Interview : Antropofago

Pour la sortie de A Propensity for Violence… Cruelty Enslavement, leur troisième album, j’ai pu poser quelques questions à Gordon Huillery, guitariste rythmique et fondateur du groupe Antropofago, ainsi qu’à Clément Roig, guitariste soliste du groupe.

Chronique de A Propensity for Violence… Cruelty Enslavement

English version?

Tout d’abord bonjour et merci à toi de prendre un peu de ton temps pour mes questions ! Est-ce que tu pourrais nous présenter rapidement Antropofago avec tes propres mots ?
Gordon Huillery (guitare) : Bonjour et merci à toi ! Antropofago est un groupe de Brutal Death Tech de Montpellier. J’ai eu le projet de monter mon propre groupe quand je suis descendu dans le sud en 2007. J’ai constaté qu’il n’y avait aucun projet auquel me greffer. Avant j’étais toujours le “second guitariste”. Je faisais mon job mais je composais quelques riffs et rien de plus. On a lancé officiellement Antropofago le 1er janvier 2010, quand on a sorti la démo. Depuis, on a fait trois albums et deux EP. Et une pelleté de concerts un peu partout.

Comment a été choisi le nom du groupe ?
Gordon : En fait, j’en avais marre des noms en anglais. J’ai voulu un nom plus original. Bon à l’arrivée c’est cliché à mort mais au moins c’est pas anglais et ça fonctionne dans pas mal de langues. 

Votre nouvel album, A Propensity for Violence… Cruelty Enslavement, est sur le point de sortir, est-ce que vous êtes satisfaits du travail accompli sur cet album ?
Gordon : Le son est massif, les compos sont cools et c’est l’album le plus violent qu’on ait sorti jusque là. J’ai exploré des nouveaux trucs au niveau de l’accordage aussi. Après je suis encore dans la période ou j’ai tellement bossé dessus que je ne peux plus l’écouter pour l’instant. Mais je ne lui vois pas de titres “remplissage” ou “faiblard”. 

L’album est un peu spécial, puisqu’il est composé des six titres de votre dernier EP, ainsi que de quatre nouveaux morceaux. Comment ont été composés ces morceaux ? Est-ce que ça change de d’habitude ?
Gordon : C’est une arnaque, tu peux le dire! HAHA ! On avait idée de ressortir cet EP en physique vu qu’il était sorti qu’en digital mais pas sans bonus sinon c’était moyen. Je bossais sur le futur album et il me restait des compos très violentes que je ne pouvais pas mettre dessus, donc on a décidé avec Clément (Clément Roig, guitariste soliste, ndlr) d’en choisir 4. Ça fait un album de quasi 45 minutes, j’ai au moins l’impression de ne pas arnaquer les gens. Et ces 4 inédits sont des boucheries. C’est à la fois plus bourrin que notre moyenne et en même temps j’ai intégré des riff très lourds à la limite du Slam, avec des parties plus aérées. 

Comment se sont passés l’enregistrement, ainsi que les étapes de mix/mastering ?
Gordon : On a fait comme d’ habitude, j’ai enregistré et réampé toutes les guitares sauf les solos chez moi. Ces solos ont été enregistrés par Clément et un ami du groupe, Alexis Blanc. La basse a été composée et enregistrée par Alexis Ruinier, le premier bassiste du groupe. Clément a mixé l’album dans son studio (l’Onyx Studio) et le mastering a été fait par Geoffroy Lagrange du Paradise Studio.
Clément Roig : Tout s’est fait à distance, de la composition jusqu’au mastering. On a l’habitude de bosser comme ça et ça se fait sans problème. Ça demande juste un peu d’organisation pour tout récupérer proprement. En tant qu’ingé son et responsable du mix de cet album, ça a été bien plus rapide et fluide que pour le précédent EP, époque où je me cherchais encore. Je commence à avoir mes habitudes pour mixer Antropofago (ou du Death Metal de manière générale) et je sais ce qui plaît à Gordon (généralement ça me plaît aussi : ça tombe bien !). On a très vite validé la direction que prenait le mix et je n’ai pas eu de grosses retouches à faire. C’est généralement bon signe quand un album prend vie spontanément à mon avis ! 

Tant qu’on parle de changement, peux-tu revenir sur les récents changements de line-up ? Je pense notamment au départ de Trivette du poste de chanteur, remplacé par Eris Capdeville, et l’arrivée de Théophile Cabaret à la batterie.
Gordon : C’est un peu le chaos dans Antropofago depuis 2016. On a eu à la suite le départ de notre Vincent (batterie), de Melmoth (chant) et Alaric (basse). Ça nous a mis un gros stop. On a retrouvé un batteur (Flo) puis on a eu 2 chanteurs (Aurélie qui officie désormais dans Akiavel puis Nicolas) pendant deux ans. Mais au final ce line-up n’a pas tenu.
Ensuite on s’est concentrés sur le studio. J’ai vu que Trivette cherchait à intégrer un projet, je l’ai donc contacté. Il a été partant dès qu’il a écouté les morceaux. Mais c’était que pour le studio et il nous fallait un chanteur live et surtout trouver un batteur. On a auditionné un batteur du coin qui finalement n’avait pas le niveau, mais il nous a mis en contact avec Éris donc du coup c’était positif. Et Éris a ramené Théophile à la batterie qui a une base technique très solide. Énorme potentiel. Pour l’instant on travaille sans bassiste, on en a de session pour les albums. 

Qu’est ce que ça implique de changer de membres au sein d’un groupe ? Surtout le poste de vocaliste, et donc frontman.
Gordon : Antropofago fonctionne simplement en fait au niveau des musiciens. Tout est écrit sur Guitar pro, je donne les fichiers, la personne bosse et en répète on joue direct. On ne compose jamais en repet. Mais au niveau du chant on a fait un grand écart entre Melmoth qui vient du Black, Trivette qui est un pur produit Brutal Death et Eris qui vient plutôt de la scène Core. Trois personnalités très différentes mais très agréables de travailler avec. Eris a fait deux des titres bonus et Trivette tout le reste. J’ai été ravi de collaborer avec Trivette, il est énorme. Une voix terrible. Eris apporte de la variation au chant. 

Revenons un peu sur les nouveaux morceaux, j’ai senti quelques pointes de Grind, voire même de Slam sur les deux derniers, quelles ont été vos influences pour ces titres ? Est-ce que vous avez des influences autres que musicales ? Que ce soit au niveau cinéma, littérature…
Gordon : Sur ces morceaux je dirai Gorgasm ! Violent, droit, efficace. Vraiment une volonté d’être agressif. Les tempos sont les plus rapides qu’on ait eu jusque là. Gros challenge. Et intégrer des riffs Slam et Grind c’était une volonté d’évoluer, de ne pas refaire toujours les mêmes choses. Niveau influences hors musicales, non, rien de tout ça ne m’inspire pour Antropofago.

Le groupe a déjà plus de dix ans, est-ce que tu as remarqué des changements au niveau de la scène Death Metal ? Et au niveau de la scène Française plus particulièrement ?
Gordon : Ça joue nettement mieux qu’avant !! Nous y compris… Notre premier album n’était pas basique mais nettement en dessous techniquement. On a réussi à monter notre niveau tout en gagnant en maturité et garder notre côté punchy old school. Après je trouve qu’il y a moins de groupe de Death Tech en France, la scène s’est pas mal épurée. Mais ce qui reste est de qualité. Le Old School revient en force et c’est pas mal du tout. Et la scène Slam/Core qui explose. Ça évolue, c’est bien. 

Je sais que le Covid-19 a foutu en l’air pas mal de choses en 2020, comment est-ce que vous voyez 2021 en tant que groupe ? Est-ce que vous avez déjà des plans, pour la promotion de l’album par exemple ?
Gordon : Ah ça… très bonne question. Le but est de se préparer aux concerts. Tant qu’on sera bloqué on bossera au maximum pour le futur album qui est déjà bouclé au niveau de la batterie et des guitares. Ça sera un album très ambitieux donc on va prendre le temps de le faire et du temps… on en a malheureusement. 

D’ailleurs, comment avez-vous vécu les deux confinements et les périodes de restrictions en tant que groupe ?
Gordon : Ah ben personnellement très bien, je bosse dans le transport alimentaire donc j’ai eu de quoi m’occuper ! Par contre, ça nous a freiné pour former Théophile. On va garder le positif et se dire que le prochain album avance énormément. 

Quels sont tes hobbies dans la vie, musique mise à part ? Quel choix de carrière aurais-tu fait si la musique n’avait pas été aussi importante dans ta vie ?
Gordon : Je joue un peu à la console, j’essaie de me maintenir en forme . Je me lève très tôt pour le boulot donc ça limite pas mal les activités annexes. La musique n’a jamais influencé ma carrière, ça a toujours été un équilibre dans ma vie surtout. Journée de travail, bosser la guitare, composer, enregistrer. Je compose beaucoup trop d’ailleurs… 

Quel était le tout premier titre de Metal que tu aies écouté ? Quel est celui qui t’a fait penser “je veux créer un groupe et jouer sur scène” ?
Gordon : Hit the Light de Metallica. cette montée… énorme choc. J’écoutais pas vraiment de la musique avant ça. C’est arrivé tard, je devais avoir 15 ans. J’ai commencé la guitare à 17 ans. J’ai galéré, je suis mauvaiiiiiiiiis de base. Aucune facilité avec l’instrument… J’ai mis 3 ans à savoir jouer quelques trucs. Il n’y avait pas Internet et Guitar pro, on achetait les tablatures d’albums complets. Et vu que j’ai zéro théorie… j’en ai chié. Mais avec beaucoup de travail je pense que je m’en suis pas trop mal sorti. 

Qu’est ce qui te plaît autant dans le Death Metal ?
Gordon : La variété du style. On peut tout faire ! Du lent, du rapide, du technique, coller un riff groovy, des arpèges… Je colle de temps en temps un riff black , ça passe tout seul…

Et si je te demandais de comparer la musique d’Antropofago avec un plat français ? Lequel choisirais-tu et pourquoi ?
Gordon : Cassoulet. C’est gras, c’est lourd, on en met partout et ça laisse des traces… 

Quelle est ta meilleure et ta pire expérience en tant que musicien ? Est-ce que tu as un regret avec Antropofago ?
Gordon : Pire expérience c’est se faire chier dessus après avoir quitté un groupe. C’est jamais agréable. Après bon, je ne suis pas la plus flexible des personnes…
La meilleure a été de faire la première partie de Sepultura et le Metaldays en 2015. Vraiment une étape importante. On était là, présent au sein de la scène Death Tech. Sans être un gros groupe évidemment, mais pris au sérieux. Je n’en demande pas plus. 

Dernière question : avec quels groupes aimerais tu tourner ? Je te laisse créer une tournée avec Antropofago et trois autres groupes !
Gordon : Je vais tricher un peu ! On va faire une tournée française et une tournée mondiale.
En tournée française : Benighted / Gorod / Exocrine / Antropofago
Tournée mondiale : Nile / Hate Eternal / Cattle Decapitation / Antropofago
Je pense que la finesse serait totale… 

C’était la dernière question pour moi, à nouveau un grand merci à toi pour ton temps, je te laisse les mots de la fin !
Gordon : Merci pour cet entretien, ça fait du bien de ressortir un album, l’artwork est magnifique et on a hâte d’aller le défendre sur scène ! A bientôt !

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