser autre chose.

Est-ce qu’il y a des groupes ou des musiciens avec lesquels vous aimeriez collaborer, que ce soit pour un titre ou plus ?
Sydney : Je rêve d’un feat Freddy Mercury sur un album d’Atlantis Chronicles. Mais ça me parait relativement compromis. La voix de Joe Duplantier ou de Einar Solberg en feat serait également un grand honneur. Mais il me semble que presque aussi compliqué que pour Freddy.

Quels sont les groupes de la scène française qu’il faut absolument écouter en 2022 selon vous ?
Sydney : Vraiment, en tout premier lieu, il est absolument impératif d’écouter Atlantis Chronicles. Ensuite seulement vous pouvez écouter Betraying The Martyrs, Gorod, Benighted, In Arkadia, Red Mourning, Psykup, Kadinja, Ten56, The Dali Thundering Concept, Novelists, Deficiancy… hum, quels autres copains j’ai oublié ?

Vous souvenez-vous de votre première expérience avec un instrument ? Quand et comment est-ce que ça s’est passé ?
Sydney : Oui, j’avais 17 ans. C’était mon premier cours de batterie et également la première fois de ma vie que je touchais une batterie même si je m’étais un peu entrainé comme un blaireau à taper sur des oreillers avec des baguettes chinoises. C’était assez grisant. J’ai tout de suite su que je voulais vivre QUE de ça. 19 ans plus tard, j’ai toujours pas réussi. Cool ?

Comment vous sentez-vous avant de monter sur scène ? Qu’est-ce qui fait qu’un show est réussi pour vous ?
Sydney : Ca dépend de l’audience. Le peu de fois où il y a de la famille dans le public j’ai une grosse pression. Surtout ne pas décevoir! Le reste du temps, on est très content de monter sur scène à 22h30 avec 5h de route dans les pattes, 1h de balance et 4h d’attente avant de jouer. La vie de rock stars ! J’attends toujours de recevoir mon premier soutif sur le visage à la fin d’un concert. 19 ans plus tard j’ai toujours pas réussi. Pas cool. Quand ça applaudit fort et que les gens chantent les refrains avec nous on peut considérer que c’est un concert réussi! 19 ans plus tard… c’est arrivé plein de fois. Très très cool.

Quels sont vos hobbies en dehors de la musique ? Est-ce que vous réussissez à vivre de votre musique, ou est-ce que vous avez un métier qui n’a pas de rapport avec la musique pour vivre ?
Sydney : Je pense avoir répondu à une partie de la question un poil plus haut. Mais à côté de ça je suis ingénieur du son et comédien en devenir. Je suis encore en formation mais ça va le faire. J’y crois à mort. Ce métier c’est la chance de ma vie (vous avez la ref j’espère). Alex, guitariste, est également ingénieur du son et il compose des choses à droite à gauche. Simon, le bassiste est aussi ingénieur du son (promis c’est pas un running gag cette fois). Julien, guitariste, est … guitariste! Le seul vrai musicien du groupe. Mais il ne vit pas du Metal. Julien, chanteur, est sténotypiste de conférence. Je vous laisse chercher !

Si je vous demandais à quel plat français pourriez-vous comparer la musique d’Atlantis Chronicles, lequel choisiriez-vous ? Pourquoi ?
Sydney : Une fondue bourguignonne parce que ta viande, toujours la même, peut changer complètement de goût suivant la sauce avec laquelle tu l’accompagnes. On accommode notre musique à différentes sauces pour éviter d’avoir un album où tu as l’impression d’écouter un seul et même morceau de 40 min. Bon après faut aussi être lucide : c’est de la viande frite dans l’huile. Très gastronomique.

Dernière question : avec quels groupes rêveriez-vous de tourner ? Je vous laisse créer une tournée avec trois groupes, plus Atlantis Chronicles en ouverture.
Sydney : Alors si on a le choix je ne vois pas trop bien pourquoi on se mettrait en opening. Leprous, Architects et Gojira. Mais Atlantis Chronicles en tête d’affiche. On y croit ou pas ? Ok, mais on commence pas après 23h. Pas envie de que tout le monde se casse avant le début du set quand même. Moi je me casserais après Gojira. Mais je raterais sans doute le clou du spectacle. Ne faites pas comme moi.

Merci à nouveau de votre disponibilité, je vous laisse les mots de la fin !
Sydney : Merci à toi, merci à tous les gens qui nous soutiennent, ceux qui ont participé aux crowdfunding et ceux qui chantent les refrains en concert !

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