Interview : Primal Age

Primal Age revient sur le devant de la scène avec Masked Enemy, son nouvel album ! Pour l’occasion, Dimitrix (basse) a répondu à quelques-unes de mes questions

Chronique de Masked Enemy

Bonjour et tout d’abord merci à vous de prendre le temps de répondre à mes questions ! Comment présenteriez-vous le groupe Primal Age à quelqu’un qui n’a jamais entendu parler de vous ?
Dimitrix (basse) : Salut à tous. On fait une musique alliant la puissance du Metal à l’énergie et la rage du Hardcore depuis presque 3 décennies.

Votre nouvel album Masked Enemy est sur le point de sortir, comment vous sentez-vous ? Est-ce que vous êtes fiers du résultat ?
Dimitrix : Au plus haut point. On n’a jamais fait mieux que ce skeud. De plus ça a sûrement été le plus difficile à mener à son terme. Donc aussi bien pour le parcours que le rendu final, on a tiré le meilleur des moyens à notre disposition.

Comment s’est passé le processus de composition de l’album ? Qu’est-ce qui a changé depuis les premières productions ?
Dimitrix : Avec Didier au chant je suis le seul membre fondateur du groupe. J’ai voulu amorcer les nouvelles compos car Ben et Flo aux guitares n’avaient jamais composé pour le groupe et ce n’est pas forcément évident de choper la « patte » PxA (Primal Age, parfois abrégé en PxA, ndlr). J’avais de quoi faire un MCD mais pas un album. Quand on en fait un on ne veut aucun morceau de remplissage, on veut valider toutes les compos. Par chance Flo qui a plus que moi cette capacité à orienter sa composition a écouté et s’est mis en action au-delà de mes espérances. On a super bien collaboré pour amener des titres cohérents et qui se complètent pour donner du relief à cet album. Je m’occupe comme toujours de l’écriture des textes et de placer le chant. Ce qui a été différent c’est qu’il a fallu faire l’essentiel à distance. J’avais pu aller chez Didier pour maquetter 4 titres, le reste j’ai fait ça chez moi avec mon tél avant de lui envoyer.
La principale difficulté est qu’entre le début du projet il y a presque 4 ans et le studio, il y a eu pas moins de 5 batteurs et on est restés au point mort un bon moment. Heureusement, Rudy (Explicit Silence), qu’on connait bien et qui savait qu’on ne s’en sortait pas, s’est proposé. Il a amené exactement la batterie qu’on avait en tête Flo et moi en composant les morceaux. Ça a été un vrai bonheur que de bosser avec lui car à ce moment-là tout s’est accéléré. Avec Flo nous étions sûrs de nos compos mais ça ne prenait pas forme avant que Rudy ne nous sorte du sable.

L’album a été dévoilé avec le morceau The Devil is Hidden in Shadow, pourquoi avoir choisi ce titre ? Quelle est son histoire ?
Dimitrix : A vrai dire on aurait pu en choisir un autre, mais c’est peut être celui qui est le plus proche de la couleur générale de l’album. De plus sur certains morceaux on avait quelques idées d’arrangements, des détails à voir au stud alors que Devil était abouti depuis un moment, on savait ce que ça allait donner.

Quelle est la signification de la pochette, et son lien avec la musique de l’album ?
Dimitrix : On bosse depuis longtemps avec Greg de Visual Injuries qui connaît donc bien l’univers PxA. Il s’est dit inspiré par les textes et a avec très peu de consignes de notre part apporté un super visuel. Cet aspect a beaucoup d’importance pour nous, il faut que l’album soit une réussite à tous les niveaux. On a tous validé à l’unanimité le taf de Greg.

Primal Age a été l’un des pionniers du Metalcore en Europe, comment conservez-vous la rage et l’énergie de ce mélange musical après toutes ces années ?
Dimitrix : C’est exactement la musique qu’on veut faire, sans tenir compte des modes… Si les titres nous battent, c’est le seul critère pour nous pour enregistrer. Bien sûr on espère qu’ils vont faire écho auprès du public. Toutes les critiques sont jusque là excellentes donc on est confiants, mais on n’avait aucun doute à mesure que ça prenait forme au stud. La rage et l’énergie est une marque de fabrique de notre son. Didier, même si on sait qu’il n’aime pas le studio, se sort les tripes à chaque fois pour donner le meilleur. Il nous a encore épatés sur cette session.

Qu’est-ce qui vous inspire pour composer et écrire les paroles ? Est-ce que vos influences ont changé avec les années ?
Dimitrix : L’écriture me vient assez naturellement et les sujets de réflexion ne manquent pas. Après c’est comme pour les musiques, il faut trouver un peu de variété et ne pas écrire 10 mêmes textes. L’idée est de garder en fil rouge la protection animale et de l’environnement, toujours abordée sous un angle différent des précédents skeuds. Après forcément tu évolues entre 20 et 50 ans, enfin j’espère.

Depuis sa création, le groupe a toujours affiché ses valeurs. Pensez-vous qu’il est important pour un groupe de prendre position pour une cause, quelle qu’elle soit ?
Dimitrix : Non chacun fait ce qu’il veut. La musique est un véhicule très efficace pour faire avancer des idées. Les textes sont un bon moyen d’expression, et perso j’aime amener du fond, susciter la réflexion en me servant de ce support.

Quelles sont les valeurs que vous souhaitez transmettre à travers votre musique ?
Dimitrix : Depuis le début, la protection animale et de l’environnement sont au cœur de notre musique. Même si les consciences évoluent lentement, aujourd’hui tout le monde a entendu parler du véganisme par exemple.

Vous faites partie des vétérans de la scène française, comment avez-vous vu votre scène changer au fil du temps ? Pensiez-vous que votre aventure musicale durerait aussi longtemps ?
Dimitrix : Tu ne sais jamais ce que ça va donner. Il y a eu des départs pour cause familiale, professionnelle, orientation musicale ou affinités, des phases de doute et de découragement. Il a fallu une grosse dose de passion pour surmonter tous ces obstacles. L’idée est de ne pas avoir de regrets quand ça va s’arrêter. Bien sûr que la scène a changé comme tout ce qui nous entoure. Ça peut irriter de voir des groupes qui en ont fait 10 fois moins que toi mais ont une bonne visibilité sur les réseaux sociaux vouloir te passer devant. Quand on a débuté on avait le respect des groupes qui ont ouvert la voie et jamais on n’aurait accepté de jouer après eux par exemple. On avait le sentiment de faire partie de quelque chose de différent. Sans doute un propos de vieux con mais j’assume avoir du mal avec les comportements de divas dans cette scène.

Vous venez de Normandie, un endroit dont on entend assez peu parler niveau musique. Que pouvez-vous nous dire sur la scène Normande, que ce soit Hardcore ou Metal ?
Dimitrix : Il y a bien sûr plein de groupes mais pas tellement de lieux décents pour organiser de bons concerts. On passe vite de la salle de musiques actuelles au café concerts de 30 mètres carrés. Pour faire un groupe comme le nôtre, on a presque toujours eu besoin de faire une ou deux heures de route pour se voir.

Comment avez-vous vécu la crise du Covid-19 en tant que groupe ? Est-ce que les différentes périodes de confinement et restriction ont eu un impact sur Masked Enemy ?
Dimitrix : Comme je te disais on est éloignés et il a fallu bosser à distance. Heureusement tous les textes étaient prêts depuis 3 ans et 90% de la zique avant le premier confinement. Il y a eu l’incertitude de pouvoir aller en studio et on n’a pu faire qu’une répète au complet avant d’enregistrer. En réalité le plus frustrant a été cette impossibilité de jouer ensemble et là le manque de concerts. On n’en peut plus d’attendre de pouvoir présenter nos nouveaux morceaux au public.

Est-ce que vous avez déjà des plans pour l’avenir du groupe après la sortie de l’album, malgré l’incertitude ambiante qui règne ?
Dimitrix : On doit avoir 5 ou 6 bonnes dates sur 2022, d’ici là ça semble compliqué. On espère toujours un déblocage mais ce n’est pas vraiment la tendance.

Par le passé, vous avez tourné dans des pays dont la culture est très différente de la France, comme le Mexique, le Japon et le Brésil. Comment avez-vous choisi ces pays ?
Dimitrix : Ouais c’est génial d’avoir cette opportunité de traverser le globe avec ta musique.  Pour le Mexique on nous a sollicités. Le Japon et le Brésil faisaient partie d’un projet plus global sur plusieurs années et partant du split album qu’on a fait avec Mostomalta (Arg) et Cherish (Jap). Initialement on prévoyait de sortir en compagnie de Loyal to the Grave pour le Japon, mais ils venaient de sortir un album et les argentins de Nueva Etica. Ils ont splitté et on est parti avec Mostomalta, le nouveau groupe d’un des chanteurs de Nueva. Après le Japon (un pays dans lequel on a toujours été bien distribués), on s’est penchés sur la tournée en Amérique latine. Au niveau logistique ça s’est avéré compliqué et on n’a gardé que le Brésil pour tourner avec nos vieux amis de Confronto.

Comment se sont passées ces tournées ? L’accueil a-t-il été différent des concerts en France ou en Europe ?
Dimitrix : Le Mexique était à part car nous étions à chaque fois en tête d’affiche de fest qu’avec des groupes de Black Metal, un peu curieux. Les endroits dans lesquels on est allés, l’orga… tout était un peu chaotique mais ça reste une grosse expérience. Au Japon et au Brésil on a franchement connu de grosses ambiances, un super accueil, plein de bons souvenirs. C’est forcément dépaysant d’aller à la rencontre de cultures très différentes. Sur une date au Brésil on aurait pu finir le concert dans la rue.

Préférez-vous jouer dans des petites salles ou sur des grandes scènes, comme en festival ?
Dimitrix : Les 2 sont bien à faire, du moment qu’on a un minimum de place pour bouger sinon c’est frustrant. Être au Hellfest c’est magique avec toutes ces légendes mais tu as un peu plus de pression. Sur des petits concerts, tu peux avoir des ambiances de ouf.

Est-ce que vous avez un morceau “favori” sur ce nouvel album ? Ou un qui vous parle plus que les autres ? Même question dans toute la discographie du groupe !
Dimitrix : Franchement je les aime tous, après on a toujours des préférences et on n’est pas tous en accord à ce sujet. J’ai pour ma part 2 favoris : Passion vs Fashion et Two Heads Monster. Depuis les débuts du groupe on a un titre qui a été joué à tous les concerts, c’est Blinded by Cruelty qu’on a d’ailleurs décidé de réenregistrer pour ce nouvel album. C’était notre morceau favori et on a constaté avec joie qu’il se fondait parfaitement dans ce nouvel album, ce qui est un bon signe.

Comment avez-vous découvert l’univers Metal/Hardcore ? Quel a été le premier morceau de cet univers que vous avez écouté et apprécié ?
Dimitrix : Je crois que je devais avoir 10 piges quand j’écoutais Mötorhead, je chantais Ace of Spades en yaourt. Je sais que Didier était déjà batteur de Metal à 14 ans avant de passer au chant. Il écoutait du Venom. C’est un ami à lui qui lui a fait découvrir des groupes comme Led Zeppelin, Deep Purple et surtout AC/DC en 79. 

Comment s’est passé la première fois où vous avez joué d’un instrument ?
Dimitrix : Je me suis démerdé à trouver les lignes de basse à l’oreille pour jouer dessus, ça devait être Guns of Brixton des Clash. Je me suis dit que ce n’était pas la peine de me coltiner du solfège et qu’on pouvait s’en sortir pour ce que je voulais faire.

Quels sont vos hobbies, musique mise à part ? Est-ce que vous arrivez à vivre de votre musique ?
Dimitrix : Loooooooool absolument pas, ça nous a coûté un max de faire ce groupe, malgré des rumeurs de cachets qu’on n’a jamais connus. On ne le fait pas pour ça, si on arrive aujourd’hui à financer des projets avec la caisse du groupe c’est déjà le bout du monde. Pour ma part je suis à fond dans le sport dont j’ai fait mon métier depuis plus de 20 ans. Ça fait partie de mon équilibre. Pour d’autres ce sont les enfants, le dessin…

Qu’est-ce que vous aimez dans votre musique que vous ne retrouvez pas chez les autres groupes ?
Dimitrix : Difficile, je dirai que dans les albums des groupes que j’adore il y a souvent 3 ou 4 bombes et pas mal de morceaux de remplissage. Nous enregistrons assez peu par rapport à la longévité du groupe mais on est fiers de tout. Sur ce dernier skeud, un titre prévu n’a pas fait l’unanimité et a fini à la poubelle.

Quelle est votre meilleure et votre pire expérience en tant que musicien ?
Dimitrix : Le meilleur pour moi est le BloodAxe fest à Tokyo car c’était mon rêve de jouer là-bas et je ne pensais pas que ça deviendrait réalité. Le pire… c’est plus difficile car j’évacue en général le négatif. Sur le nombre il y en a forcément un petit paquet. Peut-être un concert en Belgique sur lequel on n’a pas pu jouer. L’orga était absent et le groupe qui jouait ne prêtait pas sa batterie. On a bouffé une frite et on s’est cassés.

Dans quel état d’esprit êtes-vous lorsque vous jouez sur scène ?
Dimitrix : C’est en général une grande joie. C’est ce qu’on aime le plus. C’est génial le studio, mais ça reste une étape pour aller jouer et partager tes morceaux. Quand la mayonnaise prend c’est des sensations uniques.

A quelle recette (végétarienne ou vegan) pourriez-vous comparer la musique de Primal Age ?
Dimitrix : Lol. Un bon rôti de seitan aux petits légumes, bien cuit et bien homogène comme nous le sommes sur scène !

Dernière question : avec quels groupes rêveriez-vous de tourner ? Je vous laisse créer deux tournées, une 100% française et une internationale avec Primal Age !
Dimitrix : La tournée française ce serait plus avec des potes car il n’y a pas de groupe qu’on adore avec lequel on n’a jamais joué, à part Gojira. On a eu cette chance d’ouvrir pour quasi tous les groupes qu’on aime, sauf deux : Sick of it All (même si notre zique est assez éloignée maintenant) et Machine Head. J’adorerai faire une petite tournée avec Napalm Death.

Merci encore d’avoir pris du temps pour mes questions ! Je vous laisse le mot de la fin !
Dimitrix : Un grand merci pour le soutien. On a hâte de jouer live les nouveaux morceaux.

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