Interview : Alda

Pour la sortie du quatrième album d’Alda, A Distant Fire, Michael Korchonnoff, le chanteur et batteur du groupe, a répondu à quelques questions à propos de leur art.

Chronique d’A Distant Fire

English version?

Bonjour et tout d’abord, merci de m’accorder de ton temps ! Pourrais-tu s’il te plaît vous présenter le groupe Alda et toi avec tes mots ?
Michael Korchonnoff (chant/batterie) : Alda est une collaboration créative entre Tim Brown, Jace et Steph Bruton, et Michael Korchonnoff (moi-même). Nous créons de la musique et tissons des idées ensemble depuis quatorze ans, et nous espérons continuer à faire ça pendant les années à venir. 

Que signifie le nom Alda pour toi ?
Michael : “Alda” est un mot que Jace a découvert dans le glossaire du Silmarillion de J.R.R. Tolkien et qui signifie simplement “arbre” dans l’une des langues inventées de Tolkien. Nous l’avons choisi parce que nous avons aimé sa simplicité, mais aussi pour sa référence à la croissance, l’émergence et la nature. Depuis, nous avons appris que c’est également un mot en ancien norrois qui signifie “ancien”, ce qui fonctionne bien pour nous. Pour nous, le nom est venu pour représenter toutes les passions et les intentions que nous dirigeons dans notre musique, tout comme le lien interpersonnel qui crée cette musique.

Votre nouvel album A Distant Fire est sur le point de sortir, comment vous sentez-vous à ce sujet ? Est-ce que vous êtes satisfaits de ce que vous avez accompli avec cet album ?
Michael : De manière générale, nous en sommes très fiers, mais quand tu es investi aussi profondément dans un processus créatif, ça peut être difficile de regarder ça objectivement. Nous sommes conscients de nos forces et de nos défauts dans cet album, mais nous avons vraiment hâte de pouvoir le partager avec nos fans, et quiconque voudra l’écouter.

Que peux-tu me dire par rapport au processus de composition ? Comment s’est il passé ? Était-il différent de vos précédentes productions ?
Michael : Le processus de composition a débuté à l’été 2018, quand nous avons écrit le titre Stonebreaker, qui figure sur l’album. A cette époque, nous venions juste de nous remettre dans une ambiance d’écriture et de répétition, après quelques années de mou qui ont suivi quelques bouleversements dans nos vies. Après être revenus de notre tournée en Europe en 2018, nous avons eu une sorte de vigueur renouvelée pour recommencer à écrire de la musique. Le reste de l’album a été écrit entre l’hiver 2018 et l’hiver 2019, et c’était une intense période de répétitions et d’écriture pour nous. C’est l’une des périodes les plus disciplinées et aventureuses musicalement parlant que nous avons vécu, et nous avons cherché à repousser nos limites en tant que compositeurs, et à créer des morceaux qui seraient plus stimulants pour nous à jouer que nos précédents travaux.

Quelle est l’histoire, ou le concept derrière cet album ?
Michael : A Distant Fire conceptuellement parlant raconte une histoire à propos de l’humanité qui traverse les ténèbres jusqu’à une lumière distante. Cet éclat de lumière permet l’unique illumination pour illuminer le chemin sur lequel nous sommes, mais nous ne savons bien sûr pas si c’est la lumière de l’aube qui va nous accueillir ou si celle de l’enfer va nous détruire lorsque nous allons arriver. C’est une métaphore concernant le processus de navigation dans un présent apocalyptique et un futur inconnu.

Le son du groupe est à la fois brut et prenant, que pourriez-vous nommer en tant que les inspirations du groupe pour créer votre propre univers ?
Michael : C’est une combinaison des inspirations qui proviennent de notre alchimie artistique, en tant que vieux amis qui font de la musique ensemble, cette inspiration qui vient de la musique que nous aimons, et l’inspiration qui provient de nos expériences dans la nature. Il y a beaucoup de choses qui sont imbriquées dans notre inspiration.

J’ai senti des racines glaciales et proches de la nature dans l’album, quelle est votre relation avec la nature ?
Michael : Notre relation avec la nature est l’une des choses les plus importantes qui guident notre musique. Nous tirons tous de l’inspiration du fait d’être dans la nature, et Jace en particulier, il a été chasseur et il a travaillé en plein air pendant de nombreuses années, et il tire beaucoup d’inspiration de sa période dans les profondeurs de la forêt. La destruction de la nature par l’Homme, et les grands problèmes tels que l’extinction de masse et le changement climatique sont des sujets qui se reflètent jusqu’à l’écriture de notre musique.

Je pense personnellement que le morceau qui représente le plus l’artwork est Forlorn Peaks. Quelle était la ligne directrice pour l’album ? Quel est son lien avec votre musique ?
Michael : Jace a designé le concept pour l’artwork et les illustrations à l’intérieur de l’album, et les peintures ont été créés par notre ami Craig Strother. Le squelette humain sur la pochette suit le pattern de “memento mori” qui peut également être trouvé sur les pochettes de Tahoma et Passage, ce qui représente notre mortalité et futilité possible de l’effort humain. Le paysage dépeint dans sur la pochette est inspiré des endroits que Jace a visités pendant ses longs voyages de chasse et de camping, et la fumée et le feu en arrière-plan représentent la dévastation prochaine qui arrivera dans le monde naturel (et dans le monde humain) dans les prochaines années.
Je peux voir les associations faites entre la pochette et le morceau Forlorn Peaks, mais la pochette est destinée à représenter l’album dans sa totalité, plus que des morceaux individuels. Cependant, il y a des morceaux de chaque titre qui sont représentés dans l’artwork, donc ils rentrent tous ensemble dans un tout (assez) cohérent.

L’an dernier, le Covid-19 a foutu l’univers en l’air. Comment avez-vous vécu la situation en tant que groupe ? Est-ce qu’il y a eu un effet sur le nouvel album ?
Michael : La pandémie a affecté le groupe dans le sens que nous avons dû reporter deux tournées européennes, et que le mixing, mastering et le pressage physique de l’album ont subi des retards à un moment ou un autre à cause du chaos que ça a créé. Si tout avait suivi notre planning initial, A Distant Fire aurait dû sortir à l’automne 2020. Heureusement la pandémie n’a pas affecté l’écriture et la création de l’album, vu que nous avions déjà fait tout le tracking en février 2020, juste avant que la pandémie ne bloque tout. Une chose significative, c’est que nous n’avons pas joué en live depuis quasiment deux ans, en grande partie à cause de la situation, ce qui est la plus grande période de temps sans concert que nous avons vécue.

Est-ce que vous avez déjà des plans pour le futur du groupe ?
Michael : Nous prévoyons de continuer à créer de la musique ensemble, et avec un peu de chance, voyager et tourner à nouveau. Notre lien d’amitié persistera peu importe ce qui se passe, mais concernant le groupe Alda, seul le temps le dira.

Qu’est-ce qui t’a conduit à t’intéresser au Metal, et au Black Metal, à l’époque ?
Michael : C’est différent pour chaque membre d’Alda, mais dans mon cas ce sont des amis à moi de la scène Punk locale à Tacoma, Washington autour de 2001 qui m’ont fait découvrir le Black Metal. Je pense que le premier album de Black Metal que j’avais était une cassette bootleg de Shadowthrone de Satyricon. J’ai toujours cherché de la musique plus étrange et plus extrême, et le Black Metal a résonné en moi instantanément quand j’en ai écouté. Jace a découvert beaucoup de Black Metal qui l’inspirait dans un disquaire à Tacoma appelé Rocket Records qui était tenu et approvisionné par un ami à nous. Tim et Steph ont tous les deux connu cette musique directement ou indirectement par Jace dans notre petit groupe d’amis à Eatonville, où nous sommes allés au lycée ensemble.

Le groupe a été créé en 2007, et tous les membres sont présents depuis le début. Comment maintenez-vous la flamme pour continuer le groupe ?
Michael : Je pense que la loyauté et l’engagement envers les autres joue beaucoup. Si nous étions ce genre de groupe qui s’occupait uniquement de l’aspect “professionnel”, et des tournées, ainsi que de faire plus souvent des enregistrements, nous serions probablement plus flexibles concernant l’adhésion. Ça aurait un impact massif sur le son et l’esprit d’Alda, et ce ne serait vraiment pas le même groupe. L’essence d’Alda est fortement liée à ces quatre mêmes membres, le groupe n’existerait plus si l’un de nous partait.

Est-ce que tu as déjà entendu parler de la scène Metal française ? Quels groupes français connais et aimes-tu ?
Michael : Nous ne connaissons qu’une poignée des plus gros groupes français, pour être honnête. Nous apprécions la musique d’Amesoeurs, et nous avons joué avec Alcest à Seattle il y a quelques années. Personnellement, je me suis beaucoup intéressé au travail de Deathspell Omega par le passé, et je suis toujours leur travail. Nous connaissons quelques travaux underground des Legions Noires, et nous écoutions un peu leur musique dans nos jeunes années. Ce serait bien de jouer plus en France un de ces jours cependant, et de connaître plus de groupes français.

Est-ce qu’il y a des musiciens ou des groupes avec lesquels vous souhaiteriez collaborer ?
Michael : Il y a tellement de musiciens que nous respectons et admirons, ce serait très difficile de tous les lister celà dit. Collaborer avec Alda serait une chose difficile à mettre en place. Nous avons une méthode de création musicale qui est très spécifique à l’alchimie entre les membres d’Alda. Quelqu’un d’extérieur au groupe devrait être très patient s’il faisait partie de ce processus.

La seule fois que j’ai vu Alda sur scène était à Paris, en France, en 2018. Est-ce que vous avez un souvenir spécial de ce concert ou de cette tournée ?
Michael : Nous avons beaucoup de souvenirs de cette tournée, plus que je ne pourrais en raconter ici. Ce concert à Paris était significatif car jusqu’à lors, c’était notre premier (et seul) concert en France, et c’était également le premier concert de cette tournée, où nous avons partagé la scène avec Uada. C’était un concert sympa, et nous nous en souvenons très bien. J’espère que nous aurons l’opportunité de jouer dans plus d’endroits en France un de ces jours. 

Dernière question : avec quels groupes aimeriez-vous tourner ? Je te laisse créer une tournée avec Alda en première partie et trois autres groupes !
Michael : Nous avons parlé avec Falls of Rauros d’une possible tournée ensemble, et nous aimerions vraiment que ça devienne une possibilité un jour. Nous avons joué avec eux avant, ce sont de bonnes personnes, et des musiciens incroyablement talentueux. Pour en revenir à cette tournée fantasmée que tu mentionnes, c’est difficile à dire. Chaque membre d’Alda aurait une liste différente.

C’était ma dernière question, merci beaucoup de m’avoir accordé de ton temps et pour votre musique, je te laisse les mots de la fin.
Michael : Merci de nous avoir interviewé et pour nous avoir offert ton ressenti sur notre musique !

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