Live Report : Noctem + Barshasketh + Acedia Mundi + Beleriand + Vacivus – Paris (75)

Noctem + Barshasketh + Acedia Mundi + Beleriand + Vacivus

A peine revenu de mon week-end pascal, je prends la direction du Klub. Pas de chocolats au programme, mais une affiche bien remplie avec Noctem, Barshakaeth, Acedia Mundi, Beleriand et Vacivus pour ouvrir les hostilités. Une soirée réservée aux connaisseurs donc, mais l’ambiance n’en sera que plus intimiste. Un peu de retard, mais qui n’impactera que peu le planning.

C’est donc Vacivus qui s’élance en premier, alors que la salle ne compte qu’une poignée de spectateurs. Les musiciens s’installent rapidement et c’est un Death Metal aux accents Old School qui nous est offert pour débuter la soirée. Au centre, Nick Craggs (chant) fixe la foule sous un épais rideau de lumière bleue, qui sévira tout le long du concert. Un peu serrés, Daniel Jones (basse), Ross Oliver (guitare) et Daniel Rochester (guitare) alignent leurs riffs gras sans broncher, et en headbanguant comme ils le peuvent. A la limite de la foule, Nick pose en poussant un growl profond qu’il alterne avec des cris plus aigus, sous la double pédale de Ian Finley (batterie). Malgré le peu de retour des spectateurs, applaudissant à peine entre les titres, la motivation des anglais est évidente, et leur son parfaitement mixé ne sera que très interrompu par le frontman. “This one is from our first album, thank you Paris” lâche t il avant que la violence ne refasse irruption dans la cave du Klub. Mais le show est court, et la formation est contrainte de quitter la petite scène après seulement quelques titres.

Changement radical d’ambiance avec les membres de Beleriand qui terminent leurs réglages avec un corpse paint sur le visage. Au centre, le chanteur arbore une large capuche qui masque à moitié son visage, ainsi que quelques ossements, et c’est en jouant avec une chaîne massive qu’il se met à hurler dès la fin de l’introduction aux sonorités occultes. Et le Klub se prend en pleine face un Black Metal viscéral et glacial alors que le frontman descend dans la fosse, dessinant des croix inversées devant le visage du premier rang. Et si l’affluence est quasiment la même que pour le groupe précédent, les musiciens ne se découragent pas, enchaînant riff après riff de manière méticuleuse avec toujours ce rideau de lumière bleutée qui donne un charme particulier à la performance. Tout en arpentant lentement la fosse, le frontman joue avec le public, et ses hurlements à glacer le sang résonnent autant que les harmoniques mélancoliques des musiciens entre les murs de la salle. “Paris, make some noise…” lâche t il finalement. “Let’s rise the symbol of Satan!” Et c’est à nouveau sous des riffs d’une noirceur palpable que les membres du groupe headbanguent, motivant enfin la fosse à remuer la tête, avant que ne s’achève ce rituel impie, sous des applaudissements mérités.

Un changement ultra-rapide, puisque c’est Acedia Mundi qui s’apprête à ravager la salle. Et quand je dis “ravager”, je ne plaisante absolument pas, puisque le seul à être resté sur scène tout au long du set est A (batterie). Dès les premières secondes, W (basse) et T (guitare) s’élancent dans la fosse, alors que V (chant) et G (guitare) se partagent les hurlements au centre, non sans avoir envie de rejoindre leurs camarades. Vous pouvez penser que cette entrée en matière était prévue uniquement pour le début du set des franciliens, mais il n’en est rien : les musiciens tournent en rond dans la fosse, parfois rejoints par quelques spectateurs aventureux, mais leur énergie ne redescend jamais. C’est donc un Black Metal aux accents parfois Punk, parfois Raw, entrecoupé de larsens, de bruits de membres qui s’entrechoquent, de roulades, de hurlements gutturaux et d’un chant parfaitement maîtrisé qui fait rage dans le Klub, si bien que l’intégralité de l’assistance ne restera pas aussi proche de la scène que prévu, certains fuyant même au niveau du bar pour échapper à la purge. Et avec une attitude aussi destroy, on pourrait croire que le son va en pâtir, mais non ! C’est un véritable réacteur d’avion qui est à l’oeuvre, et qui ne s’arrêtera qu’à la fin d’un set intense.

A la hâte, les musiciens de Barshasketh installent des bougies et autres chandeliers avant de finir leurs réglages devant une poignée de spectateurs qui n’ont pas encore tout à fait récupéré. Et d’un seul coup, le groupe commence à jouer, sans prévenir. Les hurlements de Krigeist (guitare/chant) sont pénétrants, et les autres musiciens sont concentrés sur leurs riffs GM (guitare) et BB (basse) headbanguent en jouant, mais tous les regards sont tournés vers le chanteur, qui occulte la présence de MK (batterie), très calme derrière ses fûts. Leur Black Metal féroce et intransigeant au son quelque peu vieilli séduit la fosse. Cependant, l’implication du chanteur est telle qu’il bute régulièrement dans son micro, et l’ingé son est contraint de le replacer. Quelques petits soucis de son se font entendre, mais ils sont vite réglés, et le concert continue dans la violence pure et dure, conformément au style affûté des anglais. Le contraste entre le blast incessant et les riffs aériens et sombres est saisissant, et c’est toute la fosse qui est littéralement transportée jusqu’au dernier morceau, ce qui vaudra des acclamations au groupe.

C’est après un changement rapide que Noctem, tête d’affiche de la soirée, monte sur scène. Dos à nous, les musiciens se tournent et entament un riff sale et rapide avant de se retourner et de nous dévoiler un maquillage effrayant. Au centre, Beleth (chant) hurle et bouge comme s’il était possédé, pendant qu’Exo (guitare) headbangue en maltraitant ses cordes, dans l’ombre. Toutes les influences de la formation se mêlent dans une rythmique infernale, guidée par le blast ultra-carré de Voor (batterie), pendant que Matthieu (basse), concentré sur son manche, semble plus timide. En effet, le français a littéralement remplacé au pied levé Varu, le bassiste de la formation, qui a dû quitter la tournée pour raisons personnelles, et son suppléant ne laisse en rien penser qu’il n’est pas à l’aise. Le son de Noctem fonce sur nous à pleine vitesse, et l’implication des membres mêlée à leurs tenues de scène rend le spectacle encore plus vivant et intense. Le chanteur se débarrasse de sa veste, puis revient, couvert de sang, crier ses paroles blasphématoires au nez du premier rang. Le frontman prend tout de même le temps de remercier le public présent entre deux gorgées d’eau puis la machine repart, toujours plus puissante, rapide et charismatique. Le groupe ne montre aucun signe de fatigue, et les musiciens headbanguent tous de manière synchronisée au rythme de leur Black Metal explosif aux influences parfois Death, parfois Thrash. “Thank you so fucking much to be here!” lance le chanteur avant que le titre suivant ne démarre, pour le plus grand bonheur d’un spectateur qui semble passer un excellent moment. Et c’est après un final en apothéose que le show se termine, non sans poignées de mains et remerciements des deux côtés.
Setlist : Pactum with the Indomitable Darkness – Eidolon – Uprising Of – Apsu Dethroned – The Dark One – Let That Is Dead – The Submission Discipline – Acrus Salus – Through the Black Temples of Disaster

 

La soirée s’achève et la cave se vide du peu de spectateurs. Si réveiller le public parisien a été compliqué pour Vacivus, Beleriand a réussi à nous offrir une messe noire de qualité avant le chaos provoqué par Acedia Mundi. Barshasketh a calmé le jeu avec une prestation moins remuante mais tout aussi intense avant de laisser la place à Noctem, qui a fait très forte impression ce soir, à la fois pour les connaisseurs mais également pour les néophytes !