Motocultor 2022 – Jour 3

Le réveil est dur. La nuit a été courte, qui plus est à cause du running order qui démarre une heure plus tôt, mais la motivation est aussi présente que la pluie. Et malheureusement, nous apprenons l’annulation de deux des groupes que je voulais énormément voir, 1914 et Lorna Shore, pour questions de santé. Je souhaite évidemment un prompt rétablissement aux membres.

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Stake débute son show sous la pluie, mais cette dernière nous quittera progressivement pendant le premier morceau, probablement séduite par la salopette orange de Brent Vanneste (guitare/chant) qui s’égosille tout en gesticulant en compagnie de ses camarades sous un son énergique mais écrasant. Les compositions sont grasses et pesantes, laissant au chant une place de choix dans cette rythmique folle servie par des membres en pleine forme, le groupe est une très bonne entrée en matière.
Fun fact : j’apprendrai plus tard qu’il s’agit du nouveau patronyme du groupe Steak Number Eight, confirmant la montée en puissance du groupe.

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Premier show sur la Supositor Stage pour l’arrivée d’Exocrine. Il n’a pas fallu vingt secondes aux bordelais pour semer le chaos autant dans la foule venue les acclamer que sur scène avec leur Death Metal Technique poussé à une vitesse folle sous les hurlements massifs de Jordy Besse (basse/chant). Les harmoniques de Sylvain Octor-Perez et Nicolas La Rosa (guitares) se mêlent au blast assassin de Théo Gendron (batterie) pour développer leurs riffs extrêmement efficaces, parfois complétés par des choeurs samplés pour un show millimétré qui leur assure des acclamations d’une fosse conquise.

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Passage en scène principale pour Vended, un groupe auquel vous n’avez pas pu échapper si vous disposez d’un accès à internet. Et pour cause, les cinq jeunes américains entrent en scène maquillés après le titre Tainted Love avec une rage viscérale qui se ressent dans leur mélange agressif de Nu Metal, Metalcore et autres influences. On reconnaîtra immédiatement la voix de Griffin Taylor (chant), qui subira quelques problèmes techniques rapidement arrangés, mais également leur hargne qui attirera de plus en plus de curieux. “Thank you for being there, we are Vended from fucking Des Moines, Iowa!” lâche le vocaliste avant que le son saccadé ne reprenne, faisant un évident écho à un autre combo beaucoup plus nombreux venus de la même ville. Le groupe a toutes les clés en main pour exploser et devenir un incontournable de la scène.

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Passage rapide par la Bruce Dickinscène pour la performance des Druids of the Gué Charette, dont j’avais chroniqué le dernier album. Comme on s’y attendait, le son psychédélique du groupe est délivré par des musiciens encapuchonnés qui remuent au son de leur Stoner énergique et étrange, apprécié par un public de connaisseurs. On rencontrera quelques problèmes de son, mais l’énergie et l’envie sont évidemment au rendez-vous, et tout le monde passe un bon moment.

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La Massey Ferguscène se remplit avant l’arrivée de Rivers Of Nihil, venus défendre leur dernière sortie. Connaissant le groupe et son excellente discographie, je savais à quoi m’attendre, mais je ne pensais pas que les lumières seraient aussi… absentes de ce set, qui sera marqué autant par les hurlements puissants de Jake Dieffenbach (chant) que par la technicité parfois envoûtante, parfois incisive des musiciens, qui exécutent leurs riffs à la perfection. J’ai également remarqué une différence d’agressivité entre les derniers morceaux plus Prog et les plus anciens, mais le set est plutôt bien géré, permettant un équilibre sonore captivant.

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Je me rends d’un pas nonchalant sur la Supositor Stage, guidé par mes instincts de photographe, pour aller photographier Imperial Triumphant. Bien que je n’aie jamais été amateur de leurs albums, le groupe m’a surpris. Je ne m’attendais à rien, et j’ai observé un trio aux masques dorés aussi massifs qu’effrayants jouer un Black Metal Progressif fou avec une énergie explosive. Les hurlements massifs de Zachary Erzin (chant/guitare) combinés avec son regard perçant, son acolyte Steve Blanco (basse) qui harangue la fosse en permanence tout en jouant, et le jeu incroyablement propre de Kenny Grohowski (batterie) sont captivants, et vous pouvez être sûrs que je suivrai de près le combo à l’avenir.

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On repasse à un style plus traditionnel avec Heathen et son Thrash/Speed énergique sur la scène principale, après une introduction… aux couleurs d’ABBA. Mais une fois cette douce et guillerette introduction, les musiciens vont nous montrer à quel point ils maîtrisent leur sujet avec des riffs rapides et assassins, sur lesquels David R. White (chant) place sa voix motivante entre deux harmoniques tranchantes. Accompagné par quelques choeurs, le vocaliste harangue la fosse qui réagit très positivement à ce mélange vif et puissant en remuant le crâne ou en moshant joyeusement entre les invitations du chanteur, qui annonce également les morceaux.

Setlist: Intro: this rotting sphere – The Blight – Empire of the Blind – Arrows of Agony – Dying Season – Sun in My Hand – Death by Hanging – Hypnotized

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A peine le temps de souffler, Life Of Agony arrive déjà sur la Massey Ferguscène, et c’est Joey Z. (guitare/choeurs) qui nous accueille en annonçant la couleur : “I want to see everybody move!”. Sans plus attendre, la fosse explose sous leurs riffs gras, énergiques et accrocheurs alors qu’entre Mina Caputo (chant), qui se saisit de son micro juste avant de nous offrir sa voix puissante et unique tout en remuant. D’ailleurs, on remarque qu’il n’y a absolument aucun temps mort dans ce concert, Alan Robert (basse/choeurs) n’est pas en reste côté headbang sur les riffs syncopés, et Veronica Bellino (batterie) grimace en alignant ses frappes avec une puissance rare tout en laissant la vocaliste nous hypnotiser avec ses mouvements à la limite du sensuel lors des passages Stoners légèrement plus calmes. Un show de haut vol à ne rater sous aucun prétexte.

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Retour en scène principale pour l’arrivée de Bury Tomorrow, que je n’avais pas vu depuis quelques années déjà, et qui n’a visiblement pas perdu de son énergie brute ! Le Metalcore des Anglais fait immédiatement mouche, et les spectateurs ne perdent pas une miette des hurlements de Daniel Winter-Bates (chant), qui les incitera à plus de mouvements et même à des slams, au grand dam des agents de sécurité. Côté nouveautés, on notera la présence d’un claviériste qui s’occupera également du chant clair, laissant les musiciens remuer en rythme avec leurs rythmiques efficaces et ravageuses, occasionnant évidemment des mouvements de foule conséquents. Le vocaliste prendra toujours un moment pour nous remercier de notre présence et nous expliquer à quel point ils sont heureux de pouvoir revenir jouer ici, après une absence liée bien évidemment au Covid. “Take nothing for granted” lâche t il avant que les vagues de rage ne reprennent, toujours plus énergiques.

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Il est temps pour moi de revenir sur la Supositor Stage pour l’un de mes concerts les plus attendus de la journée, Cattle Decapitation et son Death/Grind engagé. Et sans mauvais jeu de mots, je peux vous assurer que dès l’entrée en scène du groupe mené par Travis Ryan (chant), la fosse s’est transformée en véritable boucherie, alliant headbang frénétique à mosh sauvage sous des riffs dévastateurs. Si le vocaliste reste principalement statique, nous gratifiant de quelques mimiques pendant les hurlements les plus bestiaux, les musiciens n’hésitent pas à se briser la nuque tout en alignant des rythmiques toujours plus épaisses et énergiques. “We are sorry friends, but we have to Bring Back The Plague!” lâchera le vocaliste avant l’arrivée du titre du même nom, qui va ironiquement ravir une foule très motivée. On ne constatera pas un seul temps mort lors de ce show aussi brut que travaillé, qui se concentre principalement sur le dernier album des américains, qui remportent haut la main une place dans le classement des meilleurs concerts du festival.

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Retour à la douceur sur la deuxième scène extérieure avec l’arrivée de Swallow the Sun, qui joueront pour une fois alors que le soleil nous fait encore honneur de sa présence. Mais l’avancée du crépuscule donnera une saveur toute particulière au contraste entre douceur et agressivité de la musique des finlandais, menés par le duo vocal Mikko Kotamäki (chant) et Juho Räihä (guitare/chant), que je connais bien en salle. L’atmosphère est toute autre, mais le public est tout autant captivé par leurs riffs envoûtants et les voix qui se répondent, laissant parfois place à la lourdeur et l’oppression avant de renouer avec la quiétude. Le groupe confirme une fois de plus son statut de poids lourd de la scène Doom/Death Mélodique.

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Un autre des shows que j’attendais le plus en ce début de soirée est celui de Dark Funeral, dont le dernier passage dans notre pays remontait à six ans. Et si malheureusement côté lumières, on s’y perd un peu entre les flashs incessants et les façades absents, le son se trouve être excellent. Chaque harmonique de Lord Ahriman et Chaq Mol (guitares) est magnifiée, prenant appui sur la base rythmique massive de Jalomaah (batterie) et Adra-Melek (basse), créant un enfer musical parfait pour recevoir les hurlements viscéraux d’Heljarmadr (chant). “Good evening, France! It’s been a while!”, lâche le vocaliste entre deux titres, nous incitant à participer davantage à leur show impie et massif, qui pioche dans l’intégralité de leur discographie, avec le baptême en live de certains de leurs nouveaux titres entre deux classiques. Le groupe ne manquera pas de nous remercier, comparant notre ferveur avec celle du public allemand de la veille, et il est inutile de vous dire quelle audience est la plus enflammée.

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Retour sur la scène principale pour les poids lourds du Thrash Américain, Testament et ses lumières… chaotiques. Car si on distingue parfaitement la silhouette massive de Chuck Billy (chant), le manche si reconnaissable de Steve DiGiorgio (basse), ainsi que quelques mises en avant d’Alex Skolnick et Eric Peterson (guitares), Dave Lombardo (batterie), qui a récemment intégré la formation est tout bonnement invisible. On écoute donc une fois encore les harmoniques cinglantes de ce que le vocaliste appellera “a special night” sous une bouillie rouge et jaune aux explosions aveuglantes, tout en profitant des riffs et des frappes du légendaire batteur dont on ne verra que l’ombre, du début à… presque la fin, puisque c’est uniquement sur les derniers morceaux, les plus anciens, que l’on pourra réellement apercevoir l’intégralité des membres. Testament reste parfaitement maître de son univers agressif.

Setlist: Rise Up – The New Order – The Pale King – Children of the Next Level – Practice What You Preach – WWIII – D.N.R. (Do Not Resuscitate) – First Strike Is Deadly – Over the Wall – Into the Pit – Alone in the Dark

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Même constat pour Dark Tranquillity qui clôture la Supositor Stage, le groupe est bel et bien présent, le son est excellent, mais on ne voit strictement rien. Entre silhouettes et flashs désespérément aveuglants, le groupe reste quasiment invisible, caché sous des nappes de noirceur entrecoupées de rayons lumineux fugitifs qui s’améliorent à peine une fois les premiers morceaux passés. “Motocultor, thank you! We’ve been here before but it was so long ago, I recognize nothing!” nous lâchera Mikael Stanne (chant) en reprenant son souffle, pendant que le groupe s’apprête à enchaîner avec un autre de ses titres aussi vifs et agressifs que mélodieux. Il me suffira de fermer les yeux pour imaginer les membres bouger, se rejoindre ou se placer au plus près du bord de la scène pour révéler tout le pouvoir enchanteur de leurs riffs, qui s’allient à merveille avec une rythmique aussi solide qu’accrocheuse. Le groupe est toujours au top niveau, et il semble vouloir le rester encore longtemps.

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Si une journée de festival ne s’achève pas toujours par son point d’orgue, ce ne sera pas le cas aujourd’hui. Pourquoi ? Tout simplement car l’ascension de Behemoth semble avoir atteint un niveau incroyablement haut que le groupe aime sans cesse repousser. Après que le drap qui cache la scène ne soit tombé, on remarque immédiatement Nergal (chant/guitare), qui se montre toujours aussi menaçant et imposant, mais on remarque également Orion (basse) et Seth (guitare), qui se ménagent pas, se plaçant sur les bancs pour épauler le frontman de leurs silhouettes massives, ou se rejoignant derrière le pied de micro. Même Inferno (batterie) n’hésite pas à tendre le poing, éclairé par une dizaine de spots, pour nous inciter à suivre le groupe dans ses riffs plus ou moins récents. La setlist est parfaitement gérée par les polonais, qui alternent des titres récents et majestueux comme The Deathless Sun ou Ov My Herculean Exile avec des morceaux plus anciens et ravageurs comme Ov Fire and the Void ou encore Conquer All, titre avant lequel le frontman évoquera la pandémie, mais également Off to War! qui réunit les deux périodes du groupe tout en rendant hommage à l’Ukraine. J’ai pour ma part définitivement perdu l’usage de ma nuque sur l’impie Chant for Eschaton 2000, qui est depuis longtemps mon titre préféré du quatuor en live, puis j’ai été surpris par ce lancer de guitare au technicien, avant que le groupe ne revienne avec une tenue plus cérémonieuse pour O Father O Satan O Sun!, qui clôturera leur performance après un lancer de confettis. Du grand art.

Setlist: Ora Pro Nobis Lucifer – Wolves ov Siberia – Ov Fire and the Void – The Deathless Sun – Conquer All – Off to War! – Christians to the Lions – Ov My Herculean Exile – Bartzabel – Chant for Eschaton 2000 – O Father O Satan O Sun!

 

Bien qu’il soit une heure plus tôt qu’à l’accoutumée, la fatigue est plus que présente. Mais pourtant, rien n’empêchera les festivaliers d’acclamer le service de sécurité et de les faire slammer avant de regagner leurs pénates. Je ne m’amuserai encore une fois pas à faire un top de ce festival, vous n’avez qu’à me lire pour le comprendre. Et même si nous apprenons que la prochaine édition du Motocultor Open Air Festival ne se tiendra peut-être pas à Saint-Nolff, nous reviendrons sans aucun doute.

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