Hellfest 2023 : Samedi 17 juin

Troisième journée du Hellfest, et la fatigue, c’est dans la tête (et surtout les pieds en fait) Mais peu importe, les groupes sont présents, et nous aussi ! Pas de répit pour les braves, car la journée sera également longue et pleine de rebondissements…

On commence avec une intro très disco offerte par Nature Morte, trio parisien de Post-Black Metal qui a très récemment annoncé la sortie de son nouvel album. Et si malgré la taille de la scène, les trois gaillards jouent relativement proches les uns des autres, ils ne se privent pas pour nous rouler dessus de bon matin, couplant une rythmique pesante à des hurlements fantomatiques sous un mix très propre. L’assemblée grandit peu à peu, observant Chris Richard (basse/chant) se déchaîner et donner de grands coups avec son instrument pendant que ses camarades restent plus mesurés, et c’est une tente plutôt bien remplie qui finira par les acclamer.

Rapide passage sous la Temple pour découvrir Pestifer, un nom que je vois passer depuis quelques temps, et qui surprendra avec son Death Metal Technique aussi précis qu’efficace, mené par Jérôme Bernard (chant) dont les hurlements bestiaux collent parfaitement à l’approche agressive des Belges. Le mix sera malheureusement parfois un peu brouillon, mais la fosse semble très réceptive à ces vagues de violence et d’efficacité travaillée entre deux remerciements. Un groupe à suivre.

Place à nouveau au Black Metal teinté de Death avec Hierophant, récemment annoncés eux aussi pour remplacer 1914 pour des raisons évidentes. L’entrée en scène est relativement sobre, les musiciens couverts de sang toisant une foule assez maigre, puis lorsque le coup d’envoi est donné, les riffs malsains nous clouent immédiatement au sol par leur puissance. Un mix hasardeux et pesant accompagne les italiens qui se démènent pour nourrir leur siège de la mort sous les hurlements massifs de Lorenzo Gulminelli (guitare/chant) qui, couplés aux quelques éléments de décor, rendent l’expérience extrêmement intense du début à la fin.

Retour sur l’Altar pour observer The Dali Thundering Concept retourner la fosse, comptant sur leur mélange moderne entre Metalcore, Djent, Prog et tout un tas d’influences Electro qui mettra à peine quelques instants pour faire l’unanimité dans le public. Au centre, Sylvain Connier (chant) harangue en permanence avant de se remettre à hurler juché sur son banc aux couleurs du groupe, puis il repart arpenter la scène pendant que les musiciens assurent une rythmique énergique, parfois coupée par des samples groovy accompagnés d’un “J’veux vois bouger, mosher ou même twerker mais bougez votre cul !” fort urbain. Le vocaliste nous remerciera même en nous dévoilant un nouveau titre, et tout ce que je vous dévoilerai à ce sujet, c’est qu’il va falloir se ruer dessus à sa sortie !

Petite pause douceur avec King Buffalo qui vient envoûter la Valley à l’heure du déjeuner avec ses sonorités planantes. Le trio semble totalement dans son monde, distillant des riffs psychédéliques aux influences Prog bien senties qui finira par ameuter une foule assez conséquente sous le soleil, profitant de la voix rocailleuse de Sean McVay (guitare/chant).

On continue la cure de vitamine D avec Evergrey qui investit la Mainstage 1 pour offrir au public clissonnais sa douceur contagieuse. Bien que très sombres, les paroles collent parfaitement à cette rythmique accrocheuse ainsi qu’à la voix unique de Tom Englund (chant/guitare), qui ne manque pas un seul instant pour s’approcher du bord de la scène avec une grimace ou deux, avant de rejoindre ses camarades ou son pied de micro pour lâcher un “vive la France !” entre deux titres. Les musiciens semblent tous être extrêmement heureux d’être là vu les larges sourires qui se dessinent sur leurs visages, et le groupe fédère sans mal l’assemblée sur tout le set.

Retour dans l’ombre avec Svalbard qui s’apprête à officier sous la temple avec une joie de vivre intense qui contraste avec la puissance pénétrante de leur Post-Black viscéral. Flashs lumineux et mélodies transcendantes se mêlent à des vagues de noirceur soutenues par les hurlements de Serena Cherry (guitare/chant), parfois accompagnés par ceux de Liam Phelan (guitare/chant), créant une véritable tornade aussi fascinante que saisissante. C’est un oui, et même un très grand oui. 

La pluie commence à arriver lorsque Loathe, la deuxième découverte du jour, montera sur scène pour offrir à l’Altar un Post-Metal planant et enivrant, mené par Kadeem France, un vocaliste incroyablement démonstratif et énergique. On se laisse facilement emporter par les vagues de douceur du groupe accompagnées de choeurs, mais également par leurs passages plus puissants, voire même extrêmement violents que choisissent les slammeurs pour s’élancer. Chaque musicien a une voix unique, et le groupe sait parfaitement exploiter cet atout pour rendre sa musique aussi intense que surprenante. Affaire à suivre.

C’est à nouveau vers la Temple que le public se masse pour accueillir Saor. Là encore, le son de la tente sert parfaitement l’atmosphère développée par le combo mené par Andy Marshall (basse/chant), qui semble être aussi heureux d’être de retour que nous, et même si le line-up a grandement évolué depuis leur dernier show ici, il est tout aussi efficace ! Les instruments folkloriques apportent une véritable touche de douceur au Black Metal Atmosphérique brute, donnant un relief incroyable aux compositions qui prennent vie sous nos yeux, laissant les musiciens se déchaîner tout en jouant. Si l’intégralité du set était parfait, on notera tout de même la délicatesse et la rage de Tears of a Nation, titre iconique du groupe qui n’aura pas manqué de mettre tout le monde d’accord.

On repasse sous l’Altar pour la distribution de claques orchestrée par Gorod, qui ne perd pas une seule seconde pour frapper fort. Je n’avais pas vu le groupe depuis quatre ans, et j’avais presque oublié à quel point le groupe est précis tout en alignant les riffs tous plus dévastateurs les uns que les autres sous les vociférations de Julien « Nutz » Deyres (chant), qui ne manque pas une occasion pour haranguer un public déjà bien chaud avant de repartir dans la violence. Les nouveaux morceaux semblent tout aussi bien reçus que les plus anciens, et c’est le sourire au lèvres que le groupe les joue.

Nouveau clash, nouveau choix stratégique, et me voici devant les illusionnistes tunisiens de Myrath. Pourquoi magiciens ? Parce que c’est plus ou moins par magie qu’apparaît Zaher Zorgati (chant), visiblement invoqué par une danseuse du ventre. Il sera rapidement rejoint par Malek Ben Arbia (guitare) qui ne manque pas de se mettre en avant pour placer ses parties leads avant que des jongleurs de feu ne viennent apporter une touche visuelle au spectacle, secondés en arrière-plan par une danseuse du ventre. Si pour moi l’expérience cessera rapidement, le public semble ravi, et c’est tout ce qui compte.

On repart un moment dans le Metalcore énergique de Born of Osiris, dont le dernier album avait peiné à me convaincre, mais en live c’est tout autre chose ! Ronnie Canizaro (chant) et Joe Buras (claviers/chant clair) se relaient naturellement tout en haranguant la fosse pendant que les guitaristes jouent en duo avant de se séparer pour couvrir toute la scène, et le groupe ne s’autorise aucun temps mort ! Il va sans dire que la fosse est très réactive, recrachant parfois quelques slammeurs alors que les américains enchaînent déjà sur le titre suivant, et à nouveau chacun y trouvera son compte !

Le soleil m’accompagne de nouveau pour l’arrivée d’Earthless sur la Valley, qui vient électriser la fin d’après-midi avec un son psychédélique joué par des musiciens motivés et qui s’abandonnent totalement à leurs riffs pour un public passionné. La dissonance massive se lie aux influences Stoner ainsi qu’à des éléments plus aériens pour laisser le chant d’Isaiah Mitchell (guitare/chant) donner du relief aux harmoniques entêtantes du groupe, visiblement aussi appréciées que la rythmique solide et accrocheuse.

Retour sous une Altar bondée pour l’arrivée de Lorna Shore, que l’on ne présente plus. Si je devais résumer ce concert en un mot, “maîtrise” semblerait être le terme le plus adéquat, tant le groupe tient ses promesses, proposant des riffs toujours plus épiques et imposants, accompagnés par les hurlements monstrueux de Will Ramos (chant) qui fera taire tous ses détracteurs tant il sait gérer sa voix, autant dans les graves que dans les aigus. Un seul mouvement de la part du vocaliste, et c’est la tente entière qui réagit, que ce soit en hurlant, en slammant, en moshant… Je savais que ce concert serait l’un des plus puissants de tout le festival, mais je n’imaginais pas que ce soit à ce point !

Faun continue à alimenter l’ambiance Folk avec des riffs enjoués faits d’instruments folkloriques mélodieux ou percussifs, créant ainsi une véritable cohésion, à la fois sur scène que dans la fosse, déjà bien remplie. Si pour ma part je suis assez peu réceptif à ce genre guilleret et entêtant, je constate tout de même que les musiciens sont extrêmement complices, et que leur joie de vivre est très communicative !

Bien que ne faisant pas partie de la liste des heureux élus (et n’ayant aucunement l’intention d’y figurer), je cours rapidement vers les Mainstages, où Iron Maiden termine la deuxième partie de son show devant une fosse remplie de fidèles de tous âges qui chante les refrains en choeur avec Bruce Dickinson (chant), qui n’hésite jamais du haut de ses 64 ans, à courir, sauter, chanter avec une justesse incroyable, haranguer la fosse, et vivre tous les happenings qui peuplent les morceaux. Une leçon de vivacité !

Il est temps de prendre un shoot d’adolescence avec Within Temptation, qui prouve sans mal que leur réputation n’est pas usurpée avec un show majestueux qui met bien entendu à l’honneur la frontwoman Sharon den Adel (chant) au centre sur son piédestal, mais également les guitaristes, qui se démènent tout autant pour assurer le show. La setlist met bien entendu les dernières productions du groupe, y compris ce que le groupe annonce comme un titre inédit, et le public savoure chaque seconde du concert, mais pour ma part c’est une autre aventure qui m’attend.

En arrivant une demie-heure à l’avance, je pensais sans mal pouvoir apprécier le concert de The Hu sous la Temple, mais j’y ai découvert une tente plus remplie que jamais, dans laquelle je n’ai absolument pas pu faire un seul pas, malgré une dizaine de minutes de tentatives. Par la suite, Raven a pu vaillamment passer par l’Altar pour assister de loin à leur performance, qu’elle m’a décrite comme extrêmement fédératrice et ovationnée par le public à chaque fin de morceau, avec notamment une queue qui allait sans mal jusqu’à l’entrée du festival, située à plusieurs dizaines de mètres, et qui ne désemplissait pas, allant même jusqu’à tenter de slammer ou de bouger autant que possible. Nous nous accordons tous les deux pour dire qu’il aurait été préférable de les voir en plein air.

Pour ma part, j’ai choisi de me rabattre sur Clutch, dont le nom m’est évidemment familier, et qui joue un Hard Rock aux diverses influences, et qui compte tout de même ses fidèles malgré l’affluence de la tente. Seul au centre, Neil Fallon (chant) mène le show, timidement suivi par des musiciens très en retrait, mais le charisme de l’homme suffit à motiver la foule qui s’agite gentiment, et nous enverra tout de même quelques slammeurs, avant d’acclamer la performance. 

La soirée prend fin avec un show de Meshuggah relativement chaotique avec des lumières explosives, un son haché et piétiné par la batterie, mais surtout une sécurité débordée par les slammeurs, empêchant toute entrée des photographes dans le pit. Pourtant, la fosse semble apprécier et moshe joyeusement sous les riffs saccadés au mix délabré, de même que le chanteur qui nous gratifiera d’un “It’s fucking great to be back here!”. J’ai abandonné après vingt minutes à rester immobile, en espérant une prochaine expérience plus convaincante.

Malgré une fin de journée en demi-teinte, une fatigue omniprésente, et l’arrivée (prévue) de la pluie, cette troisième journée était pleine de surprises et de confirmations ! Le quatrième et dernier jour du festival n’est plus qu’à quelques heures, que nous mettons à profit pour nous reposer comme nous pouvons.

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