Interview : Persefone

Sergi “Bobby” Verdeguer, batteur du groupe de Progressif/Melodic Death Metal Persefone d’Andorre, a répondu à mes questions à propos de Metanoia, le sixième album du groupe, juste avant sa parution. 

Chronique de Metanoia

English version?

Merci à Claire pour la traduction

Bonjour et avant tout, merci de m’accorder de ton temps ! Est ce que tu pourrais te présenter le groupe Persefone et toi, sans utiliser les étiquettes habituelles du Metal ?
Sergi “Bobby” Verdeguer (batterie) : Salut, ça va ? C’est Bobby, batteur de Persefone, un groupe qui fait de la musique honnête avec un message positif haha.

D’où vient le nom du groupe, et comment a-t-il influencé la musique que vous jouez ?
Bobby : C’est très difficile de choisir un nom pour son groupe, et quand on le fait, c’est impossible de se projeter et de s’imaginer 20 ans plus tard. Donc le groupe fonctionne depuis 20 ans maintenant et le nom était juste quelque chose que nous avons entendu et aimé, et après avoir fait quelques recherches tout le monde s’est mis d’accord pour le garder. Je ne pense pas que le nom ait une quelconque influence sur la musique que nous créons de nos jours mais il a été une grande inspiration pour faire notre second album, Core, qui raconte l’histoire de Perséphone, mais plus maintenant. 

Metanoia, votre sixième album, est sur le point de paraître, comment pourriez-vous le résumer en trois termes ?
Bobby : Voyage, cinématique, plus sombre. 

Comment se passe la composition d’un album ? Était-elle différente des précédentes ?
Bobby : Habituellement Carlos (Carlos Lozano Quintanilla « Rüdiger », guitariste, ndlr) apporte un riff ou une simple idée, parfois même des références d’autres groupes. Ensuite nous commençons à partir de là et nous créons la chanson. C’est un processus très compliqué et très fatiguant, pour être honnête. Nous voulons nous améliorer à chaque fois et mettre les meilleures idées sur la table. Je pense que la différence avec nos précédents albums et que nous avons fait encore plus attention à toutes les notes et les sons, mais vraiment ! Nous avons beaucoup amélioré l’enregistrement aussi, pour Aathma nous avions enregistré dans notre salle de répétition, avec de bons micros mais l’endroit est très petit et sans aucun aménagement acoustique. Pour Metanoia nous avons enregistré la batterie dans un music-hall, donc oui, grosse différence ! 

Sur cet album, vous avez aussi des musiciens en guest, Steffen Kummerer et Angel Vivaldi à la guitare, ainsi que Einar Solberg et Merethe Soltvedt au chant. Comment est-ce que vous les avez contactés ? Comment était-ce de travailler avec eux ?
Bobby : C’était juste parfait de travailler avec eux, pour être honnête. Tous sont de très bons amis et nous nous connaissons personnellement, donc c’était vraiment facile de les approcher. Depuis Aathma nous aimons collaborer avec d’autres musiciens professionnels, comme nous l’avons fait avec Paul Masvidal. Pour celui-ci nous savions que nous les voulions, et nous en avons même parlé avec certains d’entre eux avant même de commencer l’album. Chacun d’entre eux est si bon dans ce qu’il fait que la collab était juste parfaite. 

Comment vous arrivez à créer votre univers entre Death Metal Mélodique et Progressif ? Quelles sont vos influences, que ce soit à propos de la musique ou du chant ?
Bobby : Je suppose que cet espace de limbes entre ces styles est notre marque de fabrique. Nous n’appartenons à aucune scène, tu sais ? Il n’y a pas de scène metal ou de groupe desquels s’inspirer et apprendre ici à Andorre, et je pense que c’est pourquoi nous avons construit notre propre style. En ce qui concerne les influences, nous en avons eu beaucoup, mais probablement quand nous avons créé le groupe et plus tant que ça maintenant. Tout la scène Death Metal Suédoise des années 90 et début 2000, toute la scène US comme Death et Cynic, Dream Theater, Symphony X, beaucoup de bandes-sons de BSO… Je veux dire, c’est ce qu’écoutait le groupe à l’époque mais je ne pense pas que nous soyons encore dans cette niche… De nos jours, nous écoutons beaucoup de musiques différentes, nous adorons la production, les films, et je pense que cela nous influence beaucoup plus maintenant. 

J’ai remarqué que la musique instrumentale Consciousness Pt3 a le même nom que deux chansons de l’album Spiritual Migration. Quel est le concept derrière cette musique ?
Bobby : La musique est la suite des deux premières, oui. Nous voulions faire une troisième partie et ajouter tous les nouveaux tours que nous avons appris avec les années haha. Cela fait presque 9 ans depuis la parution de Spiritual Migration et nous savons qu’il y a beaucoup de gens qui adorent ces tracks et donc nous voulions continuer la série. Nous avons fait attention à les continuer, en utilisant les mêmes notes et même quelques easter eggs de l’album Spiritual Migration. Nous avons décidé d’enregistrer cette troisième partie parce qu’elle prend tout son sens avec le concept du nouvel album et avec sa place dans l’album ?

Pour finir l’album, vous avez créé une chanson en trois parties appelée Anabasis, quelle est son histoire ?
Bobby : Donc Katabasis et Anabasis sont les deux chansons qui commencent et finissent l’album et ce sont des opposés, mais elles ne pourraient fonctionner l’une sans l’autre. Notre nouvel album Metanoia est un album conceptuel, c’est une invitation à voyager dans votre essence la plus profonde et à vous connaître vous-même, votre esprit, votre structure pure et ensuite à changer ce qui est mauvais là-dedans. Pour nous ce genre de changement est un processus douloureux, c’est une métamorphose, qui arrache tout ce que vous connaissiez et était confortable. La catabase représente la descente dans cet espace, cette sombre grotte des pensées et l’anabase est l’ascension, une fois que le changement s’est opéré. Quand vous écoutez Anabasis partie 1 vous écoutez les mêmes paroles que dans Katabasis, “Let me dance amid the flames” (traduction: “Laissez-moi danser parmi les flammes”, ndlr), mais le changement est déjà fait. 

Depuis 2020, la crise du Covid-19 à foutu pas mal de choses en l’air, comment avez-vous fait face à la situation en tant que groupe ? Est-ce que la crise a eu un quelconque impact sur l’album lui-même ?
Bobby : Comme nous ne sommes pas un groupe professionnel avec une équipe à rémunérer et des entreprises derrière, la pandémie nous a frappé comme la plupart des gens avec des emplois stables. Nous avons arrêté d’écrire l’album pendant trois mois environ, mais c’est tout. La moitié des membres a attrapé le virus mais tout s’est bien passé. Ensuite nous avions une tournée avec Obscura en novembre 2021 mais elle a été décalée à septembre 2022, donc tout va bien pour le moment. A un moment nous avons même voulu décaler la parution de l’album mais cela ne faisait aucun sens de garder l’album juste pour nous et d’attendre sur la pandémie, donc nous verrons comment la pandémie évolue et si la situation normale nous permet à nouveau  de faire une tournée. 

Avez-vous déjà des plans pour le futur du groupe après la parution de l’album ?
Bobby : En dehors de la tournée dont je vous parlais, nous sommes en train de préparer une tournée aux Etats-Unis et aussi faire une tête d’affiche pour 2023. C’est un plan ambitieux comme nous ne savons toujours pas quand est ce que cela sera fini, mais oui, ce sont nos plans ! 

Qu’est ce que vous aimez à propos de votre musique que vous ne ne pouvez pas retrouver dans la musique d’autres groupes ?
Bobby : Il y a beaucoup d’honnêteté dans ce que nous écrivons, dans chaque musique, et je pense que beaucoup d’autres groupes écrivent de la musique juste pour faire une tournée ou être dans les charts. Je pense que notre musique à la capacité d’émouvoir les gens, par exemple créer des émotions quand on l’écoute. Nous avons reçu beaucoup de messages de fans qui disaient que nos albums prenaient une grande place dans leur vie et que la musique et le message les aidaient, c’est incroyable mec. 

Pensez-vous que vous vous améliorerez encore, en tant que musiciens ?
Bobby : Oui, sans aucun doute, peut-être pas l’aspect technique ou la vitesse, mais dans l’écriture de la musique, le choix des meilleures notes, la structure de la chanson, etc. Certains d’entre nous sont professeurs de musique et nous aimons être à la page et apprendre tous les jours, donc 100% oui. Nous sommes très perfectionnistes.

Le groupe est actif depuis 2001, avez vous vu une évolution de la scène Metal ? Quelle est la situation du Metal en Andorre ?
Bobby : Pour la première fois nous avons l’impression d’appartenir à une scène internationale, à une très petite échelle, mais c’est déjà ça, n’est-ce pas ? Haha. Nous avons fait plusieurs tournées, nous avons rencontré quelques groupes et nous avons de bons amis dans l’industrie de la musique, ce qui est complètement nouveau pour nous. En Andorre il n’y a pas de scène Metal du tout, donc nous ne pouvons pas nous comparer à aucun autre groupe ici. Il n’y a pas de salle ou de foule, juste quelques metalheads, mais vraiment très très peu honnêtement. 

Quelle est votre meilleure et votre pire expérience en tant que musicien ?
Bobby : La meilleure expérience est d’être toujours dans le groupe 20 ans après, n’est ce pas ? Et aussi, jouer au Japon ou au Mexique, 70000 Tons of Metal était aussi génial. La pire a été de laisser Toni, notre bassiste, en Andorre, juste quand nous allions quitter le pays pour la tournée aux Etats-Unis. Il a eu une attaque de panique massive, mais j’ai cru que c’était une crise cardiaque, il avait tous les symptômes. J’ai arrêté la voiture, appelé une ambulance et nous avons dû le laisser là, appeler sa femme, etc. C’était ça ou annuler notre première tournée aux Etats-unis et au Canada, le Prog Power US, etc… Nous avons pensé qu’il pourrait nous rejoindre quelques jours plus tard mais il n’allait pas bien et donc nous avons fait la tournée entière sans lui. Nous avons raté le premier avion mais nous avons pu en attraper un autre, c’était vraiment effréné et chaotique honnêtement.

Peut-être avez-vous déjà entendu parler de la scène Metal française ? Quels groupes français connaissez-vous ?
Bobby : Évidemment, la France est juste à côté d’Andorre, nous partageons une frontière. Nous avons été à de nombreux concerts à Toulouse, j’y ai même vécu pendant 3 ans donc je connais quelques groupes ! J’adore la scène Harcore/Screamo française ! C’est ma favorite sans aucun doute ! Haha. Mec je ne sais pas, une liste de groupes, d’abord Daïtro mon favori, ensuite Sed Non Satiata, Baton Rouge, Mihai Edrisch, Belle Epoque, Amanda Woodward, Aussitôt Mort, Plebeian Grandstand, Celeste, Daria…Ensuite My Own Private Alaska, je les ai adoré, Agora Fidelio, Psykup, Manimal, Alcest, Hypno5e, Gojira, Dagoba, Igorrr, Year of No Light, Gorod, Uneven Structure, Klone et pour finir, Ultra Vomit hahaha. J’ai été à de nombreux concerts à l’époque, j’ai toujours pensé que la scène française était géniale avec de vrai bon ingénieurs son et lumières ! Et de vraies bonnes salles ! J’adore la scène française mec ! 

Et si je vous demandais de comparer la musique de Persefone avec un plat ? Lequel et pourquoi ?
Bobby : Wow ! J’aime cette question mais c’est si difficile d’y répondre ! C’est un buffet ! Hahaha

Y-a-t-il des musiciens ou des groupes avec lesquels vous voudriez collaborer ?
Bobby : Nous avons eu la chance de collaborer avec certains de nos musiciens favoris, mais ouais, nous adorerions collaborer avec beaucoup de gens, mec. De compositeur de musique de film à des groupes de metal ! Nous ne voulons pas ruiner la surprise haha. Je ne sais pas, Joe de Gojira, pour donner un exemple ! 

Dernière question : Avec quels groupes adoreriez-vous faire une tournée ? Je vous laisse en créer une avec 3 groupes et Persefone en ouverture !
Bobby : Persefone, Gojira, Metallica. 

C’était ma dernière question, donc merci beaucoup pour votre temps et votre musique, les derniers mots vous appartiennent !
Boby : Merci vraiment vraiment beaucoup pour l’interview ! J’espère que vous apprécierez le nouvel album et notre musique ! Nous avons une page Patreon et une communauté Discord adorable pour les donateurs. Si vous aimez ce que nous faisons et que vous voulez nous soutenir, voici le lien Patreon !
https://www.patreon.com/persefoneband

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