Hellfest 2022 – Part 2 : Vendredi 24 juin

Le deuxième jour commence à peine, et immédiatement on sait qu’il va être intense. Déjà par le simple fait de débuter à 10h30, mais surtout pour cet enchaînement qui ne laissera que peu de temps libre entre les groupes. On attaque ?

Premier groupe à monter sur scène, Neige Morte et son Black Metal aussi agressif et dissonant que matinal. Le nom ne m’était pas inconnu, et la surprise est de taille. Le son est lancinant, le groupe sait ce qu’il fait, et le trio ameutera de plus en plus de spectateurs au fur et à mesure que les hurlements s’écrasent avec fracas sur les riffs abrasifs. A l’image de son nom, le groupe est très froid et les musiciens enchaînent les titres pendant leur demie-heure de set, qui sera applaudie.

On enchaîne avec Yarotz sur l’Altar, et encore une fois la surprise est bonne. Je connaissais déjà le trio, et le passage au live est aussi énergique et brut que la claque qu’ils m’avaient mise lors de l’écoute du CD. Les influences sont facilement trouvables dans ce mélange énergique, et le groupe nous remerciera entre chaque titres, nous permettant de reprendre notre souffle avant de nous écraser à nouveau avec leurs riffs sales qui nous prennent à la gorge avant de finalement partir de scène sous les applaudissements.

Belle découverte de la journée sous la Temple, avec un quatuor qui rentre en scène de manière assez désinvolte et qui lâche brièvement un “Hi, we’re Portrayal of Guilt” avant de nous faire exploser en pleine face un son qui mélange Black Metal, Screamo et Post-Hardcore. C’est puissant et lancinant, mais aussi extrêmement saturé, groovy et rempli de hurlements viscéraux qui rebuteront les moins téméraires mais qui donnent une intensité supplémentaire à la musique. 

Mon premier passage en Mainstage de la journée pour Crisix marquera le retour de la pluie sur une fosse qui n’attend que l’arrivée des espagnols, qui nous annoncent d’emblée que leur batteur a malheureusement été testé positif au Covid, et ne pourra être présent. Mais cette annonce sera suivie de l’arrivée du batteur de Tagada Jones, qui assurera une base rythmique au groupe, qui n’a rien perdu de son énergie et qui n’attend pas une seule seconde pour envoyer son Thrash Metal incisif. Les guitaristes sautillent de part et d’autres de la scène pendant que Julian (chant) joue avec son pied de micro, puis c’est après deux titres que les musiciens échangent tout simplement leurs instruments. Marc récupère le micro du vocaliste, qui  prendra la basse de Pla, qui se retrouve à récupérer la guitare d’Albert, ce dernier passant à la batterie, puis après un medley un peu fou, chacun récupère sa place avant que le batteur de Gamma Bomb ne vienne les aider, et que les guitaristes ne descendent jouer dans le mosh. Un grand moment.

Retour à l’ombre des tentes pour l’arrivée attendue de Gaerea et de leur art sombre. Bien que légèrement surpris de voir les forces du Vortex arriver à quatre, le vocaliste ayant récupéré une guitare, on ne peut que saluer la détermination du quartet qui nous incite immédiatement à les rejoindre dans leur tornade de rage. Bien que l’on sente que les parties vocales se fassent un peu plus mécaniques, les musiciens sont toujours aussi énergiques, headbanguant sous leurs masques et haranguant la foule en se plaçant à la limite des jets de fumée. “Hellfest! Join us!” lâche le vocaliste derrière son pied de micro orné du symbole du groupe avant que les mélodies déchirantes ne reprennent de plus belle, créant même un peu de mouvement dans cette foule contemplative qui reste acquise jusqu’à la dernière seconde, et qui en aurait même repris un peu plus.

On reste du côté des tentes pour l’arrivée sans aucune trace de finesse de la machine à violence Teethgrinder. Sans surprise, les riffs sont rapides et incisifs, piochant dans ce mélange entre Death, Grind, Hardcore et autres influences rafinées qui laissent quelques moments de répit au vocaliste qui pose sur son retour avant de se remettre à hurler pendant que les musiciens se démontent la nuque. “Thank you Hellfest, we are Teethgrinder from Holland” lâche Jonathan (chant) en reprenant son souffle, enchaînant quasi immédiatement sur le titre suivant qui sera fait de la même mixture agressive, et qui motivera quelques spectateurs à se rentrer joyeusement dedans pendant tout le long du set.

Après une courte pause, Skeletal Remains prend l’Altar d’assaut avec son Death Old School gras et saccadé comme on les aime. Les membres restent principalement campés sur leurs appuis, alignant leurs riffs puissants sous les hurlements hachés de Chris Monroy (guitare/chant), alimentant la rage brute et lourde de leurs titres remplis de leads perçants et criards. Les musiciens prennent à peine le temps de respirer ou de vérifier leur accordage entre les morceaux, et la vague de violence s’abat à nouveau sur nous. Un set gras et carré qui sera bien évidemment acclamé.

On repart du côté de la Temple pour la performance de Witchery, dont seuls trois trois musiciens, un batteur, un bassiste et un guitariste se présentent à nous pour débuter leur show. Mais ils seront rapidement rejoints par Angus Norder (chant), maquillé et qui œuvre comme un maître de cérémonie pour nous conter la majestueuse True North accompagnée par des mélodies accrocheuses et quelques orchestrations. Car c’est ça qui fait la force des suédois qui fêtent leur vingt-cinq années de carrière, une base efficace surmontée d’éléments entraînants et une voix puissante, que même les changements de line-up n’ont réussi à altérer. Le public est réactif à ce chaos alimenté par des lumières changeantes selon les morceaux, mais on sent une fois encore que l’énergie est intacte, et que l’alchimie est parfaite.

Setlist: True North – Netherworld Emperor – Nosferatu – Awaiting the Exorcist – Lavey-athan – Restless and Dead – The Storm – The Reaper

On reste sur des valeurs sûres avec les copains de Benighted qui investissent l’Altar pour un show dans la douceur, avec un Julien Truchan (chant) qui lâche immédiatement un “Hellfest, on bouge !” pour motiver une foule qui n’attendait que le coup d’envoi. Et ça n’a pas manqué, la fosse explose immédiatement sous les riffs assassins et les blasts ininterrompus orchestrés par un vocaliste au top de sa forme, le pied nu sur son retour, qui enchaîne les hurlements les plus bestiaux avant d’arpenter la scène à nouveau. Les musiciens ne sont pas en reste, puisque le headbang est de mise, tout en haranguant les spectateurs qui répondent présents aux demandes des français en reprenant les refrains avant que la déferlante ne revienne frapper. On s’attendait à un show puissant du début à la fin, et c’est ce qu’on a reçu en plein dans les dents.

Passage rapide sous la Temple pour la venue d’Ihsahn, que j’avoue n’avoir jamais écouté sans son groupe légendaire, mais je dois avouer qu’outre la prestance toujours imposante du musicien… ça joue incroyablement bien ! Bien que le chanteur/guitariste occupe la majorité des regards, ses musiciens ne sont pas en reste et rivalisent de technicité sans toutefois passer pour la démonstration d’école de musique, et j’avoue avoir fait une belle découverte.

Mais j’ai à peine le temps de respirer que Kreator monte déjà sur la Mainstage pour dresser le drapeau de la violence avec son Thrash Metal à l’ancienne. Seul bémol : à cause de la pyrotechnie, les musiciens sont loin du bord de scène, et on peine à les apercevoir depuis le pit photo. Mais qu’importe, Mille Petrozza (chant/guitare), Sami Yli-Sirniö (guitare) et Frédéric Leclercq (basse) nous alignent leurs riffs avec une précision et une rage incroyable sous les frappes de Ventor (batterie), ravissant la fosse qui se masse de plus en plus nombreuse pour écouter cette leçon de Thrash.

Setlist: The Patriarch (sur bande) – Violent Revolution – Hate Über Alles – Phobia – Satan Is Real – Hordes of Chaos (A Necrologue for the Elite) – Hail to the Hordes – 666 – World Divided – Awakening of the Gods – Enemy of God – People of the Lie – Mars Mantra – Phantom Antichrist – Strongest of the Strong – Flag of Hate – Pleasure to Kill 

Retour sous la Temple pour découvrir le show sombre de Moonspell, et bien que le son du groupe se soit adouci avec le dernier album, on ne peut pas en dire autant des lumières, qui seront limitées au strict minimum. Mais les silhouettes de Ricardo Amorim (guitare) et Aires Pereira (basse) sont bien présentes aux côtés de celle de Fernando Ribeiro (chant), qui nous offre cependant toute l’étendue de sa voix, que ce soit la douceur ou les hurlements. A l’arrière, Pedro Paixão (claviers) et Hugo Ribeiro (batterie) assurent les bases de ce mélange Gothique entraînant avec un naturel saisissant, laissant le frontman motiver la fosse à grands coups de “Hellfest, everyone here, let’s go!” pour reprendre les refrains. Les portugais savent ce qu’ils font, et ça se voit.

Setlist: The Greater Good – Extinct – Night Eternal – Opium – Finisterra – The Last of Us – Abysmo – Breathe (Until We Are No More) – Alma Mater – Full Moon Madness

La foule se masse sous l’Altar pour le show suivant, mais… force est de constater qu’il y a du retard. Beaucoup de retard. Et nous apprendront plus tard que c’est à cause de gros soucis techniques que le concert d’Obscura sera écourté. Pourtant, les allemands n’ont pas démérités sur les quelques titres qu’ils ont pu effectuer sous des lumières difficiles, que ce soit Steffen Kummerer (chant/guitare) et ses hurlements qu’il couplera aux riffs effrénés de Christian Münzner (guitare), Jeroen Paul Thesseling (basse) et sa maîtrise impeccable de sa six cordes fretless, ou David Diepold (batterie) et ses frappes incroyablement précises. Les mélodies plus douces laissent aux membres la possibilité de poser rapidement sur leurs retours et de nous remercier, mais malheureusement les problèmes techniques les rattraperont… Messieurs, chapeau bas pour avoir tout de même donné une prestation folle.

La guerre se prépare sous la Temple pour l’arrivée de Marduk, qui n’a pas fait de prisonniers en alignant leurs riffs intransigeants les uns après les autres. Ceux qui ont déjà vu les suédois, et ils devaient être nombreux dans la fosse, savaient à quoi s’attendre avec ce Black Metal brut, mais les autres ont probablement été surpris par le chant aussi éraillé, direct et pourtant si propre de Mortuus (chant), le blast incessant de Simon Schilling (batterie) ainsi que les riffs martiaux de Morgan (guitare) et Lindholm (basse) qui encadrent le frontman. Celui-ci n’hésitera d’ailleurs pas à se placer sur ses retours ou à s’agenouiller au centre selon les passages, ne reprenant son souffle que lorsqu’il annoncera le titre suivant. Pas de pause (sauf problèmes techniques), pas de compromis, pas de quartier, la force de frappe de Marduk reste inégalée.

Deeds of Flesh prend la suite sous l’Altar avec la même efficacité, mais version Brutal Death avec des pointes de technicité. Les quatre musiciens seront assez peu mobiles, mais entre les cris et la basse grasse de Jacoby Kingston, les guitares cinglantes et épaisses de Craig Peters et Ivan Munguia, ainsi que les blasts massifs de Mike Hamilton, le show est très clairement assuré. Seul point négatif selon moi, des lumières un peu trop aveuglantes qui n’empêcheront cependant pas la foule d’être agitée comme s’ils n’avaient pas déjà quelques jours de festival dans les jambes, et de rendre hommage comme il se doit à Erik Lindmark pendant que les musiciens délivrent une prestation sans faille.

Rapide passage par la Valley où New Model Army est en train de livrer une prestation planante avec le son doux de son Post-Rock aux diverses influences. Du haut de leur quarante années d’expérience, les musiciens savent comment captiver la foule, qui répond présent à chaque refrain et chaque injective du vocaliste. Une légère pause douceur.

Les jambes se font lourdes, mais la journée n’est pas terminée, et c’est Enslaved qui va avoir la lourde tâche de clore la Temple. Mais les norvégiens n’en sont pas à leur coup d’essai, et c’est sans mal qu’ils parviendront à nous envoûter avec leur motivation et leur son planant, que l’on doit à l’alternance des hurlements de Grutle Kjellson (chant/basse) et des choeurs des autres membres. On notera également ces passages étranges au clavier joués par Håkon Vinje (clavier/chant) qui contrastent avec le Viking/Black Metal porté par Ivar Bjørnson (guitare/choeurs), Arve Isdal (guitare/choeurs) et Iver Sandøy (batterie/choeurs), mais les deux parties sont liées de manière très naturelle par la maîtrise du groupe, qui souffrira tout de même de quelques soucis de voix selon l’endroit de la fosse. Mais c’est le jeu, et les applaudissements finaux sont mérités.

Setlist: Isa – Jettegryta – Return to Yggdrasil – Caravans to the Outer Worlds – The Crossing – Havenless – Slaget i skogen bortenfor – (??)

Dernier groupe du soir, et pas des moindres, Decapitated va nous enfoncer son Death/Groove dans le crâne avec comme seul avertissement un “People of Hellfest!” lâché par Rasta (chant) avant que la déferlante ne frappe. Entre la guitare massive de Vogg, le martèlement de James Stewart (batterie) et la basse vrombissante de Pawe? Pasek, le show commence très bien avec ces riffs saccadés et ces musiciens qui savent parfaitement ce qu’ils font. Mais les lumières suivront le pas, et le moins que l’on puisse dire c’est que je ne sais pas où le chaos sera le plus intense entre la scène et la fosse. J’ai par moments eu du mal à entendre la basse, mais l’ensemble était très satisfaisant : les nouveaux titres passent très bien la barrière du live et les quelques anciens morceaux sont toujours aussi plaisants à entendre. Le groupe maîtrise son art, et le public lui mange dans la main.

 

Il est temps de dire au revoir au site du festival pour aujourd’hui, et de savourer les quelques heures de sommeil qu’il reste avant le début de la journée du lendemain, qui s’annonce plus complexe météorologiquement parlant. Quoi qu’il en soit, la journée était excellente, et le festival est loin d’être terminé !

Laisser un commentaire